Rhema s’est réveillée le lendemain de très bonne humeur. Après avoir pris son petit-déjeuner, elle s’est préparée et a pris la route pour Universe Corporation.
Lorsque la réceptionniste à l’entrée l’a vu arriver et l’a reconnu, elle s’est approchée d’elle :
- Mme Huiret ! Est-ce que je peux vous aider ?
Rhema ne s’est pas donnée la peine de s’arrêter, elle a continué son chemin en demandant à la réceptionniste qui lui courait après :
- Je viens voir mon fils, je suppose qu’il est dans son bureau.
- Euh… Je ne l’ai pas aperçu depuis ce matin, en fait il est…
Rhema a snobé la réceptionniste et est entrée dans l’ascenseur VIP réservé au PDG sans écouter le reste de la phrase de la jeune femme. Elle a ensuite appuyé sur le bouton pour refermer l’ascenseur.
Dès que le visage de Rhema a disparu derrière les deux portes jointes de l’ascenseur, la réceptionniste a grincé les dents d’énervement. Rhema était une femme charismatique à l’aura puissante; sa présence ne passait pas inaperçu peu importe où elle se trouvait. Dans l’entreprise, tous convoitaient son élégance naturelle et son charme resté intact au fil du temps. Mais personne n’appréciait réellement la personne qu’elle était car affichait toujours une attitude hautaine vis-à-vis des personnes de rang inférieur. Elle était encore plus froide que son fils Philippe.
Rhema est finalement arrivée à l’étage du PDG, elle n’a salué personne et s’est directement rendue au bureau qu’occupe Philippe mais il était fermé.
L’une des secrétaires en fonction à l’étage du PDG a repéré la mère de son patron et a fait signe à Julien afin que ce dernier aille s’occuper d’elle. Ce que Julien a fait. Il s’est dirigé vers Rhema et l’a poliment abordé :
- Mme Huiret, c’est une surprise de vous voir ici. Vous désirez quelque chose ?
Rhema n’a pas prêté attention à sa politesse. Pour elle, toutes les personnes qui essayaient d’être gentilles avec elle ne faisaient rien d’autre que lui lécher les bottes et cela l’agaçait énormément.
- Pourquoi le bureau de Philippe est-il fermé ? Où se trouve-t-il ? A-t-elle directement demandé.
Julien connaissait le caractère hautain et direct de Rhema donc cette façon de soumettre directement sa requête sans même prendre la peine de répondre à sa salutation était déjà habituel pour lui. Il a souvent pensé que son patron Philippe était arrogant et prétentieux mais comparé à sa mère Rhema, son patron était un ange.
- M. Huiret est absent, il est en voyage.
- En voyage ! Mais depuis quand est-il parti ?
- Il est parti depuis…
Julien s’est arrêté au milieu de sa répondre lorsqu’il a vu que Rhema l’ignorait carrément et était plutôt concentrée sur le téléphone qu’elle manipulait.
Après un trajet silencieux, Erina s’est arrêté devant un étage portant une enseigne lumineuse blanche sur laquelle étaient inscrits en bleu les caractères « Insurance Forever ». Elle est sortie de la voiture. Au même moment, Thomas arrivait et il a fait signe a Erina. Cette dernière s’est approchée de lui pour le saluer.
Philippe sortait de la voiture à son tour lorsque son portable a sonné. Il l’a retiré de sa poche. Après avoir vérifié le nom de l’appelant, il a répondu en refermant la portière de la voiture.
- Maman ! Est-ce que tout va bien ?
- Philippe, est-ce que tu sous-entends que ta mère t’appelle uniquement quand ça ne va pas ? S’est plaint Rhema à l’autre bout du fil.
Philippe s’est adossé sur la voiture, il a mis une main dans la poche et a répondu à sa mère en observant les deux personnes qui dialoguaient un peu plus loin :
- Je suppose que tu m’appelles pour une bonne raison, non ?
- Où es-tu ? Je suis à l’entreprise et tu n’y es pas.
- Je suis en voyage.
