Point de vue de Nate
Je montais les escaliers qui conduisaient à mon dortoir aussi rapidement que je le pouvais alors que ma main droite me démangeait d'une sorte d'attention douloureuse. Dès que j'ai atteint la porte, je me suis précipité à l'intérieur en claquant violemment la porte derrière moi.
Je suis allé tout droit vers le tiroir de mon bureau sans perdre une seconde, et après m'être écroulé sur la chaise, j'ai commencé à fouiller dans divers documents. Mes doigts parcouraient frénétiquement des papiers, des stylos, des marqueurs, une photo d'Alex et divers autres objets jusqu'à ce que je retire soudainement mes mains alors qu'un objet pointu me tranchait mes doigts, une lame, ce que je cherchais.
Sans vraiment fait attention à mes doigts fraîchement coupés qui me brûlaient, je l'ai rapidement tiré hors de la commode. J'ai ensuite sorti ma main droite puis j'ai retroussé mes manches à capuche tachées de peinture, révélant mon poignet droit qui était à présent recouvert de plusieurs coupures et de marques de brûlures noires en dessous.
Deux jours après que j'ai commencé à me brûler avec de la cire de bougie, j'ai tenté de me couper pour la première fois. Je me rasais lorsque j'ai eu l'idée de l'expérimenter. Suite à cela, j'ai pris l'habitude de me couper à chaque fois, ce qui a fait que finalement, il m'était impossible de vivre sans douleur. Mon bras me démangeait d'être coupé de temps en temps.
J'ai donc posé ma main sur la table puis j'ai, pratiquement sans hésitation, exercé une pression sur la lame du rasoir au-dessus des coupures rouges de sang relativement récentes. Je regardais ensuite le sang couler de la blessure, puis j'ai à nouveau appuyé sur la lame pour faire une autre coupe et cette fois la lame s'est introduite un peu plus profondément que prévu, ce qui m'a fait pousser un cri avant de serrer les dents fermement et de fermer les yeux pour contenir la douleur. Les larmes glissaient sur mes joues et tombaient sur mon bras ensanglanté, le sel de mes larmes pénétrant dans ma nouvelle coupure, y faisant une sensation de picotement.
Tout d'un coup, quelqu'un a cogné à ma porte, ce qui m'a fait sauter de la chaise et laisser tomber frénétiquement le rasoir, tout en baissant aussitôt les manches de mon sweat à capuche, me rendant compte que je n'ai pas verrouillé la porte. La personne n'a pas arrêté de cogner et cela m'a donné des frissons, n'ayant aucune idée de ce que je devais faire.
La porte a fini par s'ouvrir brusquement et j'ai vu Ethan qui se tenait là. Je me suis empressé de tourner ma main droite derrière moi et essuie mes larmes avec ma main gauche.
"Écoute, Michael... je suis navré..."
Il s'est aussitôt arrêté en remarquant ce que je priais pour qu'il ne voie pas. La lame de rasoir. Ses sourcils se sont instantanément, et je me suis dépêché de balancer la lame sous la table avec mon pied. Quel réflexe stupide !
"Michael !" s'est-il exclamé sous le choc avant de rentrer dans ma chambre en refermant la porte derrière lui.
"Qu... que fais-tu ici ? V... va-t'en !" ai-je crié.
"Dis-moi ce que tu faisais ! Je veux voir tes mains", a exigé Ethan en se dirigeant vers moi sans prêter attention à ce que je lui ai ordonné.
"Ethan ! V... va-t'en j'ai dit !" ai-je à nouveau crié. "Dehors !" ai-je crié en faisant quelques pas en arrière.
"Je veux voir ton bras ! Qu'as-tu fait ?" a-t-il questionné alors qu'il n'arrêtait de s'avancer vers moi. Il ne se trouvait à présent qu'à quelques centimètres de moi.
"Que veux-tu ?! Sors de ma chambre ! Ne t'ai-je pas dit que je n... ne veux pas de ta désolation ? V... va-t'en", ai-je encore crié.
