Chapter 20
2481mots
2024-02-19 07:30
Erina a dégluti avant de finalement décrocher.
- Philippe. Elle a répondu d’une voix neutre.
- Salut, je passe vous prendre Lili et toi pour que l'on aille visiter son école. Philipe maniait le volant d’une main tandis que l’autre ajustait le volume de son hautparleur.
- Visiter son école ? Vous pouvez y aller tous les deux, non ? J'ai d'autres choses à faire.
- Ah bon ! Et quoi donc ? Qu’est-ce qui peut être plus important que de voir où ta fille va passer ses journées ? La voix de Philippe était calme mais avec une légère présence de reproche.
Il avait libéré sa matinée pour pouvoir passer du temps avec Erina et Lilibet. Il n’était plus sûr de supporter l’indifférence d’Erina longtemps. Tapotant ses doigts de façon rythmée sur la table, Erina attendait avec impatience le moment où l’appel prendra fin. En roulant ses yeux d'agacement, ils sont tombés sur Lima qui se trouvait à quelques mètres d’elle. La jeune femme avait les mains jointes, de grands yeux mignons pleins d’espoir. Le mouvement de ses lèvres répétait faiblement de manière suppliante le mot « s'il te plaît ». Erina a fermé les yeux pendant une seconde ; lorsqu'elle les a rouverts, elle a fait comprendre à Philippe.
- D’accord, on t’attend.
Avant qu’il ne puisse ajouter quoique ce soit, Erina a mis fin à l’appel et a soupiré une fois de plus.
- Ne me regarde pas ainsi, je vais demander ton interview quand je le verrai.
Lima s’est jetée sur elle toute contente.
- Tu es décidément la meilleure, je te revaudrai ça. Elle a déclaré en étreignant fortement Erina au point de presque l’étouffer.
Quelques minutes plus tard, on frappait à la porte. Erina se préparait dans la chambre, il n’y avait que Lima et Lilibet dans le salon. Lima a déduit que ça devait être Philippe alors elle est allée ouvrir la porte. Dès qu'elle l'a fait, l’homme au physique écrasant à la belle prestance était dos à elle.
- Bonjour monsieur Huiret. Elle a poliment salué Philippe.
Lorsque Philippe s’est retourné face à elle, Lima a eu du mal à se maitriser pendant un moment en admirant son visage de si près. Ses lèvres mouvaient semblant essayer de prononcer des mots mais aucun son n’en ressortait.
Philippe a froncé les sourcils s’efforçant de retrouver ce visage dans ses souvenirs mais n'y est pas parvenu. Il a repris son visage habituel et a néanmoins répondu d'un ton aimable :
- Bonjour.
- Est-ce qu'Erina est là?
- Oui, biensûr, entrez donc.
Lima s’est écartée pour qu'il puisse entrer.
Philippe a à peine fait deux pas que Lilibet a joyeusement couru vers lui.
- Papaa. Elle a sauté dans les bras de Philippe qui l’a aussitôt attrapé et soulevé.
- Comment va ma petite princesse ?
Son humeur a radicalement changé d’un coup. Il n’avait plus son masque sérieux de tout à l’heure. Son rire a envahi et illuminé son beau visage retraçant de manière somptueuse ses splendides traits. Lima a été en admiration devant cet homme. Elle n'arrivait pas à croire ses yeux, elle était devant Philippe Huiret. L'homme dont le moindre geste faisait bouger les médias. Son travail l’avait emmené à rencontrer de nombreuses grandes personnalités mais Philippe faisait partie de ceux qui était la crème de la crème. De plus, Lima le trouvait bien plus beau en vrai que dans les magazines. Philippe était en train de s'amuser avec Lilibet, il la chatouillait et elle riait aux éclats comme elle savait si bien le faire. C’est à ce moment qu’Erina est entrée dans le salon en portant le deuxième côté de ses boucles.
- Oh ! Tiens, Philippe. Tu es là ?
- Oui, je t'ai dit que je passais. Non ? Pourquoi fais-tu semblant d'être surprise ?
Erina l’a foudroyé du regard en s’avançant pour attraper son sac.
- Voici mon amie Lima, la marraine de Lilibet; on a grandi ensemble. Erina a présenté à Philippe.
- Ah ! D'accord, Lima, je suis Philippe Huiret.
- Comme si elle ne l’avait pas remarqué. Erina a marmonné avec exaspération en se dirigeant vers la petite où elle a récupéré les clés de l’appartement.
Ce n’était pas dit à haute voix mais ses mots avaient été très bien entendus par les autres personnes. Lorsqu’elle a levé la tête, les différents regards étaient posés sur elle. Elle s’est figé un moment avant de lancer innocemment:
- Quoi ?
Au lieu de s’adresser à Erina, Lima s’est plutôt tournée vers Philippe.
- Bien sûr, comment ignorer qui vous êtes ? Je suis enchantée de vous rencontrer.
Avec un léger sourire dessiné sur ses lèvres, Philippe a tendu la main à Lima en commentant :
- Pour mon grand malheur je suis victime de ma célébrité.
