Depuis le matin de cette journée-là, Erina évitait Thomas en permanence. Elle savait qu'il aurait envie de lui poser des questions par rapport à ce que Philippe avait laissé entendre le matin. Pour cela, Erina a renoncé à prendre sa pause déjeuner. À un moment donné, elle a eu besoin des documents se trouvant dans la salle des archives alors elle s'y est rendue. Une fois les documents en mains, Erina s'est apprêtée à quitter la pièce mais au moment où elle s'est retournée pour prendre la porte, elle a sursauté de surprise en voyant Thomas adossé à l'entrée.
- Thomas, tu m'as fait peur dis donc. S'est-elle plainte avec une respiration presque désordonnée et soutenant sa poitrine avec son autre main libre.
- Désolée, je ne voulais pas te faire peur.
- Faut croire que tu as raté ta mission alors. A-t-elle déclaré en souriant.
Thomas lui a également souri en retour.
Erina a cherché à quitter la pièce mais Thomas qui était plus rapide qu'elle ne l'a pas laissé faire. Il s'est empressé de quitter le mur pour la retenir par la main.
- Erina, attends.
Elle a porté son regard sur lui. Thomas a continué :
- Pourquoi tu m'évites?
Erina est devenue nerveuse, elle a balbutié en réponse :
- Moi? Mais... Non, je... En fait...
- Erina s'il te plaît dis-moi que ce que Philippe a dit ce matin est faux.
Le moment qu'elle redoutait depuis ce matin était finalement arrivé. Elle ne voulait pas parler de ce sujet car elle même ne savait pas encore ce qu'elle devait faire. Elle était elle même troublée par les intentions soudaines de Philippe.
- Thomas, écoute, on en reparle un autre jour, d'accord ? J'ai vraiment du travail.
- Dis-moi juste si tu envisages retourner à H Country.
Erina l'a regardé dans les yeux, puis elle a baissé le regard pour camoufler la culpabilité qui y brillait. Elle a réfléchi un moment, ensuite elle a relevé la tête pour soutenir son regard à nouveau et lui a répondu honnêtement.
- Peu importe où se trouve ma fille, j'y serai avec elle.
Elle venait indirectement de donner à Thomas la réponse qu’il craignait d'entendre. Après tout, elle est une mère. Quoi de plus naturel de vouloir être proche de son enfant et de la protéger ? Thomas a lâché le bras d'Erina. Elle l'a dévisagé avec sympathie avant de le laisser seul. Thomas l'a tristement regardé partir, il a toujours eu peur que ce moment arrive, ce moment où Erina s'éloignera de lui.
À la fin de la journée, Erina et Thomas ont quitté l'entreprise ensemble. Ils se sont éteints et s'apprêtaient à se séparer quand ils ont tous les deux remarqué la présence de l'homme au regard froid et à l'aura sombre adossé sur la voiture non loin d'eux. Philippe a repris une attitude paisible, s'est levé de la voiture puis s'est approché des deux personnes.
- Comme promis, je suis venu te chercher. A-t-il déclaré après avoir pris Erina dans ses bras et posé un baiser sur son front.
- Tu n'aurais pas dû. Erina lui a dit avec embarras.
- Ne sois pas si modeste chérie, je le fais avec plaisir.
Philippe a par la suite tourné le regard vers Thomas :
- M. Hilit passez une bonne soirée.
- Bien-sûr, vous aussi j'espère.
Philippe a traîné Erina par la taille et ils sont allés dans la voiture.
- Maman. Lilibet a crié avec enthousiasme en enroulant ses bras autour du cou de sa mère par derrière.
Erina a posé plein de bisous sur la joue et le cou de Lilibet qui souriait de plus belle. Erina a été très touchée que Philippe se soit souvenu d'aller chercher leur fille à l'école. Elle a regardé Philippe qui la regardait aussi et lui murmuré :
- Merci.
Philippe pris la main d'Erina, il a posé un tendre baiser au dos de sa main et les deux se sont souri affectueusement.
- Est-ce que tout le monde est prêt ? Philippe a demandé.
- Ouiiiiiiii. Lilibet a répondu avec enthousiasme.
Philippe a mis le moteur de la voiture en marche, il a une fois de plus contempler sa magnifique nouvelle famille puis il a prudemment pris la route. Erina a observé le chemin qu'empruntait Philippe. Une expression de confusion s'est lu sur son visage.
- Mais...
Philippe connaissait sa préoccupation, il lui a lancé un coup d'œil, a souri mais n'a pas pris la peine d'expliquer quoi que ce soit pour éclaircir les doutes d'Erina. Il s'est concentré sur la conduite. Au bout de quelques minutes, il a garé la voiture près d'un restaurant chic connu pour ses services plus que prestigieux. Philippe a ignoré l'air surpris d'Erina et est sorti de la voiture, a ouvert la portière arrière pour faire sortir Lilibet. Erina est sortie à son tour et les a rejoints. Tenant Lilibet dans ses bras, Philippe a passé son bras autour de l’épaule de la jeune femme et les a conduits à l’intérieur du restaurant. Pour occuper sa journée, Philippe l'avait passé à chercher l'endroit idéal où il emmènerait sa petite famille pour passer un bon moment.