"Je le ferai à moins que tu me montres ton poignet", a exigé Ethan d'un ton sévère, puis il a attrapé ma main gauche pendant que je gardais toujours ma main droite derrière tout en essayant de retirer mon autre main de sa prise. J'ai alors fondu en larmes, me tortillant et sursautant tandis qu'il saisissait avec force ma main droite. J'avais du mal à me dégager de lui, tellement il était fort.
"N'est-ce pas du sang ?" m'a-t-il demandé en pointant ma main droite, essayant de remonter la manche.
"L... lâche-moi Ethan ! Que t'ai-je jamais fait ?" ai-je demandé au milieu des gémissements.
"Regardes... Michael, je n'ai pas l'intention de te faire de mal. Je veux juste que tu me montres ton bras droit et je partirai", a-t-il assuré en desserrant un peu mon poignet.
"Non !"
"Pourquoi pas ?"
"Parce que mon bras m'appartient. C'est m... mon affaire. Pourquoi tiens-tu à le voir ? C... colle-moi la paix !" lui ai-je ordonné en introduisant ma main dans la longue manche du sweat à capuche pour me protéger.
"Michael... je t'en supplie... ne vas-tu pas au moins me le montrer une fois ?" a-t-il demandé. Je pouvais avouer que j'ai été surpris par son ton suppliant, cependant, je lui ai fait signe de la tête qu'il n'en était pas question.
Alors, après avoir soupiré, il a resserré sa prise sur mon poignet droit. Alors qu'il relâchait ma main gauche pour relever ma manche droite, je l'ai cogné fort sur sa poitrine et je me suis enfui loin de lui.
"Tu n'es qu'un a... abruti !" lui ai-je crié en me précipitant derrière mon lit. "É... éloigne-toi de moi !"
"Ouais... j'accepte que je suis un abruti. Mais je ne sortirai pas à moins que tu me montres ton bras" a-t-il insisté en me pourchassant. J'ai couru en faisant le tour des deux lits comme si ma vie en dépendait, et je pouvais entendre ses pas juste derrière moi.
Il ne tardera pas à me rattraper et à me renverser sur l'un des lits qui me surplombaient, puis il a tenté de relever ma manche droite alors que je lui assenais des coups de pied et que me tortillais sur le matelas. Nous nous roulions tous les deux sur le lit pendant que je sanglotais et lui hurlais des grossièretés.
Il est finalement parvenu à remonter la manche de mon sweat à capuche et a instantanément ouvert ses yeux grandement à la vue. Plus de dix coupures étaient éparpillées sur différentes parties de mon bras et les deux nouvelles étaient rouges de sang.
"Oh mon Michael ! Qu'as-tu fait ?" a-t-il questionné dans une exclamation, complètement choqué. Je n'ai pas ouvert la bouche et je me suis contenté de détourner la tête et me mordre les lèvres, faisant de mon possible pour empêcher mes larmes de couler.
"Oh mon Dieu ! Toutes ces coupures, tu les as faites fraichement. Putain ! Michael, pour quelle raison t'es-tu fait cela ? Est-ce à cause de moi ?" a-t-il cherché à savoir en me surplombant et en inclinant mon visage pour le regarder.
"N'es-tu pas s... satisfait ? À présent, va-t'en !" ai-je crié.
"Dis-moi ce que c'est que ces lignes noires ! T'es-tu brûlé ?" a-t-il haleté sous le choc, traçant doucement sur ma main.
"Ouais… qu'y aura-t-il si je me brûlais ? Et qu'est-ce qui se passera si je me c... coupais ? Tu n'as pas besoin de t… t'en soucier. C'est toi mon p... putain de tyran !"
"Michael... je suis navré", a-t-il crié et tout d'un coup, il m'a pris dans son étreinte, me donnant toute sa chaleur. J'ai alors sursauté. "Crois-moi, je suis sincèrement navré Michael", a-t-il chuchoté dans mon oreille avec sa voix étouffée, comme s'il n'allait pas tarder à fondre en larmes. Une seconde ! Que se passait-il ? Pourquoi devait-il s'en soucier si je me coupe ou me brûle la main ?
