Une heure et quinze minutes plus tard, nous nous arrêtons dans la section des visiteurs du parking de Princeton. Les filles jouaient de la musique pendant tout le trajet et avaient ignoré mes supplications de faire demi-tour. Mais maintenant que nous sommes là, elles se tournent tous vers moi.
— Alors, où vit-il ? demande Santana.
— Si vous m'aviez écoutée il y a une heure, vous auriez su que je ne le sais pas, réponds-je en fronçant les sourcils, balayant la zone du regard. La moitié de mon âme priait que Zayne ne surgisse pas soudainement, mais l'autre moitié espérait qu'il le fasse.
— Demande à ta mère, me dit Santana.
— Je ne le ferai pas, réponds-je.
— Allez ! On a fait tout ce chemin, gémit Samantha.
— On dirait que c'est votre problème à toutes. Pourtant, ce n'est pas le cas. Pouvons-nous partir maintenant ? fais-je, un peu inquiète.
— Bien sûr que non. Pas avant que tu voies ton prince, dit Kenya. Mon prince ? Mon cœur s'emballe à l'idée de le voir. Que dirait-il s'il me voyait ? Serait-il content ? Plus important encore, désire-t-il me voir ? Probablement pas, pense-je, puis je soupire.
— Les filles, on y va, supplie-je encore. Le voir me rejeter serait bien pire que ne pas le voir. J'ai vraiment peur.
— Non, maintenant donne-moi ton téléphone, dit Santana.
— Pourquoi ? demande-je en la regardant avec méfiance.
— Donne-le moi, exige-t-elle.
— Non, fais-je encore. Je savais que si je lui remettais, elle appellerait ma mère, ou pire Zayne.
— Bien. Sam quel est son Instagram ? demande Santana en se tournant vers Sam. Aussitôt, je roule les yeux.
— Elle ne s'en souvient probablement pas.... commence-je, mais avant même que je ne finisse ma phrase, Sam m'interrompt.
— Therealzaynek, fait-elle. Choquée, je soupire. J'avais oublié que Sam est obsédée par Instagram et se souvient des noms d'utilisateurs en quelques secondes. Rapidement, Santana saisit le nom, clique sur une photo de Zayne, et commence ensuite à aborder des personnes au hasard.
— Connais-tu ce type ? demande-t-elle à un homme. Ma bouche se ferme lorsque la personne à qui elle pose la question secoue la tête. Oh mon dieu, elle n'est pas sérieuse.
— Santana, tu n'es pas sérieuse. Je ne suis pas désespérée, fais-je.
— Ce n'est pas du désespoir. C'est du véritable amour. Les filles, au boulot, fait mon amie la folle. Se mêlant au jeu, Ken et Sam se mettent aussi à montrer sa photo aux passants et commencent à demander s'ils le connaissent. Je regarde avec horreur comment elles suivent ses ordres sans y réfléchir à deux fois. Dépassée, je me m'assois sur l'herbe, cachant mon visage, car je suis morte d'embarras. Après avoir questionné les gens de cette zone sans succès, nous nous préparons à nous diriger vers une autre zone commune qu'un étudiant avait gracieusement indiquée à mes folles amies. Mais alors que nous marchons, quelqu'un crie subitement mon nom.
— Maija ! entends-je. Je me retourne alors et je vois Gin courir vers moi. Je ne savais pas qu'il était à Princeton.
— Qui c'est ? demande Samantha avec des étoiles dans les yeux.
— Un ami. Hé, Gin ! fais-je. Il me prend aussitôt dans ses bras et m'embrasse chaleureusement.
— C'est bon de te voir, ma belle. Tu rends visite à Zayne, c'est ça ? demande-t-il une fois qu'on met fin à l'étreinte.
— C'est à peu près ça. Je ne savais pas que tu étais aussi à Princeton, dis-je.
— Zayne ne te l'avait-il jamais dit ? demande-t-il, surpris.
— Non, il ne l'avait pas fait, fais-je.
— Attends, sais-tu où habite Zayne ? demande subitement Santana.
— Ouais. J'avais été à toutes ses fêtes. Il organise souvent des soirées de folie chez lui. Mais, attends, est-ce pour ça que tu es là ? demande-t-il en me regardant.
— Euh... Ne sachant pas quoi dire, je commence à bégayer.
— Ce bâtard ne m'avait même pas invité, fait-il sur le champ en serrant le poing.
— Non, il n'y a pas de soirée prévue. On ne fait que visiter, répond Samantha qui me pousse.
— Ouais, peux-tu nous dire où il habite ou nous montrer ? ajoute-elle en lançant à Gin son plus beau regard. Là, l'autre lui sourit, appréciant clairement son flirt.
— Attendez, Maija, ne devrais-tu pas savoir où il vit ? dit-il ensuite en se tournant vers moi.
— Ahh, c'est... c'est une visite surprise, marmonne-je. Face à ma confusion, Gin rit.
