Le soir après l'entraînement de football, après être retourné à mon dortoir, je me suis senti soulagé et heureux. En fait, cette journée a été belle. Je devais avouer qu'elle a été une très belle journée en l'absence de mes amis. Kevin et Tony ne sont pas revenus pour la séance d'entraînement de football et l'entraîneur m'a interrogé à leur sujet. J'ai répondu que Tony était malade et que Kevin l'a conduit à l'hôpital. L'entraîneur a semblé avoir cru à ces justifications.
Tout s'était bien passé jusque-là. Mais je n'avais pas vraiment idée de ce qui m'attendait. Eux, surtout Amélia, seront très en colère. Outre le fait que je ne les ai pas rejoints, j'avais de plus éteint mon téléphone. Pour l'instant, je n'ai trouvé aucune explication convaincante à leur donner. Peut-être que je devrais dire que l'entraîneur m'a trouvé en train d'escalader la clôture ou donner un autre argument du même genre.
J'ai rejoint ma chambre et ouvert la porte. Gavin n'était pas arrivé. J'ai supposé que les basketteurs ont une demi-heure d'entraînement supplémentaire puisqu'ils ont un match la semaine prochaine. J'ai jeté mon sac sur le sol avant de me déchausser. Puis j'ai enlevé mon maillot. Je me suis alors dirigé vers la salle de bain pour prendre une douche.
Au moment précis où j'allais entrer dans la salle de bain, la porte de la chambre s'est brusquement ouverte. Après m'être retourné, j'ai aperçu Amélia et à voir son visage, elle était vraiment furieuse. Elle s'est avancée vers moi en fronçant les sourcils. Après avoir posé un regard brûlant sur mon visage, elle a tourné ses yeux vers ma poitrine et mon abdomen. Je n'avais porté que mon short jersey.
"Pourquoi n'étais-tu pas arrivé ?" a-t-elle interrogé.
"L'entraîneur m'a surpris en train d'escalader le portail de derrière", ai-je répondu.
"Bon sang ! Dans ce cas, qu'en était-il de ton téléphone ?"
"L'entraîneur l'avait confisqué. Je l'ai récupéré juste après l'entraînement". Je mentais efficacement.
"Maudit coach ! Il a tout perturbé. Je vais bientôt lui faire quelque chose !" a lancé Amélia toute furieuse. Elle a alors soupiré et a posé ses mains sur mon torse nu.
"Amélia, tu ne dois pas être aperçue ici dans le dortoir des garçons. Il faut que tu rentres chez toi", ai-je fait remarquer en essayant d'enlever discrètement ses mains de mon corps.
"Allons Ethan... L'entraîneur a déjà perturbé le programme que j'avais fait pour toi", a-t-elle répondu d'une voix nonchalante qu'elle croyait certainement séduisante. Elle a descendu sa main sur ma hanche et elle a passé légèrement ses doigts sur mes abdos.
"Il faut que tu partes", ai-je rétorqué en essayant de me contrôler et de garder mon calme, ne voulant pas l'insulter ou la maudire.
"Pourquoi Ethan ?" s'est-elle étonnée, alors qu'elle apparaissait séduisante en se mordant le coin des lèvres. Tout en se rapprochant de plus en plus, elle m'exposait tout son décolleté.
"Je suis tout en sueur", ai-je lâché en détournant mon regard.
"Alors ?" a-t-elle questionné. "J'aime ça", a-t-elle rigolé.
"Cesse ces manières Amélia. Vas-t'en. J'ai assez de travail", ai-je interrompu sèchement.
"Quels travaux ? Allons Ethan, tu es conscient que tu me désires. Qu'est-ce qui te retient ?" a-t-elle interrogé en tirant sur la ceinture de mon short jersey. J'ai alors laissé échapper un soupir agacé.
"Est-ce que c'est parce que je traîne avec les autres ? Si c'est le cas, je peux m'en abstenir si tu le dis", a-t-elle proposé en s'avançant pour m'embrasser. J'ai alors détourné mon visage et à cet instant-là la porte a été ouverte, alors Gavin est apparu dans son maillot de basket. Il a été quelque peu étonné de nous voir Amélia et moi dans cet état.
