Emilie fut surprise de trouver Dina dans cet état. Elle la reconnaissait à peine. Dina semblait effrayante. Elle était pâle, ses cheveux étaient en désordre et son visage était couvert de larmes, mais ce n'est pas ça qui effrayait Emilie.
C'était ses yeux. Les yeux de Dina semblaient morts, comme si son âme avait quitté son corps. Elle fixait Emilie et pourtant, il semblait qu'elle ne la regardait pas, mais qu'elle regardait à travers elle. Emilie se demandait ce qui s'était passé, alors elle entra lentement. "Dina?" appela-t-elle hésitante.
Quand elle n'obtint pas de réponse, elle s'approcha lentement de Dina.
"Y a-t-il quelque chose qui ne va pas ?"
Une seule larme coula sur sa joue. "Il est mort !" Dit-elle, sa voix dénuée de toute émotion.
"Qui est mort ?" demanda Emilie, confuse.
"Mon fils." Ce n'était presque qu'un chuchotement.
Dina avait un fils ? Emilie ne savait pas et elle ne savait pas non plus comment consoler Dina.
Soudain, Dina déplaça son regard et fixa directement Emilie. Le regard dans ses yeux donna un frisson à Emilie.
"Toi…" Dit-elle, et Emilie réalisa qu'elle était en danger, même si elle ne savait pas ce qu'elle avait fait de mal.
"Tu as dit que tu l'aimais...mais tu ne l'as pas sauvé."
Dina se leva précipitamment du lit et commença à se diriger lentement vers Emilie.
Emilie recula de quelques pas, effrayée par le regard fou dans les yeux de Dina. Elle semblait vouloir détruire le monde. Emilie était bien sûr une combattante mais elle savait qu'elle n'avait aucune chance face à Dina. La femme était une sorcière après tout.
"Alors...qui va te sauver maintenant ?" Dit-elle de manière menaçante.
Emilie se retourna et courut vers la porte, attrapant la poignée qu'elle voulait ouvrir vite pour sortir, mais soudain la porte se ferma par une force invisible et Emilie ne pouvait plus l'ouvrir. La panique s'installa et elle tendit la main pour attraper le couteau qui ne servirait probablement pas à grand-chose, mais de nouveau une force invisible l'éjecta de sa main et il vola de l'autre côté de la pièce.
Rapidement, les yeux d'Emilie cherchèrent quelque chose dans la pièce qu'elle pourrait utiliser pour se défendre, mais avant qu'elle ne puisse même bouger, Dina la saisit par le cou et la plaqua contre le mur.
Emilie essaya de donner des coups de pied, de pousser ou de frapper, mais ni ses jambes ni ses bras ne pouvaient bouger. Comment pourrait-elle se défendre si elle ne pouvait même pas se servir de ses membres ? Elle ne pouvait utiliser que sa bouche, peut-être devrait-elle essayer de raisonner Dina, mais elle pouvait à peine respirer alors que Dina resserrait encore plus son étreinte, comprimant tout l'air que contenaient les poumons d'Emilie.
"Nous avons tous dit que nous l'aimions, mais personne n'a pu le sauver. Personne ! Nous méritons tous de mourir."
Allait-elle mourir de cette façon ? Et sa famille ne le saurait même pas. Non, elle refusait de mourir.
"Tu refuses ?!" Demanda Dina. Elle pouvait lire dans ses pensées ? "Très bien alors...Je vais te faire souffrir d'abord."
Puis soudainement, Emilie sentit son corps être projeté à travers la pièce. Elle se prépara à la douleur à venir alors qu'elle heurtait le mur puis tombait sur une table qui basculait et elle tombait encore plus bas sur le sol.
Emilie roulait sur le sol en douleur tout en haletant pour de l'air. Elle devait s'enfuir et essaya de se lever malgré la douleur quand Dina lui donna un coup de pied dans l'estomac et elle retomba en criant.
"Je vais tuer tout le monde qui prétendait l'aimer, tout le monde et ensuite je vous rejoindrai. Sais-tu pourquoi ?" demanda-t-elle. "Parce que je l'aimais le plus et pourtant je n'ai rien fait...rien."
Ce n'était pas bon. Emilie pouvait entendre la colère et le désespoir dans la voix de Dina. Si elle ne s'échappait pas Dina la tuerait à coup sûr.
