— Bien sûr, réponds-je. Je vais ensuite vers mon placard, attrape un jean et l'enfile avant d'attraper mon sac à main et mes clefs de voiture pour me rendre rapidement au supermarché. Une fois sur place, je prends toutes les choses dont j'ai besoin et dix pintes de glace pour ma tracklist de rupture. Je l'écoute avant de m'endormir. J'écoute ces chansons tristes pour m'apaiser et m'endormir, surtout depuis que Sienna dort chez nous. Je ne les avais jamais entendus faire quoi que ce soit, mais mon imagination devient souvent débordante la nuit. La vendeuse regarde les glaces et moi comme si elle me jugeait, mais je n'ai pas honte.
— Sont-elles toutes à vous ? demande-t-elle.
— Oui, réponds-je en lui tendant ma carte. Je ne sais pas pourquoi elle demande ça. Je suis sûre qu'elle me voyait les mettre sur le tapis, alors cette question est bête. Une fois ma commande traitée, je saute dans ma voiture et rentre à la maison. Alors que je sortais les colis de ma voiture, Danuel se gare derrière moi.
— Salut bébé, fait-il en déposant un baiser sur mes lèvres. Ensuite, il prend les sacs de mes mains.
— Mince ! Ça fait beaucoup de crème glacée, remarque-t-il en ouvrant les sacs pour les examiner. J'essaie de le récupérer, mais il le tire hors de ma portée.
— Je croyais que tu voulais m'aider à les porter, mais de toute évidence c'est plus de la curiosité que de a générosité, fais-je. Il glousse en entendant cela, puis nous nous dirigeons vers la maison.
— Alors, qu'est-ce qu'il y a au menu ? demande-t-il.
— Rasta Pasta, fais-je avec un accent mexicain. Là, il me regarde, confus, alors que nous passons la porte.
— C'est un plat jamaïcain fait de pâtes. Maman est jamaïcaine, lui explique-je alors qu'on se dirige vers la cuisine.
— Intéressant, fait-il sur le champ avec un accent. Je glousse en entendant cela, parce que j'ai l'habitude du faux accent que les Américains utilisent dès qu'ils apprennent mon ascendance jamaïcaine. Je trouve ça drôle, mais maman déteste ça.
— Ne fais jamais ça devant ma mère, ou tu seras sur sa liste de merde pour toujours, préviens-je. Là, il pose les sacs sur le comptoir.
— Merci pour le conseil. On ne peut pas énerver la future belle-famille, répond-il ensuite. Aussitôt, je rigole.
— Qui va t'épouser ? fais-je ensuite. Il sourit à ma raponse.
— Alors, en quoi puis-je t'aider ? demande-t-il, changeant de sujet. Sur le champ, je regarde les ingrédients sur le plan de travail.
— Tu peux couper les poivrons pendant que je prépare le poulet et les crevettes, réponds-je.
— Aye, aye, capitaine, répond-il. Ensuite, il se penche et vole un baiser rapide avant de se mettre au travail. Je glousse doucement.
— Ahem ! entend-on aussitôt. Je m'arrête alors et tourne sur moi-même pour regarder Zayne qui se racle la gorge. Là, il me regarde d'un air renfrogné avant de se diriger vers le frigo avec ses béquilles. Il l'ouvre, attrape une bouteille de lait, puis se dirige en clopinant vers le comptoir pour prendre un verre.
— L'homme ne peut même pas entrer dans sa propre maison sans tomber sur une séance de pelotage, grommelle-t-il. Je fronce les sourcils en entendant cela. Pourquoi se plaint-il ? Je ne dis rien quand il fait des bisous à Sienna dans le salon en regardant la télé. A ce moment, Danuel rit, trouvant cela drôle. Je remarque qu'il n'est pas doué pour lire entre les lignes.
— Je suis désolé, mais les lèvres de ta sœur sont irrésistibles, commente-t-il ensuite. Sur le coup, mes joues rougissent et il me sourit. Zayne qui venait de porter le verre à ses lèvres, le lâche soudainement en entendant cela, ce qui le fait éclater, envoyant du lait dans toutes les directions et laissant du verre brisé sur le sol.
— Merde ! siffle-t-il.
— Vas-tu bien ? lui demande Danuel, inquiet, mais Zayne l'ignore et choisit de me regarder fixement à la place. Je ne comprends pas pourquoi il me regarde fixement, mais je me dis que je dois l'aider. Je m'approche alors de lui et lui tends la main, mais il fait un pas en arrière. C'est vrai, il m'avait dit de ne plus le toucher. Mon cœur se brise un peu tandis que je m'éloigne de lui. Tout ce que j'aimerais faire maintenant, c'est le serrer dans mes bras et l'embrasser, mais je ne peux pas. Pourtant, je dois l'éloigner des tessons de verre. Malgré moi, je fronce les sourcils puis appelle la personne que je déteste plus que tout au monde.