— Alors, quel était le plan ? Marcher sur le campus jusqu'à ce que tu le trouves ? demande-t-il encore. J'acquiesce alors, en espérant que mon embarras ne soit pas évident.
— Plus ou moins. Maintenant, donne-nous l'adresse et arrête avec les questions, détective, dit Santana venant à mon secours.
— Si autoritaire ! répond Gin en riant.
— L'adresse, beau gosse, exige-t-elle.
— Ok, ok, fait-il. Puis Il nous donne l'adresse, et Santana l'écrit dans son téléphone.
— Merci Gin, fais-je ensuite.
— Je ferais n'importe quoi pour la chérie de mon meilleur ami, fait-il. Je me sens aussitôt mal à l'aise à la mention de Danuel. Je ne savais plus quoi dire, mais heureusement pour moi, Sam était à l'affût et intervient.
— Tu devrais venir avec nous, fait-elle. Là, Gin la regarde de la tête aux pieds et se mord les lèvres, aimant visiblement ce qu'il voit.
— J'adorerais, ma belle, mais je vais à une fête. Si Zayne est d'accord, vous devriez tous venir, répond-il.
— Bien sûr, approuve instantanément Sam. Il nous donne donc l'adresse de la fête et me fait un autre câlin rapide avant de partir.
— Mince Mai, les beaux hommes te suivent-ils partout ? demande Samantha en regardant le cul de Gin.
— C'est vrai, ma fille. Il est sexy, approuve Kenya.
— Je l'avais vu en premier, crie Samantha en lançant des piques à Kenya.
— On l'avait toutes vu en même temps, mais Samantha avait été plus rapide, dit Santana, qui essaie de méditer.
— Je ne faisais que l'admirer, lâche tristement Kenya.
— Regarde mais ne touche pas. Il est à moi, déclare Samantha. Nous hochons toutes la tête en signe d'accord. C'est le système que nous utilisons pour éviter d'aimer le même gars. Celle qui exprime son attirance en premier est la gagnante.
— Ok, tu l'as, et nous avons l'adresse. Maintenant allons à la chasse au prince ! crie Santana. Encore une fois, je grogne. J'espérais vraiment qu'elles oublient pourquoi nous sommes ici.
— Oui, allons attraper le prince, approuve Kenya. Dépassée, je soupire.
— Ok, mais pourquoi l'appelle-t-on prince ? demande-je, confuse.
— Ma fille, il est riche, beau et fréquente Princeton. S'il n'est pas un prince, je ne sais pas qui l'est, explique Samantha.
— William est un vrai prince, mais il n'est pas beau, argumente-je. Sur le champ, elles se mettent toutes à rire.
— Eh bien, au moins Harry l'est, dit Kenya. Toutes d'accord avec son affirmation, nous rions en retournant à la voiture. À vrai dire, elles sont les seules à rire. Moi je fais juste semblant. J'essaye actuellement de calmer mon cœur qui menace de sortir de ma poitrine. Je suis super nerveuse maintenant que nous avons l'adresse, et alors que nous roulons vers sa maison, mon cœur bat plus vite. Au moment où nous arrivons, je suis une épave nerveuse. Je regarde l'appartement une fois que nous nous sommes garées. Les lumières sont éteintes. Il n'est donc peut-être pas chez lui.
— Ugh, les filles, on dirait qu'il n'est pas chez lui, marmonne-je.
— Tu ne peux pas savoir à moins d'y aller. Il pourrait être en train de dormir, répond Santana.
— Je ne peux pas réveiller un homme qui dort, conteste-je.
— Si, tu peux si c'est le grand amour. Maintenant vas-y, dit Samantha. Je roule alors les yeux, me glisse hors de la voiture et me met à marcher vers la maison. A mi-chemin, je m'arrête et me retourne. Aucun d'entre elles n'était sorti de la voiture.
— Ne venez-vous pas avec moi ? demande-je, surprise.
— Non, c'est quelque chose que tu dois faire seule bébé, me dit Sam. Que des satanés traîtres ! N'était-ce pas elles qui m'avaient traînée ici pour trouver mon "prince" ?
— Peut-être que je devrais... commence-je encore.
— Vas-y avant qu'on te traîne là-haut, crie Santana. Nerveuse, je leur lance un regard noir.
— Je vous le ferai payer cher, dis-je ensuite.
— Tu nous remercieras plûtot, rétorque-t-elle. Je grogne donc, puis me remet à marcher vers la maison.
— Les tortues bougent plus vite que ça, crie encore Samantha. Je me retourne et lui lance un regard encore plus noir, avant d'accélérer le pas. Elles ne cesseront pas de m'embêter avec cette affaire, alors autant en finir, pense-je. Je reste donc devant la porte pendant une minute ou deux avant d'appuyer sur la sonnette. Elle sonne dans toute la maison. J'attends ensuite pendant que mon estomac se noue, mais personne ne vient. J'appuie à nouveau sur la sonnette et ça sonne, mais toujours pas de signe de vie. Déçue mais un peu soulagée, je retourne à la voiture.