"Ah oui. Avant de me tuer moi-même, je dois tuer ma mère aussi. Je vais la tuer!" cria-t-elle.
Pendant que Dina parlait à elle-même, Emilie essaya de ramper pour s'échapper, mais Dina l'attrapa rapidement par les cheveux et la tirait vers le haut, rapprochant leurs visages l'un de l'autre. "Tu veux vivre princesse ? Alors que tu laisses mourir l'homme que tu aimes ?"
Emilie était confuse. De qui Dina parlait-elle ? Elle n'avait jamais aimé qu'un seul homme et c'était Faust.
"Oui. Je parle de Faust. Il est mort !" cria-t-elle en la repoussant à nouveau.
Emilie tomba. "Faust est mort ?"
"Oui."
"Non !" Emilie secoua la tête. "Non, non !" Non, elle parlait probablement d'un autre Faust.
"Tu peux le nier autant que tu veux, mais ça ne le ramènera pas des morts." Dina attrapa de nouveau Emilie par les cheveux.
Emilie remarqua un vase qui se trouvait sur la table à proximité. Elle le saisit rapidement et le fracassa sur la tête de Dina. Elle s'attendait à ce que Dina tombe, mais elle resta droite alors que le sang s'écoulait de sa tête et sur son visage.
Soudainement elle rit, ce qui choqua Emilie.
"Allez ! Frappe-moi encore !" dit Dina.
Emilie était confuse.
"J'ai dit allez !" Dina cria puis Emilie la frappa au visage ce qui fit éclater la lèvre de Dina.
"C'est tout ce que tu as ?" demanda Dina avec un sourire narquois. "Tu ne me laisses pas d'autre choix que de te montrer comment faire." Elle dit et gifla Emilie à travers le visage.
Emilie avait déjà été giflée auparavant, même par des hommes forts, mais ça n'a jamais fait autant mal. Toute sa tête pulsait de douleur et elle perdit l'équilibre et tomba. Dina se positionna au-dessus d'elle et s'apprêtait à donner une autre gifle quand quelqu'un parla.
"Arrêtez !"
Amandin ! Emilie ressentit un soulagement soudain.
"N'interviens pas ! Je te préviens !" dit Dina avec un ton mortel.
"Ne la touche pas. Je te préviens !" Il parla avec ce même ton mortel.
Elle comptait l'ignorer quand quelqu'un a appelé son prénom. "Dina!"
Cette voix fit un frisson parcourir l'épine dorsale d'Emilie. Elle voulait voir à qui appartenait la voix, mais garda son regard fixé sur Dina.
"Qu'est-ce que tu fais?"
Dina laissa lentement retomber sa main tandis que le regard fou dans ses yeux se transformait en une confusion et une tristesse. L'homme s'empressa de la rejoindre à son côté et la tira loin d'Emilie puis il l'enveloppa de ses bras. "Ça va aller." Murmura-t-il.
Emilie ne prit pas un instant pour regarder l'homme et chercha rapidement à se lever pour partir, mais Amandin l'avait déjà soulevée dans ses bras et l'emmenait loin. Emilie se sentait gênée mais ne protesta pas, car elle avait trop mal pour marcher toute seule.
**
Amandin essayait de rester calme pendant qu'il transportait Emilie dans sa chambre. Il était choqué et en colère, il n'avait jamais vu Dina agir ainsi auparavant. Il n'aurait pas dû laisser Emilie seule ici. Si il était arrivé un peu plus tard, elle aurait pu être morte. La possibilité de la perdre lui donnait facilement une sensation de vulnérabilité et il détestait ça.
Il la plaça lentement sur son lit et elle se crispa de douleur. Son beau visage était maintenant recouvert de contusions et ses vêtements trempés de son propre sang.
Amandin serra les poings, la voir comme ça le rendait furieux. Si c'était quelqu'un d'autre qui lui avait fait ça, il serait mort depuis longtemps, mais c'était Dina. Il savait qu'elle pleurait la perte de son fils et se reprochait de ne pas l'avoir sauvé.
"Reste ici" dit-il et partit chercher une trousse de secours.