— Sienna, peux-tu aider mon frère ? fais-je. Je sais qu'elle n'est jamais très loin de là où il se trouve. Comme prévu, elle apparaît en quelques secondes avec ce sourire suffisant que je veux effacer de son visage. Elle passe ensuite devant moi et prend ses mains. Ma poitrine se serre alors qu'il la laisse le tenir et le guider loin des bris de verre. Dépassée, je me détourne d'eux parce que mon cœur ne peut plus supporter ce spectacle. Je risque de fondre en larmes.
— Je nettoie ça pour toi, entends-je par la suite. Je me tourne alors et souris à Danuel, qui prend le balai et la pelle. C'est exactement pour ça que je devrais tomber amoureuse de lui et non de mon connard de demi-frère.
*******
Zayne
Je sors de la cuisine en boitant avec le soutien de Sienna, en serrant la mâchoire.
— Bébé, ça va ? demande-t-elle alors que nous approchons de l'escalier. Non, je ne vais pas bien. Je suis énervé que ce con embrasse la fille que j'aime. Cependant, je ne peux pas dire à ma petite amie que je suis amoureux de quelqu'un d'autre, et que cette personne est ma demi-soeur qui sait ce que je ressens, mais qui pourtant se pavane ici avec son petit ami toute la journée. Je serre la mâchoire et je monte les escaliers en boitant. Ses lèvres sont irrésistibles ! Comme si je ne le savais pas. Bien sûr que je le savais. Je les avais goûtées plus d'une fois et j'avais souhaité passer toute une journée à l'embrasser. Cependant, elle m'avait rejeté. Toutefois, elle permet à ce voyou de l'embrasser quand il en a envie. Pensant à tout cela, je grogne alors que la douleur s'installe dans ma poitrine.
— Es-tu sûr que ça va ? me demande Sienna alors que je me dirige vers la chambre et boitille jusqu'au lit. Je m'assois ensuite, pose la béquille à côté de moi et prends mon téléphone. Sienna me rejoint sur le lit et s'allonge sur le dos, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde pour elle. Quand est-ce qu'elle rentre chez elle ? me demande-je en la regardant manipuler son téléphone. Elle était restée ici toute la semaine, et bien que j'apprécie son dévouement, je commence à me sentir étouffé.
— Sienna, tu devrais rentrer chez toi. Je vais vraiment bien. Si j'ai besoin de quelque chose, Mai... mes parents seront là, fais-je. J'avais failli dire Maija.
— Je sais, bébé, mais je veux juste prendre soin de toi. C'est mon devoir, répond-elle avant de se redresser et de me donner un rapide baiser sur les lèvres. Ensuite, elle se remet à faire défiler son téléphone pendant que je soupire. Je suppose que c'est la fin de la conversation. Toutefois, c'est peut-être bien qu'elle soit là. Au moins ainsi, je ne serai pas la troisième roue du carrosse de Maija et Danuel. Mettant mes écouteurs dans mes oreilles, je cherche la chanson que j'ai en boucle depuis deux nuits,"Jealous". Étonnamment, c'est la seule chanson que je veux écouter, cette même chanson qui avait failli me coûter la vie. D'aucuns l'auraient supprimée, mais moi je ne peux pas cesser de l'écouter, parce que les mots expriment ce que je ressens actuellement.
Quand il arrive au refrain, je me souviens de Maija à l'hôpital. Elle disait "Je t'ai..." avant que Sienna n'arrive et l'interrompe. Ça repasse en boucle dans ma tête. Mon cœur veut croire qu'elle me disait qu'elle m'aime, mais j'en doute. Elle voulait peut-être dire : "Je t'aime comme un frère. Est-ce qu'on peut être amis, pour que je baise Danuel ?" Si c'est ce qu'elle allait dire, c'est une bonne chose que Sienna soit arrivée. Je ne pense pas que mon cœur puisse supporter d'être relégué dans la zone ami/frère. "Je suis jalouse de la façon dont tu es heureux sans moi." Ça se répète dans mon oreille alors que la chanson continue. Dépassé, je glousse amèrement. Elle est heureuse. Peut-être que ça devrait être suffisant. J'ai toujours entendu dire que les gens qui ont un amour non partagé trouvent de la joie dans le bonheur de l'autre. Alors pourquoi suis-je si amer ? Pourquoi ne puis-je pas être heureux qu'elle soit heureuse ? Pourquoi est-ce que je veux qu'elle soit malheureuse si elle n'est pas avec moi ? Je suppose que je ne suis pas un amoureux désintéressé. À cet instant, l'image de Maija embrassant Danuel me revient en tête. Maintenant, je suis sûr qu'ils ont déjà fait plus que s'embrasser. Putain ! N'en pouvant plus, j'enlève les écouteurs de mes oreilles et je me redresse.
— Es-tu sûre que ça va, bébé ? demande Sienna. Sans répondre, je la tire dans mes bras et commence à l'embrasser, en retirant ses vêtements. Elle n'est peut-être pas celle que je veux, mais elle est celle que j'ai, et en ce moment, j'ai besoin d'une distraction.