Chapter 9
2268mots
2023-09-26 07:30
Depuis qu’elle a su que son fils viendrait avec Lilibet pour lui rendre visite, Rhema avait pris le soin d’organiser un repas somptueux digne de ce nom. Le salon avait été redécoré, la petite table avait été remplie de jouets. Sur la table à manger, on pouvait être rassasié par les différents mets qui s’y trouvaient rien qu’en les regardant. Contemplant tous les changements qu’elle avait faits, Rhema était très satisfaite d’elle. Elle a repéré une cuillère qui avait été mal mise et l’a positionné correctement. À ce moment précis, la sonnette à retenti et Rhema s’est dirigé vers le salon pour attendre ses invités.
- Dora, comment allez-vous ?
Dora Galonn travaille pour les Huiret depuis plusieurs années maintenant. Elle était déjà là avant l’accouchement de Philippe et l’avait vu grandir; par conséquent elle était considérée comme un membre de la famille.
- Mon petit Philippe, comment allez-vous ? A-t-elle répondu à la salutation de Philippe.
Dora a toujours considéré ce dernier comme son propre fils.
- Dora laisse-moi te présenter ma fille Lilibet et sa mère Erina.
- Soyez les bienvenues.
- Merci à vous. A remercié Erina.
Philippe les a emmené vers le salon où Rhema les attendait déjà impatiemment. Dès qu’elle les a vu se diriger vers elle, elle s’est avancé pour prendre son fils dans ses bras.
- Philippe, tu as tellement tardé si bien que j’ai eu peur que tu ne viendrais plus.
Philippe a rassuré sa mère :
- Désolé pour le retard maman, je devais passer prendre Erina et la petite.
Quand elle a entendu Philippe prononcer le mot « la petite », Rhema a tourné son regard vers Lilibet qui était recroquevillée dans les bras de son père. La petite fille joufflue avait l’air timide comme elle le faisait à chaque fois qu’elle était en face d’un inconnu. Philippe a pris la parole pour faire les présentations :
- Maman voici ma fille Lilibet, elle c’est Erina la mère de Lilibet. Erina voici ma mère Rhema Huiret.
- Je suis ravie de vous rencontrer Mme Huiret.
Rhema a ignoré la politesse d’Erina et a plutôt cherché à prendre Lilibet des bras de Phillipe. Voyant que Lilibet fuyait les bras de Rhema et s’accrochait de plus en plus à lui, Philippe a rassuré la petite fille :
- N’aies pas peur Lili, elle ne te fera pas de mal. Vas saluer mami, okay ?
Lilibet a regardé sa mère semblant chercher son approbation. Elle n’a accepté aller chez Rhema que lorsqu’Erina a hoché la tête. Rhema a pris Lilibet dans ses bras puis elle l’a observé de plus près. Elle devait admettre que celle-ci avait beaucoup de trait de ressemblance avec son fils Philippe mais elle devait toujours faire quelque chose pour en avoir le cœur net. Après tout, certaines personnes sont capables d’avoir recours à la chirurgie esthétique si cela leur permettait d’estorquer plus d’argent aux autres.
- Salut petite, quel est ton nom ? Rhema a demandé à la petite.
- Mon nom c’est Lilibet Hayne.
Rhema a froncé son visage, il semble que la petite fille porte le nom de famille de sa mère.
On dirait que sa mère était déterminée à l’éduquer toute seule, mais pourquoi débarquer subitement après tant d’années ? A pensé Rhema.
La vielle femme a pensé que si Erina était venue présenter Lilibet après tant d’années, c’était sans doute parce qu’elle n’avait plus les moyens de s’en occuper toute seule donc elle est apparue pour réclamer de l’argent à la famille Huiret.
Lilibet a joué un moment avec les jouets qui se trouvait sur la table, on pouvait clairement voir qu’elle était épanouie. Pendant ce temps les trois adultes autour d’elle étaient silencieux. Après un moment, Rhema s’est levée du canapé et a incité les deux autres adultes à se joindre à elle pour le repas.
Erina a porté sa fille, elle l’a posé sur la chaise près d’elle. Philippe s’est également assis près d’Erina, quant à Rhema, elle occupait son siège habituel au bout de la table. Dans la salle à manger, on ne pouvait qu’entendre les bruits des cuillères qui frappaient les plats cassables. Rhema a terminé son repas, a observé la façon dont Erina nourrissait Lilibet. Sa façon de faire était si tendre et affectueuse, son amour pour sa fille était évident dans ses gestes mais pour Rhema, Erina n’était rien de plus qu’une maîtresse et celle-ci éprouvait un grand mépris pour les maîtresses. Rhema ne pouvait pas enlever de son esprit la pensée qu’Erina était à l’origine du fait que le mariage de son fils avec une jolie fille issue d’une bonne famille n’avait pas eu lieu.
