Maija
Après avoir préparé le dîner, nous mettons la table afin de pouvoir tous manger ensemble. Malheureusement, le raton laveur reste pour le dîner. Elle ne veut toujours pas rentrer chez elle, cette garce. Je lui laisse alors une place à côté de Zayne, tout en mettant Danuel et moi en face d'eux. J'aurais vraiment préféré manger dans ma chambre, mais cela pourrait sembler bizarre à Danuel qui n'est pas au courant de la guerre froide entre Zayne et moi. Une fois la table mise, j'envoie un texto à ce dernier pour l'informer que le dîner est prêt et l'attend. D'habitude, j'allais dans sa chambre pour l'appeler, mais il m'avait dit de ne plus lui parler, et je ne veux pas non plus les surprendre en train de s'embrasser ou de faire autre chose. Je ne pense pas que mon cœur déjà brisé pourrait le supporter.
— Ça sent bon, dit Danuel en respirant l'odeur de la nourriture. Je lui fais un sourire alors qu'il tire ma chaise.
— Un siège pour une dame, fait-il comme un véritable gentleman.
— Merci, mon bon monsieur, réponds-je avec mon meilleur accent britannique. Il glousse en m'entendant et se penche pour m'embrasser en poussant la chaise. Toutefois, je me retire avant qu'il ne le fasse car je sais que Zayne sera bientôt là, et je ne veux pas qu'il trouve une autre raison de s'énerver contre moi. Face à ma réaction, Danuel me regarde, perplexe pendant un moment, mais ne dit rien. Au lieu de cela, il prend siège à côté de moi. Trente secondes plus tard, le couple d'enfer nous rejoint. Je roule des yeux tandis que Sienna l'aide à s'asseoir. Je suppose qu'il est vraiment un enfant sans défense. Elle l'embrasse ensuite brusquement avant de s'asseoir à côté de lui. Enervée, je détourne rapidement les yeux et attrape ma fourchette, m'enfonçant une grosse bouchée de nourriture dans la gorge pour essayer de faire disparaître la douleur.
— Oh, mon Dieu, ma petite amie sait cuisiner ! crie Danuel, brisant mes pensées mélancoliques. Je lui souris alors qu'il continue : — En plus, elle est super fine, elle aime le sport et les bandes dessinées. Maija Isabella Cesar, c'est deux ans trop tôt, mais veux-tu m'épouser ? Face à sa blague, je rigole. Il est tellement ridicule.
— Cesse de faire l'idiot, Danuel, réponds-je en prenant une autre bouchée.
— Je suis un idiot, un idiot pour toi, mon amour. Tu es la femme parfaite. Maintenant, réponds à ma question. Ne m'oblige pas à me mettre à genoux, continue-t-il.
— T'épouser ? Demande-le-moi dans deux ans, fais-je.
— Rejeté ! Ma petite chérie, comment as-tu pu ? Tu m'as brisé le cœur, crie-t-il en se serrant la poitrine comme s'il était dans une pièce de Shakespeare. Je ris en le regardant faire son numéro, mais soudain, un grand bruit traverse la pièce. Je regarde Zayne qui se penche et ramasse sa fourchette par terre. Il me regarde, les yeux remplis de tristesse, avant de se tourner vers Sienna. Qu'est-ce qui ne va pas chez lui ? me demande-je, alors que Sienna faisait son petit numéro.
— Bébé, allez, laisse-moi te nourrir, fait-elle.
Là, je la regarde avec méchanceté. Sans faire attention à mon expression faciale, elle lève sa fourchette vers la bouche de l'homme. Cependant, il repousse sa main, puis me regarde à nouveau et sourit. La seconde d'après, il ramène la main de cette garce vers son visage. Aime-t-il vraiment ça ? Aime-t-il vraiment me faire du mal ?
— D'accord, mon cœur, répond-il par la suite en tordant le couteau qu'il avait logé dans mon cœur ce jour-là à l'hôpital.
