"Mais papa !" Damian se plaint comme l'enfant qu'il était pendant que je caressais sans but le pelage de Carl. Un sourire moqueur se pose confortablement sur mes lèvres alors que j'observe les deux.
"Damian, je jure à la Déesse que si tu crie encore une fois à mes oreilles, je vais te tuer." Jey répond en grondant entre ses dents.
"C'est pas juste !" Il continue avant de m'envoyer un regard détestable. Je lui envoie simplement un baiser dans l'air qui fait briller ses yeux. "Il a le droit de dépasser les frontières - pourquoi pas moi ?!"

"Damian." Dit Justin, intervenant avant que son compagnon ne puisse tuer leur fils. "Nous avons cette discussion depuis une semaine maintenant et notre décision est définitive."
"Mais h-"
"Damian." Il réplique et Damian ferme aussitôt la bouche. "Tu ne vas pas dépasser les frontières de la meute - fin de l’histoire."
Les lèvres de Damian se pressent en une mince ligne et ses poings se serrent fortement à ses côtés. Il reste silencieux, comme le reste de la famille qui était assise dehors sur l’herbe.
Chaque jour, vers le déjeuner ou en fin d'après-midi, nos parents prenaient une ou deux heures de leurs emplois du temps de meute chargés pour passer du temps en famille. Certains jours, nous mangions simplement à table, regardions un film, ou allions courir en groupe - aujourd'hui, nous nous détendions dans notre jardin à l'ombre des grands arbres qui nous protégeaient en grande part du soleil.
Joey faisait les devoirs d'anglais de Hank pendant qu'il lui faisait un massage des pieds en paiement. Hank était trop stupide pour réaliser qu'elle avait fini cinq minutes après qu'il ait commencé à appuyer ses pouces sur la plante de son pied et qu'elle jouait maintenant avec stylo entre ses doigts.

Patrick était allongé sur son ventre, le nez plongé dans un livre, les jambes croisées derrière lui. Ses cheveux étaient attachés en un chignon lâche avec quelques mèches qui tombaient sur ses joues.
Damian était le seul debout, donnant des coups de pied dans la terre comme si c'était sa faute s’il n’obtenait pas son souhait.
Il dominait de quelques pieds nos parents, qui se blottissaient dans les bras l'un de l'autre. La tête de Jey était confortablement nichée sous le menton de Justin, leurs bras et jambes complètement enlacés. Tous deux regardaient Damian, sans être du tout impressionnés par son avantage en taille.
Moi - j'étais assis les jambes repliées sous moi, les doigts enfouis dans la fourrure de Carl, lui donnant l'amour et l'attention dont il avait été privé depuis bien trop longtemps.

