L'un d'eux a crié. Un autre a bafouillé une sorte d'excuse et s'est échappé de la table en direction du salon. Puis, j'étais seule avec Tyler et je me sentais embarrassée. Je ne m'en remettrais jamais. J'aurais dû garder ma bouche fermée. Il allait sûrement se moquer de moi, ou se mettre en colère.
Mon meilleur pari était de faire comme si tout était normal. Après tout, il était dans mon meilleur intérêt de faire en sorte que ma position de sa putain ou maîtresse ou peu importe ce que Tyler racontait aux gens paraisse aussi réelle que possible.
J'ai essayé de me calmer, alors je ne me suis pas retournée pour le regarder.

Il a contourné la table pour s'assoir en face de moi, me fixant. Je n'ai pas croisé son regard, trop embarrassée et me préparant à la moquerie.
"...pourquoi as-tu dit ça ?"
Jouer la cool. Je devais jouer la cool. Cela pourrait être une occasion d'en savoir plus sur Tyler. Ses faiblesses et ses désirs. Il serait plus facile, à long terme, d'utiliser ces choses contre lui pour apprendre tout ce que je dois savoir.
"C'était un coup de tête."
Il a reniflé, "Essaie encore avec un meilleur mensonge, hm ?"
J'ai fini ma nourriture et me suis excusée pour quitter la table. A ma surprise, il ne m'a pas arrêtée. J'ai monté les escaliers aussi vite que possible, en évitant les autres invités. En fermant la porte derrière moi avec un petit soupir de soulagement, je ne pouvais pas croire ce que j'avais entendu.

Qu'est-ce qui se passait ?
Que pensait Tyler ? Que faisait-il ? Que faisais-je ? Rien de ce que j'apprenais n'avait de sens.
Comment tout dans les actualités pourrait-il être un mensonge ? Un déguisement ? Pour quoi ? Cette fête n'était même pas réelle ! Quel était le but de tout cela ?
L'homme qui avait sauvé ma vie et l'homme qui jouait aux jeux de la mort étaient la même personne, mais ce n'était pas le monstre lubrique, volontaire et ivre de pouvoir que j'avais imaginé.

