Toujours assis sur le lit, j'étais en train de repenser à la façon dont Ethan s'était soudainement comporté étrangement envers moi lorsque, dix minutes plus tard, la porte s'est de nouveau ouverte et j'ai vu ma nouvelle colocataire, Grace, entrer avec un sourire sur le visage.
"Salut Michael !" a-t-elle dit en se dirigeant vers moi avec les mains agitées. "Ahm... Me permets-tu de t'appeler Mike ?" m'a-t-elle demandé.
"Ça te dérangerait de m'appeler Nate ?" lui ai-je demandé en retour.
"Oh... est-ce ton deuxième prénom ?" a-t-elle cherché à savoir et j'ai acquiescé de la tête.
"Entendu, Nate alors. Moi, c'est Grace Adams. Appelle-moi Grace", s'est-elle présentée en me tendant la main. Alors que je lui prenais prudemment la main droite avec la mienne, j'ai laissé voir un sourire, priant pour qu'elle pense que j'avais de la tache de peinture et non du sang.
"As-tu dessiné la dernière heure ?" m'a-t-elle demandé alors qu'elle fixait mes manches.
"Hmm...", ai-je acquiescé, "Je vais aller me changer. En attendant, je te prie de t'installer", ai-je dit en rampant hors du lit. Après qu'elle m'a hoché la tête, je me suis automatiquement dirigé vers mon placard et j'ai choisi une paire de vêtements avant de m'enfuir dans la salle de bain. J'ai pris soin de choisir une chemise à manches longues, puis j'ai refermé la porte de la salle de bain derrière moi. J'ai ensuite retiré mes habits, puis je suis entré dans la douche d'eau fraîche.
Désormais, je n'avais donc plus de vie privée. À présent, je partageais ma chambre avec quelqu'un, une fille. Mais je trouvais plutôt cela bon. Et je pouvais sentir que Grace serait gentille et amicale. Elle n'a pas encore commencé à se moquer de moi, à la place, elle m'adressait des sourires et me parlait avec gentillesse. Je pourrais probablement être ami avec elle.
Toutefois, je me demandais ce qu'Ethan a bien pu lui dire. Lui aurait-il dit que je me coupais ? Je ne pense pas ! Si c'était ça, elle me l'aurait demandé. Certainement lui a-t-il fait comprendre qu'il n'y avait rien entre lui et moi comme elle le pensait. Je voulais dire qu'elle aurait pu penser que nous sortions ensemble tous les deux ou quelque chose du genre. Elle nous voyait de cette façon, Ethan étant couché sur moi.
Ou bien Ethan l'a peut-être mise au courant par rapport à mon problème de bégaiement. Elle ne m'a encore rien demandé à ce sujet. Mais quand même, par la suite, je n'avais pas beaucoup bégayé devant elle.
Une seconde ! Ethan m'avait donné sa parole que plus jamais, il ne permettrait qu'ils me fasse de mal. Avait-il vraiment l'intention de tenir cette promesse ? Probablement pas ! Il finira par la rompre.
Au bout de vingt minutes plus tard, lorsque j'ai quitté la salle de bain, j'ai vu Grace qui rangeait ses affaires dans les placards et étagères restants de la pièce. Lorsqu'elle a senti ma présence, elle s'est retournée et m'a adressé un sourire tout en pliant ses vêtements dans un placard vide.
"T'es-tu douché ?" m'a-t-elle demandé et j'ai répondu par un "hum".
"Es-tu une nouvelle élève ?" lui ai-je demandé alors que je m'asseyais sur mon lit, et elle a hoché la tête. "Senior ??" lui ai-je demandé par la suite.
"Ouais...", a-t-elle fredonné.
"Moi aussi, je suis aussi un nouvel élève", lui ai-je précisé.
"Oh... je vois. Super !" a-t-elle répliqué avec sourire avant de demander à son tour : "Es-tu boursier ?"
"Bien sûr", ai-je acquiescé en lui posant également la même question : "Toi ?"