— Il n'est pas à la maison, annonce-je à mes amies perfides.
— Aww, ça craint. C'est vendredi. Il est probablement sorti, répond Santana.
— Devrions-nous attendre ? demande Kenya. Sur le champ, je secoue vigoureusement la tête pour leur dire non.
— Non. S'il sont destinés à se voir ce soir, il la trouvera. Allons à cette fête, dit Samantha, et une fois de plus, je lui suis reconnaissante d'avoir le béguin pour Gin.
— Tu veux juste voir ce gars sexy, Sam, taquine Santana.
— Peut-être ! Maintenant allons-y, répond Sam. Nous rions toutes et je remonte dans la voiture. Un autre chagrin d'amour venait d'être évité. Je peux enfin me détendre et profiter du reste de la nuit, pense-je.
Nous arrivons à la fête quinze minutes plus tard et nous nous dirigeons vers l'intérieur. Gin nous salue et nous présente à ses amis. Nous buvons, dansons et faisons la fête tout en prenant des tonnes de photos, y compris une photo de moi embrassant Gin sur la joue à la demande de mes amis qui disaient que je devrais l'embrasser pour voir s'il se transforme en mon prince. Je sais que nous sommes tous trop saouls. Néanmoins, nous passons tous un bon moment. Par ailleurs, Gin et Sam s'embrassent à la fin de la fête.
Alors que les gens commencent à partir, je sors pour prendre l'air. Je m'installe sur la pelouse et regarde le ciel nocturne en souriant. Je suis à Princeton, et bien que je n'aie pas vu Zayne, le simple fait de savoir qu'il n'est pas loin réconforte quelque peu mon cœur en manque. Après quelques minutes, je me lève et époussette mes vêtements. Nous devrions être prêtes à partir maintenant. Je me tourne légèrement pour parler aux filles, mais soudain, quelque chose ou quelqu'un attire mon regard. Une fille et un homme se tenaient à côté. Le gars se tourne, et mon cœur fait un bond. C'est Zayne. Peut-être que c'est un heureux hasard. Je l'avais trouvé, mon prince était là. Merde. Même moi je me suis laissée emportée par leur jeu stupide. À cette pensée, je souris. J'étais sur le point de courir vers lui et de sauter dans ses bras, quand je remarque que la fille s'accroche à lui. Je fais une pause et je regarde. Qui est-elle ? N'est-il pas avec Sienna ? Ma tête tourbillonne de questions pendant qu'ils discutent. Ça a l'air assez innocent. Peut-être ne sont-ils que des amis, pense-je, mais cette théorie et mon cœur se brisent en mille morceaux quand il la tire vers lui et l'embrasse. Je n'arrive pas à y croire. Il n'est plus avec Sienna, mais il ne veut toujours pas de moi. Mon prince a déjà sa princesse. Face à la scène, je souris amèrement. Au moins, je suis maintenant au courant. Je ne peux que souhaiter son bonheur, même si c'est au détriment du mien. Brisée, je me tourne et pars, incapable de regarder plus longtemps. Je rejoins ensuite mes amies, sans leur dire que j'avais vu Zayne et sans mentionner le baiser.
Sur le chemin du retour, toutes les autres étaient ivres et endormies, ce qui fait de moi la conductrice désignée. J'allume la radio et joue quelques chansons en récapitulant le voyage dans ma tête. Je suis heureuse d'avoir fait ce voyage. Si je ne l'avais pas fait, j'aurais passé les mois suivants à me languir de lui. Maintenant, je sais que même si ce n'était pas Sienna, ce ne sera jamais moi. Sur cette réflexion, je soupire. Je dois le laisser faire sa vie et aller de l'avant. C'est peut-être mieux ainsi. Être amoureuse de son demi-frère n'est pas idéal.
Une fois de retour à la maison et après que nous nous sommes dit bonne nuit, je sors mon téléphone et fais défiler les photos que nous avons prises ce soir. Cette soirée était sympa, mais je m'en souviendrai probablement toujours comme la nuit où j'abandonne l'amour. Je veux quand même garder un bon souvenir, alors je poste la photo où j'embrasse Gin avec une légende amusante. Je clique ensuite sur l'Instagram de Zayne et commence à faire défiler son profil. La première larme coule lorsque je vois la photo qu'il avait postée. Malgré moi, je lâche le téléphone et enfonce ma tête dans l'oreiller en repassant dans ma tête son baiser avec cette fille. Le vide me consume une fois de plus. Mon âme se fendille et je commence à sangloter. Quand suis-je tombée amoureuse si profondément ? Quand ? Quelle conversation était-ce ? Lequel de ses contacts ou de ses baisers m'avait fait craquer ? Comment puis-je me souvenir du moment exact où il avait pris mon cœur ? J'aurais aimé sentir ce qui se passait. De cette manière, j'aurais peut-être pu l'arrêter. Parce que maintenant, je me retrouve sans cœur, ayant donné mon cœur à un homme qui n'en veut pas.