Lylah
Le dîner est délicieux comme toujours. L'équipe de cuisine prépare les meilleurs plats et ce rôti de bœuf ne fait pas exception, mais je ne savoure pas chaque bouchée que je glisse entre mes lèvres. Je suis concentrée sur l'homme à côté de moi.
Colson est rentré à la maison avec un sourire sur le visage pour la première fois depuis longtemps qui ne semblait pas forcé. Il est toujours heureux de me voir, et je sais que lorsqu'il me sourit, c'est sincère et qu'il le pense. Mais ce soir, quelque chose est différent. Quelque chose a changé.

Il a essayé de m'appeler plus tôt dans la journée alors que je travaillais et que je n'entendais pas le téléphone sonner, et lorsque je l'ai rappelé, il était occupé, c'est donc la première chance que j'ai eu de lui parler depuis ce matin. J'essaie d'être patiente pendant que nous mangeons car je sais qu'il aime attendre la fin du dîner pour me donner des informations importantes, mais je suis impatiente de savoir ce qui le rend si joyeux.
Après avoir fini la plupart de ce qui se trouve dans nos assiettes, je ne peux pas m'empêcher de dire : "Je suis désolée d'avoir manqué ton appel aujourd'hui."
"Moi aussi," dit-il. "Et puis quand tu as rappelé, j'étais en réunion avec un client important."
Je suis heureuse de savoir qu'il rencontre à nouveau des clients importants car je sais qu'il avait du mal à se concentrer pendant ces réunions. "Avais-tu besoin de me dire quelque chose d'important ?" Je demande, en espérant qu'il me dira ce qui se passe maintenant au lieu de me faire attendre jusqu'après le dessert.
"Oui, je pense que c'est assez important," dit-il avec un sourire. Il pose sa fourchette et s'essuie la bouche avec une serviette en tissu. Colson prend une gorgée de son vin et se racle la gorge avant de tendre la main vers la mienne. Je la lui donne. "Il a décidé de régler ça à l'amiable."
Il me faut un moment pour comprendre ce qu'il dit. J'ai besoin de quelques clarifications car c'est une nouvelle assez surprenante. "Briggs ? A décidé de régler ça à l'amiable ?"

Colson acquiesce. "J'ai reçu l'appel de mon avocat cet après-midi."
"Wow…." Je dis, sans savoir quoi penser de cela. Je pense que c'est une bonne chose que ce soit presque fini, mais je suis abasourdie car je ne m'y attendais pas du tout. "J'ai du mal à le croire."
"Je sais," dit Colson, serrant ma main. "Je suis surpris aussi. Je pensais qu'il déciderait d'aller au tribunal et de faire durer cette lutte encore plus longtemps qu'elle ne l'a déjà été."
Je m'attendais à la même chose. Le fait que nous puissions bientôt tourner la page, que je puisse demander le divorce sans avoir à me soucier de faire face à Briggs au tribunal, me fait me sentir détendue d'une manière que je ne l'avais pas ressentie depuis que tout cela a commencé. Je respire profondément et Colson lâche ma main pour que nous puissions continuer à manger.

Je veux savoir quels sont les détails de l'accord. Je veux connaître le montant que Briggs a accepté pour renoncer à être son épouse. Briggs est une personne cupide. Il l'a toujours été. Mais combien lui a-t-il fallu pour qu'il s'efface ?
Je ne peux pas poser cette question. Je sais que Colson ne veut pas me le dire. Il n'aime pas discuter d'argent avec moi car il ne veut pas que je m'inquiète à ce sujet. Cependant… alors que nous reprenons nos fourchettes et continuons avec notre rôti de bœuf, pommes de terre, carottes et asperges, je sens la question brûler en moi.
Colson me regarde avec un air interrogateur dans les yeux. Il sait que je veux savoir, mais il ne veut pas que je pose la question. Il ne va pas divulguer l'information de lui-même.
J'aborde finalement le sujet avec une question que j'espère assez innocente. "Était-ce... conséquent ?"
Colson fait semblant de ne pas comprendre ce que je lui demande. "Qu'est-ce qui était conséquent ?" Sa fourchette claque contre son assiette lorsqu'il la pose pour reprendre son verre.
"Le règlement," je dis. "Était-ce... beaucoup ?"
Il hausse les épaules. "Je suppose que tout est relatif. Ce n'était pas de la monnaie de poche, c'est sûr." Ses lèvres sont teintées de rouge pendant un instant alors qu'il avale le liquide couleur baie de son verre. "Vraiment, Lylah, tu n'as pas à te soucier de ça du tout."
"Je sais," je dis avec un soupir gêné. Je ne veux même pas penser à l'argent, mais en même temps, je ne peux m'empêcher de me sentir coupable. Si Colson dépense une somme conséquente pour me libérer de mon mari, je m'en sentirai coupable pendant très longtemps. C'est probablement pour cela qu'il ne veut pas me dire le montant.
"Pourquoi ne pas aller dans la salle de cinéma et regarder un film?" Colson suggère. "Cela nous offrira une chance de laisser la réalité derrière nous pour un moment."
Colson a la salle de cinéma la plus incroyable, avec des sièges confortables et un écran énorme. Le système sonore est le même que dans la plupart des salles de cinéma. Rien que d'y penser, cela me fait sourire. Nous ne regardons pas beaucoup la télévision ou des films, mais quand nous nous asseyons là en-dessous d'une couverture et que je peux me blottir pour me perdre dans un film romantique, c'est un excellent moyen de me faire oublier tout le reste.
"D'accord. Ça me semble bien," je dis. Un servant vient et débarrasse nos assiettes, les remplaçant par des assiettes à dessert avec de grosses parts de tarte aux pommes à la mode. Je prends une bouchée et essaie d'oublier tout à propos de Briggs et du règlement. Ça ne quitte pas tout à fait mon esprit, mais je peux accepter l'information que Colson m'a donnée pour l'instant.
Plus tard, je pourrais avoir besoin de plus de réponses. Pour l'instant, je vais juste me concentrer sur l'acceptation de cette petite victoire et la célébrer avec un homme qui m'aime plus que tout l'argent du monde.