" Vraiment ? Tu ne sais pas..monter en scooter.", Michael rit en me regardant tout en mettant son casque.
" Je n'ai simplement jamais conduit un scooter ou une moto.", dis-je en tapotant le siège en cuir du scooter de sa maman. Elle est maintenant debout près des portes d'entrée avec son papa, nous regardant avec un grand sourire sur ses lèvres.
"Je pensais que je pourrais m..monter derrière toi. Maintenant, je vais devoir te trimballer.", Il rit et grimpe sur le scooter, l'amenant habilement dans la cour. " D'accord, v..viens..grimpe.", s'exclame-t-il en me tendant un casque. Je le prends et l'enfile avant de monter à califourchon sur le scooter et de m'asseoir derrière lui. Je ne sais pas si c'était drôle de me voir grimper à l'arrière du scooter pour la première fois de ma vie, en tout cas le papa et la maman de Michael éclatent de rire.

Bientôt, un grognement s'échappe du moteur du scooter lorsque Michael atteint le guidon et le tourne légèrement.
" Mickey..roule doucement, d'accord ?", appelle sa maman alors qu'il démarre le moteur.
" D'accord maman.." , répond-il en tournant le guidon, levant ses jambes, et quittant le devant de la maison en une seconde. Je m'accroche fermement à son dos et il glousse, conduisant le scooter sur la route couverte de neige.
Les rues sont presque vides. C'est le soir à 16h et un vent glacial souffle. Il neige légèrement aussi. Quoi qu'il en soit, nous portons tous les deux des vestes pour nous protéger du froid.
" Comment trouves-tu notre lieu, Ethan ?", s'écrie-t-il alors que la campagne défile. De part et d'autre de la route, des champs, des arbres et des maisons sont légèrement recouverts de neige. Je suis sûr que cet endroit serait vraiment magnifique en été.
" C'est magnifique.", murmure-je. " Où est ton ancienne école ? Tu as dit que c'était à quelques pâtés de maisons de chez toi.", demandé-je.

" Oh..elle est dans l'autre direction.", dit-il. " Tu voulais v..voir mon école ?", demande-t-il en ralentissant le scooter.
" Non..c'est bon. Continue tout droit. Au fait, où allons-nous ?", demandé-je.
" Nulle part..nous j..jugeons. Ou bien nous devrions nous diriger vers la ville et a..aller dans un café. Aussi, je pourrais te montrer mon école.", crie-t-il avant de tourner subitement le scooter, en riant. Je ne peux m'empêcher de rire avec lui.
C'est incroyable à quelle vitesse les choses changent. À cette heure hier, je pleurais dans mon oreiller chez moi, me sentant totalement misérable. Maintenant je ris avec Michael. Lui, son papa et sa maman pleuraient ce matin. Mais maintenant ils sourient si heureusement, en nous regardant. Les choses changent si vite. Je ne sais pas ce que l'instant d'après nous réserve.