À son retour, il trouva Emilie recroquevillée sur son lit, ses bras enroulés autour de sa taille. Pour la première fois, il ne vit pas la femme forte qu'il avait l'habitude de voir. Elle semblait effrayée et il pouvait comprendre cela. Amandin posa la trousse sur la table de chevet et s'assit soigneusement à côté d'elle.
Il attendit patiemment qu'elle s'asseye puis tendit la main vers son visage. Elle recula brusquement.
"Je ne vais pas te blesser." Il assura, puis enleva doucement la chevelure de son visage et la mit derrière son oreille. Alors qu'il soignait ses blessures, elle ne se plaignit pas une seule fois, même si c'était probablement un peu douloureux.
Amandin savait que non seulement son visage était meurtri mais son corps aussi. Sachant qu'elle ne le laisserait pas l'aider à soigner ces blessures, il lui donna la trousse de secours et une robe propre.
"Qu'est-il arrivé à Faust?" Demanda-t-elle abruptement.
Amandin fut surpris un instant. Il avait presque oublié qu'elle était amoureuse de Faust et lui dire que l'homme qu'elle aimait était mort, ce n'était pas quelque chose qu'il voulait faire en ce moment-là.
Les yeux d'Emilie se remplirent de larmes. "Il n'est pas mort, n'est-ce pas ? Elle parlait de quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ?" Une larme coula sur sa joue et elle l'essuya rapidement avec le dos de sa main.
Amandin ne pouvait pas se résoudre à lui dire, alors il resta silencieux. Peut-être que son silence parlerait de lui-même.
"S'il te plaît... dis-moi qu'il n'est pas mort. S'il te pla...ît." Elle commença à pleurer hystériquement.
Son corps tout entier tremblait alors qu'elle enfouissait son visage dans ses mains. Amandin voulait la réconforter mais il ne savait pas comment. Même s'il le savait, pourquoi voudrait-il la réconforter alors qu'elle pleurait pour un autre homme?
Se retournant, il la laissa seule pensant qu'elle finirait par se calmer, mais il avait tort.
Elle continua à pleurer toute la nuit jusqu'à ce qu'elle soit épuisée et s'endorme presque au lever du soleil.
**
"Comment va-t-elle ?" demanda Lucifer en prenant place dans le jardin où Amandin faisait une petite sieste après avoir écouté les pleurs d'Emilie toute la nuit.
"Elle vient de s'endormir."
"Tu tiens à elle." Lucifer nota. "Je ne pensais pas que quelqu'un d'aussi promiscue que toi pourrait se soucier de quelqu'un."
"Eh bien... si Lucifer lui-même peut se soucier de quelqu'un, alors n'importe qui peut se soucier de quelqu'un. Au fait... comment Dina s'est-elle réveillée ? As-tu trouvé sa mère ?"
"Non. Je l'ai juste trouvée éveillée." dit Lucifer pensif.
"Qu'est-ce que c'est?" demanda Amandin.
"J'ai réfléchi. Peut-être que...Faust est vivant."
"Pourquoi penserais-tu ainsi?"
"Les démons ne peuvent pas mourir à moins d'être tués par d'autres créatures surnaturelles. Pourquoi Faust serait-il une exception?"
"Parce qu'il n'est pas entièrement un démon." Amandin a affirmé comme un fait réel.
"C'est vrai, mais il aurait pu mourir et revenir à la vie, tout comme Dina."
Dina était morte après avoir donné naissance à Faust, mais elle était revenue à la vie parce qu'elle avait du sang de démon dans son système. Quand elle est revenue à la vie, elle est devenue partiellement un démon. Faust était déjà partiellement un démon, ce qui signifiait que quand il est mort, son côté démon aurait pu le sauver et il s'est réveillé en étant un démon complet. Mais alors, encore une fois, les démons pouvaient traquer d'autres démons, alors pourquoi ne pouvaient-ils pas le trouver? Amandin se le demandait.
Cela signifiait qu'il était soit mort, soit peut-être même s'il s'est éveillé en tant que démon complet, il avait encore ses pouvoirs de sorcière. Une combinaison mortelle en effet, et cette combinaison mortelle ne serait pas trouvée à moins qu'il ne veuille être trouvé.
"Il y a un moyen de trouver Faust s'il est en vie." En tant que démon lui-même, Amandin savait que les démons étaient très protecteurs et possessifs envers leurs partenaires.
"Comment?"
"Mariette."
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À suivre!