Damian ouvre la bouche pour argumenter une fois de plus, mais je le devance avec l'intention de le taquiner un peu plus.
"Damian," je commence aussi sympathiquement que je le peux, il tourne la tête vers moi, "un jour, quand tu seras plus âgé et peut-être un peu plus mature, tu pourras dépasser le jardin de papa. Ne t'inquiète pas petit, ton heure viendra." Je termine avec un sourire narquois tandis que ses yeux s'illuminent de feu.
Je te l'ai dit une centaine de fois et je te le répète - Carl commence à regarder Damian avec méfiance. On dit de ne pas titiller l'ours, je dis de ne pas titiller le Démon.
"Fey, ne le provoque pas." mon père avertit et je m'excuse silencieusement.
"C'est du favoritisme!" accuse Damian et Jey roule tellement des yeux, j'ai juré qu'ils resteraient coincés.
"Gamin, sérieusement, tais-toi." Il grogne avec colère. Avant que Damian puisse répondre, il se tourne rapidement vers Hank. "Toi. Distrais-moi."
"Distrayez-vous, vieil homme." réplique Hank et tout le monde ricane.
"Joey, princesse, dites-moi que vous avez quelque chose d’intéressant." dit-il, ignorant complètement la réponse de Hank.
"Désolé grand-père, je n'ai rien." Elle dit en haussant les épaules et Aubrey regarde douteusement Patrick. Tous les regards sont tournés vers Patrick, qui est trop pris dans son livre pour le réaliser. Lorsqu'il réalise finalement qu'il est beaucoup trop silencieux, il lève les yeux juste au-dessus du bord de son livre. Il regarde brièvement autour de lui avant de serrer son livre plus fort.
"Q-Quoi?"
"As-tu quelque chose pour me divertir, Patrick-boy?" demande douteusement Aubrey en regardant son fils timide. Il semble que ce soit une éternité avant que Patrick ouvre la bouche pour répondre.
"I-Il y a une chance de v-vingt-cinq pour cent que C-Carl s'en prenne à Fey." Il bafouille et Carl se redresse immédiatement avec un air d'horreur sur son visage pendant que je retire discrètement mes mains de lui.
Je ne le ferai pas! Je promets que je ne le ferai pas! - Carl supplie en me regardant et je lui adresse un petit sourire.
"Tu as énervé le jaguar, c'est suffisant." Aubrey réfléchit avant de retomber sur le corps de Justin et de prendre une profonde respiration. "Eh bien, vous êtes vraiment ennuyeux. Fey, Damian, allons-y."
"Chasse au loup solitaire?!" Damian s'interroge avec un regard de pur plaisir sur son visage.
"Non. Entraînement du bâtard." Joey répond d'un ton monotone alors que Hank se creuse dans sa clavicule, passant d'un massage des pieds à celui du dos. Damian lui envoie un regard noir, mais mon père attrape son col et l'emmène avant qu'il ne puisse répondre.
"Fey." Il m'appelle et je me lève, Carl juste à côté de moi alors que nous les suivons. Je dis au revoir aux autres avant de s’éloigner un peu pour les rattraper.
"Alors, aujourd'hui, nous allons au camp pour enfants. Les jeunes diablotins essaient de se transformer pour la première fois, et tu peux les aider." dit Papa à Damian maintenant fronce les sourcils. "Montre aux parents que tu es un gars sympa qui a l'habitude avec les enfants."
"Mais je déteste les enfants." réplique Damian, d'un ton sérieux.
"Nous le sommes tous les deux." Papa soupire avant de me regarder.
"Tu le fais paraître bien. Empêche-le d'arracher le bras de quelqu'un et aujourd'hui tu peux partir en exploration, fausse Dora." Il continue. J'ignore le commentaire et me concentre sur la joie dans ma poitrine à la perspective de finalement sortir.
Pendant des années, je suppliais de sortir, de voir ce qui restait inexploré par le monde.
Quand j'avais huit ans, j'avais passé en revue chaque bout d'herbe que contenait notre terrain trois fois de suite. Depuis lors, on m'a refusé l'occasion de sortir et enfin, enfin… je verrais ce que le monde avait à offrir.
"Pas de jurons. Pas de menaces. Pas de regards noirs." Papa énumère un par un. "Seulement des sourires et des rires. Tu dois être plus heureux que f*cking Bob l'éponge."
"Ouais, ouais." Damian marmonne. "Au moins, je ne suis pas le seul à souffrir pour celui-ci."
"Anna ne vient pas." Papa révèle et je jure que Damian a craqué une veine.
"Pourquoi pas ?!"
"Elle est bonne avec les enfants." dit-il en haussant les épaules. Les enfants de la meute l'adorent.
Je me désintéresse de l'argument qui découle de cela, me concentrant sur ce que je ferais après le spectacle à venir.
***
"Je pense que ça s'est assez bien passé." je dis entre rires en regardant la chemise de Damian tachée de vomissures.
"Ne le fais pas." Il grommelle pendant que Papa saute sur place, riant à gorge déployée.
"C'était la meilleure chose que j'ai jamais vue !" Il s'exclame en riant, ce qui n'a fait qu'amplifier mon propre rire.
Les choses ont commencé en douceur avec Damian étant aussi civil que possible tout en essayant de gérer les nombreux enfants.
Il a aidé quelques-uns à se calmer suffisamment pour se transformer, les a guidés à travers la douleur initiale et a même raconté à un groupe sa première transformation. Ceci, bien sûr, était très populaire car Damian était un peu une légende, se transformant à l'âge de dix ans au lieu de douze comme le loup moyen.
Les choses allaient bien. Il prenait en réalité du plaisir et puis on lui a donné la tâche d'aider le rejeton de la meute. Il ressemblait à un oméga, petit et fragile avec la peur brillant dans ses yeux alors qu'il levait les yeux vers Damian.
Il me rappelait un peu le jeune Patrick.