Chapter 25
1945mots
2024-03-26 07:30
- Non, ne sois pas désolé. Après tout, c’est ma faute, je n’aurais pas dû attirer l’attention le jour de ton mariage.
- Mais c’est moi qui ai insisté pour que tu reviennes dans cette ville. Et si tout ceci arrive, c’est uniquement parce que tu es là.
Erina a repris ses esprits, et a ensuite fait quelques pas vers le salon
- De toute façon, ça ne sert à rien de se jeter la pierre, la situation est ce qu’elle est. Mon véritable problème c’est l’impact de tout ça sur Lili.
- Et où est-elle ?
- Je lui ai demandé d’aller dormir ; même si elle n’a pas compris pourquoi elle devait se coucher tôt, elle s’est quand même rapidement endormie.
- Elle ne va pas dormir indéfiniment, il faudra bien qu’elle se réveille à un moment ou à un autre.
- Tu crois que je ne sais pas ? Je n’arrive même pas à imaginer comment elle va vivre tout ceci ; les journalistes ne lui feront certainement pas de cadeau.
Philippe s’est approché d’elle, il l’a tenu par les épaules.
- Hey, regarde-moi.
Comme si ses mots guidaient son corps entier, Erina a levé la tête pour soutenir son regard.
- Tout ira bien. Philippe l’a rassurée d’une voix douce et apaisée.
- Ah oui ! Comment ? Tu as vu le nombre de personnes qu’il y a dehors juste à cause d’une simple photo ? Philippe, rien n’ira ; je savais que j’aurais mieux fait de rester loin de cette ville, elle ne m’a jamais rien apporté de bon. Revenir ici n’était vraiment pas très malin de ma part.
- Ne dis pas ça Rina.
- Tu ne peux pas comprendre, toi, tu es habituée à tout ce manège. J’avais ma petite vie tranquille avec ma fille et il a fallu que je…
- Tout ce débat ne servira à rien Rina, je t’ai dit que tout ira bien, tu dois juste tenir le coup. C’est comme ça avec les paparazzis lorsqu’ils ont quelque chose sous la dent, d’ici quelques jours ils passeront à autre chose.
- Quelques jours ?! Et moi alors, pendant ces quelques jours, qu’est-ce que je fais ? J’ai un travail, une vie, et Lili…
- Lili peut simplement aller chez ma mère faire quelques jours le temps que tout ça se calme. La maison est bien sécurisée, aucun paparazzi n’y a accès, elle sera bien là-bas et loin de toute cette agitation. Je sais que ça ne t’enchante pas mais c’est pour son bien, elle sera plus tranquille.
Erina regardait impassible, Philippe. Plusieurs idées se confrontaient dans son esprit mais elle devait mettre la priorité sur le bien-être de Lilibet.
Les pages sociales avaient mis à jour de nouvelles photos de Philippe arrivant chez Erina. Allongée à plat ventre dans son lit, Catherine ne les avait pas manqués. Elle a défilé une à une, toutes les photos publiées. La colère, la rage qui l’enflammaient de l’intérieur se trahissaient déjà sur le serrage de ses doigts autour de son téléphone. Catherine a fermé les réseaux sociaux, a ensuite terminé le questionnaire qu’elle avait préparé pour son interview du lendemain puis elle l’a envoyé à André avant de jeter négligemment son téléphone loin d’elle pour finalement s’endormir sans se rendre compte.
La nuit avait paru longue pour Erina. Elle avait peut-être pu fermer les yeux mais n’avait pas dormi pour autant. Son esprit s’était amusé à explorer chaque aspect de sa situation actuelle mais sans grande solution. Sa plus grande préoccupation restait Lilibet ; elle se demandait comment la protéger de tout ce qui se passait actuellement. Le matin, le soleil avait vite fait de se présenter. Erina avait à peine eu droit à 30 minutes de sommeil durant toute la nuit. Elle a sursauté du lit lorsqu’elle s’est souvenue que c’était le jour prévu pour sa première journée de travail. Erina s’est empressée de sortir de son lit et a quitté la chambre. Une fois dans le salon, elle a balayé du regard l’étendue de la pièce à la recherche de Philippe mais aucun signe de lui.