- Quand comptes-tu rentrer ? Il faut qu’on parle.
Philippe a esquissé un sourire. Il semble qu’il avait raison ; sa mère l’appelait forcément pour une raison.
- Je compte rentr…
Philippe a interrompu sa phrase quand il a vu Thomas caresser le bras d’Erina en la contemplant avec une grande affection.
- Écoute, maman. Dès que je suis de retour à H Country je passe chez toi d’accord ? A-t-il déclaré à Rhema en raccrochant. Il a remis son portable dans sa poche. Avec des sourcils froncés, il s’est levé de la voiture sur laquelle il était adossé.
L’action de Philippe a été si rapide que Rhema n’a entendu qu’un bip provenant de l’autre côté.
- Philippe, Philippe, Philippe. A-t-elle appelé plusieurs fois sans réponse.
Contrariée, elle est retournée dans l’ascenseur VIP en maudissant :
- Quel fils ingrat ! Tu es décidément comme ton père.
La nostalgie a envahi le cœur de Rhema lorsqu’elle a pensé au père de Philippe. Leur histoire était si passionnée et enivrant d’amour mais il a fallu que le destin s’en mêle et mette un terme à cela. Rhema a chassé ces images du passé de sa mémoire, puis elle a lissé la devanture de son chignon vers l’arrière. Adoptant son assurance habituelle, elle a sagement attendu que l’ascenseur arrivé au rez-de-chaussée et a quitté l’entreprise Universe Corporation.
Erina était encore très énervée par sa conversation de tout à l’heure avec Philippe donc quand elle a croisé Thomas à l’entrée de l’entreprise, elle a eu du mal à suivre ce qu’il disait. Ce dernier l’ayant remarqué, a doucement caressé son bras et lui a affectueusement demandé :
- Est-ce que tout va bien ?
Erina a hoché la tête en feignant un sourire forcé.
- Dans ce cas allons…
- Ma chérie, tu es sortie si vite de la voiture que je n’ai pas eu le temps de t’embrasser. A interrompu Philippe.
Il s’est par la suite approché d’Erina, a tenu sa tête et l’a passionnément embrassé. Entraîné dans ce baiser soudain, Erina avait les yeux écarquillés rempli de surprise. Thomas qui les observait était également étonnée par l’impudeur de Philippe. Son être était plein de rage et de gêne à la fois, il a baissé le regard pour ne plus avoir à regarder l’intimité des deux personnes devant lui. Il s’est légèrement raclé la gorge afin de rappeler sa présence. Ce qui a fonctionné. Philippe a lâché Erina qui était déjà à bout de souffle par le torride baiser dans lequel il l’avait entraîné. Elle a lancé un rapide coup d’œil gêné à Thomas qui la regardait également. Philippe a suivi le regard d’Erina.
- Oh désolé, je ne vous avais pas vu. A-t-il affirmé.
Erina a pris la parole pour essayer de dissiper la tension dans l’air :
- Euh… Philippe, tu connais déjà sans doute…
- Thomas ? Oui, bien-sûr. Comment pourrai-je l’ignorer ? Il était avec toi hier quand tu es rentrée. Philippe a lancé avec désinvolture.
- Et je vois que vous êtes celui qui l’accompagne aujourd’hui. Thomas a sarcastiquement commenté.
Philippe a ignoré son sarcasme, il a pris Erina par la taille, l’a rapproché plus près avant de répondre à Thomas avec un sourire :
- Oui, et je compte le faire tous les jours jusqu’à notre départ de M Country.
- Quoi ! S’est écrié Thomas.
Il a fixé Erina du regard en questionnant :
- Est-ce que tu t’en vas de M Country ?
- Euh… En fait… Je crois qu’on va être en retard. On ferait mieux d’y aller. Erina a bafouillé avant de finalement changer de sujet.
- Tu as raison mon amour. A appuyé Philippe.
Il a donné un dernier baiser à Erina puis il a caressé sa joue en disant :
- Je viens te chercher plus tard quand tu auras fini.
