Zayne
Nous arrivons au club vers 22 heures. L'ambiance est bonne. Le DJ anime à fond, et je me surprends à hocher la tête au son de la musique alors que nous nous dirigeons vers notre coin VIP habituel. Rapidement, nous appelons la serveuse et commandons une tournée de shots pour bien commencer la soirée.
— Yo, c'est ça la vie, s'écrie Quentin en faisant tinter nos verres à shot. Ensuite, il commande une autre tournée.
— La foule est décente ce soir, s'exclame Jade. Je hoche la tête en sirotant mon verre et en scrutant la foule.
— Alors, on invite des femmes ou quoi ? J'aime certes votre compagnie les gars, mais j'ai besoin de chatte ce soir, déclare Quentin.
— N'avais-tu pas baisé hier soir ? lui demande Jade.
— Et alors ? répond le coureur de jupons breveté. Sur le coup, on se met tous à rire. Il agit sérieusement comme s'il allait mourir s'il ne faisait pas l'amour tous les soirs. À notre grande contrariété, comme les murs ne sont pas insonorisés, nous pouvons entendre presque tout ce qu'il fait dans sa chambre. Je soupire en pensant à cela.
— Vous pouvez tous les deux inviter des femmes si vous voulez, mais assurez-vous qu'aucune d'entre elles ne me dérange, dis-je en faisant signe à la serveuse pour une autre tournée de shots.
— Es-tu allergique aux femmes maintenant ? Ne me dis pas que cette salo....Maija t'a transformé en poule mouillée, fait Quentin, choqué.
— Heureusement que tu t'es vite corrigé. J'aurais volontiers laissé Z te botter le cul si tu avais encore mentionné le mot commençant par S, fait Jade.
— Mot en S ? Vous êtes tous si sensibles, putain. Peu importe. Z, tu n'as pas répondu à la question. Es-tu devenu une poule mouillée ? demande encore Quen.
—Va faire ce que tu as en tête et cesse de me juger, espèce d'idiot. Je ne suis juste pas intéressé par ton type de femme, fais-je en portant mon verre à mes lèvres.
— Ah oui ? Et quel est mon genre de femme donc ? demande Quentin en fronçant les sourcils.
— Les sales putes, répond aussitôt Jade, avant même que je puisse réagir. J'acquiesce donc en silence. Ce ne sont pas les mots que j'aurais choisis, mais il avait raison.
— Plus une femme est folle, plus elle m'intéresse, fait Quentin en souriant, alors que Jade et moi le regardons avec dégoût. Il scrute ensuite la foule et établit un contact visuel avec une fille. Je jette un coup d’œil à cette dernière et là, je la vois mettre son poing en entier dans sa bouche. Eh bien, sacrée compétence, pense-je avant de détourner les yeux.
— En parlant de salopes, je crois voir Mme Right là-bas, fait immédiatement Quentin. Ensuite, il sourit et fait un signe d'au revoir à Jade, puis se dirige vers la jeune fille pour la saluer. La seconde d'après, ils disparaissent ensemble dans la foule. Je me tourne alors vers Jade. Il est assis dans un coin et sirote sa boisson sans se soucier du monde.
— Ne vas-tu pas t'amuser ? demande-je. Je n'étais pas vraiment d'humeur, mais je ne les empêcherais jamais de s'amuser.
— Non, je ne suis pas là pour ça. Je ne suis pas comme Quen et tu le sais. Je ne me gaspille pas. J'attends de rencontrer la femme de ma vie, et je sais que je ne la rencontrerai pas dans ce club, répond-il nonchalamment. Nous avons tous le même âge, mais il a toujours été le plus équilibré de nous trois. Comment décider à 19 ans de chercher la femme de sa vie ? D'aucuns trouveraient cette idée absurde. Aussitôt que le mot "femme" me vient à l'esprit, ma demi-sœur me revient en tête. En vrai, ça devrait être intéressant de rencontrer la femme de sa vie, de savoir avec qui l'on voudrait passer le restant de ses jours. Cependant, que se passe-t-il quand on sait qui est cette personne, mais que la personne ne ressent pas la même chose ? À cette réflexion, je sens la tristesse s'insinuer en moi, alors je me sers un autre verre pour la tenir à distance et je me tourne vers Jade.