"Pourquoi es-tu là ?", a interrogé Amélia en se retournant et, elle lui a adressé un regard furieux.
"C'est tout simplement ma chambre. Alors, tu voudras bien sortir d'ici", dit sévèrement Gavin, tout en foudroyant Amélia du regard.
Gavin ne serait donc pas en réalité un gars comme je le pensais. Il n'appréciait pas cette fille et elle aussi semble ne pas l'apprécier.
Amélia s'est alors retournée et m'a demandé : "Est-ce qu'il s'agit de ton colocataire ?"
"Oui", ai-je acquiescé. "Tu ferais mieux de partir maintenant."
"Je ne vais nulle part. Dis-lui à lui de partir", a grogné Amélia.
"Il serait préférable que vous sortiez de cette pièce, si vous ne voulez pas que j'en parle au directeur", a dit Gavin agacé.
"Vas-t'en Amélia", ai-je insisté. Elle a alors tapé du pied, ensuite elle a fini par s'éloigner de moi. Ensuite, elle s'est retournée et est sortie de la pièce toute furieuse, sans oublier d'adresser un regard sombre à Gavin au passage.
"Ça ne se passera pas comme cela ici Ethan. Tu dois trouver un autre endroit pour ça", s'est moqué Gavin une fois qu'Amélia était partie.
"Ce n'est pas moi qui l'ai fait venir ici", ai-je dit.
"Cela n'a pas d'importance. Tu ne peux pas avoir de filles ici. Et moi non plus je n'amènerai pas des filles. D'abord, cela va à l'encontre du règlement et on peut même être suspendu", a ajouté Gavin.
"Hmm... je comprends", ai-je acquiescé avant de m'introduire dans la salle de bain, et en refermer la porte un peu bruyamment. Je suis maintenant convaincu que Gavin et moi n'allons pas nous entendre. L'un de nous deux changera bientôt de chambre.
Gavin ne m'a plus adressé la parole après cela. En sortant de la salle de bain, j'ai vu qu'il était assis au bureau et écrivait quelque chose. Après qu'un certain temps s'est écoulé, il a achevé sa besogne et s'est dirigé vers le balcon arrière attenant à notre chambre, tout en gardant sa tablette. Alors qu'il restait assis là à regarder quelque chose, j'ai éteint les lumières et je suis allé me coucher.
Le lendemain, au cours d'Histoire, Monsieur Jacob a communiqué les notes que nous avons obtenues pour notre dernier devoir. Michael et moi avons reçu un zéro, car il était absent mardi dernier et je n'avais pas non plus rendu mon devoir.
"Ethan et Michael", a appelé Monsieur Jacob après qu'il a achevé de communiquer les notes de chacun. Nous nous sommes levés tous les deux de nos sièges. Michael est installé au troisième rang près de la fenêtre et moi au centre du dernier rang. Il était déjà dans la classe quand je suis arrivé et il n'y avait pas de siège à côté, si je peux me permettre de le préciser.
"Pour quelle raison n'avez-vous pas rendu tous les deux votre devoir ?" s'est enquis Monsieur Jacob.
"J'étais absent. J'étais m.. malade", a répondu Michael.
"Et j'étais son partenaire de travail. C'est pourquoi je n'ai pas non plus remis mon devoir", ai-je ajouté en étant derrière Michael. Bon sang ! En fait, je n'aurais pas dû dire cela. Maintenant, je devrais à nouveau travailler avec Michael lorsque Monsieur Jacob aura terminé le chapitre en cours. Je suis certain que Michael est, lui aussi, furieux contre moi en ce moment pour avoir dit ça. Mais une grande partie de moi veut en fait travailler avec lui.
"Je comprends. Pourquoi vous ne l'avez pas rendu le lendemain ?", s'est étonné Monsieur Jacob.
"Dé..désolé monsieur", a marmonné Michael.
