Dans les toilettes, plusieurs personnes regardaient Priscille en silence,choisissant soigneusement leurs mots. "Priscille, nous plaisantons simplement. Ne le prends pas à cœur. Être jolie est inutile comparé à ton talent."
"C'est vrai. Le mois prochain, tu seras officiellement la dernière disciple de M. Nolan. Comment des personnes comme elle peuvent-elles se comparer à toi ?"
"Exactement. Nous ne savons même pas d'où elle vient. Elle ne peut pas rivaliser avec toi."
Feignant l'indifférence, Priscille rit doucement. Elle sécha ensuite ses mains et adopta une attitude décontractée, tout en restant humble. "Cependant, Rose est la véritable beauté du campus. Je dois aller voir Mathéo jouer au basket, donc je vous laisse."
"N'est-ce pas M. Lupin qui joue un match amical avec l'Université de Cardended aujourd'hui ?"
"Nous t'envions tellement, Priscille. Épouser M. Lupin qui est si beau…"
"Priscille et M. Lupin, vous deux êtes un couple fait au paradis." "C'est vrai. C'est vrai." Les amies de Priscille ne manquaient aucune occasion de lui jeter des fleurs. En surface, la jeune fille agissait comme si elle ne s'en souciait pas. Mais au fond, elle était ravie. Leurs flatteries la faisaient se sentir sur un petit nuage.
"Eh bien alors, allons-y ensemble, Priscille", implora l'une d'entre elles. Ne voulant pas perdre la face, Priscille n'avait d'autre choix que de les laisser venir avec elle. Toutefois, elle savait qu'elles idées elles avaient derrière leurs têtes. En réalité, tous les jeunes qui suivaient Mathéo étaient tous des
héritiers de familles prestigieuses. Les filles espéraient simplement s'accrocher à l'un de ces types fortunés. Malheureusement pour elles, ce groupe de vulgaires nouveaux riches n'était composée que de gens trop occupés à jouer aux beaux. Pourquoi s'intéresseraient-ils alors aux filles issues de familles moins fortunées ? pensa-t-elle.
Salle de classe du Département de Physique.
Serge, dans la trentaine, avait poursuivi ses études post-universitaires
juste après avoir obtenu son diplôme de l'Université de Luminara. Il fut
donc retenu par Arnaud pour enseigner. Désormais dans la trentaine et toujours célibataire, il ne voulait vraiment plus superviser d'étudiants cette année-là. Cependant, le principal insistait pour qu'il en reprenne un, ne lui laissant pas d'autre choix que d'accéder. Ayant examiné le profil de Danielle, Serge éprouvait un profond regret. Y avait-il une chance de reculer maintenant ? Quel genre d'étudiante était-ce ? À part son sexe, sa date de naissance et son nom, son CV était vide. Comment quelqu'un pouvait-il n'avoir aucune expérience, pas même jusqu'à l'école élémentaire ? Plus tard, il apprit que l'étudiante que le directeur avait mise sous sa responsabilité était un enfant perdu de la famille Bourgeois, retrouvé tout
récemment après plus de vingt ans. Il apprit aussi qu'elle ne fut admise à l'université que parce que la famille Bourgeois avait fait don de cinquante millions de matériels de laboratoire. Cette information lui donna encore plus mal à la tête. Oh, la mauvaise influence du capitalisme ! pensa-t-il. Dos au mur, il se résigna. Avec le profil de Danielle, il lui semblait qu'ils devraient commencer le travail à zéro.
En y pensant, il se dit que son plan de jumelage pour cette année tombait de nouveau à l'eau. Danielle étant devant lui, il la regarda attentivement. C'était clairement une belle fille, mais elle dégageait une aura de froideur, la rendant inapprochable. Pourquoi se tenait-elle ainsi ? Tant de réflexions donnèrent à Serge une migraine. Après avoir pesé ses options, il
décida d'engager la discussion.