Je ne pouvais même pas deviner une raison pour qu'il soit impliqué dans le massacre de Fluorspar. Tyler avait seulement quelques années de plus que moi, donc à l'époque, il devait avoir dix-huit ans. Il est possible qu'il ne sache rien du tout, mais il est le seul fils de l'alpha qui en a bénéficié. Il devait savoir quelque chose !
Ma tête a commencé à faire mal. S'il ne savait rien et que les Wallbers n'étaient pas impliqués, alors les trois dernières années étaient une perte de temps complète.
Je ne pouvais pas accepter que toute cette douleur et cette souffrance aient été en vain. Je perdrais le peu de santé mentale qui me restait.
Je me suis laissé tombé sur le lit pour réfléchir, en repassant la soirée et toutes les personnes que j'avais vues dans mon esprit, mais rien ne ressortait. Je n'avais pas pu rester plus d'une heure dans ma chambre avant qu'Edward ne m'envoie un texto pour me demander où j'étais et si j'avais besoin de quelque chose.
Son comportement trop agréable n'a fait qu'aggraver mon mal de tête.
Mademoiselle Rosie, vous aimez les douceurs, n'est-ce pas ?
Vous ne voudriez pas descendre et prendre un dessert ?
Les quelques photos suivantes montraient des gâteaux, des tartes et d'autres desserts. Lorsqu'un bol de glace arrosé de chocolat est apparu, j'ai soupiré.
Edward était persistant et rien ne valait une glace quand j'étais déprimée. Je ne me souvenais pas de la dernière fois que j'avais mangé une glace.
Très bien. J'arrive.
Il a répondu avec un emoji de jubilation alors que je quittais ma chambre pour retourner au rez-de-chaussée. Arrivée au bas de l'escalier, je suis entrée dans le salon. Le barman draguait un groupe de femmes. Un groupe d'hommes se tenait à droite du salon. J'espérais récupérer ma glace et fuir avant que Tyler ou quelqu'un d'autre ne me remarque.
C'est alors que j'ai vu le fils aîné de Kyler. Kyler était le bêta de mon père. Je savais de source sûre que Kyler était en ville lors de l'attaque, et son fils aussi. Que faisait-il ici ?
S'il avait échappé à l'attaque, cherchait-il lui aussi à se venger ? Il serait logique qu'il soit entré dans le cercle intime factice de Tyler s'il avait survécu. Si je me souviens bien, ils avaient de la famille dans une autre meute avec laquelle ils auraient pu se cacher.
Je voulais lui poser la question, mais je me suis retenu avant de laisser échapper un son. Quelque chose n'allait pas dans cette image. Il ne semblait pas sur ses gardes. Il avait l'air à l'aise, comme s'il était ici tout le temps. Cela aurait pu être une mise en scène, mais le fils de Kyler n'était pas le plus malin quand il était jeune.
Et si Kyler avait aidé la meute de Thunderstorm et que son fils était ici en tant qu'invité à cause de cela ?
Cette pensée me retournait l'estomac, mais je ne pouvais pas me la sortir de la tête.
Ma meute avait été riche mais pas nombreuse. Nous étions connus pour nos fleurs, nos mines, et la beauté des terres environnantes. Papa était un bon homme d'affaires et un leader. Il prenait soin à ce que nous vivions et travaillions en paix. Nos forces étaient juste suffisantes pour nous défendre en cas de besoin ou du moins pour nous donner le temps de fuir si quelque chose de grave arrivait.
En repensant à tout cela, il était impossible qu'un groupe de loups-garous assez grand pour tuer toute la meute soit passé inaperçu par les patrouilles. Pas même s'ils étaient des bandits migrants !
Quelqu'un à l'intérieur de la meute aurait dû les aider à éviter les chemins de patrouille et Kyler était la seule personne qui aurait pu obtenir ces informations autrement que mon père.
Mais comment cela pourrait-il être possible ?
Kyler, ou oncle Kyler comme Alice et moi l'appelions, a toujours été très gentil avec nous. Quand nous étions petites, il cachait des chocolats dans ses manteaux pour qu'Alice et moi puissions les trouver. Il nous gâtait. Je l'ai toujours considéré comme de la famille. Il a été si bon pour nous…
Mais il connaissait aussi chaque faiblesse de notre meute. Il n'y avait personne d'autre qui aurait pu les conduire autour de toutes les patrouilles et directement dans notre maison.
Kyler était un traitre.
Mon esprit tourbillonnait. Je ne pouvais pas approcher le fils de Kyler sans plus d'informations. La glace n'en valait pas la peine et la réalisation m'a fait perdre mon appétit. J'ai tourné pour partir aussi vite que je pouvais.
"Mademoiselle Rosie ?" Edward m'a appelée. "Voulez-vous des bonbons ?"
Mon estomac s'est retourné alors que je me précipitais dans les escaliers, me couvrant la bouche et essayant de repousser les souvenirs qui m'envahissaient. Ma tête me faisait mal, mais si je pouvais juste trouver quelque chose à compter, je pourrais y arriver.
Le cachot était moisi. L'air était frais, tourbillonnant autour de moi. Aubree laissait échapper des sanglots lourds. Puis des cris. Elle est devenue silencieuse pendant que le lit grince sous chaque mouvement de son corps flasque.
Je serrais Alice contre moi, lui couvrant les oreilles et la collant contre moi, suppliant l'un des gardes de faire quelque chose, mais ils regardaient sans rien dire pendant que Kai s'enfonçait en Aubree de l'autre côté de la pièce.
J'ai essayé de partir encore une fois, en emmenant Alice avec moi. Les gardes riaient, bloquant le passage hors de la pièce.
"Mes bonbons sont les meilleurs," Kai grognait, se penchant sur Aubree et léchant ses larmes. Je pouvais presque sentir son poids sur ma poitrine, le regardant. "N'aimez-vous pas les bonbons ?"
J'ai cherché quelque chose sur quoi me concentrer. Un lit. Une lampe. Deux oreillers.
Le garde arracha Alice de mes bras et la traîna à travers la pièce. Un autre me retenait sur place pendant que je pleurais et suppliais. Alice criait, se débattant et coincée sous Kai. Aubree était silencieuse dans un coin éloigné de la pièce.
"Arrête ! Laisse-la tranquille ! S'il te plaît, laisse-la tranquille !"
Il riait, la pénétrant par à-coups puissants, "Je sais que les gentilles petites filles adorent les bonbons."
Le sang tachait les draps. Il repoussa Alice du lit quand elle arrêta de crier et resta simplement allongée sans bouger.
"A ton tour, petite fille... Brave, impatiente petite fille... Viens chercher des bonbons."
Un, deux, trois, quatre poteaux dans le cadre du lit. Je ne pouvais pas respirer. Je ne peux pas respirer.
La douleur me traversait. Son poids m'écrasait sous lui. Il donnait des coups de plus en plus fort, faisant trembler le lit sous son poids. Je continuais à crier. Me débattant, mais rien ne bougeait. Ses gardes me tenaient, riant de moi. Profitant du spectacle.
Une douleur humide et lancinante palpita entre mes jambes.
"Arrête !"
"Arrête !" J'ai dit en me tenant la tête. "Arrête. Arrête ! Arrête !"
Je me suis recroquevillée près du lit, me concentrant sur les fils du tapis.
Un... Deux... Trois... Quatre... Cinq...
Je me suis perdue à détailler les fils individuels, et les souvenirs se sont estompés. Je sentais encore mes mains trembler. Je me sentais nauséeuse et étourdie. En surchauffe et glacée comme si mon corps ne savait pas ce qu'il ressentait. Je me suis allongée sur le tapis, m'obligeant à prendre de grandes respirations alors que je remarquais la texture du bois de la commode et que j'ai commencé à compter les fils.
"Un... Deux... Trois..."
"Tu vas bien, Rosie ?"
J'ai eu un mouvement de recul, levant les yeux vers le visage qui se penchant par la porte. Tyler était la dernière personne que je m'attendais à voir. Avait-il frappé ou venait-il d'entrer ?
Il ne pouvait pas me voir comme ça.
"Sors," dis-je. "Sors !"