Maija
Quatre heures plus tôt
Je suis assise dans mon appartement avec mes trois colocataires en train de jouer au strip poker. C'était Maman qui avait choisi cet appartement près du campus et j'y vis avec Kenya, une beauté afro-américaine, Santana, une latina épicée, et Samantha, une brune mignonne. Après la première semaine, nous sommes toutes devenues rapidement amies. Nous sommes assises à la table à manger, entourées de nourriture, d'alcool et de bouts de vêtements issus de nos jeux passés.
— Comment ai-je pu me faire embarquer dans une nouvelle partie de strip-poker ? demande Kenya alors que nous regardons nos mains. Elle est assise en sous-vêtements, sans soutien-gorge. En vrai, elle est nulle à ce jeu. Moi en revanche, j'ai plus de chance, car j'ai encore mon soutien-gorge et ma culotte.
— C'est Santana qui avait choisi ce jeu. Tu ne peux blâmer qu'elle, réponds-je en prenant une gorgée du contenu de mon verre pour réchauffer mon corps. Je ne sais pas pourquoi Santana insiste pour que nous gardions l'air conditionné allumé pendant le jeu.
— C'est injuste. Je suis gelée et mes tétons me font mal à cause du froid, répond Kenya. Santana lui fait un clin d'œil et répond.
— La vie n'est pas juste, et tes tétons sont magnifiques, dit-elle. La seconde d'après, alors que je m'y attends le moins, elle tape sa main sur la table et crie : — Quinte flush ! Maija, montre-moi tes nichons ! Je soupire avant d'enlever mon soutien-gorge. Je dois définitivement bannir ce jeu des programmes de soirées détentes. Autrement, Santana utilisera toutes ses soirées de jeu pour assouvir son obsession bizarre des seins.
— Ils sont magnifiques ! déclare-t-elle avant de tendre la main pour les toucher. Cependant, je repousse sa main d'un coup sec.
— Regarde mais ne touche pas, perverse, fais-je ensuite. Elle rigole.
— Ok, tu voulais voir les seins de Maija et c'est la seule raison pour laquelle tu avais choisi ce jeu. Maintenant que c'est fait, pouvons-nous cesser de jouer ? demande Sam.
— Si c'était juste pour voir mes seins San, tu aurais dû me le dire. Je te les aurais montrés, fais-je aussitôt.
— Oui, mais je voulais les voir sur mérite. Allez, c'était marrant, non ? demande-t-elle. Là, nous disons toutes non en chœur, puis nous rions. La partie était terminée. On s'habille donc et on commence à manger les restes de la pizza.
— Qu'est-ce qu'on fait ce soir ? demande Sam.
— Rester à la maison et dormir, répond immédiatement Kenya. Elle préfère se blottir dans une couverture avec un bon film plutôt que d'aller dans des clubs bruyants.
— Plan ennuyeux ! Allons au club, suggère Santana, ce qui lui est typique. Elle aime bien s'habiller et bouger parce qu'elle est l'âme de la fête. À ce stade elles se tournent toutes vers moi, attendant que je me décide. Ugh, je déteste être la départageuse.
— Restons à la maison, murmure-je alors que Santana me fusille du regard.
— Quand auras-tu pour une fois envie de sortir toi ? Tout ce que tu fais, c'est te morfondre à la maison et sucer de la glace, dit-elle ensuite en roulant des yeux.
— Hé, la crème glacée est une création du ciel. Ne critique pas cette merveilleuse crème, rétorque-je. Dépassée, elle soupire.
— Sérieusement Mai, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu ne veux jamais sortir et tu ne veux jamais parler aux garçons quand on te traîne hors de la maison, continue-t-elle. Je soupire en entendant cela. Bien que nous soyons toutes attachées l'une à l'autre depuis notre rencontre, je n'avais toujours rien partagé au sujet de Zayne. Au début, j'avais trop mal pour en parler, et puis j'avais pensé que ça pourrait être bizarre pour elles puisqu'il est mon demi-frère. Pourtant, je ressens le besoin de m'exprimer parce que mon cœur est trop lourd ces derniers temps. Il me manque, surtout ces deux derniers mois où il n'avait pas appelé ni envoyé de SMS. Je suppose qu'il était sérieux quand il disait qu'on devait s'ignorer l'un l'autre.
— C'est mon demi-frère... Je.... commence-je, mais je me tais aussitôt.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Te fait-il passer un mauvais moment ? Moi mon demi-frère est un vrai connard, dit Kenya. Je souris. La vie serait plus facile si je pensais que c'était un connard.
— Non, je suis tombée amoureuse de lui pendant l'été, lâche-je calmement. Aussitôt, un silence remplit la pièce et tous les regards se tournent vers moi. Je savais qu'elles penseraient que c'est bizarre.
— Je sais que c'est peut-être bizarre.... fais-je pour m'expliquer, mais je suis interrompue.
— Ewwwwwwww, s'exclame Kenya.
— Kenya ! la gronde Santana.
— Non, désolée. Je m'imaginais mon demi-frère et moi, et je crois que je viens de vomir, répond Kenya.
— Ça n'aide pas, Kenya. Maija partage quelque chose qui doit être dur, et tout ce que tu trouves à dire c'est Beurk, dit Samantha qui rejoint Santana pour gronder Kenya.
— Je suis désolée, Mai, me dit cette dernière.
— C'est rien. Je comprends ta réaction, car c'est bizarre. Nos parents sont mariés, donc nous devrions agir comme des frères et sœurs. C'est pourquoi je l'avais rejeté quand il m'avait avoué ses sentiments. Mais ensuite il avait eu un accident de voiture, et l'idée de le perdre était dévastatrice. J'avais réalisé que j'étais déjà amoureuse de lui, fais-je.