"Non ! Je viens de changer d'école. L'année écoulée, j'ai étudié à New York. Maintenant, mon père a été muté ici", m'a-t-elle expliqué.
"Oh... Qu... que fait ton papa ?" lui ai-je demandé par la suite.
"Il est commissaire de police", m'a-t-elle répondu alors qu'elle disposait ses vêtements dans le placard.
"Qu... quoi ? Commissaire de p... police ?!" ai-je répété d'un air surpris.
"Ouais..." a-t-elle dit avec sourire. "Tu n'as pas mal entendu."
"Ah d'accord", ai-je alors acquiescé. "Si je comprends bien, euh… ta famille a déménagé ici."
"Euh... bien sûr ", a-t-elle répondu avec rire. "Mais ma famille est juste composée de mon père et moi. J'ai déjà perdu ma mère lorsque j'étais petite, et papa ne s'est pas marié après cela. Ce qui fait que chaque fois que papa est affecté, je change d'école", a-t-elle expliqué.
"Oh, je suis n... navré", ai-je dit.
"C'est bon ! Je n'étais encore qu'une toute petite file lorsque ma mère est morte, j'avais autour de trois ans. Je n'ai même plus de souvenir d'elle. Mon père est tout pour moi", a-t-elle dit d'un air nonchalant.
"Ton papa ne t'a pas accompagnée au... aujourd'hui ?" ai-je demandé.
"Non, il n'avait pas le temps. Il devait s'occuper de certains travaux importants aujourd'hui", a-t-elle expliqué.
"Alors, ton père sait-il que tu vas rester dans un dortoir mixte ? A-t-il approuvé cela ?" lui ai-je demandé.
"En fait, il n'est pas encore au courant. Mais je ne pense pas qu'il y verrait d'inconvénient. Et tu sais, Nate, je suis ravie de partager une chambre avec un garçon. Je n'avais jamais été dans un dortoir mixte. Je ne pensais pas en avoir la chance jusqu'à atteindre l'université", a-t-elle dit en souriant.
"Moi non plus", ai-je répliqué en retour avec un sourire.
"Ouais... alors profitons de cette dernière année de lycée ensemble", a-t-elle dit avec un sourire large. Le mien s'était probablement un peu estompé au mot "profiter", ce qui l'a fait plisser les sourcils. Je ne savais pas si c'était possible pour moi. Je ne suis pas censé apprécier ma vie scolaire. Elle n'est destinée qu'à être intimidée, torturée et blessée.
Mais à présent, j'ai commencé à ressentir un léger sentiment d'espoir. Vu que Grace était la fille du commissaire de police, personne n'oserait l'intimider ou aller contre elle. Et me voilà à présent son colocataire. Peut-être les gens arrêteraient-ils de me harceler. Probablement !
Ou plutôt, se lasserait-elle de moi aujourd'hui même et changer de chambre. Évidemment, qui aimerait partager la même chambre avec quelqu'un d'ennuyeux et stupide comme moi ?
"Nate ?!" m'a-t-elle appelé, debout juste en face de moi, son visage si proche alors qu'elle est penchée et me fixait.
"Hmm..." ai-je répondu en tressaillant à sa proximité.
"À quoi penses-tu ? Cela fait la deuxième fois que j'appelle ton nom", a-t-elle dit.
"Ahm... rien", ai-je répondu en secouant la tête.
"Alors, amis ??" a-t-elle à nouveau demandé en tendant les mains avec un beau sourire jouant sur ses lèvres. Après lui avoir rendu son sourire, je lui ai pris les mains en lui faisant un signe de tête.
Elle s'est ensuite retournée pour ranger ses affaires, pas grand-chose. Juste deux valises et assez de vêtements et de trucs.
"Alors Nate, parle de toi. Où habites-tu ? Et ton papa, ta maman ? As-tu des frères et sœurs ?" a-t-elle demandé.
"Ma maison se trouve dans l'Oklahoma. Papa est employé de bureau et maman est femme au foyer. J'ai une sœur aînée. Elle est mariée et a une fille", lui ai-je répondu.
