Alors que Roger et Alexie avançaient vers les trois jeunes, ils virent Danielle donner une claque cinglante à Priscille sans dire un mot.
Choquée, la joue endolorie, cette dernière resta bouche ouverte, debout sur le côté.
Elle n'avait jamais été giflée de la sorte auparavant.
Elle essayait juste de provoquer la nouvelle-venue afin de lui faire perdre en estime chez Roger, mais elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'elle la frappe réellement.
À ce stade, la haine jaillissait littéralement de ses yeux et sa joue avait rougi, mais elle fit l'effort de rester calme. Dans tous les cas, elle était déterminée à faire payer à Danielle cette gifle.
Phillipe qui se tenait à côté d'elle fut, lui aussi, surpris. Le geste fut si rapide qu'il ne le vit pas venir.
Derrière eux, les serviteurs qui travaillaient dans le salon, bien qu'ayant vu la scène, étaient trop effrayés pour faire le moindre bruit.
Toutefois, ils trouvèrent tous Danielle brutale et imprévisible. En un clin d'œil, le visage de Priscille se mit à enfler à cause de la gifle reçue.
À ce moment, celle-ci vit son père Roger venir vers eux en trombe.
Elle ne put s'empêcher de se sentir satisfaite du timing, ignorant la douleur sur son visage.
"Sœurette ! Ai-je fait quelque chose de travers ? T'ai-je contrariée ? Pourquoi m'as-tu frappée ?" marmonna-t-elle comme une victime. Bien que sa voix était faible, Phillipe l'entendit parfaitement.
Il connaissait Priscille comme le fond de sa poche.
Il ne s'attendait simplement pas à ce qu'elle soit si impatiente. Par ailleurs, vu l'apparence de Danielle, il comprenait que beaucoup de choses effrayaient sa sœur.
Dès le premier jour, elle attaquait déjà. Quel serpent venimeux, cette Priscille ! pensa-t-il intérieurement avec satisfaction.
À ce stade, Roger était furieux.
De son point de vue, Danielle venait de gifler Priscille sans raison. C'était absolument scandaleux !
"Fille rebelle, arrête !" tonna-t-il à l'endroit de Danielle.
Fille rebelle ? Elle ! Voilà qui était nouveau. Non ! Elle ne voulait pas être une fille rebelle.
Elle voulait simplement... être leur patronne, se dit-elle tout en conservant une expression glaciale.
Ayant vu la scène de la gifle, Alexie ne traina pas les pas non plus. Une fois à leur hauteur, elle faillit perdre connaissance quand elle vit le visage enflé de sa fille.
Elle savait au fond d'elle que Priscille faisait probablement cela exprès. Cependant, était-ce une raison pour la gifler ainsi ?
Les yeux rivés sur Danielle, elle se promit de venger sa fille.
Priscille et elle étaient de ce fait sur la même longueur d'onde.
Complètement bouleversé, Roger réconforta immédiatement sa fille adorée.
Alexie et Phillipe se rapprochèrent également de cette dernière, laissant Danielle seule de l'autre côté, créant un face-à-face.
"Papa, ne blâme pas grande-sœur. J'ai dû l'énerver par inadvertance. Puisque nous sommes rentrés tard, elle s'est certainement sentie négligée, c'est pourquoi elle m'a frappée. Si me frapper la fait se sentir mieux, je n'ai rien à dire", déclara doucement Priscille.
Tout en disant cela, elle montra son visage giflé à Roger.
Quelle fille au cœur doux ! dirait n'importe qui en l'écoutant.
Au fond d'elle, Alexie fut ravie en voyant le visage de Roger s'assombrir, et elle fit semblant d'essuyer des larmes imaginaires.
"Danielle, nous aurions pu discuter. Pourquoi recourir à la violence ? Priscille doit assister au banquet de M. Nolan le mois prochain. Elle ne peut pas se permettre de le manquer. Regarde comment tu lui as abîmé le visage !" dit-elle, feignant d'être scandalisée.
En entendant ces mots, Roger fut encore plus furieux, s'apprêtant même à gifler Danielle en retour.
Cependant, plus habile, celle-ci arrêta facilement la main de son père en l'air.
Tout ce temps, elle n'avait pas dit un mot.
Son visage était indifférent, comme celui d'un simple spectateur du drame.
"Veux-tu me frapper ? Penses-tu en être digne ?" demanda-t-elle ensuite à l'homme, le tutoyant sans trembler.
Toutes les personnes présentes furent choquées de nouveau par son geste. En silence, elle fixait Roger sans cligner de l'œil. À ce stade, l'homme était dans une situation délicate. S'il choisissait de la gifler, il aurait forcément des regrets et il le savait.
En revanche, s'il ne le faisait pas, avec tout ce monde qui l'observait, comment pourrait-il, en tant que chef de la famille Bourgeois, conserver sa dignité ?
Il était donc coincé entre le marteau et l'enclume.
Et pour une raison inconnue, il ne semblait pas pouvoir mobiliser de force dans sa main levée.
Face à son immobilisme, tout le monde trouva qu'il agissait de manière étrange.
Danielle ne semblait pas déployer de la force, mais le visage de l'homme rougissait, et les veines de son bras étaient comme sur le point d'éclater.
Comment était-ce possible ?
Après un moment où rien ne se passa, Alexie comprit que son mari ne serait pas capable de gifler Danielle.
Elle fit alors un pas en avant et dit :
"Chéri, le fait que Danielle ait frappé Priscille n'était qu'un geste impulsif. Elles sont sœurs après tout. S'il te plaît, ne te mets pas en colère."
Entendant ses mots, Roger poussa un soupir de soulagement et baissa sa main.
"Je laisserai passer cette fois à cause d'Alexie. Si cela se reproduit, je te punirai certainement selon les règles de la famille. Maintenant, excuse-toi auprès de Priscille", dit-il ensuite à l'endroit de Danielle.
S'excuser ? Priscille n'en croyait pas ses oreilles. Elle était celle qui avait reçu cette gifle sonnante, et tout ce que son père demandait en compensation était des excuses ? De simples excuses venant de cette vipère ?
Totalement déçue, elle conclut que sa mère avait raison. Leur père avait vraiment un petit faible pour cette femme décédée.
Danielle était donc définitivement un obstacle à évincer, pensa-t-elle. Tout comme elle, Phillipe fut également surpris par la clémence de son père envers Danielle.
Son visage devint sombre, un contraste frappant avec le jeune garçon joyeux qu'il était juste un peu plus tôt.
Toutefois, puisque toute l'attention était sur Danielle, personne ne remarqua ce changement, sauf Danielle elle-même.
Elle avait croisé beaucoup de gens comme Phillipe dans sa vie.
Si elle devait le décrire en un mot, ce serait 'hypocrite'. Sa ruse était cachée derrière ce visage inoffensif. Quant à la couleur de son cœur, il faudrait probablement le creuser pour le voir.
"Veux-tu que je m'excuse auprès de toi ?" demanda-t-elle à Priscille.
Bien sûr qu'elle le voulait ! À la limite, ce qu'elle voulait vraiment, c'était que Danielle se mette à genoux devant elle et implore sa pitié. Mais pouvait-elle le dire ?
Bien entendu que non.
Elle devait maintenir son image de douceur et de bonté, même si sa joue enflée brulait excessivement.
"Mais de quoi parles-tu, sœur ? Tu m'as frappée. Même si je n'exige rien, si tu ne me présentes pas tes excuses, les gens diront que notre père a raté l'éducation de ses filles. Donc, je n'ai pas d'autre choix que d'accepter tes excuses", dit-elle avec une fausse modestie.