"Il y a un mois, la famille Bourgeois n'avait-elle pas fait don de cinquante millions d'équipements expérimentaux à l'école ?" demanda M. Monet.
À cette question, Jules Gourmand se sentit un peu nerveux. Se pourrait-il que son supérieur sache qu'il avait reçu un pot-de-vin sur ce lot de matériaux expérimentaux et l'ait convoqué pour une réprimande ? se demanda-t-il.
Cependant, il n'était pas novice à ce jeu. Regardant son supérieur, il avait le pressentiment que ce dernier n'avait rien détecté. Ainsi, il répondit avec hésitation, disant :
"Oui. Je m'occupe actuellement de l'affaire. Y a-t-il autre chose dont vous avez besoin que je m'occupe ?"
"La jeune femme que la famille Bourgeois a retrouvée ne s'appelle-t-elle pas Danielle Hardy ?" demanda à nouveau M. Monet.
Cette question plongea Jules dans la confusion.
Depuis quand l'homme accordait-il de l'importance aux ragots ?
Sans se faire prier, il lui expliqua tout ce qu'il savait.
"M. Monet, cette Danielle a été retrouvée il y a seulement quelques jours. On dit qu'elle n'a pas reçu beaucoup d'éducation, et son niveau culturel n'est pas élevé. Je ne suis pas sûr qu'elle puisse obtenir son diplôme avec succès dans notre université. Avez-vous un souci avec elle ?" demanda-t-il.
Si ce n'était à cause de la lettre dans sa main, Arnaud n'aurait certainement pas abordé ce sujet.
En effet, la famille Bourgeois avait gardé profil bas au cours des dernières années. Il ne lui déplaisait pas de leur rendre service, donc il avait accepté de donner une admission à leur fille retrouvée. Cependant, un problème se posait. la jeune femme que la famille Bourgeois avait retrouvée se nommait Danielle, et le courrier qu'il avait reçu lui ordonnait d'envoyer une offre d'admission à la famille Bourgeois, pour une personne nommée Danielle.
Alors, qui était exactement cette Danielle ? se demanda M. Monet, complètement confus.
Était-elle simplement la fille que la famille Bourgeois avait retrouvée et ramenée ? Si oui, quelle était sa relation avec le fameux 'S' ?
En silence, l'homme considéra une centaine de possibilités, mais fut incapable de trouver un lien entre les deux. Pourtant, il croyait fermement que Danielle était le point de percée. Peut-être était-elle son seul moyen pour trouver le mystérieux correspondant.
"Vas-y. Livre personnellement cette enveloppe à Danielle au domicile de la famille Bourgeois", exigea-t-il à son interlocuteur.
À ses mots, Jules fut pris de court.
Quels mérites cette jeune fille avait-elle pour que le directeur lui écrive une lettre ?
Craignant d'avoir mal entendu, il demanda à nouveau avec incertitude : "Monsieur Monet, êtes-vous sûr que c'est pour Danielle ?"
Sa question exaspéra l'homme qui portait sa tasse à ses lèvres. Il s'arrêta dans son élan et le regarda d'un air menaçant. À quel moment ce Jules était-il devenu sourd ? se demanda-t-il.
Voyant le regard impatient de son patron, Jules acquiesça rapidement et quitta le bureau.
Une demi-heure plus tard, au domicile de la famille Bourgeois.
Jules avait une certaine influence dans ce cercle d'élites fortunées. Lorsqu'il présenta sa carte de visite aux agents de sécurité, le majordome de la famille Bourgeois, Renaud, vint personnellement à l'entrée de la maison pour l'accueillir.
"Quel vent vous amène ici aujourd'hui, M. Gourmand ? C'est en effet rare de vous voir", dit-il au nouveau venu.
Jules fut plutôt satisfait quand il vit le majordome de la famille Bourgeois venir l'accueillir en personne.
Deux mois plus tôt, Renaud et lui avaient effectué beaucoup de négociations.
Naturellement, il avait également bénéficié de ces négociations. À ce moment, les deux échangèrent des regards significatifs. elles étaient tous deux des individus avisés qui semblaient apprécier leur conversation comme des frères !
"Renaud, la fille perdue est-elle ici ?" demanda Jules.
À sa question, Renaud fronça les sourcils. Cet homme et Danielle n'avaient aucun lien. Pourquoi la mentionnait-il donc soudainement ?
Toujours perplexe, il se demandait si quelque chose avait mal tourné à l'université de Luminara.
"Pourquoi demandez-vous cela ? Êtes-vous ici pour mademoiselle Bourgeois ?" demanda le majordome.
À sa question, M. Gourmand ne sut que lui répondre. Il n'était pas non plus certain des intentions de M. Monet. Le contenu de la lettre scellée révélerait-il la réponse ?
M. Monet et mademoiselle Bourgeois avaient-ils un secret ? se demanda-t-il. Il ignora délibérément le regard inquisiteur et suspect de Renaud et s'éclaircit la gorge avant de dire :
"Je ne connais pas les détails, mais je suis effectivement ici pour mademoiselle Bourgeois, sur demande de M. Monet. Il m'a demandé de lui remettre cette lettre."
En entendant cela, Renaud était stupéfait et profondément choqué.
Arnaud Monet de l'université de Luminara ?
Cette personne dont l'influence était immense dans le secteur national de l'éducation ? Le même qui avait grandement amplifié la réputation de l'université de Luminara ? Dans les temps anciens, il aurait pu être comparé à un sage.
Même les élites de Kyoto devaient lui témoigner du respect. Un tel homme avait-il vraiment écrit une lettre à leur jeune maîtresse ? Plus important encore, Jules était l'émissaire. Renaud ne fut pas le seul surpris.
Roger n'en crut pas ses oreilles lui aussi lorsqu'il fut informé.
Comment M. Monet pouvait-il demander à Jules de livrer personnellement une lettre à Danielle ?
Si cette affaire venait à fuiter, peu parmi les élites de Luminara y croiraient. Toutefois, cela se passait chez lui, ne laissant aucune place au doute.
Si c'était Jules qui venait de sa propre initiative, lui Roger ne se serait certainement pas déplacé pour le croiser en bas. Cependant, il était envoyé par M. Monet. Cette affaire ne pouvait donc pas être prise à la légère. De plus, il trouvait tout cela trop surprenant, donc il descendit en personne pour mieux comprendre.
Dans le salon, Jules dégustait un excellent thé. Il était stupéfait, se disant : 'La famille Bourgeois est vraiment riche !' En jetant un coup d'œil aux antiquités placées négligemment, chacune d'une valeur immense, il ressentit un soupçon de regret. S'il avait su, il aurait profité davantage de cette négociation concernant l'admission de Danielle, pensa-t-il.
Bien qu'il ait fait de son mieux pour cacher sa cupidité, il fut trahi par son regard envieux.
À ce moment, Renaud le regardait avec dédain. Les humains avec des faiblesses évidentes comme lui étaient faciles à contrôler. Autrement, l'affaire de Danielle n'aurait pas été résolue aussi facilement.
Jules avait une conversation avec lui à propos de Danielle lorsqu'il entendit une voix en provenance de l'escalier.
"Vous me cherchez, parait-il ?" dit une belle voix féminine.
À cette question, Jules se retourna, les yeux légèrement plissés.