Chapter 7
968mots
2024-01-10 11:09
"Vous avez dû entendre la rumeur au sujet de notre frère, comme quoi il serait le fils du diable. Qu'en pensez-vous ?" demanda-t-il, l'humour cruel étant évident dans son ton. Je vis Faust serrer les poings sous la table.
"C'est comme vous l'avez déclaré votre Altesse, juste une rumeur", répondis-je. Je ne sus pas pourquoi je défendais Faust, mais je ressentis un étrange sentiment de protection à son égard.
Le prince héritier me lança un regard scrutateur, mais il n'était pas prêt à abandonner. Il était probablement en train de réfléchir à d'autres façons d'insulter son frère. Il n'avait pas le droit.
"Alors, vous ne les croyez pas ?" demanda-t-il.
"Devrais-je, Votre Altesse ?" demandai-je d'un ton provocateur, une fausse douceur colorant ma voix.
Le prince qui était assis devant nous poursuivit : "Même sa mère n'a pas voulu de lui après l'avoir mis au monde."
Je n'en crus pas mes oreilles. Comment put-il dire quelque chose d'aussi cruel à son propre frère ?
À côté de moi, tout le corps de Faust se crispa, prêt à bondir sur le frère qui nous lançait des railleries cruelles à tous les deux. Sous la table, je tendis la main et je posai doucement la mienne sur la sienne, l'invitant à s'arrêter et à réfléchir à ses actes.
Faust se figea. Il leva son regard incrédule vers mes yeux, visiblement surpris par mon contact.
Je lui adressai un sourire rassurant et, par intuition, je vis qu'il se calma considérablement. Me tournant vers ses frères, j'étais furieuse. Je ne connaissais pas Faust depuis longtemps et je ne voulais pas me marier avec lui, mais maintenant il était mon mari et je ne pouvais rien y changer. Je n'avais plus qu'une seule option : faire en sorte que ce mariage fonctionne.
Son frère me regarda, calculateur. Il dut deviner ce que je pensais.
"Eh bien, j'espère qu'il vous traitera bien", déclara-t-il lentement, en se retirant.
"'Bien', c'est un euphémisme pour dire comment il me traite", répondis-je avec raideur, et ses frères m'envoyèrent un regard.
La déception ? Faust entrelaça ses doigts avec les miens sous la table, comme s'il appréciait que je le défende.
**
De toute sa vie, personne ne l'eut défendu comme le fit cette belle femme. Sa femme. Une femme qui le connaissait à peine et qui ne tint aucun compte des rumeurs qui couraient.
Elle le surprit par son toucher et fit fondre son cœur par ses mots et son sourire. Elle n'eut pas cru aux rumeurs qui couraient sur lui, et que lui même croyait parfois à son sujet.
**
Ils arrivèrent à leur chambre privée et y entrèrent. Elle sembla être plongée dans de profondes réflexions. Il se demanda à quoi elle pensait.
"Tout va bien ?" me demanda-t-il.
"Oui ! Oui, je peux juste... sortir dans le jardin ?" Elle sembla aimer être dehors, alors il décida de l'emmener à l'extérieur du château. Ses yeux se mirent à briller lorsqu'il lui annonça qu'il l'emmenait dehors.
Dans la cour se dressaient les écuries, et il la conduisit à l'intérieur, face au cheval de Faust, un bel étalon alezan avec une étoile blanche sur le flanc.
"Vous savez monter à cheval ?" lui demanda-t-il. "Non", répondit-elle, embarrassée.
"Alors, vous devriez venir avec moi."
Il l'aida à se lever et elle prit place derrière lui sur le cheval. "Accrochez-vous", dit-il.
Elle sembla hésiter, puis elle passa ses bras autour de sa taille et le tint légèrement, sans presque le toucher. Dès qu'ils commencèrent à chevaucher, sa prise se resserra, pressant son corps doux et chaud contre son dos.
"Est-ce que je vais trop vite ?"
"Non." Mais son emprise sur sa taille sembla indiquer le contraire. Quoi qu'il en soit, il ne ralentit pas, il aimait la sensation de ses bras autour de sa taille.
Il l'emmena dans son endroit préféré, un lac immense et d'un bleu éclatant. Le lac se prolongeait à perte de vue et l'on n'entendait pas un bruit autre que celui des branches des saules qui bougeaient dans le vent.
C'était apaisant. Il y venait souvent lorsqu'il voulait être seul, c'était son endroit secret.
Il regarda sa femme qui sembla si heureuse. Elle se précipita au bord du lac et trempa ses pieds dans l'eau fraîche, l'agitant avec ses orteils. L'eau devait être froide, mais elle ne sembla pas s'en soucier.
Il resta là à la regarder. Elle était belle, avec ses longs cheveux roux et ses yeux marron chocolat. Sa robe lui moulait le corps aux bons endroits et mettait en valeur sa belle silhouette.
Soudainement, il entendit un cri de douleur strident. Faust regarda autour de lui.
"Mariette !"
Elle ne se trouvait plus dans l'eau, mais assise sur le sol, à côté de l'eau, en se tenant le genou. Il se dirigea en toute hâte vers elle.
"Qu'est-ce qui s'est passé ?"
"Rien de particulier, je suis tout simplement tombée", expliqua-t-elle.
Sa robe fut déchirée et son genou saignait.
"Venez, nous allons vous ramener à la maison", déclara-t-il en l'aidant à se relever.
**
Faust m'aida à descendre du cheval, mais dès que je basculai mon poids sur ma jambe, mon genou commença à me faire souffrir. Ne voulant pas attirer l'attention, je n'eus rien dit, mais Faust dut s'en rendre compte car il passa ses bras puissants derrière mes genoux et mon dos et me souleva avec aisance.
"Qu'est-ce que vous faites ?" demandai-je, gênée.
"Vous porter", répondit-il simplement.
"Je le sais, mais je vous en prie, posez-moi. Je peux marcher", répondis-je, le visage et le cou rougis.
"Ma chère femme, si je vous laisse marcher, nous n'atteindrons pas la chambre même après le lever du soleil et j'aimerais bien dormir un peu."
Vint-il de m'appeler 'sa femme' ? J'aimais bien comment ça sonnait.
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À suivre !