"Danielle, as-tu choisi de te spécialiser en physique parce que tu aimes cette matière ?" lui demanda-t-il. À cette question, Danielle croisa une jambe et dit d'une voix légèrement rauque :
"Je n'aime pas."
"Oh, si tu aimes alors... Ah ? Qu'as-tu dit ? Tu n'aimes pas ?" demanda l'autre, perdu.
"Alors pourquoi choisir le département de physique ?" demanda-t-il par la suite. N'affichant aucune émotion,
la jeune femme bâilla, s'éveilla un peu et réfléchit pendant un moment. Devrait-elle dire la vérité ? se demanda-t-elle.
"Simple, pas embêtant", lâcha-t-elle.
Cette réponse laissa Serge perplexe. Pour la première fois de sa vie, il ne
savait pas quoi dire. Simple ? Pas embêtant ? La physique ? Était-elle folle,
ou avait-il mal entendu ? Le monde s'était-il transformé en univers
fantastique, avec quelqu'un affirmant réellement que la physique était simple ? Il avait vu beaucoup de personnes rendues folles par la physique, mais elle était la première à dire une telle chose. Comprenait-elle vraiment ce qu'était la physique ? Il savait qu'elle venait de la campagne et, craignant de blesser son amour-propre, il ne put que dire doucement : "Mademoiselle Danielle, la physique, eh bien, c'est une matière très profonde, pas aussi simple que vous pourriez le penser. Mais ce n'est pas grave. Puisque le principal me veut comme votre mentor, je ferai de mon mieux. Vous devez aussi faire des efforts. Sur ce, je vais vous donner quelques exercices basiques. Travaillez dessus tranquillement chez vous, et s'il y a quoi que ce soit que vous ne comprenez pas, demandez-moi
simplement."
"Serge, je comprends la physique. Je n'ai pas...." commença Danielle.
Cependant, ses paroles furent interrompues par un coup à la porte.
Au match de basket de l'université de Luminara, Leo Cresus du département de Physique avait accidentellement percuté Mathéo. Après avoir perdu le match, Mathéo se sentait déshonoré, le blâma pour le gâchis. Il était donc déterminé à donner une leçon à Leo. Voyant la situation, les autres membres du département de physique se
précipitèrent au bureau de Serge pour qu'il intervienne. Mathéo était en effet réellement impitoyable. Au cours des deux dernières années à l'école, quiconque le provoquait se retrouvait dans un état déplorable. elles finissaient à l'hôpital ou quittaient l'université. Une fois, un jeune étudiant était devenu dépressif à cause du harcèlement de Mathéo et il était tombé du quatrième étage, se cassant la jambe. Bien que sa famille ait porté plainte, rien n'y fit. La famille Lupin régla l'affaire avec une certaine indemnisation. Par conséquent, cela encouragea Mathéo, le rendant plus effronté. Il était désormais le tyran incontesté de l'université de Luminara.
"Leo et Mathéo se disputent. Mathéo est sur le point de frapper Leo. Il faut que vous veniez ! Vite !" s'écria l'étudiant ayant toqué.
"Qui ? Mathéo ? Mathéo Lupin ?" demanda Serge.
Sans même attendre la confirmation, il sortit précipitamment, suivant
l'étudiant venu rapporter la situation jusqu'au terrain de basket. En un clin
d'œil, Danielle se retrouva seule dans le bureau. Ennuyée, elle baissa les yeux, donnant des coups de pied dans les copies que Serge avait hâtivement éparpillées en partant. En silence, elle les examina brièvement, réfléchit un moment, les ramassa, les posa sur le bureau, puis sortit. Jules, qui sortait du bureau voisin à ce moment-là, vit la jeune femme
sortir. Ce jour-là était celui où Danielle devait faire son rapport, mais il avait vu Serge partir à l'instant. Il se demandait donc ce que Danielle faisait seule dans le bureau.
Au terrain de Basket.