— Tu es presque toujours au club. Où d'autre vas-tu la trouver donc ? lui demande-je.
— Je n'aurai pas à la trouver. C'est elle qui me trouvera, me lance-t-il avec assurance. Je roule alors les yeux et détourne mon attention vers la foule. Je n'avais aucune envie d'entendre à nouveau sa philosophie de l'amour. Je scrute la foule en pensant que je devrais peut-être passer à autre chose, mais personne n'attire mon attention. Quand l'on a la plus belle fille au monde dans son cœur, toutes les autres filles deviennent d'office immondes. Dépassé, je gémis. Peut-être que Quentin a raison. Peut-être que je suis une mauviette, mais en pire puisque je n'avais jamais fait l'amour avec elle. J'étais là, plongé dans mes pensées lorsque Quentin revient avec trois femmes à ses côtés. Aucune d'elle n'était la fameuse Mme Right avec qui il était parti plus tôt. Je suppose que même lui peut se tromper.
— Messieurs, je viens avec des cadeaux, annonce-t-il à Jade et moi.
— Où est Mme Right ? demande Jade, et je ricane. Quentin nous lance aussitôt un regard noir, apparemment agacé. De toute évidence, les choses ne s'étaient pas passées comme prévues avec l'avaleuse de main.
— Je vous le dirai plus tard. Maintenant, soyez gentils et dites bonsoir à nos invités, fait-il. Je regarde les trois femmes pour la première fois. Elles sont toutes belles et très peu vêtues. Quentin choisit automatiquement celle qui a le plus gros cul, ce à quoi on s'attendait Jade et moi. Les grosses fesses sont son point faible. Rapidement, il prend place dans un coin et la fait asseoir sur ses genoux. Je sais déjà que c'est la dernière fois que Jade et moi le voyons ce soir.
— Je suis Sierra, dit la deuxième fille à Jade. L'homme n'est probablement pas intéressé, mais puisqu'il est un gentleman, il prend sa main et la serre, puis se présente. Elle s'assied ensuite à côté de lui et ils commencent à discuter. La troisième fille me jette un regard nerveux et détourne les yeux dès que nos regards se croisent. Sans me soucier d'elle, je hausse les épaules et prends une gorgée de ma boisson, en reportant mon attention sur la foule. Après quelques minutes, je me retourne pour appeler la serveuse et constate qu'elle est toujours devant moi. Elle a l'air aussi embarrassée que je le suis en ce moment.
— Tu devrais t'asseoir, lui dis-je avant de demander à la serveuse d'apporter une autre tournée de shots. Là, elle me regarde avec appréhension avant de s'asseoir. Je profite de ce moment pour l'examiner attentivement. Elle a une magnifique peau chocolatée et des cheveux bouclés qui me rappellent Maija. J'examine intensément tout son visage en essayant d'identifier les similitudes et les différences entre les deux.
— Y a-t-il quelque chose sur mon visage ? demande-t-elle instantanément. Merde, je suis en train de la fixer, n'est-ce pas ? Je détourne rapidement les yeux et prends une gorgée de ma boisson.
— Ah, non, je suis désolé. Tu me rappelles juste quelqu'un, réponds-je.
— Une ex-petite amie ? demande-t-elle encore. Je glousse en entendant cela, car si j'avais la chance de faire de Maija ma petite amie, il n'y aurait aucune chance qu'elle devienne mon ex.
— Pas tout à fait. C'est quoi ton prénom ? demande-je.
— Sundae, répond-elle en souriant comme si elle était enfin à l'aise.
— Comme dimanche ? Le jour ? fais-je en fronçant les sourcils.
— Non, comme un sundae de crème glacée, répond-elle en souriant.
— Oh, joli prénom, commente-je en avalant un autre verre et en appelant la serveuse pour qu'elle envoie une autre tournée pour tout le monde.
