Tristan avait vaguement conscience que Sonny, son Gamma, radotait sur le dernier rapport financier de la meute royale. Mais son esprit était ailleurs, se remémorant ce qui s'était passé la nuit précédente avec Marie.
Il se souvenait de son odeur, de son goût... et cela provoquait une agitation dans ses reins. Cela faisait tellement d'heures depuis, mais il aurait juré qu'il pouvait toujours la goûter sur sa langue.
Pourquoi diable y pensait-il encore ? Elle n'avait rien de spécial. Il avait eu sa part de minou doux et agréable avant. Mieux que celui d'une Oméga en rut...
"Tu te demandes si c'est parce qu'elle est ta compagne", dit sarcastiquement son loup Eddy. "Sois honnête avec toi-même, tu veux la dévorer."
Tristan serra les dents et ne dit rien. Peu importait qu'elle soit sa compagne ou non. D'accord. Il ne pouvait pas nier que l'expérience de la nuit dernière avait été extraordinaire. En fait, elle avait été parfaite.
Quand il l'a rencontrée pour la première fois, il avait pensé qu'il ne salirait pas ses mains en touchant une putain sale comme elle. Elle était en dessous de lui à bien des égards. Mais quand elle est apparue de nulle part la nuit dernière alors que son corps était sous l'influence de la pleine lune... son attirance pour elle l'avait frappé comme un train.
À ce moment-là, elle était tout ce qu'il voulait, tout ce qu'il avait toujours voulu. Son odeur seule suffisait à le rendre fou. Il n'aidait pas qu'elle ait un corps tellement beau, totalement baisable, et la façon dont elle gémissait...
Merde.
Pas étonnant qu'elle ne se contente pas de son compagnon. Avec son apparence, les mâles doivent se bousculer pour attirer son attention. L'idée qu'elle soit avec un autre mâle lui laissait un goût amer dans la bouche, et cela lui rappelait exactement pourquoi elle n'était pas faite pour lui.
"Pourquoi ne la revendiques-tu pas simplement ?" proposa Eddy.
"Je ne peux pas accepter une Oméga comme reine du royaume", répondit résolument Tristan. Ce serait désastreux pour le royaume.
"Tu es celui qui fait respecter la règle sur les compagnons, mais tu vas rejeter la tienne ?" Eddy questionna.
"Qui a dit que je la rejetais ?" demanda Tristan. "As-tu oublié la stupide malédiction ? J'ai besoin d'elle pour l'éviter. Je ne comprends pas pourquoi la Déesse de la Lune m'aurait collé quelqu'un d'aussi inutile qu'elle, mais je ne peux pas désobéir."
À ce moment-là, la porte de la salle de réunion s'ouvrit et Ben entra. "Natty est là", informa-t-il Tristan. "Elle attend dans le salon."
Natty, c'est vrai. La fille du Alpha de la Meute Lumineuse qui était l'une de ses potentielles futures reines. Mais ce n'était pas la louve à laquelle il pensait.
"Et Marie ?" demanda-t-il avec désinvolture, s'appuyant contre le dos de sa chaise.
Ben émit un grognement dans le fond de sa gorge. "Il ne lui a pas fallu longtemps pour causer des problèmes, et elle a été affectée à la cuisine. Elle s'occupe de préparer le déjeuner pour toi et ton invité."
Tristan acquiesça brièvement. Elle causait déjà des problèmes ? Pensait-elle encore être dans son ancienne meute où elle pouvait faire ce qu'elle voulait ? Sérieusement, pourquoi elle? Il y avait des milliers de louves dans son royaume... pourquoi devait-ce être elle ?
Quelques instants plus tard, Tristan entra dans le salon. Il était agacé dès qu'il sentit le regard intense de Natty sur lui, comme si elle bavait après lui, tel un morceau de viande.
Bien sûr. Avec l'absence de son âme sœur pendant tant d'années après sa transformation, de nombreuses meutes puissantes avaient fait la cour pour qu'il choisisse leurs filles comme sa Luna. Le père de Natty, l'Alpha Ander, avait été particulièrement insistant pour pousser sa fille à devenir reine.
