Chapter 3
1074mots
2024-09-04 17:00
"En quoi tout cela me concerne-t-il ? Si la famille Bourgeois tolère un tel manque de respect et si elle laisse ses domestiques courir partout en aboyant, ce n'est pas mon problème", dit froidement Danielle en montant dans la voiture, se fichant éperdument des deux visages rougis en face d'elle.
En entendant cela, Renaud fut abasourdi.
Cette jeune femme avait vraiment une langue bien acérée, pensa-t-il. Il voulait de base la mettre dos au mur, mais elle avait esquivé sans efforts.
Embarrassé, il se contenta de dire aux gardes du corps de prendre Anna avec eux.
Pour montrer combien il tenait à sa fille retrouvée, Roger Bourgeois envoya plus de dix limousines pour la chercher.
Toutes les voitures étaient alignées dans la rue menant au pied de la montagne. L'homme voulait en fait montrer au monde entier combien la jeune fille lui était importante.
Ses intentions étaient-elles réellement si nobles ? Seul lui le savait.
Danielle ne s'en soucia pas le moindre du monde et ne laissa pas la traînée de voiture l'impressionner. Dès qu'elle monta dans la voiture, elle ferma les yeux pour se reposer.
Lorsque Renaud monta à son tour, il jeta un coup d'œil dans sa direction. Automatiquement, la jeune femme ouvrit les yeux et le fixa.
"Crache le morceau si tu as quelque chose à dire !" lui ordonna-t-elle.
Cachant sa surprise, le majordome se souvint de ce que M. Bourgeois lui avait dit avant son départ du domicile familial. Il se racla alors la gorge et se mit à parler.
"Mademoiselle, actuellement, Luminara est le foyer de quatre grandes familles, avec la famille Durand qui dirige trois laboratoires de premier ordre, chacun dirigé par un ancien national. Sous ces deux factions, il y a une tonne de familles puissantes, toutes enchevêtrées dans un réseau de relations. Notre famille, la famille Bourgeois, est la quatrième parmi les quatre grandes familles de Luminara. Au moment où le fils de M. Bourgeois était encore en vie, nous étions leaders parmi les quatre familles. Mais maintenant..." Là, il marqua une brève pause, puis continua en disant : "M. Bourgeois ne va pas très bien ces dernières années. Il vous cherchait depuis très longtemps et à présent qu'il vous a trouvée, il est si heureux que sa santé s'est améliorée. Il a hâte que vous reveniez à la maison. Votre mère, que son âme repose en paix, s'en réjouirait aussi certainement."
Peut-être n'était-ce que l'imagination de Renaud, mais lorsqu'il finit de dire cela, il sentit un frisson lui parcourir l'échine. Quand il leva les yeux à nouveau, le frisson avait disparu.
Étrange, n'est-ce pas ?
Une fois de plus, Danielle ne pipa mot, se contentant de regarder à travers la vitre, perdue dans ses pensées.
N'ayant pas fini de parler, Renaud continua.
"Le vieil homme espère que vous pourrez éviter tout conflit avec Mme Bourgeois, le jeune M. Bourgeois et Mlle Priscille à votre retour. Après tout, vous faites partie de la famille et personne ne peut changer cela. Il fera d'ailleurs tout son possible pour vous trouver un bon parti", ajouta-t-il.
Là encore, aucune réaction. À ce stade, Renaud avait l'impression de parler à un mur.
Il avait dit tellement de choses, mais elle ne l'avait même pas regardé.
En réalité, il avait personnellement fouillé les antécédents de Danielle.
Par rapport au jeune M. Bourgeois et à Priscille, sa vie fut jusque-là assez ordinaire. Cependant, la personne assise en face de lui n'avait rien à voir avec celle dont il lut les dossiers. Certes, elle correspondait à la description physique, mais sa personnalité et son attitude étaient totalement différentes de ce qu'il imaginait.
En tant que majordome de cette riche famille depuis de si longues années, il savait lire dans l'esprit des gens. Toutefois, malgré tous ses efforts, il ne pouvait pas comprendre d'où venait la confiance de la jeune femme.
Revenir dans la famille Bourgeois était la propre décision de cette dernière. Si elle ne le voulait pas, Roger aurait beau fouiller, il ne l'aurait jamais retrouvée. Elle avait donc certainement ses motivations.
Quant aux conflits ? Oui, bien sûr.
La femme actuelle de Roger, Alexie, était tout sauf un paillasson.
Issue de la famille Dubois, la deuxième famille la plus puissante de Luminara, elle était la prunelle des yeux de son père. C'était une femme bien élevée qui savait diriger une maison. À Luminara, elle avait la réputation d'être une femme et une mère parfaite.
En silence, Danielle se dit que si elle ne disposait pas des informations qu'elle avait, elle aurait pu être dupée par tout ce cinéma.
Elle savait qu'aucune des femmes qui se rapprochèrent de Roger au fil des ans ne s'en était bien sortie.
Quant à Renaud, elle s'attendait à le voir agir de la sorte. Il savait comment jouer à la carotte et au bâton. Son plan était simple : d'abord la menacer pour la garder dans les lignes, puis lui promettre le mariage dans une riche famille. Elle s'y attendait.
Calmement, elle détourna finalement ses yeux de la fenêtre.
Ensuite, elle sortit nonchalamment un bonbon de sa poche. Une douce odeur de lait emplit la voiture dès qu'elle le déballa.
Malgré lui, Renaud ne put s'empêcher de déglutir. On ne pouvait d'ailleurs pas lui en vouloir pour ça. Ce bonbon sentait trop bon.
"Ordres de Roger ?" demanda tranquillement Danielle.
Renaud acquiesça aussitôt en guise de réponse. Toutefois, le fait qu'elle appelait M. Bourgeois par son prénom lui donna mal à la tête.
"M. Bourgeois essaye juste de vous protéger", ajouta-t-il.
La protéger ? Intéressant ! pensa la jeune femme. Quand était-ce la dernière fois que quelqu'un l'avait menacée de la sorte ? Elle ne s'en souvenait pas.
Il y a cinq ans peut-être ? Et où étaient ces gens désormais ?
Elle ne s'en souvenait pas non plus. Quoi qu'il en soit, ils pourraient être retrouvés quelque part dans la brousse.
"Si les gens ne me causent pas de problèmes, je ne leur en causerai pas. Mais s'ils le font...", dit-elle d'un air impassible. Sans finir sa phrase, elle tourna à nouveau la tête pour regarder par la fenêtre.
Dépassé, Renaud se frotta le front.
Il commençait à se demander si ramener la jeune dame était vraiment la bonne décision.
Il avait le pressentiment que la famille Bourgeois, qui fut paisible pendant plus de vingt ans, était sur le point de faire face à un grand bouleversement avec l'arrivée de Danielle. Il soupira, confus.