Chapter 29
1805mots
2023-05-26 13:12
Un moment après, Mademoiselle Anderson est entrée dans la classe et a dit : "Bonsoir les gars ! Eh bien, ce soir, vous aurez à faire le dessin d'une fille au crayon. Vous n'avez que cette heure même pour le terminer. Au cas où l'un de vous envisagerait de le rendre la semaine prochaine, alors qu'il sache que quelque soit à quel point son dessin est beau, sa note sera faible." Elle s'est ensuite dirigée vers sa chaise qui se trouvait devant et s'est assise en ajoutant : "À présent, est-ce que l'un de vous n'aurait pas rendu son devoir la semaine dernière ?"
Ayant levé légèrement sa main, Michael s'est mis debout.
"C'est toi le nouveau venu, n'est-ce pas ? Quel est ton nom ?" a-t-elle demandé alors qu'elle tendait la main pour prendre son registre où elle inscrivait nos notes de devoir.

"Je m'appelle Michael Clark", lui a répondu celui-ci.
"D'accord ! Où est-ce que tu te trouvais ces deux semaines écoulées ?" lui a-t-elle alors demandé.
"Je ne me sentais pas bien", lui a-t-il répondu.
"Durant deux semaines ?!"
"N... non ! Je ne me sentais pas bien les d... deux mardis."
"Qu'est-ce que c'est ? La fièvre du mardi ?" a questionné Mademoiselle Anderson, ce qui a fait rire certains élèves. "Se pourrait-il que ce soit à cause du fait que tu doutes de tes compétences artistiques ? Alors qu'est-ce qui t'a poussé à choisir l'Art comme matière à option ?" a-t-elle voulu savoir.

"Non... je suis c... confiant", lui a assuré Michael.
"Confiant ? Même ta réponse n'a pas l'air de l'être", a-t-elle fait remarquer. C'était peut-être à cause du fait que Michael bégayait. J'ai alors posé mes yeux sur le visage de ce dernier et j'ai remarqué son regard rempli de peines et je me suis vraiment senti mal pour lui. Ce ne serait réellement pas une petite affaire de gérer le bégaiement tout au long de sa vie. Je ne pouvais même pas imaginer ma Eve dans une telle situation. Cependant, le bégaiement d'Eve était bien mieux comparé à celui de Michael. Je croise les doigts pour que cela ne devienne pas plus sérieux.
"Bien, la semaine écoulée, j'avais demandé de dessiner un décor. Et qu'en était-il de la semaine précédente ?" nous a demandé Mademoiselle Anderson puisqu'elle ne se souvenait plus du travail qu'elle nous a donné.
"Il était question de dessiner un vase à fleurs", lui ont répondu certains élèves.

"Évidemment... vase à fleurs. Tu dois donc faire les deux dessins avec de l'aquarelle. Ensuite, tu me les remettras la semaine prochaine. À présent, tu peux t'asseoir et me faire le dessin du portrait d'une fille au crayon", a-t-elle instruit.
Après avoir hoché la tête en signe de compréhension, Michael s'est assis. Je l'ai regardé retirer des crayons de sa trousse à rayures noires et blanches.
"Ethan, pourquoi n'as-tu pas encore commencé ? Veux-tu que je te le demande spécialement d'abord ?" m'a demandé Mademoiselle Anderson en se plaçant devant moi. J'ai aussitôt détourné mon attention de Michael puis attrapé mes crayons.
J'étais resté une minute ou deux assis à fixer la toile, avant de prendre l'initiative de dessiner le profil latéral d'une fille. J'ignorais la raison pour laquelle j'ai eu envie de dessiner le profil latéral, probablement à cause du fait que pendant quelques jours, je n'ai fait que regardé le profil latéral de Michael et à présent, je pensais savoir comment dessiner la courbe des yeux, du nez et des lèvres.