"Michael, je te donne ma parole que plus jamais, je ne les laisserai te faire de mal. S'il te plaît, arrête de te faire de mal", a-t-il gémi dans mon oreille, faisant trembler mon cœur. Ensuite, il s'est mis à me caresser le visage tout en murmurant des excuses.
"Ethan... qu... que fais-tu ?" lui ai-je demandé, complètement surpris. "L... lâche-moi !"
Il n'a fait que me serrer davantage dans son étreinte, m'étouffant presque, avant de promettre : "Je ne te laisserai pas seul ici. Je reste."
La porte s'est brusquement ouverte et Ethan a sauté hors de moi sous le choc. J'ai alors aperçu, debout devant la porte, une fille avec un air choqué.
"Ahm... navrée..." a-t-elle chuchoté alors que nous nous asseyions tous les deux sur le lit, Ethan se dépêchant pour sécher les larmes sur son visage.
"Apparemment, ce n'est pas le bon dortoir", a-t-elle dit alors, incertaine, avant de jeter un coup d'œil aux portes, puis sur la clé qu'elle avait dans ses mains. " Non, je pense que c'est la bonne chambre. Et une seconde ! C'est un dortoir mixte, n'est-ce pas ? Pour quelle raison vous trouvez-vous ici tous les deux ?"
"Je... je suis son ami", a précisé maladroitement Ethan.
"Je vois !" a-t-il dit en acquiesçant de la tête. "Alors, est-ce lui mon colocataire ?" a-t-elle demandé alors. C'était seulement à ce moment que mon attention s'est portée sur les deux sacs à bagages posés devant la porte.
"Oh... es-tu son colocataire ?" lui a aussitôt demandé Ethan.
"Le bureau vient de me donner cette clé maintenant. Je suppose alors que je suis sa colocataire", a-t-elle répondu.
"Oh... d'accord", a répliqué Ethan en hochant la tête et en rampant hors du lit. "J'ai besoin d'avoir une petite discussion avec lui. Nous irons à l'extérieur", a-t-il dit en me jetant un regard.
"Je ne viens n... nulle part", ai-je refusé.
"Michael... je te prie... j'ai besoin de te parler de toute urgence", a dit Ethan.
"J'ai d... dit... je ne viens nulle part. Je veux que tu disparaisses de ma chambre", lui ai-je craché.
"Euh... y a-t-il un problème ici ?" a questionné la fille, confuse.
"Bien sûr ! Demande-lui de s... sortir de notre chambre", lui ai-je dit en la regardant. Ethan a ébouriffé ses cheveux de frustration.
"Mais il insinue être ton ami, et je vous ai trouvés en train de vous câliner lorsque je... je veux dire, vous pouvez vous asseoir et parler. Il ne faut pas m'en vouloir. Ou je vais plutôt aller m'asseoir ailleurs pendant un moment", a-t-elle dit.
"N... pas besoin... et ce n'est pas mon a... ami. Ce n'est qu'un abruti", ai-je répliqué.
Après s'être frotté le front, elle a secoué la tête avec confusion avant de dire : "Très bien, peux-tu alors sortir de cette pièce s'il te plait ?" a-t-elle demandé finalement à Ethan.
"Entendu", lui a répliqué ce dernier en hochant la tête et en se dirigeant vers la porte. "Quel est ton nom ?", a-t-il néanmoins pris la peine de lui demander.
"Je m'appelle Grâce", lui a-t-elle répondu.
"S'il te plait... Grace, puis-je te parler maintenant ?" a-t-il demandé.
"Euh... pour quelle raison ?" lui a-t-elle demandé.
"S'il te plaît..." a insisté Ethan.
"Hmm... ouais... d'accord", a-t-elle fini par accepter en hochant la tête avec hésitation. Je n'ai même pas eu le temps de placer un mot qu'ils étaient déjà à l'extérieur tous les deux, fermant la porte derrière eux.