Malgré les nombreuses réticences de sa fille, Erina a réservé son billet d’avion pour le Dimanche comme prévu. Son amie Lima et Phillipe sont venus leur dire au-revoir à l’aéroport.
- Tu es sûre que ça va ? Philippe a demandé à Erina.
Depuis le dîner chez sa mère, il avait trouvé Erina bizarre. Elle faisait tout pour l’éviter, il était persuadé que sa mère avait dû dire quelque chose de déplaisant à Erina.
- Oui, tout va bien. Il faut qu’on y aille maintenant.
Erina a serré Lima dans ses bras.
- Allez, viens Lili, on y va.
- Maman, s’il te plaît je veux rester ici.
- Lili, tu ne discutes pas, et tu obéis.
La petite fille a couru vers son père. Philippe l’a porté, l'a caressé dans le dos en regardant Erina par-dessus l'épaule de sa fille. Erina elle, a baissé le regard pour ne pas confronter celui de Philippe. Se rendant compte du fait que sa fille essayait de gagner du temps pour ne pas arriver à temps pour leur vol, Erina l’a récupéré des bras de Philippe.
- Assez, on doit y aller.
Elle a ensuite attrapé sa fille puis elle est partie sans se retourner tandis que Lilibet observait par-dessus l’épaule de sa mère comment la silhouette de son père diminuait au fur et à mesure. Elle était triste c’est vrai, et sa mère le savait mais elle devait se montrer ferme. La dernière fois qu’elle avait cédé au désir de sa fille, elle a fait irruption dans une cérémonie de mariage ce qui lui a valu le titre de maîtresse. Tout H Country ne voyait en elle qu’une maîtresse certifiée qui avait même réussi à piéger le plus jeune milliardaire tant convoité par toutes les femmes avec un enfant.
Lilibet a boudé durant tout le vol, elle a même refusé les desserts offerts pendant le vol et dont elle raffole tant. Sa mère Erina a ignoré le comportement de sa fille.
Ça lui passera. S’est-elle dite.
S’il fallait qu’elle cède chaque fois que Lilibet faisait la moue, elle serait sans doute en prison aujourd’hui ou pire encore, elle serait morte.
Après plusieurs heures, l’avion a finalement atterri dans l’aéroport de M Country. Erina a fermement tenu les petites mains charnues de Lilibet dans une main, ses bagages dans l’autre, elle a pris un taxi et est retournée chez elle.
Une fois chez elle, Erina a allumé son téléphone pendant qu’elle regardait Lilibet manipulatrice courir vers sa chambre pour s’y enfermer. À peine le téléphone allumé, il s’est immédiatement mis à sonner :
- Thomas, quoi de neuf ? A-t-elle dit.
- Erina, es-tu déjà à M Country ?
- Oui, pourquoi ?
- Où es-tu ? Je pourrai venir te chercher à l’aéroport.
En regardant les différents courriers reçus pendant qu’elle était absente, Erina a répondu :
- Euh… Non, je te remercie beaucoup Thomas mais nous sommes déjà à la maison.
Elle s’est dirigée vers la chambre de Lili et l’a ouverte.
- Abon ! Je passerai vous visiter alors. A continué Thomas.
- D’accord, sans problème.
- Salut Lili de ma part, tu veux ?
- Je ne manquerai pas. Allez, à bientôt Thomas.
Une fois l’appel terminé, Erina est allée s’asseoir sur le lit de sa fille. Cette dernière était couchée dos à elle. Erina a soupiré un grand coup avant de commencer à lui parler tendrement :
- Lili, ton oncle Thomas te salue.
Aucune réponse de la part de Lilibet. Erina a continué :
- Tu m’as entendu ? J’ai dit que ton oncle Thomas te salue.
- D’accord. Lili a répondu malgré elle.
Dans sa petite voix, Erina pouvait très bien sentir qu’elle n’était pas disposée à entretenir une conversation avec elle. Erina s’est donc levée et était sur le point de s’en aller :
- Pourquoi on ne peut pas vivre avec mon père ?
Le corps d’Erina est resté figé sur place pendant quelques secondes. Elle s’est tournée puis s’est assise et a doucement fait comprendre à Lilibet en caressant les cheveux de la gamine :
- Ma chérie, tu sais que papa et maman ne peuvent pas vivre ensemble mais papa peut venir te voir quand il veux.
- Pourquoi je ne peux pas avoir mes deux parents avec moi comme mes autres amies ?
- Chérie, tu es une petite fille chanceuse, tu sais ? En plus de ton père, tu as ton oncle Thomas qui t’adore, tata Lima elle aussi t’aime comme sa propre fille alors dis-moi, est-ce que ce n’est pas de la chance ça ?