"Oh... je vois", a-t-elle dit avec sourire. "Donc tu ne rentres pas chez toi le week-end vu la longue distance ?" a-t-elle demandé et j'ai secoué la tête en signe de "Non". "Dans ce cas, qu'as-tu fait ces deux derniers week-ends ?" voulait-elle savoir.
"J... je suis juste resté assis ici à faire des travaux et à étudier", ai-je répondu avec hésitation. Grace a juste dit un "hum" avant de continuer de faire sa tâche.
"Grace, veux-tu de l'aide ?" ai-je demandé.
"Non... c'est gentil", a-t-elle refusé. "Dans juste dix minutes, je vais finir ça. Uhm... es-tu libre maintenant ?"
"Ouais… je suis libre. Oh non… je ne le suis pas. Il faut que je t... traite un devoir", ai-je aussitôt dit alors que je me souvenais du devoir d'Anglais de Tony.
"Est-ce ton devoir ou celui d'une autre personne ? Ethan m'a chargé de te dire de ne pas traiter ce devoir qu'un certain Tony t'a dit de faire", a dit Grace.
"I... il t'a parlé de cela ?!" ai-je demandé avec surprise en lui posant une autre question : "Que t'a-t-il dit à part ça ?"
"Pas grand-chose. Il m'a juste fait comprendre que certaines personnes ici, en particulier ses coéquipiers de football, aiment t'intimider et t'obligent à faire leur devoir. Ensuite, il m'a parlé de ton déficit d'élocution", m'a-t-elle expliqué.
Alors en résumé, Ethan lui a tout dit. Peut-être même qu'il lui aurait dit que je me suis coupé.
"Ils ne sont pas seulement ses coéquipiers, mais ses amis qui aiment me harceler. Son propre g... gang. Et il ne dit rien contre eux", ai-je précisé.
"Hmm, il m'a dit ça. Il m'a raconté tout ce que ses amis et lui t'ont fait. Et Nate, je le déteste pour tout ce qu'il a fait. Je lui ai craché qu'il n'était qu'un idiot sans cœur. Et il l'a reconnu. Et il regrette tout ce qu'il a fait. Il a dit qu'il allait discuter de tout cela avec ses amis et qu'il s'assurerait qu'ils ne t'intimident plus. Tu n'as pas à t'en faire Nate, plus personne ne t'intimidera désormais. Tu n'as pas besoin de traiter des devoirs pour n'importe qui. Et puis, je suis aussi là à présent, n'est-ce pas ? Tu n'as pas besoin d'avoir peur de qui que ce soit, compris ?"
Surpris, je suis resté bouche ouverte.
Mais Ethan ! Ethan avait l'intention de leur parler ?! Que lui feront-ils s'il se dressait contre eux ? Et s'ils lui faisaient du mal ?
"Grace, où est-ce qu'il est allé ? Va-t-il parler avec ses amis ?" ai-je demandé de peur.
"Non... il retourne présentement dans son dortoir. Il a dit qu'il rencontrerait son gang après l'entraînement de football. Cela ne prendra fin qu'à dix-huit heures", a-t-elle répondu et j'ai laissé échapper un soupir soulagé avant de ramper hors de mon lit pour attraper mon téléphone.
"Où vas-tu ?" m'a demandé Grace.
"J'ai besoin de lui parler", ai-je répliqué alors que je me dirigeais vers le bureau et que je prenais mon téléphone.
"Il y a une demi-heure, tu lui criais de dégager. Veux-tu parler à présent ?", a-t-elle questionné.
"Je veux lui déconseiller de parler à ses amis pour moi. Ils... ils pourraient lui faire du mal. Ils sont vraiment m... mauvais", ai-je expliqué.
"Dans ce cas, reconnais-tu qu'en réalité, Ethan est loin d'être vraiment un crétin ?" m'a demandé Grace. Sans prendre la peine de lui répondre, j'ai composé le numéro d'Ethan sur mon téléphone puis l'ai placé près de mon oreille pendant que je me dirigeais vers le balcon arrière.