Mercredi matin, à la résidence Bourgeois.
Roger était rentré à la maison la nuit précédente, au grand plaisir d'Alexie.
Elle ordonna donc aux serviteurs de préparer son petit-déjeuner préféré tôt le matin et demanda spécifiquement à Phillipe et Priscille de descendre tôt, pour qu'ils prennent le petit déjeuner ensemble. En réalité, les mots qu'elle avait dit il y a quelques jours avaient mis Phillipe en échec depuis tout ce temps. Il rentrait donc tôt à la maison et dinait avec elle. De son côté, récemment, Priscille
n'eut pas beaucoup de contact avec Mathéo, et à part suivre ses cours, elle pratiquait sa peinture à la maison. Pour elle, le banquet maître-apprenti qui se tiendrait dans une semaine prenait le pas sur tout le reste. Toutefois, elle avait un secret qu'elle gardait, un secret que personne d'autre ne connaissait. À mesure que le jour du banquet approchait, son anxiété grandissait. Chaque jour, elle était remplie de crainte et d'appréhension à l'idée que son secret soit découvert. Ses rêves étaient remplis de scènes de son secret étant exposé, l'amenant à paraître malade. Alexie remarqua son malaise, mais n'y prêta pas beaucoup d'attention. Elle pensait seulement que la jeune fille était sous trop de pression. Elle ne la réconforta pas non plus, car selon son point de vue, la pression était un motivateur. Pour elle, Priscille devait surpasser
toutes les autres filles. Ce n'est que lorsque Roger s'assit à table que tout le monde se mit à manger. Le chef de famille regarda la variété de mets sur la table, tous pour la plupart ses plats préférés. Jetant un coup d'œil à l'expression impatiente sur le visage d'Alexie, il répondit par un hochement de tête et dit avec son ton habituel :
"Tu as travaillé dur." Aussitot, Alexie ressentit une pointe de déception. Peu importe à quel point elle s'efforcait d'être parfaite, l'attitude de Roger envers elle restait la même, froide et indifférente. Indépendamment de son malheur, elle maintint sa façade polie et vertueuse intacte.
"Ne t'inquiètes pas. Tant que les enfants et toi êtes satisfaits du repas, ça me va", répondit-elle. Assise, Priscille regarda vers les boules de vin de riz devant Phillipe,
puis vers le gâteau à l'osmanthus le plus proche d'elle. Ensuite, elle baissa les yeux. Visiblement, sa mère bien-aimée semblait avoir depuis longtemps oublié son allergie à l'osmanthus depuis l'enfance. Elle se souvenait seulement de ce que son mari et Phillipe aimaient manger. Quelle absurdité ! pensa-t-elle. À ce moment, le majordome de la famille entra par la porte, tenant une invitation dans ses mains. Priscille et Phillipe devinèrent immédiatement qu'il s'agissait de l'invitation à leur Festival d'Art Scolaire. Phillipe fut le premier à parler, disant :
"Majordome, est-ce l'invitation à notre festival d'art scolaire ?" Renaud acquiesça, gardant son ton respectueux en disant :
"Oui, jeune maître. Elle vient d'être livrée par l'Université de Luminara." En entendant cela, Roger lui fit signe de lui remettre l'invitation. Recevant le signal, le majordome transmit respectueusement l'invitation. Roger l'ouvrit alors pour regarder. Le Festival d'Art était prévu pour le vendredi, précisément dans deux jours. Chaque année, le Festival d'Art de l'Université de Luminara invitait des membres des quatre grandes familles à assister à l'événement. Les deux années précédentes, il n'avait pas assisté en raison de voyages d'affaires hors de la ville. Cette année, il était donc déterminé à y assister. Après avoir été ignoré par Danielle la dernière fois au poste de police, il n'avait pas eu une autre chance de la revoir. Il abritait d'innombrables questions dans son cœur, des questions qu'il devait lui poser face-à-face.
Pendant cette période, il ne pouvait pas dormir la nuit. Danielle et l'identité des
personnes autour d'elle étaient devenus des nœuds dans son vieux cœur.
"Je le note bien. Je suis libre ce vendredi. J'irai voir", dit-il. À ses mots, Alexie pensait qu'il prenait cette décision pour Priscille, donc elle était très heureuse. Elle tourna même la tête et dit à sa fille :
"Priscille, ton père vient spécialement pour regarder ton concours. Tu dois faire
de ton mieux." Même si Roger n'avait aucune affection pour Alexie, il était toujours
bon pour sa fille, Priscille.
"Priscille, tu participes au concours de peinture cette année, n'est-ce pas ?" demanda-t-il. La jeune fille acquiesça alors avec un sourire, une pointe de fierté dans sa voix, et répondit :
"Oui, papa. C'est de la peinture chinoise traditionnelle. Les responsables de l'universite m'y ont inscrite." Soudain, Phillipe l'interrompit depuis le côté, un peu ravi de sa maladresse.
"Papa, maman, vous ne le savez peut-être pas, mais grande sœur participe aussi au concours", dit-il. Sur le coup, Alexie fut surprise et regarda Priscille, quelque peu réprobatrice. Pourquoi ne l'avait-elle pas informée de cela ? À ce moment, la main de la jeune fille se serra autour de sa cuillère, et elle enfonça négligemment quelque chose dans sa bouche, seulement pour découvrir peu après que c'était du gâteau à l'osmanthus, son moins préféré. Voyant que Roger n'avait pas réagi, Alexie rit doucement, se sentant plus à l'aise.