- Dites moi Erina. A introduit Rhema.
Erina a levé la tête pour la regarder. Philippe était aussi impatient d’entendre ce que sa mère avait à dire donc son regard était aussi posé sur elle. Rhema a sereinement continué :
- Que prévoyez-vous faire maintenant ?
Erina était confuse par sa question.
- Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
Rhema n’était pas surprise par son attitude. Après tout, quel bandit dévoilerait ses intentions aussi ouvertement ? Rhema a donc continué :
- Est-ce que vous prévoyez rester à H Country ?
Erina a renvoyé une mèche de ses cheveux derrière son oreille puis elle a répondu :
- Non, en fait je prévois retourner Dimanche à M Country avec Lili.
Satisfaite de la réponse qu’elle a obtenu, Rhema a souri. Contrairement à elle, le visage de Philippe était plutôt pâle.
- Si tôt ? Pourquoi ne restes-tu pas plus longtemps ? Lili et moi venons juste de nous rencontrer. A demandé Philippe.
Erina la nettoyé la bouche de Lilibet, puis elle lui a répondu :
- Et bien… Lili doit fréquenter et moi je dois retourner au travail donc nous ne pouvons pas nous permettre de prendre plus de temps.
- Rina, il y a de biens de meilleures établissements à H Country et tu peux également trouver un boulot bien plus rémunéré, tu ne penses pas ?
Rhema comprenait très biens ce qu’essayait de faire Philippe. Il voulait qu’Erina reste. Elle s'est encore plus énervée quand elle l’a entendu l’appeler « Rina », cela témoignait une certaine intimité entre les deux personnes. Et Rhema ne pouvait pas permettre cela, une maîtresse ne pouvait pas avoir une place aussi importante dans le cœur de son fils sinon elle causerait sa perte ainsi que celle de sa famille. Rhema a donc pris la parole :
- Philippe, si la demoiselle veut s’en aller, eh bien… laisse la faire. Ne la retiens pas à H Country contre son gré.
- Reste en dehors de ça maman. Philippe a averti sa mère.
Ce qui a mis Rhema encore plus en colère, Philippe n’a jamais été un fils docile, il n’a jamais permis à qui que ce soit de se mêler de ses affaires mais devant sa mère il faisait toujours les efforts d’être à l’écoute et de lui témoigner un grand respect pour ne pas la blesser. Et maintenant il osait avertir sa mère devant cette femme venue de nulle part. Rhema ne pouvait qu’avoir un visage plus sombre en regardant la femme assise près de son fils. Elle a donc tourné le regard vers Lili puis lui a affectueusement proposé :
- Dis ma petite Lilibet, ton papa a grandi dans cette maison, sa chambre est juste à l’étage. Est-ce que tu veux la voir ?
- Ouiiiiii. A confirmé Lili toute excitée.
- Philippe, pourquoi n’emmènes-tu pas Lili visiter ta chambre d’enfant ?
Philippe était un peu réticent à l'idée de laisser ces deux femmes seules. Il connaissait sa mère, c'était une femme très intimidante qui aimait avoir le control sur tout ce qui l’entoure. Après avoir vu l’impatience dans les yeux de Lilibet, il a décidé de la prendre pour aller à l’étage.
Dans le salon, Erina était maintenant seule avec Rhema. Elle se doutait bien que cette femme avait suggéré à Philippe et Lilibet d’aller visiter l’ancienne chambre de celui-ci c’est bien parce qu’elle tenait à lui parler seule à seule.
- Combien ? A introduit Rhema.
- Pardon ? A renchérit Erina toute confuse.
Rhema s’est levée de sa chaise avec grâce. Son âge était certes avancé mais cela ne se reflétait pas du tout sur son ravissant visage sans rides qui paraissait encore très jeune. Chacun de ses gestes subtils témoignaient de la grâce et de l’élégance. En la regardant, il ne faisait aucun doute pour Erina que cette femme majestueuse était née et avait grandi dans un environnement entouré de luxe.
Rhema a juste souri en remplissant son verre de vin.
- Du vin ? A-t-elle proposé à Erina.
- Non merci, je… Je préfère ne pas boire.
- Bien.
La femme âgée a porté son verre qu’elle a secoué pour remuer le liquide à l’intérieur avant de continuer à dire :
- Combien veux-tu pour disparaître de la vie de mon fils à jamais ?
