Trois jours plus tard
Depuis quelques jours, je garde mes distances avec ma séduisante demi-sœur. Je passe mon temps dans ma chambre à jouer à des jeux vidéo pour l'éviter. J'ai également convaincu maman de me laisser sauter le dîner de famille parce que je ne me sentais pas bien. Je ne l'avais vue qu'une seule fois dernièrement, et c'était lorsqu'elle avait un autre rendez-vous avec Danuel hier. J'avais passé dix minutes à la fenêtre à le regarder la prendre puis à fixer la voiture pendant qu'ils partaient. Je sais que je suis pathétique, hein ? Moi qui n'avais jamais eu à courir après quelqu'un, je me comporte maintenant comme un minable pour une fille qui m'avait clairement fait comprendre qu'elle ne pensait qu'à ma queue. Dépassé par cette situation, je soupire et remets mes écouteurs dans les oreilles, puis m'allonge sur le lit. Je regarde ensuite la playlist de mon téléphone, espérant trouver quelque chose pour me remonter le moral. Mais soudain, j'entends quelqu'un frapper à la porte. Je regarde l'heure et me rends compte qu'il est déjà 16 heures. Maman et papa devraient encore être au travail, donc ça ne peut être qu'une seule personne, elle. Une légère douleur me pince le cœur à la pensée de son visage,
— Zayne, c'est moi, fait-elle. Je me lève immédiatement au son de sa voix, et la douleur dans ma poitrine disparaît. J'ai envie de courir jusqu'à la porte, l'arracher, la soulever dans mes bras et la faire tourner pendant qu'elle remplit mes tympans du son de son rire joyeux, mais je ne peux pas. J'ai besoin de me calmer. Qu'est-ce qu'elle veut ? Avait-elle changé d'avis ? Est-ce qu'elle réalise enfin qu'elle ressent la même chose que moi ? Rempli de questionnements, je m'approche de la porte avec hésitation. À ce stade, mes mains sont un peu moites. Lentement, j'ouvre la porte et mes yeux tombent sur elle. Elle porte un petit short cargo et un haut moulant gris. Elle est irrésistible sans effort, avec ses cheveux afro. Elle est si belle, si désirable. Mon cœur bat la chamade quand elle sourit. Je veux tendre la main et lui caresser la joue, puis l'attirer dans un baiser passionné, mais ça aussi, je ne peux pas le faire. Là, je me mords la lèvre et gémis. C'est trop dur de la voir et de ne pas la toucher.
— Salut, murmure-t-elle.
— Salut, réponds-je, mais je n'entends pas le son de ma voix à cause de mon cœur qui bat la chamade.
— Nous sommes sur le point de commencer un film. Veux-tu te joindre à nous ? me demande-t-elle. Mon cœur s'effondre lorsque je réalise qu'elle n'avait pas changé d'avis. Non, elle est juste là pour donner suite à sa promesse initiale d'être mon amie.
— Nous ? fais-je, ma voix étant empreinte de dédain.
— Euh, ouais, Danuel et moi, répond-elle, faisant ainsi chuter mon cœur de ma poitrine à mes pieds. Aussitôt, la colère monte en moi.
— Es-tu sérieuse là, putain ? Pourquoi diable voudrais-je regarder un film avec Danuel et toi ? gronde-je.
— Je... je pensais juste... balbutie-t-elle, mais je l'interrompt.
— Juste quoi ? Que tu pourrais encore une fois me montre que tu n'en as rien à faire de moi ou de mes sentiments, n'est-ce pas ? T'inquiètes, tu avais été assez claire à la cabane. Pas besoin de me le rappeler, fais-je aussitôt. Ma voix se brise à la fin à cause de la douleur que je ressens maintenant.
— Zayne, je me soucie... commence-t-elle, mais je ne veux pas l'entendre.
— Arrête moi ça ! dis-je, en l'interrompant. Si elle se souciait un peu de moi, elle saurait que me demander de la regarder embrasser Danuel serait l'une des choses les plus difficiles que j'aurais à faire. Là, elle détourne les yeux alors que je la regarde fixement.
— Je suis désolée de t'avoir dérangé, dit-elle en descendant les escaliers, les épaules relâchées. J'ai mal au cœur en la regardant s'éloigner. Mince ! Très remonté, je serre le poing et claque ma porte. Je saute ensuite sur mon lit et attrape mes écouteurs que j'enfonce dans mes oreilles. J'écoute le premier morceau qui me tombe sous la main, en espérant me changer les idées, mais ça ne marche pas. Encore plus en colère, je grogne, arrêtant la musique. Comment ose-t-elle me demander ça ? Essayait-elle sérieusement de me dire qu'elle était passée à autre chose ? Sur cette pensée, un rire d'autodérision m'échappe. Il aurait d'abord fallu qu'elle ait des sentiments pour passer à autre chose, n'est-ce pas ? Elle ne se soucie que de Danuel. Sur cette réflexion, je fronce les sourcils en retirant mes écouteurs et en sautant du lit, agacé et rempli de jalousie. Ce n'est pas possible qu'ils regardent un film chez moi et qu'ils en profitent pour se câliner et s'embrasser. Plus j'y pense, plus je suis en colère. Je ne le permettrai pas. Pas dans ma maison, déclare-je. Mais que puis-je faire ? Elle vit ici aussi, alors je ne peux pas simplement leur demander de partir.