Il prend une bouchée et me sourit. Dépassée, je roule les yeux. C'est écœurant. Je sais que j'aurais dû manger dans ma chambre pour éviter ces deux connards, mais puisque je suis déjà là, je devrais les ignorer et profiter de mon dîner. Je me tourne alors vers Danuel et lui demande comment se passent les choses à l'université puisque nous commençons tous les deux dans une semaine. Il se mets donc à me parler de ses cours et de ceux qu'il est impatient de suivre au cours du prochain semestre. Il a le même âge que Zayne et ils seront tous les deux en deuxième année. Mais pendant que nous parlons, Sienna éclatait brusquement de rire toutes les deux minutes, comme si elle voulait nous faire savoir qu'ils s'amusent bien. Je fronce les sourcils quand elle ricane à nouveau et roule les yeux. Ensuite, je regarde vers eux. Là, je vois qu'elle se penche vers lui et l'embrasse bruyamment sur les lèvres. Ma jalousie s'emballe alors que je les regarde.
— Zayne, comment est la nourriture ? lance-je à mon demi-frère. Je me dis que je devrais briser la glace en demandant quelque chose de simple. S'il pense qu'il m'ignorera pendant que sa copine me donne des ordres, il se trompe.
— Hmmm, marmonne-t-il sans me regarder, mais je ne comptais pas le laisser s'en tirer avec cette réponse.
— Mmmmm n'est pas une réponse, fais-je froidement.
— Il t'a déjà répondu. As-tu tant besoin de louanges que ça ? C'est comestible. Il mange, interrompt Sienna.
— Oh ? fait Danuel, sentant enfin la tension dans la pièce, puis il me dit : — Tu sais, je pense que c'est délicieux, bébé. Il essayait probablement de changer de sujet. Cependant, ma jalousie et mon amertume sont trop fortes pour que je le suivre. Je lui souris simplement et me retourne vers Sienna.
— J'avais posé ma question à Zayne, pas à toi. Ce n'est pas parce que tu es attachée à sa hanche comme une ceinture que tu peux parler en son nom, dis-je.
— C'est exactement le contraire. J'ai tous mes droits. Je suis sa petite amie, répond-elle en insistant sur "petite amie". Juste comme ça, quelque chose dans ma tête craque.
— Tu l'avais déjà annoncé plus de cinquante fois, putain. On a déjà compris. Je demande à Zayne comment est la nourriture, pas à sa concubine, fais-je avec le sang chaud. Cependant, l'homme m'ignore et prend une autre bouchée de la nourriture que Sienna lui donne.
— Eh bien, puisque tu ne peux pas répondre à ma question mon frère, cesse d'envoyer ta chienne pour me dire ce dont tu as besoin. Mon petit ami a besoin de ceci, mon petit ami a besoin de cela. C'est ton pied qui est cassé, pas tes putains de mains. Tu devrais être capable de faire des trucs tout seul, comme manger. Est-ce qu'elle te torche le cul aussi ? fais-je avec colère. Sa réaction m'exaspère.
— Bébé, calme-toi. Tout va bien. Zayne est probablement juste de mauvaise humeur, me dit Danuel.
— Qu'ils aillent se faire voir, son humeur et lui, rétorque-je. Sur ces mots, je saute de mon siège et traverse la cuisine en trombe pour aller respirer dans le jardin. Je suis tellement en colère contre moi-même pour les avoir laissé m'atteindre. Je me penche, inspirant bruyamment. Là, je sens que quelqu'un s'approche de moi par derrière. Je soupire en me redressant, m'attendant à voir Danuel derrière moi, mais ce n'était pas le cas. Ma bouche s'ouvre quand je vois que c'est Zayne. Je me remets toutefois rapidement du choc et fronce les sourcils.
— Qu'est-ce que tu veux ? demande-je froidement. Il ne pouvait pas répondre à ma question il y a une minute, alors pourquoi s'inquiète-t-il maintenant ?
— Je ne savais pas que Sienna t'embêtait, fait-il.
— Et pourquoi te croirais-je ? réponds-je en le regardant de travers.
— Tu peux choisir de le croire ou non, mais c'est la vérité. Je t'avais dit de ne pas me parler. Pourquoi ferais-je donc demi-tour et t'embêterais-je ?