— Tu sais, c'est généralement le moment où la plupart des hommes me demandent si je suis aussi douce et crémeuse, fait-elle en prenant un verre d'alcool sur le plateau. Je glousse face à ses propos, un peu amusé parce qu'elle n'est pas aussi timide que je le pensais au départ.
— Ah oui ? Et quelle est ta réponse habituelle ? fais-je.
— Je suis plus que douce et plus que crémeuse, répond-elle. Ensuite, elle me sourit gentiment tout en se traînant et en frottant ses seins sur mon bras.
— Sundae, je suis sûr que tu es tout aussi douce et crémeuse que tu le prétends, mais j'ai peur de ne pas pouvoir le découvrir. Je suis un peu coincé sur quelqu'un, réponds-je, espérant que mon honnêteté adoucisse le coup du rejet. L'année dernière à la même époque, je l'aurais déjà prise à quatre pattes quelque part, mais je n'ai aucune envie de coucher avec des inconnues en ce moment. Elle sourit en m'entendant, la déception étant visible sur son visage. Calmement, elle hoche la tête et s'éloigne de moi.
— Tu l'as dans la peau, n'est-ce pas ? me demande-t-elle ensuite.
— Très profondément, admets-je immédiatement. Elle rit à ma réponse, ce qui détend l'atmosphère. Nous nous mettons ensuite à parler de l'école, de sa famille, de ma famille et de la fille que j'aime. Nous parlons de tout et de rien, et la soirée se déroule agréablement.
Une fois sortis du bar, Quentin décide de ramener sa conquête du jour à la maison tandis que Jade et moi décidons de ramener les nôtres à leurs dortoirs. Après avoir déposé le baiseur endurcit et sa proie à l'appartement, je continue donc pour raccompagner Sundae à son dortoir car il est tard.
— Merci de m'avoir raccompagnée. Cette soirée était sympa, dit-elle une fois que nous sommes arrivés à sa porte.
— Je t'en prie. J'avaisi passé un bon moment aussi, fais-je calmement. Là, elle me fixe pendant un moment.
— Eh bien, je suppose que c'est un au revoir, dis-je. Ensuite, je me tourne pour partir, mais elle m'attrape le bras.
— Attends, me dit-elle.
— Ouais ? fais-je en fronçant les sourcils.
— Je t'avais déjà vu sur le campus, dit-elle.
— Oui, j'étudie ici, réponds-je. Je la regarde ensuite, un peu perplexe car elle s'accroche toujours à moi.
— J'ai le béguin pour toi depuis le printemps dernier, avoue-t-elle aussitôt, ce qui me sidère un peu.
— Oh, réponds-je, ne sachant pas quoi dire.
— Ouais, répond-elle avant de finalement lâcher ma main. Elle me fixe par la suite, comme si elle voulait une réponse. Là, je me déplace un peu, me sentant mal à l'aise. Que puis-je dire ? Il est déjà trop tard. Je suis amoureux de quelqu'un d'autre. Peut-être que si elle me l'avait dit au printemps dernier... Non, ça n'aurait rien changé. Peu importe avec qui j'étais, dès que j'aurais rencontré Maija, j'aurais su que c'était la bonne.
— Euh, je suis désolé.... commence-je pour lui faire comprendre que ce ne sera pas possible, mais elle m'interrompt.
— Je sais que tu es amoureux de quelqu'un d'autre. Je ne m'attends pas à une relation. Je, euh..., me demandais si tu pouvais m'embrasser ? me dit-elle. Sur le coup, je suis choqué. Sérieux ? Un baiser ? N'est-ce pas une demande bizarre, vu que nous venons à peine de nous rencontrer ?
— Je.... commence-je, mais je ne trouve pas les mots.
— S'il te plaît, ne dis pas non. J'avais passé les derniers mois à me demander ce que tes lèvres feraient comme effet si elles étaient pressées contre les miennes. Combien de feu elles produiraient dans mon corps... dit-elle encore. Je me déplace à nouveau maladroitement alors qu'elle me regarde longuement. Je suppose qu'un baiser ne serait pas de trop pour elle.