Je fais les cent pas dans ma chambre pendant quelques minutes, réfléchissant profondément. Soudain, le plan parfait me vient à l'esprit. Le disjoncteur du théâtre est de ce côté de la maison. Je le sais parce que j'avais l'habitude de l'éteindre quand j'étais plus jeune. Chaque fois que papa organisait une de ses fêtes, il refusait de me laisser y assister, alors je sabotais. Bien sûr, en grandissant, j'étais autorisé à assister aux fêtes, donc je n'avais pas joué avec le dispositif depuis des années. J'espère que je me rappelle encore quels interrupteurs éteignent quelles lumières. Oh, qu'importe, je trouverai bien. Avec enthousiasme, je grimace devant le miroir avant de descendre les escaliers. Ensuite, comme un chat cambrioleur, je me faufile jusqu'au cinéma pour écouter le début du film. Une fois qu'il a commencé, je sprinte jusqu'à la salle de repos, éteignant tous les disjoncteurs de cette moitié de la maison. Je sais que c'est mesquin et enfantin, mais ma jalousie prend le dessus en ce moment. Ils peuvent trouver un autre endroit pour s'embrasser, du moment que ce n'est pas ici. Je retourne ensuite furtivement au théâtre pour assister aux résultats de mon méfait. Ils devraient être en train de partir, mais je n'entends que leurs voix détendues. Je m'approche donc de la porte et je jette un coup d’œil.
— Je ne savais pas que les lumières des riches pouvaient être éteintes, dit Maija, ce qui me fait rire alors que je devrais être énervé.
— Il y a probablement une coupure de courant dans la région, répond Danuel, ce qui efface le sourire de mon visage.
— Combien de temps penses-tu que ça va durer ? demande encore Maija.
— Je ne sais pas. Ça pourrait être quelques minutes ou quelques heures, lui répond l'autre.
— Veux-tu aller au cinéma à la place ? demande la jeune fille. Oui, ils devraient aller au cinéma, me dis-je, mais Danuel avait d'autres plans.
— Pourquoi partirais-je alors que j'ai la plus jolie des filles seule dans une pièce sombre, rien que pour moi ? Qu'est-ce qu'un homme peut demander de plus ? répond-il. En entendant cela, je serre le poing. Il a raison. Je n'ai fait que créer l'ambiance pour eux. Je suis stupide. Je devrais me frapper en plein visage.
— Je n'aime pas le noir, répond Maija, ignorant son compliment. Attends, elle n'aime pas le noir, dit-elle ? Je ne le savais pas. Aussitôt, la culpabilité m'envahit. Je suis la raison pour laquelle elle est dans le noir avec ce loser.
— Aww, mon bébé a peur du noir ? Viens ici, je vais te protéger, lâche l'autre idiot. En entendant cela, je serre la mâchoire. Qui appelle-t-il son bébé ? Elle n'est pas à lui.
— Je ne suis pas ton bébé, et je n'ai pas dit que j'en avais peur. J'ai juste dit que je n'aimais pas ça, répond la jeune fille. Je lève le poing en entendant cela. Oui, ce n'est pas son bébé. Si elle doit être à quelqu'un, elle sera à moi. J'ai besoin de surmonter l'obstacle de son rejet. Il faut qu'elle dépasse le problème du "nos parents sont ensemble". Je soupire alors qu'ils continuent de parler. Je devrais vraiment partir et cesser d'espionner. Elle ne tombera pas amoureuse de moi si je continue d'agir de façon pathétique. Sur cette réflexion, je jette un dernier coup d'œil. Là, Danuel allume la lampe de son téléphone et la projette sur son visage. Elle le regarde d'un air renfrogné et repousse sa main. Je ricane face à ce geste. Elle est encore plus jolie quand elle est renfrognée. Ça me donne envie d'embrasser ses lèvres pulpeuses.
— Bébé, calme-toi. Je veux juste voir ton joli visage, dit l'autre, puis il se penche vers elle et l'embrasse. Mon cœur se serre quand leurs lèvres se rencontrent. Elle est à moi. Je suis le seul qu'elle devrait embrasser. Je serre le poing, combattant l'envie de l'arracher d'elle. Je sais que je ne peux pas faire cela, car elle me détesterait. Elle n'est pas à moi, elle ne le sera jamais. Je devrais m'y faire. Mes épaules s'affaissent et je retourne vers le disjoncteur, allume les lumières, puis me dirige rapidement vers ma voiture pour aller chez Sienna.