— Parce que tu es un connard, marmonne-je dans mon souffle. J'avais dit assez fort pour qu'il l'entende, mais il ne fait pas de commentaire. Nous nous fixons ensuite l'un l'autre pendant un moment.
— Donc, tu n'as rien à voir avec ça ? demande-je ensuite.
— Non. Je m'assurerai qu'elle arrête, fait-il.
— Merci, réponds-je platement. Je le regarde ensuite fixement. L'homme que j'aime se tenait à quelques mètres seulement, mais était complètement hors de ma portée. En pensant à cela, je me mords la lèvre nerveusement, cherchant quelque chose à dire pour prolonger la conversation. C'est la première fois que nous sommes seuls depuis l'hôpital, et je ne veux pas que ce moment se termine. J'aimerais qu'on puisse revenir à ce jour dans la cabane. J'aurais aimé savoir ce jour-là, ce que je ressentais pour lui.
— Je me torche le cul moi-même, dit-il, me tirant de mes pensées.
— Huh ? fais-je, puis je lève les yeux vers lui, confuse.
— Tu m'avais demandé... commence-t-il, mais je glousse doucement pour l'interrompre, me rappelant ma tirade jalouse.
— Je suis désolée. J'étais frustrée et... je suis désolée, réponds-je doucement en le fixant, mon cœur s'emballant. J'aimerais pouvoir l'atteindre et le toucher. J'aimerais qu'il soit à moi. Je devrais au moins lui dire ce que je ressens. Même s'il me rejette, je dois lui dire. Ok, je peux le faire, pense-je en faisant un pas de plus vers lui.
— Alors, il veut t'épouser ? dit-il avant que je puisse parler. Je le regarde d'un air perplexe avant de me souvenir des manigances de Danuel.
— Il plaisante, c'est tout, réponds-je.
— Toute blague contient une part de vérité. Il le pense probablement. Il voit bien que tu serais la femme parfaite. Je suis l'idiot qui avait voulu voir où ça irait, continue-t-il.
— Parfaite... chuchote-je sur un ton ironique. Là, il se rapproche de moi.
— Parfaite, tu l'es bien sûr, mon énigme narcissique frustrante, belle et sexy, fait-il encore. Mon cœur fait un bond quand il répète ces mots familiers. Cela veut-il dire que je lui plais toujours ? Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine alors qu'il s'approche, laissant nos lèvres à quelques centimètres seulement l'une de l'autre.
— Maija, je suis ....commence-t-il.
— Bébé ? entend-on soudainement. La voix de Sienna venait de l'interrompre. Je recule un peu malgré moi, le cœur davantage rempli de haine pour cette garce. C'est vrai, il a une petite amie maintenant. Qu'est-ce que j'étais sur le point de faire ?
— Je devrais y aller, marmonne-je avant de me tourner pour partir, mais il me tire en arrière avant que je puisse aller trop loin. Sur le champ, je sens une décharge électrique me traverser. Je lève aussitôt les yeux vers lui, sans dire un mot. Nous nous fixons l'un l'autre en silence.
— Bébé, appelle encore Sienna en s'approchant de nous, mais Zayne garde les yeux fixés sur moi comme s'il cherchait quelque chose dans mes yeux.
— Maija ! entends-je subitement. Je tourne sur moi-même à l'appel de Danuel et retire mon bras à contrecœur alors que Sienna me lance un regard noir.
— Ouais, va voir ton copain et laisse le mien tranquille, salope, marmonne-t-elle alors que je passe devant elle. Je roule les yeux en souriant lorsque Danuel apparaît.
— Vas-tu bien ? demande-t-il en me prenant dans ses bras.
Je marmonne : — Je vais bien.
— C'était à propos de quoi ? demande-t-il en s'éloignant.