Lorsque j'ai fini de dessiner la courbe rugueuse du front au menton, je me suis senti frustré en remarquant qu'en réalité, cela ressemblait plutôt à un visage de garçon. Personnellement, je trouvais qu'il ressemblait un peu au visage de Michael. J'ai alors incliné ma tête pour le regarder afin de voir si effectivement, le visage que j'ai dessiné lui ressemblait. Eh bien oui ! En quelque sorte !
Présentement, Michael était en train de dessiner tranquillement sur la toile qui se trouvait sur la table devant lui. Il dessinait avec la main gauche et il avait l'air vraiment détendu. J'ai alors ôté mes yeux de son visage et je les ai posés sur sa toile afin de jauger ses talents de dessinateur.
Émerveillé par ce que j'ai vu, j'ai ouvert aussitôt ma bouche sans même m'en rendre compte, alors que mes yeux s'ouvraient grandement. Sans vous mentir, j'avais du mal à trouver les mots.
J'étais vraiment loin de penser que Michael serait un artiste. Il avait déjà fini avec le contour de l'ensemble du visage et du cou de la fille et a commencé à travailler sur ses yeux. Pendant que je suis resté assis à regarder sa toile avec admiration, je l'ai vu terminer l'un des yeux en quelques secondes, et cela avait l'air tellement vivant et original. Pour être sérieux, j'avais du mal à croire ce que je voyais.
"Ethan !" a crié Mademoiselle Anderson et j'ai aussitôt sauté, ce qui a également fait tressaillir Michael et l'a poussé à lever les yeux.
"Pourquoi restes-tu là à regarder le dessin des autres au lieu de dessiner le tien ?" m'a-t-elle demandé et j'ai chuchoté un "désolé" avant de poser mes yeux sur ma propre feuille de papier. À présent, je me disais que je n'ai aucune qualité pour m'asseoir et dessiner près d'un artiste tel que Michael. Mes compétences en dessin étaient nulles et je trouvais qu'il serait plutôt préférable que je passe à l'informatique ou quelque chose du genre.
J'ai alors saisi ma gomme et me suis mis à essuyer tout ce que j'ai dessiné tout en regardant la feuille de Michael et la façon dont ses doigts dansaient si facilement sur le papier. Il se trouvait à présent sur les lèvres et il lui arrivait de changer fréquemment de crayons. Je ne savais toujours pas de quelle manière me servir de différents crayons. Je n'utilisais que la teinte la plus claire et la teinte la plus foncée pour dessiner des portraits au crayon. Je ne voyais pas en quoi les autres pouvaient être utiles.
J'ai laissé tomber l'idée de dessiner le profil latéral et j'ai commencé à dessiner un visage complet. Au moment où je terminais le contour approximatif du visage et des cheveux de la fille, Michael avait déjà terminé son chef-d'œuvre. Et sans trop exagérer, je trouvais que son portrait faisait partie de ces portraits professionnels que l'on pouvait voir dans une exposition d'art. La fille avait l'apparence de l'une des actrices ou mannequins qu'on voyait sur la couverture d'un magazine. En moins de vingt minutes, il l'avait déjà dessinée, ce que j'aurais trouvé incroyable si ce n'était pas que j'étais assis ici à regarder.
Il s'est alors levé de son siège, a détaché sa feuille de papier, puis s'est dirigé vers Mademoiselle Anderson qui le regardait d'un air confus, ainsi que quelques élèves qui regardaient dans sa direction avec surprise. Pour eux tous, peut-être avait-il déjà fait un dessin stupide en si peu de temps. Cependant, j'étais convaincu que Mademoiselle Anderson allait certainement être très jalouse après avoir vu le portrait de Michael.
Il a donc tendu son portrait à cette dernière et j'ai pratiquement vu ses yeux s'écarquiller de surprise. "Tu as dessiné ça tout de suite ?!" a-t-elle demandé, sous le choc, et Michael a acquiescé de la tête. Ayant du mal à le croire, elle m'a jeté un regard en demandant : "A-t-il vraiment dessiné cela maintenant ?"