Un jeune homme d'environ 1.78 mètre de haut, aux cheveux châtain cendré et ayant une boucle d'oreille saphir à l'oreille gauche, était habillé en uniforme de basket haut de gamme. Avec ses chaussures de basketball coûteuses valant des centaines de milliers, il avait l'air totalement arrogant, écrasant impitoyablement la jambe d'un autre jeune homme. Quelques filles se tenant à côté de Priscille étaient tellement effrayées qu'elles restèrent silencieuses. Seule Priscille réussit à garder son sang-froid. Après tout, elle était la fiancée de Mathéo, et tout le monde présent devait la respecter. Dans ces circonstances, si elle ne prononçait pas
un mot, cela ne serait pas bon pour sa réputation. Par conséquent, avant que Leo ne soit battu,elle fit semblant de plaider pour lui. Mathéo était furieux, mais il éprouvait encore de l'affection pour elle. Ceci étant, il ne la refoula pas brutalement. De toute façon, Priscille n'avait aucune intention de vraiment essayer de le persuader, donc elle prit rapidement sa place à l'écart.
"Espèce de déchet. Je te frappe et tu oses riposter ?" cria Mathéo. A ce stade, Leo était indigné. Il cracha par terre pour montrer son dégout, mais malheureusement pour lui, son crachat atterrit sur les baskets de son bourreau. Voyant cela, Mathéo le gifla violemment et l'autre, complètement humilié, rampa pour essuyer le crachat. Face à cette scène, Mathéo était très satisfait. Il complimenta sa victime de manière hautaine en disant : "Bon garçon ! Quant à l'affaire de ta famille, attends simplement
les nouvelles à la maison." Leo, tout en faisant briller ses chaussures,
le remercia rapidement et exprima sa reconnaissance de manière soumise. Au fond de lui, il ressentait un fort sentiment de désespoir monter. Tous ses efforts pour être admis à la prestigieuse université de Luminara avaient été vains. À quoi cela servait-il ? Aux yeux de ces gens riches, il était même moins qu'un chien ! Lorsque Serge arriva sur les lieux, Leo avait déjà été battu au point d'être méconnaissable. Son visage était gonflé, couvert de contusions, et il tenait sa jambe gauche en grimaçant de douleur.
"Arrêtez, s'il vous plaît arrêtez", implora Serge. Cependant, Mathéo et ses acolytes étaient en pleine action. elles ignorèrent complètement les supplications de l'homme. À un moment donné, Mathéo voulut balancer sa batte de baseball sur la main droite de Leo. L'ayant réalisé, tous les spectateurs retinrent leurs souffles. elles ne pouvaient pas croire que le jeune homme pouvait être aussi cruel. S'il allait vraiment au bout de son action, la main droite de Leo serait sûrement ruinée. Que serait un brillant étudiant en physique sans sa main droite ? À ce stade, Serge était mort de
peur, sachant qu'il était trop tard pour faire quoi que ce soit. Soudain, une
pierre fusa depuis l'entrée du terrain, frappant directement le poignet de Mathéo. Sous l'effet de la douleur, il laissa tomber la batte de baseball. Aussitôt, le terrain de basket tout entier tomba dans le silence. Ayant déjà fait la moitié du terrain, Serge se retourna et remarqua une fille se tenant à l'entrée. En même temps, l'attention de tout le monde se porta également vers l'entrée du terrain. Rétro-éclairée, une fille en simple t-shirt blanc et pantalon long se tenait là. Ses longues et droites jambes étaient vêtues d'une paire de chaussures en toile usées. Ses longs cheveux étaient simplement attachés, et ses yeux d'une beauté à couper le souffle scintillaient d'une lueur froide. La jeune femme fit un pas en
avant dans la lumière, captivant l'attention de tous. Cependant, une personne n'était pas enchantée, et c'était Priscille. Elle tourna la
tête pour regarder Mathéo qui était aussi en état de choc. Comme prévu, ce dont elle avait peur s'était effectivement produit.