— Un drame familial, réponds-je rapidement, en espérant que j'avais bien réussi à masquer la douleur dans ma voix. A cette réponse, il acquiesce et m'entraîne dans la cuisine. Nous prenons ensuite trois pintes de crème glacée et nous nous dirigeons vers le salon pour regarder un film. Danuel s'assoit sur le canapé et tapote le siège à côté de lui. Je glousse et m'assois. Mais bien que le film commence déjà, mon esprit ne peut s'empêcher de repenser aux événements qui viennent de se dérouler dehors. M'aurait-il embrassé si Sienna ne l'avait pas interrompu ? S'il voulait m'embrasser et m'aimer, pourquoi m'avait-il rejeté à l'hôpital ? Pourquoi sort-il avec elle ? Les questions tourbillonnent dans mon esprit. Avec un peu de chance, je pourrai lui parler et obtenir des réponses, pense-je. J'attrape alors ma pinte de glace et la déguste en réfléchissant aux choses à dire lorsque je serai enfin seule avec lui.
Deux semaines plus tard, je suis allongée dans mon lit, la veille de mon départ pour l'université. Zayne et moi n'avons pas parlé depuis cette nuit-là parce que Sienna est toujours là, et quand elle n'est pas là, nos parents ou Danuel sont présents. Je décide donc de laisser tomber. S'il voulait m'embrasser cette nuit-là, il l'aurait fait, et s'il voulait être avec moi, il le serait. Cette dernière semaine, j'avais concentré mon énergie sur Danuel. Par ailleurs, on avait finalement fait le grand saut hier soir. On avait fait l'amour. C'était un peu émouvant, mais c'était bien pour une première fois. À cette réflexion, je soupire en me rappelant les événements de la nuit dernière.
La nuit dernière
Danuel et moi avons fait l'amour pour la première fois. C'était satisfaisant, et je ne le regrette pas, mais j'ai l'impression de le tromper pour une raison quelconque. Eh bien, je suppose que je trompe mon cœur. Après tout, je suis amoureuse d'un autre homme. Danuel m'attire et m'entoure de ses bras, mais je me retire. Je sais que je ne me sers de lui que pour atténuer la douleur.
— Je dois y aller, fais-je. Ma voix se brise alors que la vague d'émotions me frappe. Je me glisse donc hors du lit et lui tourne rapidement le dos.
— Bébé, vas-tu bien ? me demande-t-il. Je peux déceler de l'inquiétude dans sa voix, ce qui rend la situation encore pire. Il est si gentil, attentionné, il est trop bien pour moi.
— Je vais bien, réponds-je en essuyant les larmes de mes yeux. Ensuite, je me retourne vers lui et dépose un baiser sur ses lèvres. Par la suite, je le fixe un moment en caressant son visage, mais la douleur est trop forte, et je sens les larmes revenir. Il fallait que je parte.
— Promets-moi que tu ne me donneras jamais ton cœur, murmure-je avant de me glisser hors du lit pour m'habiller. Je ne pouvais pas dire s'il m'avait entendue ou pas, car il n'avait pas répondu de suite.
— Pourquoi ? lâche-t-il enfin alors que j'ouvre la porte pour partir. Je me fige sur place, refusant de regarder en arrière, car mon visage est maintenant couvert de larmes : — Pourquoi ne devrais-je jamais te donner mon cœur ? demande-t-il encore.
— Parce que je ne peux pas te donner le mien, dis-je. Sur ces mots, je franchis la porte en traînant les pieds, sans attendre sa réponse. Je rentre ensuite à la maison en sanglotant comme un bébé et je passe vingt minutes dans l'allée à pleurer avant de me ressaisir et de rentrer dans la maison. Une fois à l'intérieur, je me dirige vers la cuisine pour prendre un verre, car je suis déshydratée par tous ces pleurs. Quand j'entre, Sienna est assise sur le comptoir, ses jambes entourant Zayne. Elle le tire plus près avant de presser ses lèvres contre les siennes. Face à cette scène, mon cœur se brise à nouveau et je reste figée, les regardant alors que les larmes commencent à couler. Ne voulant pas me faire remarquer, je me jette à terre, rampe jusqu'à la buanderie et ferme la porte derrière moi. Je passe le reste de la nuit à pleurer.