Chapter 30
1492mots
2023-05-26 13:25
Michael a fini de dessiner le vase à fleurs dix minutes plus tard alors que je terminais enfin le portrait de ma fille. Encore une fois, ce qu'il venait de réaliser était magnifique. Il avait dessiné des Tulipes oranges dans un beau vase bleu. Mais puisque ce n'était qu'un vase à fleurs et qu'il l'avait fait à la hâte, cela n'avait l'air aussi génial comparativement au premier dessin. Il cherchait certainement à terminer également le dessin du paysage maintenant.
Il s'est donc levé et s'est précipité vers mademoiselle Anderson qui, après avoir souri en regardant sa photo, la lui a rendue en prenant soin de la paraphée d'abord. On pouvait voir un sourire sur le visage de Michael. J'étais sûr qu'il venait encore de recevoir un "O" pour le dessin, ou au moins "A" puisqu'il l'avait remis tardivement. "O" voulait dire "exceptionnel", et personne ne l'a vraiment obtenu. Lui par contre, il l'a obtenu pour son dernier portrait.
Pendant qu'il revenait et plaçait la photo dans son classeur, j'ai pu avoir la confirmation qu'il a le "O" en question. Mademoiselle Anderson n'a pas pu baisser sa note bien qu'il ait soumis deux semaines de retard. J'ai l'impression qu'elle devait vraiment aimé Michael. Cependant, j'ai supposé que tous les autres élèves dans la classe le jalousaient à présent extrêmement.

Quant à moi, je n'avais pas l'intention de rendre ma production, quand bien même, je l'ai finie. Mademoiselle Anderson me demanderait de partir si jamais je le faisais, et je ne comptais pas partir tant que Michael serait encore dans la classe. Du coup, je suis resté là, assis, à faire plus de retouches sur les yeux, les lèvres et les cheveux de ma fille tout en regardant de côté Michael faire le dessin suivant. Il dessinait apparemment le coucher du soleil.
Un quart d'heure plus tard, Michael en était déjà à plus de la moitié de sa dernière œuvre lorsque la cloche a sonné. Il avait pratiquement fini de dessiner la mer et le soleil, et il était en train de travailler sur le ciel. Aucun doute que ce serait un chef-d'œuvre lorsqu'il l'aura terminé, rien qu'en le regardant. Au centre se trouvait le soleil rouge ardent, avec des teintes de rose, d'orange et de magenta qui l'entouraient, ce qui avait l'air tellement original.
Malheureusement, il a sérieusement tâché son sweat à capuche. La manche droite était couverte de gouttes de peinture bleue, rouge et jaune. Quel garçon stupide ! Quelle raison avait-il à ne pas simplement l'enrouler ? Et chose ironique, sa manche de la main gauche est retroussée. Probablement n'a-t-il pas eu envie de suivre mon conseil. Cela m'a fait pousser un soupir.
"Ethan, n'as-tu toujours pas fini ?" m'a demandé mademoiselle Anderson, les sourcils plissés. Il n'y avait plus que Michael, moi et Mademoiselle Anderson dans la salle.
"Ahmm... ouais !" ai-je acquiescé en me levant de mon siège et en me dirigeant vers elle.
"Il faut vraiment que tu revois tes compétences en dessin", m'a-t-elle conseillé en écrivant un "A" dans le registre des devoirs, sous mon nom.

"Entendu... je vais essayer", ai-je promis, m'allongeant pour reprendre ma feuille. Elle a hoché la tête et j'ai fait demi-tour en me dirigeant directement vers la porte.
"Es-tu en train de partir ? Ne comptes-tu pas attendre Michael ?" m'a-t-elle aussitôt demandé.
" Ahmm... Je... en fait..."
"Michael, tu peux partir à présent", a-t-elle dit sans me donner la peine de terminer ce que j'allais dire. "Tu me le remettras simplement la semaine prochaine. Et de toute manière, je t'ai déjà mis un "O" pour les trois semaines", a-t-elle dit, et Michael a hoché la tête en souriant.