- Si.
- Viens là mon trésor.
Erina a pris Lilibet dans ses bras :
- Je suis désolée que maman ne puisse pas t’offrir ce que tu demandes, si la situation avait été autrement je te promets que tu aurais eu ton papa et ta maman ensemble.
À cet instant précis, Lilibet a ressenti de la tristesse dans la voix de sa mère. Après tout, sa mère faisait de son mieux pour qu’elle soit comblée. Elle s’est rendue compte que son comportement faisait souffrir sa mère. Au début elle voulait juste voir son père. Une fois cela fait, elle s’est attachée à lui en si peu de temps et voulait maintenant vivre avec lui. Elle n’avait pas tenu compte des sentiments d’Erina et c’était vraiment égoïste de sa part surtout avec ce qui s’est passé à H Country pendant le mariage de son père. Lilibet s’en est voulue et a resserré l’étreinte de ses minuscules bras autour du corps de sa mère.
- Je suis tellement désolée maman.
- Tout va mon bébé.
Erina lui a doucement caressé le dos. Elle s’est dite qu’elle avait beaucoup de chances d’avoir une fille adorable comme Lilibet. Même si elle est capricieuse par moment, elle sait reconnaître ses tords quand il le faut et Erina en était fière.
Le lendemain à H Country dans le domaine de la famille Huiret, Rhema a terminé de lire le papier qu’elle tenait entre ses mains.
- Comme ça elle est réellement la fille de Philippe; ce qui veut dire que c’est une Huiret. A-t-elle dit en remettant les résultats de test d’ADN dans l’enveloppe.
Dora qui se tenait près d’elle a clairement compris de quoi ou du moins de qui Rhema parlait.
- Que comptez-vous faire madame ?
- Je vais naturellement accepter et reconnaître la fille mais pas sa mère.
- Mais votre fils est amoureux d’elle.
- L’amour n’est qu’un sentiment banal, il saura s’en défaire.
Dora a secoué la tête de compassion. Il semble que Rhema ne connaisse vraiment pas son fils, c’est un garçon déterminé. Il y a de cela des années quand Philippe était encore au lycée, il parlait sans arrêt d’Erina à Dora. Elle voyait comment ses yeux brillait quand il le faisait. Elle avait compris que cette fille devait être assez spécial pour son jeune patron parce que Philippe avait eu des relations avec plusieurs filles différentes avant mais il n’avait jamais pris la peine d’en parler encore moins d’une façon aussi particulière. Après le bal de fin d’année de terminale, Philippe lui a dit qu’il avait blessé Erina sans le faire exprès et qu’il l’avait perdu. Les jours qui ont suivi, il était distant du monde extérieur. Même après plusieurs années il n’avait pas eu de relation sérieuse, juste des flirts. C’est là que Dora a réalisé qu’Erina n’était pas seulement un simple caprice de lycéen mais le grand amour du jeune patron et elle avait raison car à la seconde où elle est réapparu, Philippe n’a pas hésité à rompre son mariage même si cela signifiait aller à l’encontre du souhait de sa mère.
Rhema s’est levée puis elle a donné l’ordre à Dora d’aménager une chambre pour Lilibet afin qu’elle puisse y dormir quand elle viendra en visite à H Country, ensuite elle est allée dans sa chambre avec les résultats du test.
Dora connaissait bien Rhema depuis plusieurs années maintenant. Sa mère était servante dans la maison du Père de celle-ci, Rhema a tenu à ce que Dora vienne vivre chez elle après son mariage. De cette façon elle le supporterait mieux si elle voyait un visage familier dans son quotidien. Rhema avait autrefois été amoureuse d’un homme mais cela n’était pas assez pour que son père la laisse construire une vie avec cet homme car il n’avait pas une bonne position sociale. Elle a donc été contrainte d’épouser un homme qu’elle n’aimait pas juste pour que son père soit satisfait ; c’est pour cette raison qu’elle banalisait l’amour comme quelque d’inutile.
Assis de façon désinvolte dans son bureau à Universe Corporation, Philippe était plongé dans ses pensées pendant un bon moment. L’instant d’après, il a appuyé sur le téléphone fixe posé sur son bureau.
- Patron ? Julien a lancé à l'autre bout du fil.
- Réserve-moi une table pour deux dans un bon restaurant pour ce soir.
- C’est noté.
Dès qu’il a obtenu la réponse de Julien, il a mis fin à l’appel. Ensuite il a pris son téléphone portable et a composé un autre numéro. Le téléphone n’a même pas sonné pendant plus de trois seconde, la voix de la personne de l'autre côté s’est faite entendre :
- Philippe quoi de neuf ?