"Bien sûr !" ai-je confirmé en acquiesçant.
"C'est... oh mon Dieu... absolument incroyable !" s'est-elle exclamé avec surprise alors qu'elle regardait Michael. "Waouh ! Désolée, j'ignorais que tu étais un si grand artiste."
" Ahmm... Me... merci..." a répliqué Michael avec un léger sourire, et moi aussi, j'ai souri en voyant ces belles fossettes apparaître sur ses joues.
"Regardez tous, ce que notre Michael a dessiné !" a dit mademoiselle Anderson en tournant alors le portrait pour le montrer à tout le monde avec enthousiasme. Vu qu'elle avait déjà donné beaucoup d'intro avec sa réaction excitée, seules quelques personnes avaient la bouche ouverte. Bon nombre d'entre eux avaient plutôt l'air jaloux. Tout compte fait, quelques acclamations et louanges ont rendu Michael, mon garçon, tellement heureux.
Une seconde ! Ai-je par hasard dit "mon garçon" à l'instant ? Eh bien, si c'était le cas, rayez-le. Cerveau stupide !
"Ma... dame... puis-je à présent partir et f... finir le dessin de la semaine dernière ?" a-t-il demandé en tendant les mains pour récupérer son chef-d'œuvre.
"Bien sûr, tu peux ! Mais Michael, puis-je garder ce dessin ?" lui a-t-elle demandé.
"Oui... Bien sûr ! Avec p... plaisir", a accepté Michael avec un sourire.
"Pour quelle raison es-tu nerveux ?" lui a demandé Mademoiselle Anderson, confuse.
"Je ne le s... suis pas. Si vous faites allusion à mon b... bégaiement, sachez que j'ai un problème... d'élocution."
"Oh... D'accord ! Désolée !" a-t-elle répondu alors que l'air joyeux qui se lisait sur son visage disparaissait.
"Ça ira", a dit Michael avec un hochement de tête avant de se retourner et de venir s'asseoir à côté de moi. Après s'être assis, il a clipsé une autre feuille de papier sur le chevalet, puis a attrapé le crayon de la teinte la plus claire.
"Michael..." l'ai-je appelé alors qu'il se remettait à dessiner quelque chose du haut de la feuille.
"Hmm...?" a-t-il dit en baissant la tête pour me regarder.
"J'ai trouvé ton dessin incroyable", l'ai-je complimenté.
"Merci !" a-t-il répliqué, mais sans sourire, ce qui m'a déçu.
"Pour être franc, c'est le meilleur dessin que j'aie vu depuis un moment. J'ignorais que tu savais dessiner aussi bien", ai-je ajouté, voulant qu'il me sourie. Cependant, il a juste hoché la tête puis s'est remis au dessin. Tout triste, j'ai reporté mon attention sur ma feuille de papier puis procédé à la finition de ma fille qui avait un air pathétique.
Moins de dix minutes plus tard, Michael passait déjà du coloriage sur son dessin. Il a dessiné des tulipes dans un beau vase à fond rond et a coloré le vase en bleu. Comme il n'a pas pris la peine de retrousser les manches longues de son sweat à capuche blanc, celui-ci s'est taché de gouttes de bleu alors qu'il peignait le vase.
"Hé Michael, retrousse tes manches. Ça se tache", ai-je dit en attirant son attention, mais il m'a juste ignoré et a poursuivi avec sa peinture. J'ai alors tourné mon regard vers mon portrait, me sentant à nouveau triste.
Je me suis finalement demandé la raison pour laquelle il enfilait chaque fois un sweat à capuche de nos jours. Il se disait probablement qu'il ne se ferait pas vite remarquer par les intimidateurs s'il portait un sweat à capuche et qu'il se couvrait les cheveux. Ouais… il avait la tête couverte lorsqu'il avait quitté en trombe le cours d'histoire.