Chapter 19
1640mots
2024-09-04 17:00

Lorsque que Jules venait d'arriver, Rita, l'espionne d'Alexie qui était restée à la maison, lui envoya un
message. Prenant du thé avec ses amies,
celle-ci inventa hâtivement
une excuse pour rentrer. Elle rencontra alors Priscille, qui revenait justement de son cours de piano. Elles n'avaient pas réussi à arriver à temps, mais Alexie apprit de Rita que Jules était parti avec une expression étonnamment
terrible, marmonnant pour lui-même. En apprenant cela, la
femme d'âge moyen fut secrètement ravie.
Il semblait que quelque chose avait dû contrarier Jules. Y avait-il un problème avec l'admission de
Danielle à l'Université de Luminara? Quelle qu'en soit la cause, c'était une bonne
nouvelle pour elle, pensa-t-elle. Sur le chemin du retour, elle en parla à sa fille qui, très contente,
se mit également à se réjouir du supposé
malheur de Danielle. En entrant dans le
salon, aucune des deux ne put dissimuler
la satisfaction affichée sur son visage. Voyant cela, Roger demanda, perplexe
: "Qu'est-ce qui vous met dans un tel état de joie ?" Alexie avança alors avec enthousiasme, prit la main de son
mari d'une manière
belle et charmante, puis dit : "Oh, rien de spécial, mon cher. J'ai réussi
à mettre la main sur un sac à main en édition limitée. J'attendais son arrivée
depuis si longtemps. Il est enfin arrivé aujourd'hui." Roger ne comprenait pas pourquoi les femmes pouvaient
être si ravies pour un simple sac à main. Priscille ajouta avec un
charme taquin : "Papa, tu ne comprends vraiment pas le cœur d'une femme.
Un sac à main, c'est la solution à tous les problèmes !" Roger n'en comprenait décidément rien, mais il décida
de les laisser savourer leur bonheur.
"Bon, bon, d'accord. Je ne comprends peut-être pas, mais
tant que vous êtes heureuses, c'est ce qui compte. Maintenant, j'ai une
nouvelle encore plus réjouissante à annoncer", dit-il. Il regarda ensuite Danielle qui était toujours absorbée par son téléphone,
puis soupira. "Chéri, qu'est-ce qui se passe ?” demanda Alexie qui eut aussitôt un mauvais pressentiment. “Oui, s'il te plaît, Papa. Crache le morceau. Ne nous laisse pas, Maman et moi, dans le suspense", dit Priscille. Elle secoua ensuite ludiquement la main de Roger et défia Danielle d'un regard provocant. Tout ce temps, l'autre jeune femme ne leur prêta aucune attention. Revenant du portail, Renaud se sentait débordé. Jules avait agi de manière indifférente et prétentieuse lors de son passage. Vraiment, c'était un éducateur, avec toujours tant à dire, pensa-t-il. Sans même essuyer sa sueur, il revint précipitamment juste à temps pour interrompre l'annonce de Roger. "Monsieur, Jules est déjà parti", dit-il à son patron. En guise de réponse, Roger hocha simplement
la tête. À Luminara, bien que la famille Bourgeois ne soit peut-être plus la plus respectée, permettrait-elle à un petit directeur d'école de se pavaner et leur manquer de respect ? Certainement pas. Lorsque Renaud finit de parler, il constata que Priscille le fixait. Sur le moment, il devint perplexe, se demandant s'il avait
fait quelque chose de mal. Quand avait-il offensé la jeune maitresse ? Alexie, après l'avoir entendu mentionner le nom de Jules, demanda d'un ton exagéré : "Jules ? Parles-tu du doyen des étudiants de l'université de
Luminara, Jules Gourmand ? Si oui, ne lui avions-nous pas envoyé
un cadeau il y a juste quelques jours pour faire entrer Danielle à l'université de Luminara ? Pourquoi est-il venu ici ?"
La seconde d'après, Priscille se couvrit la bouche en affichant une expression horrifiée, puis demanda : "Oh, mon Dieu ! Papa, aurait-il refusé l'admission à mi-parcours de ma sœur ?" Après avoir dit cela, elle fit timidement un signe de la main et ajouta : "Pfft, pfft, pfft, comment puis-je dire de telles absurdités ? Je suppose simplement. Danielle, ne m'en veux pas." Lorsque Alexie remarqua que ni Roger ni Danielle ne disaient quoi que ce soit, elle supposa que sa fille et elle avaient raison et que Jules était réellement venu pour refuser l'admission de Danielle. Voir cette dernière
silencieuse, la tête baissée, la rendit encore plus satisfaite. "Mon chéri, puisque M. Gourmand a déjà pris sa décision, si Danielle ne peut pas aller à l'université de Luminara, elle pourrait tout aussi bien envisager l'université de Cardended. Même si elle n'est pas à la hauteur de l'université de Luminara, y commencer les cours serait plus simple pour elle. C'est une bonne alternative", dit-elle. Après avoir dit cela, elle recouvrit son visage d'un semblant de sincérité et regarda Danielle en disant : "Danielle, si tu es disposée à aller à l'université de Cardended, je…" "N'importe quoi ! Jules n'est pas venu ici pour rejeter la candidature de Danielle", l'interrompit brusquement Roger. À ce moment, Renaud avait déjà remarqué la lettre sur la table. Seul un coin était visible, mais il pouvait clairement lire les mots : "Lettre de recommandation pour l'admission". Sans aucun doute, c'était la lettre délivrée par Jules lui-même, de la part d'Arnaud, le directeur de l'université de Luminara, pour Danielle. Sur le coup, il était totalement
abasourdi. Il était certain de ne pas s'être trompé en pensant que Danielle n'était pas une personne ordinaire. Quelle fille ordinaire aurait pu rejeter si négligemment la richissime famille Bourgeois après être venue de la campagne ? Malgré la villa et les joyaux qui lui étaient offerts, elle ne leur accordait pas la moindre attention. Quant à l'offre d'admission de l'Université de Luminara, elle n'y avait même pas jeté un œil. Face à tout cela, il se dit à lui-même qu'il devait mieux traiter la jeune femme à l'avenir. Si deux jours auparavant, il avait des doutes, il y avait désormais une forte
prémonition dans son cœur.
