"Où allons-nous?" demanda Emilie alors qu'elle suivait Amandin à travers les bois sombres.
"Tu verras une fois que nous y serons." Dit-il.
Tard dans la nuit, dans les bois, seule sans arme et avec un homme qui pouvait combattre dix hommes par lui-même, n'était peut-être pas une si bonne idée après tout.
Emilie a commencé à calculer toutes les façons possibles de se défendre si jamais il essayait de faire quoi que ce soit.
"Qu'as-tu fait aux gardes?" elle a demandé.
Alors qu'ils s'échappaient, elle a remarqué que tous les gardes gisaient immobiles sur le sol.
"Je les ai endormis." Dit-il simplement.
"Comment? Je croyais que tu ne pouvais pas utiliser la magie."
"Non...mais je leur ai chanté une berceuse."
Même si Emilie ne pouvait pas le voir clairement dans l'obscurité, elle savait qu'il avait un sourire sur son visage.
Ne voulant plus être moquée, elle a continué en silence. Pendant ce temps, elle essayait de trouver le moment parfait pour s'échapper, mais il faisait si noir qu'elle avait peur de quitter le côté de Roshan. Une fois le soleil levé, elle s'échapperait, pensa-t-elle à elle-même.
"Ici." Dit Amandin alors qu'il s'arrêtait et se tournait vers elle.
Emilie regarda autour d'elle. Où? Elle ne voyait rien d'autre que des arbres et de l'obscurité.
Soudain, il a franchi la distance qui les séparait, a enroulé son bras autour de sa taille et l'a attirée vers son corps. Avant qu'Emilie puisse le repousser, elle sentit le sol sous ses pieds s'ouvrir et puis soudainement elle tombait. Un cri lui échappa et elle s'accrocha à Amandin de toutes ses forces.
Emilie ne comprenait pas ce qui se passait mais elle voulait juste que ça se termine. Ou peut-être pas, parce que tombant si loin elle mourrait probablement à la fin. Bon sang, elle était en train de mourir.
"Je ne te laisserais pas mourir...pas encore."
"Hein." Emilie ouvrit brusquement les yeux et se retrouva plaquée contre le corps d'Amandin. Elle l'aurait repoussé si elle n'était pas celle qui le tenait si étroitement. Lâchant doucement ses mains, elle recula de quelques pas, soulagée de sentir à nouveau le sol sous ses pieds, puis elle regarda attentivement autour d'elle. Attendez! Elle connaissait cet endroit. C'était l'endroit où Dina l'avait emmenée, elle et Mariette.
"Allez-vous?" Amandin lui fit signe d'entrer.
Emilie hésita un instant puis entra.
"Où est Dina?" Elle se sentirait beaucoup plus en sécurité si une femme était là.
"Elle n'est pas ici." Il déclara brièvement. Ouvrant une porte, il la conduit dans une pièce.
"Tu peux rester ici." Dit-il.
Rester? Même si Emilie ne savait pas où aller, l'idée de rester ici avec Amandin lui fit monter un frisson dans le dos. Il y avait quelque chose à propos de lui qui lui faisait peur et la rendait inquiète. Il avait cette aura sombre qui évoquait le danger et ce regard envoûtant. Elle avait peur de plonger son regard dans le sien, comme si il pouvait dévoiler ses secrets les plus sombres si elle le faisait.
Ses lèvres se courbèrent légèrement comme s'il pouvait lire ses pensées.
Emilie s'éclaircit la gorge "Vous avez dit que vous n'étiez pas une sorcière?"
"Je ne le suis pas."
"Alors comment avez-vous réussi à nous amener ici comme par magie?" Interrogea-t-elle.
"Eh bien, il y a certains avantages à avoir un ami qui est un sorcier." Il expliqua.
Emilie ne parvenait pas à suivre, car il parlait par énigmes. "De toute façon, je ne compte pas rester ici."
Non ! Elle ne pouvait pas rester seule avec un homme, mais où irait-elle? Elle n'avait pas d'ami...Mariette?
Non, Mariette serait mal à l'aise de l'avoir. Emilie elle-même serait mal à l'aise car elle ne voulait pas revoir Faust. Cela aurait pour effet d'anéantir tous ses efforts pour l'oublier.
"Alors, as-tu un autre endroit où aller ?" demanda-t-il, haussant un sourcil.
Non, elle n'en avait pas. Comme s'il pouvait sentir sa peur, "Ne t'inquiète pas, je ne mange pas les humains." Il rassura en montrant ses dents blanches parfaites avec des canines légèrement plus longues et pointues.
Emilie se sentait troublée, encore plus par la façon dont il parlait des humains comme s'il n'était pas l'un d'eux.
"Alors je vais te laisser te reposer." dit-il en utilisant un ton plus poli avant de partir et de fermer la porte derrière lui.
Emilie a soudainement paniqué. Et s'il l'avait enfermée à l'intérieur ?
Alors, elle se précipita hors de la pièce.
Amandin, qui était presque à mi-chemin du couloir, se retourna. "Y a-t-il un problème ?", interrogea-t-il.
"J'ai faim." dit-elle et ce n'était pas un mensonge, mais ce n'était pas la principale raison pour laquelle elle voulait manger. Elle avait besoin d'une arme pour se défendre et dans la cuisine, elle pourrait trouver beaucoup de choses utiles.
Amandin se retourna et pendant un moment, elle pensa qu'il allait l'ignorer et partir avant qu'il dise
"Suis-moi."
Emilie le suivit avec empressement alors qu'il la menait vers une salle à manger. Non, ce n'est pas là qu'elle voulait être.
"Assieds-toi et j'apporterai quelque chose."
"Pas besoin. Je peux te suivre, peut-être que je peux aider."
