Pendant un moment, la voiture avait poursuivi sa route dans un voyage plutôt calme et sans incident. Ce n'est que quand la voiture est arrivée à la grille de la demeure de la famille Burke, que Harvey a enfin pris la parole : "Par rapport au mariage, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à nous le faire savoir."
Sachant qu'il parlait par gentillesse, Nancy fut touchée et acquiesça en réponse. Cependant, elle ne trouvait rien d'autre à leur demander. Elle croyait que, en tant que fiancée d'un membre très respecté et important de la famille Price, tous ses besoins et désirs pour le mariage avaient déjà été bien satisfaits et comblés.
"Nancy, tu vas partir maintenant ?" Lorsque Chad a vu Nancy descendre de la voiture, il a cligné des yeux et demandé avec un jouet dans sa main.

"Oui, nous sommes déjà arrivés à ma maison."
Après avoir passé presque toute une journée avec lui, Nancy ne se sentait pas aussi mal à l'aise qu'au début, mais elle ne s'était toujours pas totalement habituée à lui. En ce moment, la fatigue qu’elle sentait au plus profond d’elle lui donnait envie de prendre une longue douche chaude avant de bien dormir.
Cependant, Chad ne cessait de l'importuner. Dès qu'il a entendu qu'elle rentrait chez elle, il s'est tout de suite agité : "Je veux jouer ! Je veux jouer chez Nancy..."
"Chad, sois sage. Il est temps pour nous de rentrer à la maison aussi," a apaisé Harvey un moment avant de se tourner vers Nancy. "Repose-toi bien." Sa voix était aussi froide que d'habitude.
Encore une fois, Nancy lui était très reconnaissante pour son aide. Elle le remercia d'une voix basse et monta directement à l'étage sans même s'assurer qu'il l'avait entendue.
Après être rentrée chez elle, Nancy se dirigea directement vers sa chambre, indifférente au regard mauvais que Melissa et Clara lui lancèrent quand elle franchit la porte.

De plus, elle était bien trop épuisée pour faire preuve de politesse envers des personnes dont elle se souciait peu.
Son mariage dans la famille Price était final, et rien ne pouvait être changé. Ce n'est pas que Nancy n'avait pas de protestations ou de réserves à ce sujet, mais la pensée de Diana allongée dans un lit d'hôpital a renforcé sa détermination et durci sa résolution.
Pour sa précieuse et unique petite sœur, elle devait être forte.
Au cours du mois suivant, Nancy est restée avec la famille Burke alors qu'elle attendait patiemment le jour du mariage. Le seul moment où elle quittait la maison était pour rendre visite à sa sœur à l'hôpital.