- Il a pourtant dormi sur le canapé hier ; où a-t-il bien pu passer ? S’est-elle l’interrogée.
La sonnerie continue du téléphone a ramené Erina ; elle a couru vers le fixe. Pendant qu’elle y allait, elle a entendu des bruits provenant de la douche. Erina a alors ainsi conclu que ça devait être là que se trouvait Philippe. Elle a ensuite vite fait de mettre un terme au son persistant du téléphone.
- Allô ! A-t-elle entamé.
- Oui… Mademoiselle Hayne, ici monsieur O’Brien Waqsi, le directeur de « Insurance Forever ». Une voix grave et posée a enchéri.
- Ah ! Bien sûr, monsieur, comment allez-vous ?
- Bien, et vous aussi j’espère ?
- Pareil ; si c’est pour me rappeler que je commence aujourd’hui, ne vous inquiétez pas, je serai là dans quelques minutes, je vous le promets.
- Oh ! Non, loin de là. En fait, je vous appelle pour le contraire. Vu votre situation actuelle, nous avons préféré que vous preniez encore quelques jours ; vous serez notifiés de la nouvelle date. Ne vous inquiétez pas, c'est juste le temps que toute cette agitation se calme.
- Bien sûr, je comprends parfaitement, et je suis sincèrement désolée pour ce qui arrive. Erina a affirmé toute coupable.
Pendant qu’elle discutait au téléphone, Philippe est sorti de la salle de bain. Le bruit de l’ouverture de la porte a attiré l’attention d’Erina qui a porté son attention dans sa direction. Leurs regards se sont croisés, ils se sont tous deux figés pendant quelques secondes avant de reprendre chacun son action. De sa voix matinale rauque, Philippe a avancé un « bonjour » à Erina ; elle a agité sa main en guise de réponse. Philippe, lui, a pris la route de la cuisine. Une fois l’appel terminé, Erina a remis le fixe en place puis elle est allée dans la chambre de Lilibet. La petite fille était encore endormie. Erina a été pris d’un long moment de nostalgie : sa petite avait tellement grandi, mais elle avait l’impression que c’était hier qu’elle l’avait mis au monde. En quelques pas lents et silencieux, Erina s'est approchée de Lilibet, s’est assise au bord de son lit toujours sans faire de bruit. Puis elle a longuement contemplé le petit visage innocent de la fillette couchée dans son petit lit vêtu d’un drap rose décoré de licornes.
- Je m’en veux tellement de t’imposer tout ceci. Philippe a peut-être raison, je devrai arrêter d’être égoïste et te laisser aller passer quelques jours chez ta grand-mère, là-bas tu seras sans doute plus en sécurité qu’ici. Erina a prononcé ses mots en passant d’un geste affectueux, ses mains dans les cheveux de Lilibet.
Pour Erina, reconnaître ce qu’il y avait de mieux à faire était bien plus facile que passer à l’acte, c’était un moment qu’elle appréhendait au fond d’elle. Alors qu’Erina s’apprêtait à se lever, Lilibet s’est retournée dans son lit, puis, progressivement, elle a ouvert les yeux.
- Maman…
Erina s’est retournée, a effacé la tristesse de son visage. Habitée par un grand sourire aux lèvres, elle a répondu à sa fille.
- Tiens, tu es déjà réveillée ? Tu as bien dormi ? La douceur vocale d’Erina était pour Lilibet la mélodie d’un réveil des plus heureux.
D’un hochement de tête, la petite a répondu aux questions de sa mère avant de s’asseoir sur son matelas. Erina a tendu une main sur laquelle Lilibet a posé la sienne et s’en est servie pour quitter son lit. Le sol frais procurait à ses petits pieds une sensation étrangère de celle qu’ils avaient au lit. Lilibet s’est empressée de mettre ses babouches de princesse avant que sa mère et elle ne quittent enfin la chambre.