Amandin haussa un sourcil. "Aider ? Je suis sûr que tu n'as jamais coupé un légume de ta vie, princesse."
"Non. Mais j'ai coupé des gens. Les légumes ne peuvent pas être plus difficiles." Dit-elle avec confiance.
Amandin secoua la tête avec un sourire. "D'accord alors. Suis moi."
Cette fois-ci, il l'emmena dans la cuisine. "Qu'est-ce que tu veux manger ?"
"Juste quelque chose de simple." Emilie haussa les épaules.
Amandin posa une salade, un concombre, un oignon, des tomates et du poivre devant elle. "Coupe ça." dit-il en lui tendant un couteau.
Emilie regarda les légumes devant elle, se demandant par lequel elle devrait commencer.
Attrapant le concombre, parce qu'il semblait le plus facile, elle commença à le couper en rondelles.
"Coupe-les en petits carrés." instructionna Amandin.
Emilie devint confuse. Comment était-elle censée couper cette chose ronde en petits carrés ?
"Tu peux couper ça." Dit-elle en le mettant de côté. "Je vais couper ça." Dit-elle en prenant l'oignon. Emilie commença à le couper également en rondelles.
"Tu dois le couper en lamelles." Il l'interrompit à nouveau.
Lamelles ? Emilie essaya de comprendre comment le couper en lamelles, mais finit par le couper en toutes sortes de formes différentes.
Amandin secoua la tête en voyant le gâchis qu'elle avait créé. "Tu vois, princesse. Pour couper des gens, tu n'as pas besoin de compétences, mais pour les légumes, tu as besoin de compétences et...tu ne les as tout simplement pas."
Il lui prit le couteau des mains. "Maintenant laisse-moi te montrer comment faire."
Emilie l'étudia attentivement et fut fascinée par la rapidité et la précision avec lesquelles il coupait les légumes. Il les découpait en toutes sortes de formes différentes, puis, tout en les mélangeant, il versa le tout dans un bol. Il ajouta même quelques autres ingrédients comme des olives, du fromage blanc, du maïs, et finalement un peu d'assaisonnement.
À la fin, cela avait l'air délicieux et Emilie ne pouvait attendre pour y goûter. Elle n'avait jamais vu une salade aussi appétissante auparavant.
"Qu'en dis-tu, princesse?" demanda fièrement Amandin.
"Cela a l'air délicieux." Elle sourit.
Ils s'assirent à table dans la salle à manger et elle commença à manger. C'était encore meilleur que çà ne le paraissait. Amandin avait même préparé du poulet à manger avec.
Tout en mangeant, elle ne se rendait même pas compte que Roshan la regardait tout le temps ou qu'elle avait oublié de prendre quelque chose dans la cuisine pour se protéger.
Quand elle fut rassasiée, elle se sentit vraiment fatiguée. Après tout, elle n'avait pas dormi de la nuit.
"Veux-tu que je te ramène à ta chambre?"
Soudain, Emilie paniqua en se rappelant qu'elle n'avait pas pris de couteau dans la cuisine. Elle avait été tellement distraite par Amandin et ses légumes. Elle regarda le couteau à nourriture sur la table. Il n'était pas tranchant, mais cela irait pour le moment, pensa-t-elle.
"Oui." dit-elle et elle cacha lentement le couteau alors qu'il se levait pour la ramener dans sa chambre.
"Alors...quand est-ce que Dina revient?" demanda-t-elle sur le chemin du retour.
"Pas de sitôt."
Emilie hocha la tête. Elle ne se sentait pas du tout en sécurité avec Amandin, mais elle n'avait nulle part où aller. Juste cette nuit alors... demain elle partirait, pensa-t-elle.
Une fois qu'ils sont arrivés dans la chambre "Bonne nuit." dit-il et partit sans attendre qu'elle répondit quoi que ce soit en retour.
Alors qu'il s'éloignait, Emilie s'est rendu compte que le sourire narquois habituellement affiché sur son visage était absent. Il avait semblé sérieux tout le long. Elle se demandait ce qui avait bien pu se passer.
La chambre était grande et le lit confortable pourtant Emilie
ne pouvait pas dormir malgré une grande fatigue. Elle n'arrêtait pas d'entendre des bruits étranges ou était-ce des chuchotements, elle n'était pas sûre. Parfois, elle avait l'impression que quelqu'un était dans la pièce, à l'observer silencieusement.
Elle enroula la couverture autour d'elle et ferma les yeux. Elle imaginait probablement toutes ces choses parce qu'elle était loin de chez elle et ne se sentait pas en sécurité ici. Elle préférerait dormir dans les bois. Au moins, elle savait à quoi s'attendre là-bas.
Plus elle essayait d'ignorer les bruits, plus ils devenaient clairs et soudain, elle entendit un cri.
Quelqu'un pleurait à haute voix. Emilie ne savait pas si elle devait rester dans la chambre ou aller voir d'où venait le bruit. Finalement, elle décida d'aller vérifier. Prenant le couteau caché sous son oreiller, elle sortit de la pièce. Suivant le son, elle arriva devant une porte fermée. Elle pouvait maintenant entendre que le bruit venait d'une femme.
Emilie pensa que c'était le cri le plus triste qu'elle avait jamais entendu et elle voulait voir qui était assez triste pour pleurer ainsi. Doucement, elle ouvrit la porte et jeta un coup d'œil à l'intérieur. Une femme était assise sur le lit, ses longs cheveux noirs couvrant son visage et elle pleurait avec ses bras serrés autour d'elle. On aurait dit qu'elle essayait de se retenir de pleurer mais elle n'y arrivait pas.
Comme si elle sentait la présence d'Emilie, la femme cessa de pleurer et leva lentement la tête.
Un hoquet d'émotion échappa aux lèvres d'Emilie - Dina ?!
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A suivre!