Ce qu'il ne savait pas était que cette prémonition allait lui sauver la vie à l'avenir. "Attends ! Que veux-tu dire ? Je ne comprends plus rien”, dit Alexie, confuse. S'était-elle trompée ? Outre cela, quel pourrait être le problème ? Comment Jules et Danielle pourraient-ils être liés pour qu'il vienne la voir ? En entendant les mots de son père, Priscille se sentit abattue elle aussi. "Donc ce n'est pas à propos de ça ?" demanda-t-elle, réalisant qu'elle s'était surexcitée pour rien. À ce moment, Roger regarda doucement Danielle et dit d'un ton fier et quelque peu distant : "Le
principal de l'université de Luminara, Arnaud Monet, a personnellement demandé à Jules de remettre une lettre de recommandation d'admission à Danielle." Instantanément, sans réfléchir, Priscille s'exclama : "Impossible, absolument impossible !" Alexie n'osait pas non plus y croire. Comment cela pourrait-il être ? C'était du pur non-sens, pensa-t-elle. "Comment cela
pourrait-il être impossible ? J'ai vu la lettre de recommandation de mes propres yeux. Elle est sur la table. Elle ne peut pas être fausse", dit Roger. Ce n'est qu'alors qu'Alexie et Priscille remarquèrent la lettre sur la table. Impatiente, Priscille avança, prit et examina soigneusement le document, le vérifiant à trois reprises pour s'assurer qu'il portait bien le sceau officiel de leur chef d'établissement. Tout était en place. C'était incontestable. Teinté de déception et de surprise, le regard de la jeune fille suffit à tout faire comprendre à sa mère. Alexie n'eut même pas besoin de lire la lettre. Tout
était clair. "Danielle est vraiment quelque chose, n'est-ce pas ? Alors,
elle connaît Arnaud. Eh bien, eh bien, si on l'avait su plus tôt, ton père n'aurait pas été tant inquiet", dit-elle. Cependant, au fond d'elle, elle bouillait de colère. Comment une personne dont les dossiers indiquaient
qu'elle n'avait même pas fait un jour d'école élémentaire pouvait-elle
connaître le directeur de l'Université de Luminara ? Qu'est-ce qui n'allait pas avec les informations recueillies sur Danielle ? Il semblait nécessaire de faire réexaminer tout cela par quelqu'un, se dit la femme d'âge moyen. À ce moment, Danielle se leva.
Avec une trace d'indifférence et d'impatience dans son regard, elle ne dit même pas au revoir et partit directement. De son côté, Roger était déjà assez satisfait, donc ne se souciait pas du fait qu'elle ait dit au revoir ou pas. Lorsque Danielle était sur le point de franchir la porte, il lui rappela simplement de rentrer tôt à la maison pour le diner. En silence, Priscille observait son père, d'habitude distant, agissant si chaleureusement. Aussitôt, un sentiment proche de la jalousie se mit à bouillir en elle. Quel était le charme de Danielle ? Les choses avaient radicalement changé depuis son arrivée. Par le passé, même lorsque son père favorisait d'autres personnes, ce n'était pas excessif. Complètement en colère, elle jura de se venger. Il n'en resterait qu'une entre Danielle et elle, se promit-elle. Elle était déterminée à chasser l'autre jeune femme, par tous les moyens. Même s'il fallait la tuer, elle n'hésiterait pas. Oui ! La tuer. Rien que d'y penser, Priscille se sentit quelque peu excitée. "Priscille, sois prudente avec tes mots en face de Danielle à l'avenir. Que voulais-tu dire par 'impossible'? C'est indigne de toi. Te comportes-tu ainsi comme la jeune maîtresse d'une famille prestigieuse que tu es ? Tu auras un mentor le mois prochain. Fais attention à tes paroles et à tes actes", reprocha Roger. Ses mots crus ramenèrent la jeune fille a la réalité. Danielle n'était de retour que depuis deux jours, mais elle Priscille avait déjà été réprimandée plusieurs fois. Pourquoi ? Simplement parce que la nouvelle-venue
était l'enfant du premier amour de son père ? Pouvait-elle vraiment agir ainsi à sa guise à cause de cela ? Cette pensée l'enflamma davantage. Tout comme sa mère, elle était égoïste et rancunière. Par conséquent,
elle blâmait aussi Alexie. Elle la blâmait de ne pas avoir su retenir le cœur d'un homme, perdant ainsi sa faveur. "Je comprends, Papa. Je suis
désolée", s'excusa-t-elle. À ce moment, Alexie appuya sa poitrine contre son mari, signifiant à Priscille de s'en aller. "Mon cher, Priscille est juste trop choquée. Ne lui en veut pas", dit-elle ensuite.