— Aww, lui as-tu dit ? me demande encore Santana en s'asseyant à côté de moi et en m'entourant de ses bras.
— J'avais essayé, mais il m'avait annoncé qu'il avait une petite amie, un de ses petits plans cul qui m'appelle Maria, explique-je.
— Quel salaud ! cire Kenya, en serrant son poing.
— Comment a-t-il pu ? dit Samantha en fronçant les sourcils.
— Eh bien, elle l'avait rejeté, raisonne Santana.
— Santana, tais-toi ! crie Samantha avant de se pencher et de me serrer dans ses bras. Santana et Kenya se joignent à elle, et nous nous asseyons toutes ensemble, nous embrassant pendant quelques minutes avant de nous séparer. Je souris, heureuse d'avoir partagé ce moment, car mon cœur se sent plus léger maintenant que quelqu'un d'autre que moi sait que je l'aime.
— Ça va aller. Nous traverserons ça ensemble, dit Samantha pour me rassurer. J'acquiesce donc en silence. Je ne veux pas traverser cette épreuve ou l'oublier, mais s'il ne veut pas être avec moi, je devrais laisser tomber.
— A quoi ressemble-t-il ? As-tu une photo ? demande encore Santana.
— Santana ! gronde encore Samantha, le visage froid.
— Quoi ? Nous sommes touts curieuses. Ne fais pas semblant de ne pas l'être, rétorque l'autre.
— Eh bien, nous aurions pu attendre un jour, lui dit Samantha. Face à leur dispute, je rigole. Elles sont ridicules, mais je les aime, et en parler m'avait permis de me sentir beaucoup mieux.
— Ok, je te montre une photo, fais-je. Je prend ensuite mon téléphone et je fais défiler jusqu'à son Instagram. Je n'avais pas parcouru son profil depuis qu'il avait commencé à me suivre, parce que c'est trop douloureux de regarder ses photos. Je tire sur son nom, tape sur la première photo et leur tend le téléphone.
— Merde ! dit instantanément Santana en se mordant les lèvres.
— Bordel de merde ! ajoute Samantha.
— Ouaip, je le baiserais bien, déclare Kenya.
— N'avais-tu pas dit Beurk plus tôt ? demande Samantha.
— J'avais dit Beurk pour mon demi-frère qui ressemble à un crapaud. Si mon demi-frère ressemblait à ça, je serais déjà enceinte, fait-elle. Nous nous mettons toutes à rire aussitôt. Ensuite, elles commencent à faire défiler son Instagram, à regarder ses photos, mais c'est encore trop douloureux pour moi de le voir souriant et heureux sans moi. J'attrape un verre et le sirote pendant qu'elles le reluquent.
— Wow, Maija, tu lui plais vraiment, dit Samantha en souriant.
— Pourquoi dis-tu ça ? demande-je, confuse.
— Regarde la photo qu'il avait postée, fait-elle, puis elle me tend le téléphone. C'est une photo de moi prise lors de notre rendez-vous. C'est un profil de côté. La légende est un seul cœur. Elle avait été postée depuis la nuit où nous nous sommes embrassés. Dès que je vois cela, mon cœur se gonfle, mais la douleur s'infiltre immédiatement. C'était il y a des semaines, et il ne ressent clairement plus la même chose.
— Il m'aimait bien, dis-je. Puis je ferme Instagram et jette le téléphone sur la table. Je soupire ensuite, en espérant que la vague de douleur que je ressens passe rapidement, sans larmes.
— Bébé, il ne l'a pas supprimé. Peut-être qu'il t'aime encore, dit Kenya.
— Ouais, dit Santana. Je souris en les regardant. Je sais qu'elles essaient seulement de me réconforter.
— Ou il avait oublié de la supprimer, mais vous êtes les meilleurs. Je vous aime, réponds-je.
— Awww, on t'aime aussi, câlin collectif, crie Samantha.
— Mais on vient de faire un câlin, dit Santana avec un air surpris.
— Santana, ferme-la et fais-nous un câlin, demande Kenya. Je rigole alors que nous nous rejoignons toutes dans une grande et chaude étreinte.
— Savez-vous ce qu'on devrait faire ? demande Santana une fois qu'on se sépare.
— Quoi ? demande-je, terrifiée. Les idées de Santana ne sont jamais bonnes.
— On devrait aller à Princeton et trouver ton prince, me répond-elle. Dès qu'elle dit cela, j'ouvre de grands yeux. Mais de quoi est-ce qu'elle parle ? Trouver mon prince ? J'espère qu'elle n'est pas en train de suggérer ce que je pense.
— Ah, quoi ? demande Kenya.
— Zayne. Sa localisation mentionne Princeton. Maija, est-il à Princeton ? demande encore la jeune fille. Elle suggère vraiment qu'on aille traquer Zayne. Bon sang, non. Je ne suis pas si folle.
— Mai ? Face à mon silence, elle m'appelle, me tirant de mes pensées.
— Oui, mais... commence-je, mais elle m'interrompt.
— Ok, on va à Princeton ! déclare-t-elle rapidement, l'air gonflé à bloc.
— Attends, parlons de... commence-je encore à plaider, mais les trois me regardent puis sourient, et je savais d'office que j'avais perdu.
— Allons-y ! crie Samantha.
— Allons chercher notre meilleur ami, son mec, ajoute Kenya. Avant que je puisse dire le contraire, elles me traînent à travers la porte, et nous nous entassons dans la voiture de Santana en direction de Princeton.