Alexie, la grande oratrice, voyant que Roger était encore troublé, décida de lancer une nouvelle bombe.
"Roger, ce n'est pas que je veuille critiquer Danielle, mais ce jeudi-là, M. Nolan vient d'Arbington pour nous visiter. Que se passerait-il s'il se sentait ennuyé par quelque chose et qu'il changeait d'avis ? Priscille a dû beaucoup travailler pour être dans ses bonnes grâces. Et si Danielle gâchait tous ses efforts ?" demanda-t-elle.
À ses questions, Roger pensa à M. Nolan et se dit que sa femme n'avait peut-être pas tort.
Calmement, il lui prit la main et demanda d'une voix douce :
"Alors, as-tu une idée, ma chérie ? Nous manquons de temps et jeudi est si proche. Il est impossible que Danielle apprenne et maitrise les bonnes manières à temps."
Sans s'en rendre compte, il venait de faire exactement ce qu'Alexie attendait de lui. Dès qu'elle l'entendit dire cela, elle prétendit réfléchir un moment, avant de révéler son plan.
"Roger, si tu tiens vraiment à ce que Danielle ait les bonnes manières, j'ai une solution. Cependant, je ne suis pas sûre qu'elle fonctionnera", dit-elle.
"Dis-moi, chérie. Ne me fais pas languir", implora l'homme avec impatience.
"Te souviens-tu de ma cousine de la famille Dubois ? Elle est désormais professeure d'étiquette à l'université d'Etoileville, formant des filles de haute société comme Priscille. Elle a une grande réputation et toutes les filles qu'elle a transformées ont beaucoup progressé. Si Danielle est d'accord, je serai très heureuse de recourir à son aide. Je pense qu'elle m'accorderait cette faveur", expliqua-t-elle.
À ce moment, Roger ne s'inquiétait que de la possibilité que Danielle lui fasse honte. Il était donc plutôt content de la suggestion de sa femme.
Même si les deux n'étaient pas exactement des tourtereaux et que leur relation était plus une question d'avantages mutuels, au fil des ans, elle lui fut d'une grande aide. Sans hésiter, il accepta la proposition.
Alexie était ravie d'avoir son feu vert. Dorénavant, Danielle ne serait rien de plus qu'une marionnette entre ses mains, pensa-t-elle.
En effet, elle se garda de révéler à son mari que la cousine en question était reconnue pour sa forte sévérité.
Elle utilisait l'influence de sa famille pour intimider ses élèves issus de familles moins favorisées, qui de ce fait n'osaient pas riposter.
Le soir venu, le fils chéri de la famille Bourgeois, Phillipe et sa sœur Priscille, firent finalement apparition. elles avaient passé la journée à jouer au golf avec le jeune maître de la famille Lupin, ce qui était aussi une attaque voilée contre Danielle.
Cette dernière, avec ses longues jambes droites, descendait les escaliers après avoir passé tout l'après-midi dans sa chambre.
Juste à ce moment-là, ils se rencontrèrent tous les trois.
elles avaient une chose surprenante en commun : ils ne ressemblaient pas trop à Roger.
Danielle ressemblait à Matilda, avec sa beauté glaciale, tandis que Phillipe et Priscille ressemblaient à Alexie, avec des traits similaires dans leurs yeux et leurs sourcils.
Phillipe, le fils unique de la famille Bourgeois, était la fierté et la joie d'Alexie.
Elle avait réussi à intégrer la famille Bourgeois alors florissante parce qu'elle portait l'enfant de Roger. Grâce à cette grossesse, M. Bourgeois n'eut d'autre choix que de la prendre pour femme.
Depuis la naissance de Phillipe, Alexie le choyait. S'il avait voulu la lune, elle aurait essayé de la décrocher pour lui.
Toutefois, malgré cela, Phillipe n'était pas devenu turbulent ou paresseux. Il excellait à l'école et était toujours en tête de sa classe.
Priscille et lui avaient appris l'existence de Danielle depuis un moment.
Alexie et eux avaient d'ailleurs essayé d'empêcher son retour dans la famille Bourgeois, mais les personnes qu'ils envoyaient contre elle disparaissaient sans laisser de trace.
elles avaient tous des soupçons à propos de la jeune femme, mais ils pensaient que c'était peu probable. Elle n'avait certainement pas cette capacité. À leurs yeux, elle n'était qu'une tache sur le livret de famille Bourgeois.
Ayant grandi dans une famille riche, ils savaient que s'ils voulaient cibler quelqu'un, ils ne pouvaient pas le faire ouvertement. Surtout que leur père éprouvait tant de culpabilité à l'égard de Danielle, ils ne laissèrent rien transparaître.
Cependant, ce qu'ils faisaient dans son dos, c’était une autre histoire.
Les deux étaient unanimes concernant Danielle. Plus il y avait de personnes pour se partager la fortune familiale, plus la menace était grande, pensaient-ils. En la croisant, les deux échangèrent un regard expressif.
Ensuite, Phillipe fit semblant d'être surpris, s'excusant auprès de Danielle pour être rentré tard à la maison, puis l'accueillit avec enthousiasme.
Priscille en fit de même, bien qu'elle mourrait d'envie d'étrangler la nouvelle venue.
Cela créa un certain brouhaha dans la maison.
"Tu dois être notre grande sœur, n'est-ce pas ? Je suis Phillipe. Si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas à venir me voir. Je suis à ta disposition", mentit-il en souriant.
Tout ce temps, Danielle se tint là, debout, les regardant avec ses traits délicats et frappants.
Face à sa forte beauté, Priscille était déjà verte de jalousie.
En effet, au nombre des enfants issus de familles aisées a Luminara, elle Priscille faisait normalement partie des plus belles. En dehors de Rose, le joyau de la famille Lupin, qui oserait rivaliser avec elle en beauté ? Mais cette Danielle était juste trop belle, pensa-t-elle malgré elle.
Elle avait vu ses photos auparavant, mais elles n'étaient rien comparées à la réalité.
Ce qui l'inquiétait davantage, c'était ce qu'il se passerait si Mathéo voyait la nouvelle-venue. Que deviendrait ce mariage qui n'était même pas le sien de base ?
L'esprit envahi par tant d'interrogations, Priscille fut submergée par un grand sentiment de panique. Alors qu'elle essayait de retrouver son calme, elle aperçut deux silhouettes du coin de l'œil. Comme Danielle faisait dos aux escaliers, elle ne vit pas les deux personnes venir. Dévisageant sa demi-sœur, elle riait intérieurement. Elle s'était aventurée seule dans les bas-fonds sans ciller, alors pour elle, les petites supercheries de Priscille n'étaient rien de plus qu'un grain de poussière.
"Sœur, ta mère est décédée. Pourquoi es-tu alors revenue ? Penses-tu vraiment que tu trouveras ta place dans cette famille ?" demanda Priscille. En vrai, elle était habituée à cette tactique.
Elle l'avait utilisée de nombreuses fois au fil des ans. Le but était de provoquer son adversaire en un premier temps, puis de jouer la gentille par la suite. Cela avait jusque-là toujours fonctionné.
À cet instant, elle était sûre que Danielle tomberait aussi dans le piège, tout comme les autres. Elle s'attendait à ce que celle-ci se fâche, ou mieux encore, commence une bagarre. Elle voulait que son père voie une Danielle grossière et insupportable.
Son plan était bien pensé.
Malheureusement, elle avait affaire à Danielle, une femme qui avait tenu tête à la mafia sans ciller.
Cette petite ruse était un jeu d'enfant pour elle.