Zayne
Je reste dans le lit pendant que Maija s'endort. Mais chaque fois que je ferme les yeux, son visage surgit dans ma tête. Comment peut-on dormir quand on se sent torturé de cette façon ? Je passe des heures à l'écouter respirer dans mes bras, puis j'ouvre les yeux pour regarder son visage endormi. Elle a l'air si paisible et si belle, mon ange. Je me serais battu plus fort si elle m'avait donné le moindre signe qu'elle ressentait la même chose que moi. J'aurais dit "au diable nos parents", je serais entré dans cette maison et je leur aurais dit que nous serions ensemble qu'ils le veuillent ou non. Cependant, tout ce qu'elle ressent pour moi, c'est une attirance sexuelle. Je suppose que c'est parce que j'étais à fond sur elle et que je la provoquais continuellement que je n'avais pas remarqué cela. J'ai mal au cœur, mais il y a quelque chose que je dois dire avant de pouvoir lâcher prise. J'aimerais que tu sois réveillée pour l'entendre, mon amour.
— Je t'aime bien. J'ai envie de toi. J'ai besoin de toi parce que je suis tombé amoureux de toi dès que je t'ai rencontré, dis-je à voix haute. Je sais qu'elle ne peut pas m'entendre, mais j'ai le cœur plus léger rien qu'en le disant à voix haute. Elle croit que nous pouvons tomber amoureux d'autres personnes. Attristé par cette pensée, je soupire en prenant sa main et en l'embrassant avant de la placer sur mon cœur. C'est probablement trop tard pour moi, car mon cœur lui appartient déjà. Lentement, je referme les yeux, avec sa main toujours sur mon cœur et je l'écoute dormir.
*****
Le chant des oiseaux me tire de mon sommeil. J'ouvre les yeux lentement. Quand me suis-je endormi ? Je regarde de l'autre côté du lit et constate qu'il est maintenant vide. Je souris doucement en réalisant cela, tandis que le sentiment de vide prend sa place dans mon cœur. C'est comme ça que ce sera à partir de maintenant, alors je ferais mieux de m'y habituer, me dis-je. Sur cette réflexion, je soupire puis je prends mon téléphone et vérifie l'heure. Mince ! Il est midi, et je devrais me lever. Rapidement, je saute hors du lit, me dirige vers la salle de bain et me brosse les dents. Les femmes de chambre veillent toujours à ce que la cabane soit approvisionnée puisque j'y dors parfois quand je suis à la maison. Je regarde mes yeux attristés pendant que je me lave le visage et soupire à nouveau. Je suppose que je mérite d'avoir le cœur brisé après avoir joué avec toutes ces filles. Je me doutais qu'un jour, une femme viendrait et me briserait le cœur, mais je n'aurais jamais pensé que ce serait si tôt. Après avoir séché mon visage, je me regarde une dernière fois dans le miroir, puis je sors de la cabane et rentre à la maison. Mais alors que je m'approche de la porte de la cuisine, elle me revient en tête. Comment me sentirais-je en la voyant après qu'elle m'ait brisé le cœur ? Comment devrais-je me comporter ? Je sais qu'elle veut que nous soyons amis, mais je ne sais pas si je peux lui donner cette satisfaction, parce que j'ai envie de l'embrasser sans retenue dès que je la vois. Je gémis en me rapprochant de la porte, mais je m'arrête brusquement lorsque j'entends un rire. Aussitôt, je recule, comme si j'avais été frappé par une tonne de briques. Comment peut-elle être heureuse en ce moment alors que je suis si dévasté ? Dépassé, je ricane amèrement. C'est vrai, elle n'a jamais eu de sentiments pour moi. Sur cette pensée, je serre le poing et continue de marcher. Je tire ensuite la porte et entre dans la cuisine.
— Luffy est cool et tout, mais je suis attiré par les vrais hommes. Zoro est trop chou. C'est mon mari, dit-elle en souriant tout en étant couverte de farine. À côté d'elle se trouve le gars avec qui elle était à la fête hier soir. Ils sont tous les deux dans leur bulle et donc, ne remarquent pas ma présence.