Lima a souri en lançant un coup d'œil à Erina, qui elle, roulait des yeux d’exaspération au commentaire de Philippe. Cette dernière a vite capté le message. Elle savait que son ami lui rappelait en silence le service qu'elle devait demander à Philippe. Erina a fait quelques pas vers eux, ensuite elle a demandé à Philippe :
- Bon, on y va ?
Très surpris par sa question, Philippe a demandé en retour écarquillant les yeux :
- Quoi ?! Tu viens avec nous ? Je croyais que tu avais des choses à faire.
Erina lui a une fois de plus lancé un regard noir.
- Bah… seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, mais si tu ne veux pas que je vienne avec vous, c'est mieux de le dire clairement. Après tout, il ne s’agit que de l’école de ma fille. Sa dernière phrase paraissait ironique mais elle faisait remarquer l'importance de la chose.
Philippe n’a rien ajouté de plus et s’est retourné. Même si elle ne voyait pas son visage, Erina savait qu'il était en train de faire son sourire victorieux qu'il fait à chaque fois que les choses se passent comme il veut. Philippe a quitté l’appartement et est allée attendre Erina à la voiture avec Lilibet dans ses bras. Avant qu’Erina ne puisse traverser à son tour la porte de la maison, Lima l’as retenu par le bras.
- Erina s'il te plaît n'oublie pas…
- Ouais, je sais, tu n’as pas à t’en faire, je le ferai dès que l’occasion se présentera mais je ne te promets rien.
- Je croise les doigts.
Lima a une fois de plus regarder l'homme qui installait la petite fille à l'arrière de la voiture.
- Tu as de la chance, tu ne devrais pas la laisser passer, c’est rare de trouver une personne qui nous aime autant.
Erina n’a donné aucune réponse à son amie. Elle a suivi la direction dans laquelle était tourné le regard de cette dernière. Voir Philippe s’occuper si bien de Lilibet lui procurait une douce chaleur au cœur. Elle devait admettre que c’était ce genre de scène qu’elle avait toujours rêvé vivre avec le père de sa fille. Maintenant que cela se construisait peu à peu et rendait cela possible, elle avait peur. elle ne voulait pas s’emballer trop vite. Erina s’est libérée de ses pensées, et a ensuite rappelé à Lima qu'elle devait fermer la porte. Elles sont toutes les deux sorties puis Erina a fermé la porte.
- Au revoir petite poupée. Lima a crié à Lilibet en agitant la main.
Lilibet qui était déjà confortable dans la voiture a joyeusement répondu de sa petite voix à Lima. Lorsque tous les aurevoirs ont été dits, Erina a rejoint Philippe et Lilibet dans la voiture et ils ont entrepris leur chemin.
Catherine s'était déjà tournée les pouces pendant longtemps. Elle cherchait une idée pour riposter afin de trouver un avantage à la situation actuelle. Catherine ne pouvait pas accepter que Philippe ait rompu leurs fiançailles pour vivre le parfaite idylle avec Erina et sa fille. Non, Catherine ne pouvait pas se résigner aussi facilement. Elle tenait dans une de ses mains son portable qu’elle tapotait frénétiquement sur la pomme de main opposée, tout en faisant les cent pas d’un bout à l’autre à travers sa chambre, essayant de trouver une idée. Au bout d'un moment elle a arrêté tous ses mouvements, s'est assise, a déverrouillé son portable, a fouillé son répertoire et lancé l'appel. La sonnerie d’attente n'a pas sonné bien longtemps, son destinataire a rapidement répondu.
- Mademoiselle Lan, quel plaisir de recevoir votre appel ! Une voix masculine suave, un peu prétentieuse et embrassée d'une petite teinte de taquinerie a tout de suite été entendue.
- Monsieur Koyann, est-ce qu'on peut se voir ?
- Vous acceptez alors ma proposition ? Dites-moi si…
- Je suis en route pour votre bureau.
- Bien, d'accord, je vous attends.
Catherine a mis fin à l'appel, a rapidement attrapé son sac, puis elle a quitté sa chambre en cognant fortement la porte. Lorsqu'elle est arrivée en bas, elle a traversé le salon en fusée. Emilia l’a tout de suite interpellé dès qu’elle l’a aperçu :
- Tiens, Catherine, te voilà, j’ai pensé à…
Ses mots n’ont pas arrêté Catherine qui continuait son chemin. Emilia a déposé sur la table le plat qu’elle tenait en main.
- Catherine où vas-tu aussi pressée ?
- j'ai quelque chose à régler m’man, je reviens aussi vite que je peux.
- Mais...
Avant qu’Emilia n’ait terminé sa phrase, Catherine avait déjà pris la poudre d'escampette. Emilia a soupiré d’exaspération en reprenant le plat qu’elle avait déposé plus tôt.
Boris Lan qui descendait les escaliers juste après Catherine a été témoin de la scène du salon. Dès qu'il est arrivé, il n’a pas tardé à commenter :
- Ta fille est devenue beaucoup trop impulsive ; je peux t’assurer que son comportement va nous faire tout perdre.
- Ma fille ! Emilia s’est écriée toute stupéfaite. Aux dernières nouvelles je n'ai pas fait cet enfant toute seule, c'est aussi la tienne.