Catherine débordait tellement d’excitation quand elle a vu le nom de Philippe s’afficher sur l’écran de son téléphone. C’était la première fois qu’il l’appelait personnellement. Les autres fois Philippe passait par Julien pour transmettre un message à Catherine. Elle savait qu’Erina et sa fille avaient quitté H Country par conséquent elle avait la voie libre pour passer du temps avec Philippe.
- Es-tu libre ce soir ? Philippe est allé droit au but.
- Oui, tu veux qu’on se voie ?
- Oui, Julien t’enverra les détails du rendez-vous.
- D’accord, je serai à l’heure.
Philippe n'en n'a pas ajouté plus qu'il n'en fallait. Il a mis fin à l’appel et a repris sa position pensive de tout à l’heure. Un an après le départ d’Erina, même si elle était toujours présente dans son cœur, il avait pu compter sur ses nombreuses occupations pour ne pas l'avoir constamment dans la tête. Mais depuis qu’elle est revenue, il n’arrive plus à la faire sortir de ses pensées. Il pense sans arrêt à la belle vie de famille qu’il pourrait avoir avec elle et Lilibet. Mais d’un autre côté il ne devrait pas ignorer la promesse que sa mère avait faite à la famille Lan concernant l’engagement de leur fille avec Philippe.
Aux environs de 20 heures, Catherine se tenait devant le grand miroir de sa chambre. Elle contemplait avec satisfaction sa robe noire moulante dotée d’un décolleté plongeant très marqué qui dévoilait sa poitrine généreuse. La robe s’arrêtait au niveau de ses cuisses et traçait parfaitement ses courbes. Catherine a mis une couche de rouge à lèvres puis elle a joint ses lèvres pour harmoniser le rouge sur les deux lèvres. Satisfaite de son look, Catherine a quitté sa chambre.
Lorsqu'elle est arrivée au salon, sa mère s’y trouvait. Elle lisait la dernière publication de son magazine de mode favori. Quand elle a vu sa fille passer devant elle vêtue d’une façon aussi tape à l’œil, elle n’a pas pu s’empêcher de lui poser des questions :
- Tu vas quelque part ?
Catherine s’est tournée vers sa mère. Ses talons aiguilles de 10cm affinait ses jambes moyennement longues :
- J’ai rendez-vous avec Philippe.
D'un geste simple mais rapide, sa mère a fermé le magazine qu’elle lisait puis l’a mis de côté.
- Abon !
- Oui, et c’est lui qui m’a personnellement appelé.
Catherine était tellement excitée, de même que sa mère qui s’est levée, s’est dirigée vers elle. Le sourire aux lèvres, Emilia Lan a arrangé les cheveux bouclés de sa fille.
- Tu es ravissante ma chérie, je suis sûre qu’il ne te résistera pas.
- Je sais. Crois-tu que j’ai choisi cette robe pour rien ?
Catherine a arboré une mine espiègle.
Après avoir fait un câlin à sa mère, elle a quitté la maison de la famille Lan. Le rendez-vous avec Philippe était prévu pour 21 heures au BlueSky Restaurant.
Il était 21h20 lorsque Philippe a rejoint Catherine.
- Désolé pour le retard. S’est-il excusé en tirant la chaise pour s’asseoir.
- Ne t’en fais pas, je viens tout juste d’arriver.
Catherine mentait. En fait elle était là depuis plus de trente minutes. Philippe avait voulu venir plus tôt mais il semble que le retard est une habitude dont il ne peut se détacher.
Il a lancé un regard à Catherine. Il devait admettre qu’elle était vraiment très belle. N’importe quel homme voudrait certainement d’une femme comme elle à ses côtés, elle venait d’une famille riche et sa beauté était remarquable mais pour Philippe il n’y avait qu’une femme dans son cœur. Il ne voulait pas être injuste et retenir à ses côtés une autre pour qui il n’éprouvait absolument rien.
- Tu as déjà commandé ? A-t-il demandé à Catherine.
- Non pas encore.
Catherine s’est levée de sa chaise et s’est assise sur les genoux de Philippe d’une façon tellement coquette.
- Je t’attendais pour te manger.
Philippe était assez mal à l’aise avec la situation. Il a gentiment fait asseoir Catherine sur la chaise la plus proche. Il ne voulait plus perdre de temps donc il s’est lancé :
- Je ne me marierai plus avec toi.
Catherine s’est mise à trembler, elle avait l’impression d’avoir mal entendu les mots que venaient de prononcer Philippe.
- Qu… Qu… Quoi ?
- Tu m’as bien entendu Catherine, je ne me marierai pas avec toi. Ce serai injuste de ma part envers toi.