"Asseyez-vous. Et rendez votre devoir aujourd'hui", a soupiré Monsieur Jacob. Nous avons alors acquiescé tous les deux et nous nous sommes assis.
"À partir du prochain cours, je veux que ceux qui ont du travail en commun s'assoient ensemble", a-t-il alors décidé tout en ouvrant le manuel et tout le monde a hoché la tête. J'aurais été ravi qu'il nous ait dit lui-même de réorganiser nos sièges et de nous asseoir côte à côte tout de suite.
Pourtant, mes yeux n'ont jamais quitté le visage de Michael que j'observais de profil une heure entière durant. Il était même intéressant de contempler ses cheveux bruns soyeux pendant qu'ils flottaient très légèrement dans le vent doux qui soufflait à travers la fenêtre qui était située près de lui.
Cette heure de cours s'est achevée trop tôt dès que la cloche a sonné, Michael s'est levé d'un bond et s'est précipité hors de la classe. J'ai alors pris la direction de la cafétéria et j'ai retrouvé les quatre au déjeuner à notre table habituelle.
Je ne saurais expliquer ce qui m'a empêché de les rejoindre hier. Amélia est toujours aussi furieuse à cause de l'incident d'hier soir. En cet instant, ils cherchaient des moyens de faire sortir Gavin de ma chambre. Cette planification a continué tout au long du déjeuner. Mais je les ai ignorés pour savourer mon déjeuner. Aucun de leurs plans n'aura du succès avec Gavin.
Le soir, je me suis assis détendu au fond de la classe d'Art devant mon chevalet en attendant l'arrivée de la professeure d'art, Mademoiselle Anderson. Soudain, quelqu'un est entré par la porte et j'ai levé les yeux par hasard. Mon cœur a ensuite sauté un battement car la personne n'est autre que Michael.
Michael a-t-il donc choisi l'Art comme matière facultative ?
Michael m'a remarqué sans tarder et ses yeux se sont un peu écarquillés. Peut-être n'était-il pas très content de me voir ici.
J'ignore ce qui m'est passé par la tête, néanmoins j'ai levé la main et attiré l'attention de Michael, lui faisant signe de se rapprocher de moi. Mais ayant aussitôt réalisé ce que je faisais, j'ai rapidement baissé ma main en la plaçant sur mes cuisses. Heureusement, personne ne m'a aperçu l'appeler car je suis totalement au fond de la classe.
J'étais convaincu que Michael ne s'approcherait pas de moi. Mais à ma grande surprise, il s'est rapproché de moi et a occupé le chevalet près de moi.
"J'ignorais que ta matière à option est l'Art", ai-je commenté.
"Moi aussi", a-t-il ajouté.
"Euh... comment vas-tu Michael ?" ai-je demandé.
"B... bien", a-t-il répondu. "As-tu rendu ton devoir ?"
J'ai acquiescé et en retour j'ai questionné : "Et toi ??"
D'un signe de tête il a également confirmé. "J'ai achevé le premier chapitre. La semaine p... prochaine, nous devrons travailler sur le deu... deuxième chapitre.
"Je suis désolé, j'ai dit que tu étais mon partenaire", me suis-je excusé.
"Ahm... je vais l'écrire et je te le donnerai à copier. Je ne veux pas que tu viennes", a-t-il ajouté.
"Nous ferons un meilleur travail si nous prenons chacun une moitié du chapitre. Tu traites les questions liées à la première moitié du chapitre. Je me chargerai quant à moi de celles concernant la seconde moitié. Ensuite, nous pourrons échanger nos cahiers pour recopier l'autre moitié. Qu'en penses-tu ?"
Il a alors acquiescé d'un signe de tête après un moment de réflexion. En s'asseyant, il a ensuite tourné ses regards pour observer la toile qui se trouvait face à lui pendant que je m'asseyais à nouveau en le regardant de profil. Je me réjouis qu'il n'ait pas tourné la tête une seule fois vers moi pour me surprendre pendant que je le regardais. J'ignore s'il m'épiait du coin des yeux.