Tristan convenait que Natty était une bonne candidate pour devenir reine. De plus, la meute Lumineuse était la plus proche de la famille royale, et beaucoup pensaient qu'ils finiraient naturellement ensemble. Si ce n'était pour sa malédiction, Tristan aurait probablement renoncé à chercher son âme sœur et se serait uni à Natty il y a longtemps. L'Alpha Ander pensait que Tristan perdait son temps et qu'il aurait dû renoncer à chercher son âme sœur des années auparavant. Mais bien sûr, il ne savait rien de la malédiction de Tristan.
Maintenant que Tristan avait trouvé son âme sœur et pouvait se faire une idée des conséquences de la malédiction, il pouvait sérieusement envisager le mariage.
"Votre Majesté," salua Natty, se levant de sa chaise et inclinant légèrement la tête. Elle était vêtue de façon coûteuse et son parfum de marque lui parvenait aux narines d'un kilomètre à la ronde. Une pensée qu'il n'aimait pas lui traversa l'esprit : il préférait de loin le parfum naturel de Marie.
Tristan lui fit signe de tête et prit place, croisant une jambe sur l'autre. Natty restait debout, hésitante. Quoi, elle voulait un baiser de bienvenue ou quelque chose ?
Un sourire forcé se dessina sur ses lèvres alors qu'elle se rassis. Elle tenait sa tête haute, et il y avait un regard calculateur dans ses yeux. "Cela fait un moment que nous ne nous sommes pas vus," dit-elle.
"J'ai été occupé," lui répondit Tristan.
"Bien sûr," dit-elle. "Vous êtes le roi après tout. Merci de m'avoir reçu aujourd'hui." Elle porta une main à sa poitrine, l'air chagrin. "Mon père commençait à penser que j'avais fait quelque chose de mal pour que vous m'évitiez. Cela le rassurera."
Tristan se demandait comment l'Alpha Ander réagirait lorsqu'il refuserait officiellement de prendre Natty comme sa prochaine reine. Il était assis là depuis moins d'une minute, mais il savait déjà qu'elle n'était pas la bonne pour lui.
Alors qu'ils parlaient des affaires du royaume, les poils de Tristan se dressèrent alors qu'il sentait une présence soudaine dans la pièce. Un instant plus tard, Marie apparut, vêtue d'un uniforme de femme de chambre et poussant un chariot de nourriture.
Les yeux de Tristan suivirent chacun de ses mouvements alors qu'elle commençait à dresser la table. Elle se concentrait sur sa tâche, sans accorder un regard aux deux autres. Cette sensation revint dans l'abdomen de Tristan alors qu'il se remémorait ses cuisses crémeuses baignées au clair de lune. Assis là, à la regarder dresser la table, il sentit son excitation monter.
Merde. Ça.
Finalement, elle se dirigea vers le coin salon et, la tête baissée et les yeux fixés sur le sol, dit : « Votre Majesté, le déjeuner est prêt. »
Tristan se leva et s'approcha de Natty. Il tendit sa main comme un parfait gentleman. « Puis-je ? »
De la surprise brilla dans les yeux de Natty à son changement soudain d'attitude, mais elle sourit radieusement et posa sa main dans la sienne. Une fois qu'elle fut debout, Tristan posa sa main sur sa taille et la regarda droit dans les yeux. « Allons manger. »
Les yeux de Natty s'élargirent, et Tristan entendit son inspiration profonde. Leurs corps étaient pressés l'un contre l'autre, et ses doigts étaient éparpillés sur son milieu d'une manière possessive.
Tristan regarda de Natty à Marie. Marie n'agissait plus de manière soumise. Ses yeux étaient fixés sur eux deux, ses lèvres légèrement entrouvertes. Cela lui donnait envie de la surprendre encore plus.
Se tournant vers Natty, il leva sa main vers son visage et toucha son menton. Puis, il se pencha, approchant sa bouche de son oreille. « Tu es magnifique. »
Natty posa une main sur son torse. « Merci. Vous êtes plutôt beau vous-même. Mais je préférerais ne pas faire cela devant elle. »
La manière dont elle prononça le mot 'elle' était suffisante pour exprimer son dégoût pour la servante Oméga juste devant eux.
Natty tourna la tête et lança un regard noir à Marie, qui les regardait encore ouvertement. « Qu'est-ce que tu crois être en train de regarder ? »
Au lieu de détourner le regard et de s'excuser comme le feraient normalement les Oméga, la servante continua de la regarder. Natty soupira et se dégagea de Tristan, se dirigeant vers Marie. « Pourquoi y a-t-il une servante si malpolie dans le palais royal ? Comment oses-tu me regarder de cette façon ? »
« De quelle manière ? » demanda Marie, choquant Tristan. Elle était vraiment une fauteuse de troubles, n'est-ce pas ?