— Tu peux même prétendre que je suis elle si c'est trop dur. Prétendre que je suis celle que tu aimes, déclare-t-elle pour se faire persuasive, et je vois bien à quel point cela compte pour elle. Quoi qu'il en soit, je ne peux pas prétendre qu'elle est Maija. Ce serait trahir mes sentiments.
— Je ne peux pas faire ça, laisse-je entendre.
— Oh, dit-elle, ne cachant pas sa déception.
— Je ne peux pas prétendre que tu es elle parce que ma peau saura que ce n'est pas son toucher, mes lèvres sauront que ce ne sont pas ses lèvres que j'embrasse, et mon cœur saura que ce n'est pas son cœur qui bat à côté de lui, dis-je ensuite avec sincérité.
— C'est une fille chanceuse, remarque-t-elle quand je finis de parler. Je glousse doucement. Si seulement Maija se sentait chanceuse d'avoir mon cœur. Au lieu de cela, pour elle, c'est un inconvénient. Sur le champ, le vide et la douleur suivent ces pensées, comme toujours. Bonjour, mes amis si familiers, pense-je. Je me retourne ensuite vers Sundae. Bien que ses sentiments pour moi ne soient pas aussi profonds que les miens pour Maija, je peux comprendre ce qu'elle ressent. Je ne pourrai jamais lui donner mon cœur, mais je pourrai lui donner un baiser.
— Je suis désolée de faire une demande si étrange....continue-t-elle, mais je l'interrompt.
— Je vais t'embrasser, dis-je calmement. Immédiatement, elle se tait et me regarde, confuse.
— Je ne peux pas faire comme si tu étais Maija, mais je peux t'embrasser et te prenant pour qui tu es, Sundae, la belle fille que je viens de rencontrer au club, ajoute-je. Avant qu'elle ne dise autre chose, je l'attire dans mes bras, la regarde dans les yeux avant d'écraser mes lèvres sur les siennes.
*******
J'arrive à l'appartement après une heure du matin. La porte de Jade est fermée, je sais donc qu'il dort. Quentin lui est en train de faire quelque chose et le bruit qui émane de sa chambre me donne l'impression d'être au zoo. Nous devons vraiment insonoriser cette pièce, pense-je. J'enlève ensuite mes vêtements, puis me dirige vers la salle de bain pour une douche rapide. Une fois sorti, j'attrape mon téléphone, je me met sous mes draps et je clique sur Instagram. Je suis de retour sur la page de Maija car après avoir embrassé Sundae, elle me manque plus que d'habitude. Ses lèvres me manquent et j'aimerais pouvoir les embrasser. Je fixe ses photos pendant quelques minutes, ce qui apaise mon cœur. Satisfait, je dépose mon téléphone et décide qu'il est temps de dormir.
Mais cinq minutes plus tard, je reçois une notification. Maija venait de poster une nouvelle photo. Mon cœur s'emballe lorsque j'ouvre l'application, impatient de voir une autre photo d'elle. La première chose que je vois, c'est l'emplacement marqué. C'est Princeton. Attends une minute. Est-elle ici ? Mais elle n'a jamais appelé. Je clique sur la photo et je vois que c'est une photo d'elle embrassant Gin sur la joue. La légende dit : — Je suis venue à Princeton pour trouver mon prince, mais pas de prince en vue. J'ai plutôt rencontré une grenouille, je l'ai embrassée, mais elle est restée une grenouille. Je fixe la photo et la colère me parcourt. Elle ne se soucie vraiment pas de moi alors que moi je ne pense qu'à elle. Elle a conduit jusqu'à l'université où je vais et n'essaie même pas de me voir. Même si elle ne m'aime pas, nous sommes frères et sœurs par alliance. Wow ! Je ne suis vraiment rien pour elle. La douleur m'envahit, mais je la repousse. Affligé, je supprime rapidement l'application. Ensuite, je jette mon téléphone sur le lit. Puisqu'elle ne se soucie pas de moi, il est temps que j'arrête aussi de me soucier d'elle.