"Dans quelle catégorie Danielle s'est-elle inscrite ?" demanda-t-elle.
"Maman, grande sœur n'est pas comme Priscille qui ne participe que dans une catégorie. Danielle participe dans quatre catégories : piano, échecs, calligraphie et peinture", répondit le jeune homme. Dès qu'il dit cela, la main que Roger utilisait pour prendre la nourriture s'arrêta en plein vol. Regardant Phillipe souriant, il demanda :
"Vraiment ? La politique du festival des arts de l'université ne stipule-t-elle pas que tout le monde ne peut participer que dans une catégorie ?" Là, Phillipe n'osa pas être trop imprudent. Après tout, il comprenait la position de Danielle dans le cœur de son père, alors il retira son sourire et dit :
"En effet, mais je dis vrai. Demande à Priscille si tu ne me crois pas." Au même moment, Priscille leva les yeux et dit :
"Oui, papa. Sœur s'est inscrite à quatre épreuves. La liste est déjà sortie." Suite à cela, Roger se tut. Il ne dit rien pendant un moment avant de partir avec la gouvernante, laissant Alexie, Phillipe, et Priscille se regarder.
"Danielle a-t-elle perdu la tête ? Comment ose-t-elle s'inscrire à quatre épreuves
? Pense-t-elle qu'elle est quelqu'un d'extraordinaire ?" gronda Alexie. Phillipe était d'accord avec elle. Tous les deux maudirent Danielle et la critiquèrent longuement. Cette fois, Priscille ne parla pas. Elle baissa juste la tête et mangea. Elle méprisait Danielle, mais détestait aussi ces deux personnes en face d'elle, l'une sa mère, l'autre son frère. Le jour de début du Festival d'Art de l'Université de Luminara arriva comme prévu. Tôt le matin, l'université commença à bourdonner. Dès l'entrée du
campus, il y avait d'énormes banderoles des deux côtés de la route, souhaitant
au Festival d'Art un grand succès. Très accrocheur. Le grand hall avait été
décoré tôt avec des ballons, des lumières colorées, des fleurs, et toutes
sortes d'ornements visant à créer une atmosphère joyeuse. Même chaque siège
était orné de rubans multicolores. Les étudiants aussi étaient très enthousiastes. À part les pauses pour les vacances d'hiver et d'été, il n'y avait pas de cours dans tous les départements pendant ces trois jours où les épreuves du Festival d'Art avaient lieu, permettant une liberté d'activités. En raison du nombre limité de places dans la grande salle, afin de garantir que tous les étudiants de l'Université puissent assister à la soirée et aux compétitions, un grand écran fut spécialement installé sur le terrain de sport pour une diffusion en direct simultanée. Le Festival d'Art avait non seulement invité certains des entrepreneurs et artistes célèbres de la ville H, mais les médias étaient également venus sur place pour couvrir l'événement. L'ensemble de l'Université était débordant d'énergie juvénile.
Salle VIP de l'Université de Luminara. Afin de gagner les faveurs des personnes des quatre familles éminentes, Fiona Rocher avait spécialement préparé pour eux un salon luxueux séparé des invités réguliers. Cependant, pour des raisons inconnues, le directeur de l'université accorda de l'importance à une question aussi insignifiante, rejetant cette proposition et exigeant l'égalité, insistant pour que tous les invités utilisent la même salle. Sans autre choix, Fiona dut réarranger, mais elle avait encore un tour dans son sac. Elle plaça les familles Lupin et Durant à l'avant, tandis que les deux autres familles furent placées à l'arrière. Roger et Alexie vinrent ensemble. Alexie portait un qipao violet qui mettait en valeur sa silhouette pulpeuse. Elle portait autour de son cou un collier de jade incrusté d'une émeraude, et ses oreilles étaient ornées de boucles assorties en jade. On pouvait dire qu'elle y avait mis de la pensée, créant un charme unique. En revanche, Roger ne fit pas beaucoup d'effort, toujours vêtu de son habituel costume gris ardoise qu'il portait pour aller travailler. Les deux
se tenant côte à côte semblaient parfaitement assortis. Quand ils furent sur
place, ils croisèrent Rose à la porte de l'université. Contrairement à Priscille, Alexie était, après tout, une aînée. Devant tant de personnes, Rose lui témoigna donc beaucoup de respect. Son sourire était radieux et elle prit même l'initiative de les
saluer. Les médias présents sur place capturèrent immédiatement ce moment.
L'image ne tarda pas à obtenir un titre, disant :
"Mademoiselle Lupin fait activement preuve de bonne volonté envers la famille Bourgeois pour demander la main de Priscille en mariage pour son jeune frère." Les trois personnes coopérèrent pour prendre des photos avec des sourires forcés. Tout ce temps, ils faisaient leurs propres petits calculs dans leurs cœurs.
"Monsieur et Madame Bourgeois, cela faisait longtemps", dit subitement une voix. Aussitôt, ceux qui continuaient encore à prendre des photos firent momentanément une pause. Cette voix ?