Erina a écarquillé les yeux. Les riches sont-ils toujours aussi déraisonnables ? Pensent-ils vraiment que tout est une histoire d’argent ? Elle a sérieusement fait comprendre à Rhema :
- Rassurez-vous, je ne m’intéresse pas du tout à votre fils, si je suis ici c’est parce que ma fille a insisté pour connaître son père. Autrement je n’aurai jamais remis les pieds dans ce pays.
- Je suis heureux d’entendre cela, parce que vous n’êtes pas du tout celle qu’il faut à mon fils.
Erina a serré discrètement les poings. Même si elle avait choisi de rester loin de Philippe, au fond d’elle, il y avait encore son amour pour lui et elle en était consciente. Entendre Rhema lui dire ces mots était comme si on lui coupait une veine au cœur.
- Est-ce que vous pensez que Philippe laissera sa fille s’éloigner de lui ainsi ? Erina a demandé à Rhema sans la regarder.
Quand Rhema était sur le point d’ouvrir la bouche, elle a entendu des bruits de pas provenant des escaliers. Elle a suivi la direction des escaliers, c’était Philippe qui revenait avec Lilibet dans ses bras. L’homme élégant a clairement senti la tension qu’il y avait entre les deux femmes. Il se doutait donc que leur conversation n’a pas dû être amicale.
- Tout va bien ? A-t-il demandé en fronçant les sourcils.
Rhema s’est empressée de répondre :
- Bien-sûr que si, voyons. La demoiselle et moi faisions juste connaissance. Tu sais, les choses de femmes.
Philippe a regardé Erina qui avait l’air pâle. Il lui a dit en tendant sa main libre :
- Tu viens ? Il est temps que nous partions.
- Si vite ? Tu ne me rends presque jamais visite mon fils et aujourd’hui tu es venu avec ma petite-fille, tu comptes vraiment t’en aller si tôt ?
- Désolé maman, il se fait tard. Erina et Lili doivent aller se reposer.
En disant cela, Philippe a posé un bisou sur le front de sa mère, il a ensuite tiré Erina et ils ont quitté le domaine des Huiret.
Après leur départ, Rhema a appelé Dora et lui a ordonné :
- Vas porter des gants et cherche également un plastique pour emballer ce verre. Tu vas l’envoyer dans le meilleur laboratoire que tu connaisse.
- Que comptez-vous faire madame ? Faire passer un test d’ADN à la fille de Philippe ?
- Ne pose pas de questions et fais ce que je te demande.
Dora n’a plus chercher à discuter, et a exécuté l'ordre donné par Rhema. Elle a pris le verre que Lilibet avait utilisé pendant le repas, ensuite elle l’a emballé dans un plastique.
Dans la voiture sur le chenin de retour, Philippe conduisait la voiture tandis qu’Erina était assise avec Lilibet sur le siège passager. Elle était très calme mais Philippe se rendait bien compte que quelque chose la perturbait. Sans doute sa conversation avec sa mère ? De quoi pouvaient-elles bien avoir pu parler ?
- Dis maman, est-ce qu’on est obligé de retourner à M Country ? J’aimerai bien rester ici moi.
Erina et Philippe se sont regardé avant de détourner le regard.
- Chérie, on avait un accord, nous avons juste pris une semaine pour que tu rencontres ton père, maintenant que c’est fait, il faut qu’on reprenne notre vie normale.
Lilibet a fait la moue :
- Mais je veux rester ici moi ; je veux vous avoir tous les deux avec moi.
- Cesse de faire tes caprices Lili, nous retournons à M Country un point c’est tout.
À ce moment, Philippe a décidé d’intervenir :
- Rina ne sois pas si dure avec elle, elle veut juste rester à H Country ce n’est pas bien compliqué, non ?
- C’est toi qui lui as mis cette idée dans la tête. C’est ça ?
- Bien-sûr que non. Lili est assez intelligente pour réfléchir d’elle-même.
Philippe a posé une de ses mains sur celle d’Erina, celle-ci a rapidement retiré la sienne ensuite elle a tourné son visage pour regarder l’extérieur. Philippe était mécontent de la situation, il avait tenté plusieurs fois de se rapprocher d’elle mais elle mettait toujours des barrières entre eux.
De son côté, Erina a pensé aux mots de la mère de Philippe : "vous n’êtes pas du tout celle qu’il faut à mon fils". Ces mots lui rappelaient qu’elle ne devait pas baisser la garde et se laisser embobiner par les flirts de Philippe. Elle souhaitait que Dimanche arrive rapidement pour qu’elle quitte enfin cette ville qui ne lui a jamais rien apporté de bon.