- Oui, et je me bats déjà assez pour lui offrir une vie confortable alors démerde-toi pour qu'elle ait un bon comportement et un cerveau qui fonctionne. Eduque-la mieux au lieu de passer tes journées à feuilleter ces magazines qui ne t'apportent rien de bon. Et tu t'étonnes pourquoi Catherine réfléchit d'une façon aussi superficielle ?
- Boris, c'est ta fille, si tu as à lui dire, dis-le-lui directement. Au cas contraire, reste tranquille et accepte son comportement.
Secouant la tête de désolation, Boris s’est dit que s'il avait eu un garçon, sa vie aurait été différente. Peut-être ne ressentirait-il pas une telle inquiétude quant à l'avenir de son empire lorsqu’il ne sera plus en mesure de diriger. A un moment donné, il avait cru que Catherine était assez digne de reprendre le flambeau mais depuis qu'elle avait commencé à s’emmêler les pinceaux avec son histoire d'amour avec Philippe, elle avait totalement changé et son intérêt pour l'entreprise s'était dissout d'une manière considérable. Boris était en proie aux solutions pour anticiper ce énième problème qui était venu s’ajouter à ce qu’il avait déjà à gérer avec la situation de son entreprise.
André Koyann était connu dans le monde médiatique comme une légende des potins et sujets brulants car c’était celui-là qui avait toujours une longueur d'avance sur les actualités du pays. Catherine le connaissait depuis assez longtemps. Elle avait très souvent fait appel à lui lorsqu'elle voulait manipuler les médias en se mettant sous les feux des projecteurs pour être à la une dans les médias. Le chemin n'avait pas été long pour Catherine quittant son domaine familial pour le bureau d'André. Dès que Catherine est arrivée au secrétariat du bureau d'André, elle n'a pas laissé la secrétaire lui dire quoi que ce soit. Catherine a immédiatement sorti son téléphone du sac. Après avoir lancé l'appel, elle a directement annoncé lorsqu’on a décroché :
- Je suis là, devant ta porte. Elle a ensuite coupé.
Quelques minutes plus tard, la porte du bureau d'André s'est ouverte, Catherine est entrée l'air de rien ignorant toujours la présence de la secrétaire.
Celle-ci était confuse et énervée par le comportement hautain de Catherine. Une fois que la porte a été fermée après l’entrée de Catherine et André, la secrétaire a grimacé même si elle savait qu'ils ne pouvaient pas voir.
Dans le bureau, André a pointé la chaise à Catherine afin qu'elle puisse s’y asseoir. Catherine ne s'est pas faite prier ; elle s'est assise sur une des chaises et a posé son sac sur celle d’à côté.
- Bien, mademoiselle Lan, je suis surpris que vous m'ayez appelé. André a introduit en s'adossant confortablement sur sa chaise.
Il a placé ses deux mains à l’arrière de sa tête.
- Arrêtez les flatteries André.
- Ok. Allons droit à l'essentiel : est-ce que vous acceptez ma proposition ?
- Oui, j'accepte de vous accorder une interview.
La nouvelle était bonne pour André. Il pouvait laisser son grand sourire victorieux prendre vie sur ses lèvres. André était content car l'interview avec Catherine était un moyen sûr d’avoir de l’audience et de renforcer davantage sa position importante dans le monde des médias. Il était connu que depuis l’apparition d’Erina ainsi que la rupture du mariage de Catherine, le monde voulait entendre la version des concernés. Alors, André était sûr que dès l’annonce de cette interview sur sa chaine, les fanatiques people seront scotchés devant leurs écrans pour entendre comment se sentait cette femme « cocufiée ».
- Essayez un peu de cacher votre joie, c’est agaçant.
André a rapidement effacé son sourire, s’est redressé avant de cntinuer :
- Quoi qu’il en soit, je suis bien content que vous ayez fait le bon choix.
Catherine a fouillé son sac, en a sorti une enveloppe qu'elle a lentement glissé sur la table en direction d'André. Un peu méfiant et curieux à la fois, il n'a pas tout de suite pris l’enveloppe. André a regardé Catherine, et cette dernière a fait signe de la tête, lui demandant de récupérer l'enveloppe. Ce qu’andré a fait. Il l'a récupéré, l’a ouvert, y a trouvé des photos de Philippe, Erina et Lilibet le soir où Philippe était passé les prendre pour les amener chez sa mère. André était confus, il ne comprenait pas exactement à quoi lui servirait ces images ; même s’il est vrai que cela pouvait alimenter la toile sur le triangle amoureux entre Philippe, Catherine et Erina. Il savait également que si Catherine les lui avait données, c'est parce qu'elle avait un plan en tête. Voyant sa tête interrogatrice, Catherine a tout de suite levé le doute et a clairement énoncé ce qu'elle attendait de lui :
- Non seulement je vous accorde une interview, mais également je veux qu'avant mon interview ces images brûlent non seulement la toile mais aussi les journaux papiers.
André l’a longtemps observé, il se faufilait dans le regard de Catherine une faible trace de rancœur, et de destruction.