Il s’est tourné vers Thomas, lui a dit au revoir avant de rejoindre la voiture dans laquelle ils sont venus.
Erina a observé Philippe partir jusqu’à ce qu’il soit hors de vue. Thomas, lui, avait le regard sur Erina. La douleur et la tristesse avaient envahi son cœur, la façon dont Erina regardait Philippe était quelque chose qu’il n’avait jamais vu encore venant de cette femme réservée et renfermée. Erina a regardé Thomas pendant une seconde, elle a dégluti avec gêne et est rapidement entrée dans le bureau avant même qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit.
Plus tard dans la journée, Catherine a retrouvé Rhema dans un restaurant situé en plein cœur de la ville pour le déjeuner. Catherine est arrivée quelques minutes après Rhema :
- Mme Huiret, je suis désolée de vous avoir fait attendre. S’est excusée Catherine.
Rhema s’est levée pour étreindre la jeune femme.
- Ne t’inquiètes pas, voyons. Je sais que je t’ai pris à l’improviste.
Catherine s’est assise en face de Rhema.
- Je suis tout de même contente que vous m’ayez appelé, Mme Huiret.
Rhema a fait signe au serveur. Puis elle a continué à dire à Catherine :
- Appele-moi Rhema, Mme Huiret est un peu trop formel.
Catherine a hoché la tête et a souri avec embarras.
- Vous avez déjà fait vos choix, mesdames ? Le serveur que Rhema venait d’appeler a demandé.
Les deux femmes ont regardé le menu, ont fait leurs choix ensuite elles ont passé leur commande. Après le départ du serveur, Rhema a directement demandé à Catherine :
- Est-ce que tu aimes mon fils Philippe ?
Rhema n’était pas une de ces femmes qui passait par quatre chemins pour s’exprimer.
Catherine a par contre été déstabilisée par sa franchise mais elle a réussi à y répondre sereinement :
- Bien-sûr, vous n’avez pas idée à quel point j’aime votre fils.
Rhema a souri quand elle a écouté sa réponse.
- Bien. A-t-elle dit.
Elle a ensuite bu la moitié du verre d’eau posé devant elle puis elle a continué :
- Tu es au courant qu’il a une fille, n’est-ce pas ?
- Oui je le sais, et je suis prête à aimer cette petite comme si c’était la mienne.
- Je suis ravie que tu penses ainsi.
- Écoutez, Mme Huiret, je…
- Rhema, appelle-moi Rhema.
- Excusez-moi. Écoutez, Rhema, j’aime Philippe et tout ce qui vient de lui y compris sa fille. Et je vous promets que si jamais je me marie avec lui, je m’arrangerai à ce que sa fille vienne nous visiter plus souvent.
- Ce ne sera pas nécessaire parce qu’elle vivra avec vous.
Catherine a d’abord écarquillé ses yeux de surprise. Elle s’attendait à tout sauf à ça. La dernière fois qu’elle a vu Lilibet dans le bureau de Philippe, cette dernière s’est comporté d’une façon hostile envers elle. Comment pouvait-elle supporter vivre avec cette gamine ?
Catherine était sur le point s’ouvrir la bouche mais le serveur est venu servir leur repas donc elle a dû attendre qu’il finisse. Comme s’il le faisait exprès, Le serveur a mis longtemps avant de terminer son service. Pendant ce temps, Catherine commençait à perdre patience.
Après le départ de ce dernier, elle a repris la parole :
- La fille de Philippe ne va-t-elle pas rester avec sa mère ? A-t-elle demandé à Rhema.
- Non, cette petite est de la famille Huiret et je tiens à ce qu’elle grandisse comme tel.
Catherine a fait semblant d’être compréhensive.
- Bien-sûr, je… Je pense que c’est la meilleure chose à faire.
Elle a pris sa fourchette et s’est mise à manger.
Rhema quant à elle, était très rassurée par le comportement compréhensif de Catherine. Elle a donc conclu :
Bien, dans ce cas, je m’arrangerai pour que tu épouses Philippe.