Je ne sais pas ce qui va se passer une fois que maman connaîtra tout. Sera-t-elle capable de gérer le choc ? Elle croit fermement que je suis son fils. Mais Michael croyait aussi fermement qu'il est le fils de son papa et de sa maman. Mais il a su gérer cela quand il a su que sa croyance était erronée. Alors ma maman aussi le gérera. C'est une femme forte. Je vais bientôt la mettre au courant. Je dois.
Michael m'a entièrement cédé ses parents. Donc, je dois lui donner ma maman aussi.
Je ne pensais pas que je pouvais me rapprocher d'eux et les appeler Papa et Maman. Pourtant, c'est bel et bien arrivé. Aujourd'hui, toute la journée, j'ai été assis avec eux, à parler. Ils avaient beaucoup à dire et à me demander. Il me reste encore beaucoup de choses à leur dire et je ne pense pas qu'ils me laisseront rentrer chez moi de si tôt. Mais je dois partir au moins après-demain. Je n'ai pas encore donné une bonne explication à maman sur pourquoi j'ai quitté la maison à minuit sans le lui dire.
Pour être honnête, je n'ais pas envie de rentrer de sitôt. J'aime vraiment mes parents biologiques et je veux passer du temps avec eux. Ils ont subi un choc aujourd'hui, bien qu'heureux. Ils pensaient que leurs deux fils étaient morts, mais aujourd'hui, ils ont réalisé que leur fils cadet est toujours en vie. Ils sont tellement heureux de m'avoir retrouvé et que je sors avec Michael. Je pense qu'ils souhaitent que nous restions ensemble pour toujours.
Et demain, ma sœur biologique viendra me voir. On lui a seulement dit que le petit ami de Michael est à la maison. Donc demain sera un jour de surprise pour elle. J'ai hâte de voir sa réaction, même si je ne suis pas fan de drames.
" Ethan...regarde ! C'est mon é..école.", gazouille Michael en se tournant vers la gauche et j'incline mon visage pour voir un bâtiment, au loin.
L’école est si petite comparée à notre Westview, même pas un dixième de sa taille. Et elle est fermée. Il semble qu'elle soit aussi en vacances.
Tu veux y entrer?", demande Michael alors que nous approchons de la porte d'entrée de l'école.
"Pouvons-nous? Mais c'est fermé.", je dis.
"Allons sauter les grilles comme on s..saute le mur de l'auberge.", il rigole en arrêtant le scooter à côté.
"D'accord.", je ris en descendant du scooter.
Bientôt, nous grimpions tous les deux sur la grille et sautons au sol.
"Allons..Je vais te montrer le t..terrain de football.", gazouille Michael en attrapant mes mains et en courant, m’embarquant avec lui.
"Ethan, c’est là l..le bâtiment des juniors.", il pointe du doigt pendant que nous passons devant un bâtiment. "Et là, c’est le bâtiment des seniors.", il pointe vers la gauche. "Je pensais vraiment que j’allais obtenir mon diplôme i..ici. Mais le destin en a décidé autrement."
C'est vraiment drôle d'y penser. Je suis certain que le destin a envoyé Michael à Westview, juste pour qu'il me rencontre et démêle le mystère qui nous lie après que nous soyons tombés amoureux. Je pense que nous sommes liés depuis notre naissance. Mais nous avons dû attendre 18 ans pour nous revoir.
Oui! Je crois en ça. Ou pourquoi, moi qui me considérais comme hétéro, tomberais soudainement fou amoureux d'un certain garçon aux yeux bleus ? C'est magique et c'est pourquoi je pense que nous sommes faits l'un pour l'autre.
" Ethan ! R..regarde ! Notre terrain !", crie Michael en souriant largement. Je regarde devant et vois le terrain beaucoup plus petit par rapport au nôtre.
"Tu sais, c'est sur ce terrain que ton f...frère avait l'habitude de jouer au football avec ses c...coéquipiers. Il a remporté de nombreux matchs ici", dit-il. J'ai un frisson dans l'estomac en entendant cela. Il m'a dit qu'Alex avait étudié ici et qu'il était le capitaine de l'équipe de football pendant sa dernière année. Il dit qu'Alex était juste comme moi ou plutôt que je suis la copie conforme de lui.
Nous marchons main dans la main à travers ce terrain où autrefois mon frère a remporté de nombreuses victoires. Le visage de Michael est empreint de nostalgie alors qu'il observe chaque coin du terrain.
Il nous entraîne vers un arbre et nous nous asseyons sur l'herbe couverte de neige en dessous, laissant nos pantalons se mouiller. "Je m'asseyais ici pendant la pause déjeuner et je regardais simplement ce terrain", dit-il avec un sourire triste. "Je me demande comment Alex aurait réagi en te voyant, si... si... si il était ici."
"Peut-être qu'il voit tout du h... ciel." rajoute-t-il après un moment. "Peut-être qu'il est celui qui nous a fait nous rencontrer."
"Peut-être.", je dis.
Nous nous asseyons en silence pendant un moment à regarder le terrain. Puis Michael m'emmène au terrain de basket. Après cela, nous nous baladons simplement autour de l'école, main dans la main avec Michael qui me parle de ses souvenirs dans cette école, à la fois heureux et douloureux. Il a été beaucoup intimidé et on s'est beaucoup moqué de lui ici. Mais il a quand même quelques belles choses à dire sur cet endroit, dont beaucoup sont liées à Alex.
Il me raconte comment la dame du magasin lui donnait un bonbon quand il achetait un cahier ou autre chose. Il me parle de ce gars appelé Justin, qui avait l'habitude de le taquiner légèrement mais aussi de lui donner des snacks et des petites friandises pour lui dessiner des portraits en cours d'arts. Je pense que je dois me méfier de ce gars Justin. On dirait qu'il avait le béguin pour mon bébé. Mais maintenant Michael est à moi et personne ne peut me le voler.
"Allons-y...", finit-il par dire, se serrant à cause du froid. Je lui fais signe de la tête, passant mes bras autour de lui et nous retournons à l'avant de l'école. Nous sautons la grille encore une fois et montons sur le scooter, en riant.
"Michael, je veux apprendre à conduire.", lui dis-je alors qu'il se dirige vers un café à proximité.
"Tu sais comment conduire une moto ?", il demande.
"Ouais...", j'acquiesce, plaçant mon menton sur son épaule.
"Alors tu peux facilement conduire ça.", dit-il.
"Ouais...ça semble facile. Puis-je nous conduire à la maison ?", je demande.
"Non !", dit-il sévèrement. "Tu ne conduiras pas sur la route, tout d'abord. Je te laisserai conduire sur un terrain à proximité, demain." Je savais qu'il ne me laisserait pas, surtout vu à la vitesse à laquelle il roule maintenant. Il a considérablement réduit la vitesse à mesure que des voitures commençaient à nous entourer. Actuellement, il roule à moins de 45 km/h.
"D'accord bébé. Apprends-moi demain.", je fredonne et incline mon visage, déposant un petit baiser sur sa joue. Sa bouche forme un 'O' pendant un moment et un rose flamboyant apparaît bientôt sur ses joues.
Je souris et lève les yeux vers le ciel bleu au-dessus de nous, tourbillonnant avec des nuages blancs. D'une manière ou d'une autre, le vent froid, les nuages blancs et surtout la chaleur du corps de Michael, me font ressentir un immense bonheur, oubliant tous mes soucis.