Natty poussa un cri. L'innocence et le calme qu'elle avait tenté d'afficher lors de sa conversation avec Tristan disparurent, remplacés par un froncement de sourcils en colère. Elle leva la main et giffa Marie si fort que l'autre femme tomba au sol.
« Comment oses-tu me répondre ? Sais-tu qui je suis ? » s'écria Natty. « Sort ton visage pathétique de ma vue ! »
Tristan s'avança et se plaça entre les deux, regardant Marie. Natty crachait du feu alors qu'elle s'adressait à lui. « Je n'y crois pas. Je veux qu'elle soit punie et expulsée du palais ! Comment une créature si effrontée peut-elle être en présence du roi ? »
Tristan l'ignora et se concentra sur Marie. Il lui demanda, "Qu'en penses-tu?"
Marie le regarda, colère et confusion mêlées dans ses yeux. Elle ne dit rien.
Tristan fit un geste en direction de Natty. "Je t'ai dit que tu m'aiderais à choisir la future reine. Que penses-tu d'elle ?"
"C'est une blague ?" s'emporta Natty.
Les yeux en colère de Marie ne quittèrent pas Tristan quand elle dit, "Je ne pense pas qu'elle mérite de mettre les pieds dans le palais."
Natty fut choquée à en rester sans voix. Jamais dans sa vie une simple Omega, une servante, n'avait parlé ainsi en sa présence. Elle tendit la main vers Marie, mais Tristan empoigna son bras et la retint.
"Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-elle au Roi Lycan, sa voix pleine d'incrédulité.
"Tu l'as entendue," dit Tristan. "Tu devrais partir."
La mâchoire de Natty tomba. "Quoi?"
"Veux-tu que je me répète?"
Natty cligna des yeux. "Tu plaisantes. Pourquoi..." Elle regarda Marie de nouveau et rit. "Pourquoi le roi demanderait-il l'opinion d'une servante ?"
"Le roi fait ce qu'il veut," lui dit Tristan. Lâchant son bras, il recula. "Ce sera tout."
Après un moment d'hésitation, Natty se retourna et partit en colère. Une fois qu'elle fut partie, Tristan se tourna à nouveau vers Marie, qui était toujours par terre. "Vas-tu te relever ou non ?"
Il la regarda se soutenir sur ses mains et se relever. À vrai dire, il était surpris qu'elle ait dit cela à haute voix. Mais d'un autre côté, elle avait beaucoup de cran.
La plupart des servantes auraient refusé de donner le moindre conseil concernant la sélection de la reine car elles savaient que ce n'était pas leur place. Rien ne les qualifiait pour donner un conseil au roi, et encore moins pour parler hors de leur tour devant des loups-garous de rang supérieur.
Pensait-elle qu'elle était quelque chose de spécial parce qu'elle était sa compagne ? Et la façon dont elle le regardait, comme si elle n'avait pas peur de lui... cela le mettait en colère.
Elle ne reculait même pas quand il s'approchait d'elle. C'est comme si elle l'encourageait, lui disant silencieusement qu'elle était prête à l'affronter.
Ah oui ? Il verrait bien cela.
Grognant, il la tenait par la gorge, ses doigts se resserrant sur son cou. Cela suffisait à éteindre une partie du feu dans ses yeux. "Tu mérites d'être punie pour ça."
Sa gorge bougeait sous sa main alors qu'elle avalait. Lorsqu'il inhalait, il pouvait sentir sa peur, même si elle essayait de la dissimuler. C'est ça, elle devrait avoir peur. Vraiment.
"Pourquoi ?" lui demanda-t-elle. "Vous m'avez demandé."
Il resserra sa main, coupant presque son air. "Penses-tu que tu es en position de repousser quelqu'un qui pourrait devenir ma future Luna ?"
"Je n'ai pas... vous..." elle s'interrompit pour reprendre son souffle.
Tristan soupira lourdement, utilisant son autre main pour saisir son menton. Il n'y avait rien de doux dans sa prise. "Tu as besoin d'être disciplinée." Il se pencha, approchant ses lèvres de son oreille. "Et je m'en chargerai personnellement."