Au salon, Philippe avait déjà fait les œufs et quelques frites pour le petit-déjeuner, il dressait maintenant la table pour servir. Dès qu’il a vu Erina et Lilibet sortir de la chambre, un grand sourire a étiré ses lèvres.
- Ma petite est déjà debout. S’est-il écrié tout excité, les bras bien ouverts pour accueillir la petite fille qui courrait vers lui.
Lilibet lui a fait un câlin, ensuite, elle est allée dans la douche pour se brosser les dents.
- Toi, comment tu vas ? Est-ce que tu as bien dormi ? Philippe a demandé à Erina qui se retrouvait maintenant seule dans le salon avec lui après le départ de Lilibet.
Erina est allée jusqu’à l'armoire, elle y a sorti des couverts pour achever le service que Philippe avait déjà commencé.
- Plus ou moins. Elle a répondu entre deux mouvements.
Les bras croisés, Philippe a observé chacun des mouvements qu’elle effectuait avec les couverts. Ils étaient rapides et habiles.
- Tu n’as pas à t’en faire pour ça, c’est juste une question de temps pour qu’ils trouvent un nouveau sujet sur lequel s’abattre.
- C’est si facile à dire, mais jusqu’à quand ? Si ce n’était que moi, okay, mais je suis certaine qu’ils n’épargneront pas Lili, elle en paiera les frais à coup sûr.
- Aller, viens là. Philippe l’a pris dans ses bras.
Avec de légères caresses dans son dos, Philippe tentait de calmer Erina ; il a accompagné son geste d’un doux baiser innocent dans ses cheveux. Après quelques secondes de silence, Erina a de nouveau repris la parole :
- Je pense qu’on devrait l’envoyer chez ta mère pour quelques temps, cette maison est bien trop exposée, il n’y a pas la sécurité qu’il faut pour protéger Lili.
Philippe a détaché Erina de son corps. Il l’a ensuite obligé à la regarder puis il a caressé sa joue avec une tendresse accrue.
- Je sais à quel point c’est dur pour toi de prendre une telle décision, mais crois-moi, au vu de la situation, c’est la meilleure à prendre. Tu verras, tout ira bien.
Telle une petite fille rassurée par les paroles de son père, Erina a docilement hoché la tête en soutenant le regard de Philippe. Au même moment, Lilibet a débarqué dans le salon, et les deux adultes se sont éloignés l’un de l’autre.
- Regarde maman, j’ai fini de me brosser les dents. Lilibet a innocemment annoncé en ouvrant grand la bouche pour qu’Erina vérifie si elle s’était réellement bien brossée comme elle le prétendait.
Erina s’est accroupie jusqu’à la hauteur de Lilibet ; elle a rapproché son nez plus près de la bouche de la petite fille, l’a humé, ensuite, elle a félicité :
- Bravo !!! Ça, c’est du bon brossage. Aller, viens t’asseoir. Erina a dit sa dernière phrase en se relevant.
Main dans la main, Lilibet et elle ont rejoint Philippe qui s’installait déjà à table. Tous les trois ont pris le petit déjeuné dans un silence agréable.
À l’extérieur de la maison, les différents médias y campaient encore. Ces derniers, à l’affût des moindres faits et gestes d’Erina, Philippe et Lilibet, se sont privés d’un sommeil confortable et ont dû pour la plupart se contenter d’une position assise, qui leur permettrait de ne serait-ce que détendre leurs yeux fatigués. Lorsqu’Erina est sortie, suivie de Philippe tenant Lilibet dans ses bras, les journalistes ont vite fait d’attraper chacun son matériel pour harceler le couple de questions qui pour Philippe, étaient aussi ennuyantes les unes que les autres. Philippe n’a pas laissé à Erina la moindre chance de ralentir ses pas car si cela arrivait, il craignait que les journalistes en profitent pour s’interposer entre eux et Erina se retrouverait ainsi seule au milieu de tous ces assoiffés de gros titres.