Catherine est rentrée chez elle ce soir-là avec une mine différente de celle de la dernière fois. Elle avait un sourire si grand qu'il pouvait diviser son visage en deux. Ce qui n'est pas passé inaperçu devant sa mère Emilia assise dans le salon en train de lire son magazine de mode quotidien.
- Je vois que tu as retrouvé le sourire.
Catherine s'est précipitée vers sa mère. Elle l'a joyeusement étreint dans ses bras et lui a dit toute excitée :
- Tu me croiras si je te dis que j'ai déjeuné cet après-midi avec Rhema?
Emilia Lan a rapidement posé le magazine sur le canapé.
- Comment est-ce arrivé ? Qu'a-t-elle dit?
- Elle m'a promis qu'elle fera tout pour que Philippe m'épouse. Catherine était toute excitée.
La seconde d'après, elle a affiché un visage triste. Emilia ne l’a non plus pas manqué.
- Que se passe-t-il chérie? A-t-elle demandé à Catherine en caressant tendrement sa joue avec le revers de sa paume de main.
- Rhema veut qu'après le mariage, la fille bâtarde de Philippe vive avec nous.
- Quoi ! Mais... Est-ce obligatoire ?
- Selon elle, une descendante des Huiret ne devrait pas grandir hors de la famille. Catherine a roulé des yeux en parlant.
- Eh bien... Je suppose que c'est le prix à payer, non ? Et cela ne doit pas être un si gros problème je pense. Après ton mariage avec Philippe, tu mettras au monde vos propres enfants à vous deux ainsi Philippe n'aura plus d'yeux pour cette gamine.
Catherine a posé sa tête sur les genoux de sa mère en faisant la moue et s'est plainte :
- Mais moi je ne veux pas de cette gamine dans ma vie, encore moins dans mon mariage.
Emilia a docilement caressé les cheveux de Catherine en la réconfortant :
- Bien-sûr chérie, je le sais mais tu devras faire l'effort de l'accepter sinon Philippe te rejettera et tu pourras dire adieu à ton mariage et à ta vie de rêve.
Catherine n'a rien dit. Elle est restée calmement la tête posée sur les genoux d'Emilia laissant défiler diverses pensées dans son esprit.
Après cet agréable moment passé dans une chaleur familiale, Philippe, Erina et Lilibet ont quitté le restaurant tous heureux de la surprise que leur a offert Philippe. Lilibet a été toute excitée pendant le repas et a quasiment touché à tous les mets sur la table même lorsque sa mère Erina s'y opposait. Heureusement qu'elle avait le soutien de son père Philippe qui cédait à toutes ses caprices donc elle ne s'est pas gênée pour engloutir tout ce qui lui faisait envie. Lilibet était déjà exténuée en quittant le restaurant. Erina l'a porté dans ses bras. La petite fille s'est endormie dès que la brise fraîche nocturne a frappé sur sa peau douce.
- Merci beaucoup pour ce moment Philippe. Cela a vraiment fait un grand bien à Lili même si elle en a beaucoup abusé. Erina a remercié Philippe.
Gardant une main sur le volant, Philippe a pris la main d’Erina, l'a regardé droit dans les yeux et lui a demandé :
- Et toi, Est-ce que cela t'a fait du bien?
Sa voix était si magnétique à cet instant au point où Erina s'est perdue dans le mouvement de ses lèvres. La chaleur de la paume de main de Philippe a rendu la sienne mouette. Erina était comme hypnotisée par les yeux de Philippe et ne pouvait décoller son regard du sien. Elle s'est mise à balbutier:
- Je... Je...
Philippe l'a coupé en disant avec affection et sincérité:
- Rina, je veux vraiment que tous les trois nous formons une famille.
- Philippe, je...
Philippe a porté la main d'Erina à ses lèvres. Il y a posé un doux baiser en la regardant ensuite il a déclaré :
- Je ne vais pas te presser, tu as tout ton temps pour réfléchir.
Erina a hoché la tête.
Philippe a encore ajouté :
- Mais ne traine pas trop hein.
Elle a roulé des yeux en souriant à ses paroles. Erina a ensuite regardé Lilibet qui dormait paisiblement dans ses bras et s'est demandée si Philippe n'avait pas raison en fin de compte; Lilibet avait le droit de grandir aux côtés de ses deux parents. Ils ont continué le chemin en silence avec chacun ses propres pensées en tête.
Dès leur arrivée à la maison, Erina est directement allée mettre Lilibet au lit. Ensuite elle est allée dans sa chambre à coucher et est sortie quelques minutes plus tard avec une couverture et un oreiller qu'elle a remis à Philippe en disant :
- Tiens, je suppose que tu sais déjà quoi en faire.