Waouh ! J'ai supposé que c'était injuste puisqu'il n'a pas encore soumis sa production.
Bon, c'était juste puisque cela a redonné le sourire à Michael. Et son travail était carrément un chef-d'œuvre.
Je suis allé tout droit vers les portes et je suis sorti pour l'attendre dehors puisque mademoiselle Anderson avait en l'idée que je l'attendais. Non seulement ça, personne ne se trouvait dans le couloir. Cinq minutes déjà, que la cloche a sonné.
Michael a donc détaché son tableau du chevalet puis s'est dirigé vers la porte après avoir souri une dernière fois à mademoiselle Anderson. Il n'a pas cherché à placer son dessin dans son classeur puisque la peinture était encore fraiche.
Dès sa sortie, je me suis mis à marcher avec lui. "Pourquoi ma... marches-tu avec moi ?" m'a-t-il demandé.
"Comme plus personne n'est là", lui ai-je expliqué.
"Je ne veux pas que tu marches avec moi."
"Regarde, tu as sérieusement sali ton sweat à capuche", ai-je attiré son attention en restant indifférent, attrapant sa main gauche. Mais il s'est empressé de dégager sa main et l'a glissée dans sa poche, alors qu'il tenait son dessin dans l'autre main. "Quoi ? Détestes-tu que je te touche ?" lui ai-je aussitôt demandé en faisant claquer ma langue sur mes joues.
"Justement, je n'aime pas !" s'est-il moqué. "V... va-t'en !"
"Hors de question", ai-je répliqué. Il a alors poussé un soupir, puis a accéléré les pas. J'ai aussi suivi son rythme, mais il a augmenté encore sa vitesse et s'est finalement mis à courir.
Brusquement, mes yeux se sont ouverts grandement lorsque j'ai vu ceux qui venaient vers nous. Tony et Sofia ! Putain !
Lorsque Michael les a vus, il a aussitôt arrêté de courir. Alors que ces derniers se dirigeaient vers lui, ils se sont mis à sourire. Il m'était impossible de voir l'expression du visage de Michael puisqu'il me tournait le dos. Mais j'aurais parié qu'il avait l'air extrêmement terrifié présentement. Je me suis alors dirigé lentement vers lui, car j'ai déjà été repéré par Tony et je ne pouvais pas m'échapper.
"Tentais-tu d'échapper à notre pote ?" a-t-il demandé alors qu'il s'approchait de Michael. J'arrivais également juste derrière lui.
" N...n... non..." a bégayé Michael.
"Oh... qu'est-ce que c'est ?" a demandé Tony alors qu'il lui arrachait le dessin des mains. "Est-ce toi qui as dessiné ça ?! Donc, tu dessines aussi bien !" a demandé Tony avant de tendre le dessin à Sofia qui l'a regardé d'un air amusé.
"Il est vraiment doué pour dessiner", a-t-elle dit à Tony.
"Hmm... ouais ! Et je viens de prendre une décision. Désormais, c'est lui qui dessinera mes dossiers de botanique et de zoologie", a-t-il conclu.
"Ainsi que le mien", a gazouillé Sofia.
"Pendant qu'on y est, as-tu terminé mon devoir d'Anglais ? Où est-il ?" lui a demandé Tony. Quoi ! Alors, il lui faisait faire ses devoirs !
"Pas encore ! J... j'avais beaucoup de travaux dont je devais m'occuper", a répondu Michael.
"De quels travaux parles-tu ? Ne t'ai-je pas fait comprendre que je dois reprendre mon devoir aujourd'hui ? Il faut que je le rende demain", a-t-il grogné avec colère, agrippant le sweat à capuche de Michael.
"Je... je le ferai aujourd'hui même", a balbutié nerveusement ce dernier.
" Si je te dis de faire quelque chose, tu dois la finir à l'heure que je t'impose !" a grondé Tony avant de relâcher son col et d'attraper ensuite le dessin des mains de Sophia et le mettre en quatre morceaux, les laissant tomber au sol.
"Oh... c'était un joli dessin", a roucoulé Sophia en riant. Michael a alors baissé son regard sur les morceaux de papier qui traînaient sur le sol, et nos mains se sont repliées en poings.
"Je veux que tu m'apportes mon devoir à mon dortoir à huit heures précises ! Compris ?" a aboyé Tony et Michael a hoché la tête en serrant les dents. "Maintenant, va te mettre à travailler dessus." Tony s'est moqué de lui en le poussant et en riant alors qu'il s'éloignait.
"Hé, qu'est-ce qui ne va pas ?" m'a demandé Sophia en voyant mes poings.
"Il faut que j'y aille", lui ai-je répliqué en desserrant mes poings et en continuant à marcher.
"Mec, nous avons un entraînement", m'a rappelé Tony en m'appelant.
J'ai alors soupiré au fond de moi et j'ai dit en essayant de me contrôler : "Dis à l'entraîneur que je ne serai pas à l'entraînement."
"Qu'y a-t-il ?" a questionné Sophia.
"Je ne me sens pas bien", lui ai-je menti.
"Est-ce à cause de lui ?" a demandé Tony, les sourcils plissés. "Quoi ? Ressens-tu un peu de pitié pour lui ? Ne me dis pas que tu as l'intention d'aller chez lui."
"Ça suffit ! Arrêtez de le torturer", ai-je craché soudain en faisant sursauter Tony et Sophia, ma colère prenant le contrôle de moi-même alors que je poursuivais : "Quelle satisfaction retirez-vous en faisant de sa vie un enfer ?"
"Hé... Ethan ! Es-tu certain que tu vas bien mec ?" m'a demandé Sophia, surprise, ce qui m'a fait retrouver mes esprits.
"Je suis navré... J... je ne le pense pas. Je vous rejoins demain", me suis-je empressé de dire avant de m'éloigner sans oser encore une fois regarder leurs visages.