Cependant, à mesure que les jours se rapprochaient du mariage, elle replongeait de plus en plus dans un état de dépression et de frustration. On a l'habitude de dire qu'il est normal d'être anxieux avant le jour de son mariage, mais ce n'était pas le cas pour Nancy.
L'homme qu'elle allait épouser n'était pas du tout la personne qu'elle aimait. Ce mariage n'était rien d'autre qu'une transaction commerciale. Elle se demandait s'il y avait une autre mariée au monde plus malheureuse qu'elle.
Et ainsi, le temps s'écoulait lentement comme un escargot épuisé dans un épais voile de mélancolie.
Ce matin-là, Nancy avait un verre de lait à la main, oublié, alors que ses yeux scrutaient sans intérêt l'espace devant elle. Grâce à sa belle-mère et à sa demi-sœur, pas un jour ne passait sans qu'elle ne soit rappelée à son mariage imminent avec Chad. En y pensant, un rire amer lui échappa.
C'est à ce moment-là que Clara descendait l'escalier. Elle surprit l'expression abattue sur le visage de Nancy.
"Hé, félicitations ! Ton mariage c'est demain, non ? J'ai entendu dire que la famille Price avait préparé un grand mariage pour toi et ton futur mari..."
"Tu as fini ?" Nancy la fixa d'un regard glacial. "Mon mariage ne te regarde pas. Si tu es jalouse, pourquoi ne demandes-tu pas à ta mère de te présenter à Olivier de la famille Hudson de South Cernesk ? Ou peut-être à Wesley de la famille Morgan ? Ne sont-ils pas aussi issus de familles riches et puissantes ? Je crois qu'ils te conviendraient parfaitement."
A ces mots moqueurs de Nancy, Clara fut furieuse. Elle se sentait insultée qu'on puisse lui suggérer ne serait-ce que l'idée d'un rapprochement avec ces deux-là. Si Clara devait se marier, elle ne se contenterait de rien de moins que le meilleur, et ce meilleur n'était autre que Harvey Price !
"Toi..." Elle était sur le point de dire ses quatre vérités à Nancy mais se ravisa en se souvenant que celle-ci allait devoir épouser un débile mental. Un sourire moqueur illumina son visage.
"Nancy, tu te crois supérieure n'est-ce pas ? Tout cela ne veut rien dire au final, lorsque tu vas épouser un monstre."
"Un monstre ? Dis, si je répétais tes paroles à la famille Price, comment penses-tu qu'ils te percevraient ?"
Clara ne sut que répondre et resta sans voix. Face à son silence, Nancy en conclut que ce débat ne menait à rien. Alors qu'elle comptait regagner sa chambre, Clara l'arrêta.
"Juste parce que tu es dans les bonnes grâces de la famille Price, cela ne signifie pas que tu pourras renaître de tes cendres. Après tout, la poussière restera toujours de la poussière !"
"Clara, pourquoi te disputes-tu avec ta grande sœur ? C'est son grand jour demain, tu sais ? Et elle sera la nouvelle mariée éblouissante de la famille Price."
Melissa afficha un sourire glacial tout en se dirigeant vers elles. Il était évident qu'elle avait tout entendu et ne laisserait pas Nancy tyranniser sa fille chérie. Si Nancy n'avait pas encore une certaine utilité pour elle, elle lui aurait certainement fait ravaler ses paroles.
En entendant leurs sarcastiques remarques, Nancy se sentit encore plus irritable. Elle était condamnée à rencontrer Melissa et Clara puisqu'elles vivaient sous le même toit et les voir chaque jour pendant les derniers jours l'avait rendue plus déprimée que jamais.
Ne voulant plus rester une minute de plus, Nancy prit son sac à main et quitta immédiatement la maison.
"Arrête-toi là. Où vas-tu ?" Anthony, qui était resté silencieusement à côté de Melissa, prit enfin la parole.
"L'hôpital." Nancy cracha froidement ces deux mots. Puis, elle s'en alla sans se retourner.
L'attention de Nancy envers les Burkes avait depuis longtemps disparu. Peut-être que si elle épousait Chad Price plus tôt, elle pourrait se séparer d'eux plus rapidement. Si elle épousait quelqu'un qu'elle aimait demain, Nancy n'aurait pas été dans un tel désespoir. Malheureusement, elle devait épouser Chad Price, un homme qu'elle n'avait rencontré que quelques fois.
Bouleversée et déprimée, tout ce que Nancy voulait était quelqu'un pour l'accompagner à boire un verre.
Avec cette pensée en tête, Nancy appela sa meilleure amie, Nina.
Quelques minutes après avoir reçu l'appel de Nancy, Nina se précipita immédiatement. Quand elle vit à quel point Nancy était abattue, son nez frémit et elle passa son bras autour des épaules de Nancy pour la consoler.
"Bois avec moi, Nina."
Sachant qu'elle était de mauvaise humeur, Nina accepta sans hésiter, "Allons à La Mer Bleue et buvons jusqu'à en être ivre."
Ils ont réservé une chambre au bar et ont commencé à descendre des verres d'alcool l'un après l'autre. Ils ont commencé à être pompette et les yeux de Nancy ont progressivement viré au rouge vif.
"Nina, tu sais que je me marie demain..."
"Arrête d'en parler, Nancy. Tu seras certainement heureuse !" Nina ne pouvait plus se contenir. Ses larmes se mirent à couler comme un torrent alors qu'elle donnait à Nancy une étreinte d'ours.
Nancy tapota son dos. "Pourquoi pleures-tu avant même que moi..." Alors qu'elle disait cela, elle commençait elle aussi à sangloter.
Aucune femme ne voudrait épouser quelqu'un qu'elle n'aime pas. Mais hélas, elle n'avait pas d'autre choix.
"Suis-je faible de regretter ma mère ?" Sa mère ne la laisserait jamais souffrir si elle était encore en vie.
Nina secoua vigoureusement la tête. Elle ne savait pas comment réconforter son amie, alors tout ce qu'elle pouvait faire était de la serrer fort dans ses bras.
On ne savait pas combien ils avaient bu, mais le cerveau de Nancy était légèrement brouillé lorsqu'elle alla aux toilettes, devant tatonner pour s'y repérer le long du mur. Par malchance, elle se trompa de toilettes, prenant les toilettes pour hommes pour celles des femmes, et y entra naturellement.
L'homme à l'intérieur, qui était en train de se soulager, fut visiblememt surpris car il pensait que cette femme ressemblait à la future épouse de son frère, Nancy Burke !
Avant que Harvey ait pu réagir, Nancy avait déjà relevé sa jupe et se préparait à utiliser les toilettes. Harvey s'est immédiatement précipité pour l'arrêter lorsqu'il a compris ce qu'elle s'apprêtait à faire.
"Qu'est-ce que tu fais ici ?" Harvey fronça les sourcils.
Nancy fut choquée par cette voix soudaine. Elle fut comme dans un état de transe et faillit tomber. Heureusement, il a réussi à la rattraper à temps.
Quand Nancy était ivre, elle n'était pas du tout comme d'habitude. Se jetant directement dans les bras de Harvey, elle a enfoui son nez dans sa chemise comme si elle était un petit animal.
"Tu sens si familier... Où est-ce que j'ai déjà senti cet arôme auparavant..." Tout en promenant ses mains sur la poitrine de Harvey, elle murmurait.
En entendant ses paroles, Harvey fut immédiatement abasourdi et un sentiment étrange envahit son cœur.
D'une façon ou d'une autre, il ne pouvait pas dire de quel genre de sentiment il s'agissait, encore moins le contrôler. Il a alors traîné la femme ivre hors des toilettes et vers l'entrée du bar.
Mécontente d'être soulevée, Nancy essaya de se libérer. Elle attrapa ses manches et se plaignit, ses grands yeux de chiot grands ouverts, "Lâche-moi. Où m'emmènes-tu ?"
"À la maison." Harvey ignorait son comportement et dit froidement, "Demain, c'est ton jour de mariage. Tu ne devrais pas être ici à t'enivrer."