— Tu délires ! Luffy est la star. Comment peux-tu louanger Zoro ainsi ? dit le gars.
— Il utilise sa bouche pour tenir sa troisième épée. Ce seul point est déjà suffisant pour justifier mon point de vue, répond Maija en remuant la pâte.
— On dirait que tu veux cacher la quatrième épée, répond effrontément le type. Aussitôt, elle lève les yeux et halète. C'est à ce moment là que nos regards se croisent. Mais sur le champ, elle détourne les yeux et marmonne un salut silencieux à mon intention avant de retourner à son mélange. Gin regarde autour de lui, confus, jusqu'à ce qu'il me repère.
— Zayne, mon pote. Je donnais une leçon à ta sœur sur les bandes dessinées, puisqu'elle ne les regarde de toute évidence que pour désirer les personnages masculins, fait-il. Ensuite, il rit et se dirige vers moi. C'est alors que je réalise enfin d'où je le connais. On était au lycée ensemble. Je me renfrogne en les regardant tous les deux. Mon Dieu, elle passe vite à autre chose.
— Très drôle ! Toi ? Me donner des leçons sur les bandes dessinées ? Il faudrait déjà que tu sois plus informé que moi dans ce domaine. De plus, qu'y a-t-il de mal à désirer ? Veux-tu insinuer que tu n'as pas de Waifu ? lance Maija à l'autre.
— Je plaide le cinquième amendement, répond ce dernier. Ils se mettent aussitôt à rire tous les deux, comme si je n'étais pas là. Je m'éclaircis alors la gorge. Là, elle devient silencieuse, baisse la tête et fixe son bol. Bien. Au moins elle a un peu honte.
— Bonjour sœurette. Je croyais que tu sortais avec Danuel, mais c'est Gin maintenant ? fais-je. Je me moque d'elle et ma voix est teintée de vinaigre. Moi je suis blessé, et elle est là, à s'amuser comme une folle.
— Bonjour Zayne. Gin et moi sommes amis. Il est ici pour emprunter le dernier film One Piece, me répond-elle, puis elle lève enfin les yeux vers moi, mais je préfère qu'elle garde la tête baissée parce que je ne vois pas la douleur que je ressens se refléter dans ses yeux bruns. Elle a l'air bien, parfaitement contente de me briser le cœur et tout.
— Ah oui ? C'est cool ça, n'est-ce pas ? réponds-je. Je me sens très amer, et je ne compte pas le cacher.
— Vas-tu bien ? demande-t-elle doucement, les yeux remplis de pitié. Je n'ai pas besoin de ta pitié, dis-je dans mon esprit.
— Pas aussi bien que toi, visiblement, mais ça va aller, lance-je en guise de réponse. Tout ce temps, Gin nous regarde, confus. Face à ma réponse, Maija grimace un peu, mais se secoue et sourit, hochant la tête avant de reporter son attention sur Gin.
— Gin, passe-moi cette boîte là-bas, fait-elle. Suis-je donc devenu insignifiant à ce point ? Je serre le poing face à sa réaction. Je m'en veux parce que même si elle m'a brisé le cœur, tout ce que je veux, c'est la plaquer contre un mur et l'embrasser jusqu'à ce qu'elle tombe amoureuse de moi. Je ne peux simplement pas essayer de me faire à l'idée qu'elle soit avec quelqu'un d'autre. Inspirant profondément, je me calme un peu et décide que la meilleure chose à faire pour l'instant est de mettre de la distance entre nous. Je me dépêche alors de la dépasser, mais dans mon mouvement, nos peaux se touchent à peine, et la chaleur me parcourt le corps. Je m'empresse de monter les escaliers, troublé. Je vais certainement devoir garder mes distances si je veux rester sain d'esprit. Ce ne sera pas facile, mais je n'aurais besoin de faire cela que pour les trois dernières semaines de l'été, jusqu'à ce que je retourne à l'université.