Erina a laissé Philippe dans la confusion et est retournée dans sa chambre, s'est déshabillée, a pris une bonne douche chaude, ensuite elle s'est mise en nuisette et s'apprêtait à dormir lorsqu'elle a entendu quelqu'un ouvrir la porte de la chambre. Debout près de son lit, Erina observait la porte et s'attendait à voir Lilibet entrer mais à sa grande surprise, c'est plutôt un homme grand, habillé en tenue décontractée et dont la fraîcheur de son bain se reflétait encore sur son corps légèrement musclé.
- T-toi ! Qu’est-ce que tu veux encore ?
Erina avait pour habitude de ne pas fermer la porte de sa chambre à clé parce que Lilibet venait souvent se coucher avec elle au milieu de certaines nuits mais elle n'avait pas pensé une seconde que Philippe en profiterait pour s'introduire dans sa chambre.
- Quoi? Tu t'attendais à voir quelqu'un d'autre?
Philippe parlait en avançant vers Erina tandis que cette dernière reculait instinctivement.
- Non. En fait… oui, je pensais que c'était Lili.
- Mais c'est juste moi. Est-ce qu'il y a un problème ?
- Que veux-tu ?
Erina a heurté son dos contre le mur, ce qui a arrêté son élan et Philippe en a profité pour placer ses mains des deux côtés de son corps pour la bloquer. Il a approché ses lèvres près de son oreille et lui a suavement murmuré:
- Je veux juste dormir dans un lit confortable avec une bonne compagnie. Est-ce un problème ?
Leurs regards étaient maintenant plongés l'un dans l’autre. Ceci a rendu Erina nerveuse. Son cœur battait fortement à en exploser.
- Tu es libre d'aller dormir dans un hôtel.
Philippe a à nouveau penché la tête près de l'oreille d'Erina. Le souffle chaud produit par ses narines diffusait d'énormes frissons le long du corps d'Erina.
- Sauf que c'est près de ma Rina que je veux me coucher.
Le corps d'Erina s'est instantanément figé. Elle a écarquillé les yeux, les mots de Philippe ont provoqué des petits titillements au niveau de sa partie génitale. Elle a poussé Philippe et s'est échappé. Il a été très amusé par sa réaction. Elle était la maman d'une petite fille de 5 ans mais elle agissait comme une gamine. Il l'a suivi près du lit.
- Sors d'ici Philippe.
- Non, je ne le ferai pas.
- Si tu ne le fais pas, je vais crier et tout le voisinage sera alerté.
Philippe a répondu avec assurance :
- Vas-y, crie. Je te supplie même de le faire comme ça Lili se réveillera. C'est ce que tu veux, j'imagine.
Erina a grogné de colère en balançant avec rage le taie d'oreiller dans le lit. Elle était sur le point de passer devant Philippe pour quitter la pièce mais il l'a retenu. Son geste a été soudain pour Erina, elle a été prise au dépourvu et s'est retrouvée couchée le dos contre le matelas du lit avec Philippe au-dessus d'elle. Dans la chambre régnait maintenant un silence qui accompagnait une belle atmosphère romantique. Philippe envoyait affectueusement à l'arrière les cheveux d'Erina. Elle était emportée par le moment surtout lorsque son regard a rencontré celui de Philippe. Par réflexe, leurs deux visages se sont rapprochés l'un vers l'autre et leurs lèvres étaient sur le point de s'effleurer quand...
- Maman? Papa?
Lilibet se tenait devant la porte, encore un peu endormi et frottait ses yeux en appelant ses parents plongés dans leur romance sur le lit. Dès qu'Erina a entendu la voix de sa fille, elle a porté son regard sur elle et a constaté le regard ahuri de Lilibet. Erina a tourné le regard sur Philippe, ce n'est qu'à ce moment qu'elle a senti la bosse rigide qui frottait le bas de son corps. Erina s'est empressée de repoussé Philippe, s'est assise et a demandé à Lilibet :
- Que se passe ma puce? Tout va bien?
- J'ai très froid. Lilibet a doucement répondu de sa voix enfantine.
Philippe qui était un peu vexé au fond de lui d'avoir été repoussé deux fois dans la même soirée en moins de cinq minutes et par la même femme s'est approché au même moment qu'Erina. Tous deux ont touché le corps de Lilibet et se sont regardés simultanément.
- Mon Dieu Lili ! Tu es brûlante de fièvre. Erina a commenté.
Philippe a porté la petite fille jusqu'au lit puis il l'a couché pendant qu'Erina apportait les boîtes de premiers soins qui pouvait aider à faire tomber la température.
Toute la nuit, Erina et Philippe ont veillé sur leur fille. Sous la lumière timide de la lune nocturne, tous les trois ont fini par dormir ensemble dans le même lit.