"Hé ! Pourquoi es-tu si perdu dans tes pensées ? Et pour quelle raison rougis-tu à ce point ?" m'a demandé Ethan.
Étais-je vraiment en train de rougir ?!
"S'il te plait, a... arrête ! Je ne r... rougis pas ! Ethan, peux-tu juste mettre tes l... lèvres normalement ? Je ne t'ai pas dessiné en train de s... sourire", me suis-je plaint.
"Je suis navré ! Voyant à quel point tu as rougi, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Il est clair que je te fais de l'effet", a-t-il conclu.
"Ferme-la !" ai-je craché en serrant les dents et en le foudroyant d'un regard sévère, ce qui a automatiquement effacé le sourire sur ces lèvres, voyant à quel point j'étais furieux. Bien sûr que j'étais carrément enragé et frustré en ce moment. Je ne savais pas pourquoi il provoquait un tel effet en moi. J'étais certainement en train de rougir vraiment.
De toute manière, j'ai reporté mon attention sur le dessin que je faisais, et déjà en moins de dix minutes, je l'avais terminé. "J'ai fini de dessiner ton i... idiot de visage..." lui ai-je craché en retournant la feuille de papier pour qu'il puisse voir le dessin.
"Waouh !" s'est-il exclamé en faisant de sa bouche un "O" surpris, ses yeux exorbités. J'ai tourné mes yeux ailleurs pour ne plus le regarder. Il s'est mis à lâcher quelques mots doux, louant sans arrêt mes compétences et mon agilité en dessin. J'ai pratiquement bouché, de façon virtuelle, mes oreilles pendant un moment pour éviter de ressentir à nouveau ces picotements au point même de rougir.
"As-tu fini ?" lui ai-je demandé une fois qu'il a décidé de la fermer. Confus, il m'a regardé, et je lui ai dit : "Merci si tu as f... fini !" Sans plus tarder, j'ai pris l'autre dessin de son nez et de ses lèvres sur la table alors que je décollais mes fesses de la chaise. Je n'ai même pas cherché à voir comment il réagissait, et je me suis simplement dirigé vers la porte.
"Une seconde ! Pars-tu déjà ? Tu n'as pourtant pas fini encore. Tu as qualifié le visage de stupide. Cela veut-il dire que tu trouves que le visage de ton frère avait l'air stupide ?" a-t-il demandé, ce qui m'a fait perdre contenance.
Je me suis aussitôt retourné et je lui ai dit : "Mon frère n'avait pas l'air s... stupide. Puisqu'il n'a jamais adressé un sourire idiot à qui que ce soit."
"Je ne t'oblige pas à m'aimer en retour", a-t-il répliqué.
"Alors qu'es-tu en train de faire ? Que va-t-il se passer lorsque je te rejetterai à nouveau après les d... deux semaines ? Ne te sentirais-tu pas plus triste, Ethan ? Ne regretterais-tu pas d'avoir perdu ton temps et tes efforts sur moi ?"
Il est resté un moment sans rien dire, puis a répondu : "Tu es si innocent Michael. Comme ton nom, tu es un ange précieux. Et puis, tu es libre de me rejeter sans la moindre hésitation. Tu n'as pas besoin de t'en faire pour ça ou de te sentir stressé en pensant à cela. Je vais bien. Je n'ai aucune envie que tu m'acceptes contre ta volonté. Lorsque les deux semaines seront passées, tu seras libre de me dire franchement ce que tu en penses. Et tu peux être rassuré que je ne regretterai rien. Je chérirai chaque instant passé avec toi.
Je me suis aussitôt mordu la lèvre inférieure, et je ressentais déjà l'envie de couler les larmes. Il mentait simplement. J'étais bien conscient qu'il allait avoir le cœur brisé.
J'ai rapidement fait demi-tour parce que je voulais lui cacher mes regards peinés. Il serait préférable que je regagne ma chambre avant de laisser mes larmes couler, au lieu de faire une scène ici.
J'ai attrapé la poignée de la porte et l'ai tournée pour ouvrir. Ma bouche s'est instantanément ouverte.
Une obscurité et un silence total !
Il n'y avait pas une seule lumière dans le couloir et personne ne se trouvait dehors. Il n'y avait pas non plus de lumière dans le bloc A, qui se trouvait de l'autre côté. Il sonnait donc plus de vingt-deux heures déjà, car c'était toujours après vingt-deux heures qu'on éteignait les lumières dans les couloirs.
Pourrais-je vraiment retourner dans mon dortoir dans cette obscurité et ce silence ? Y aurait-il une garantie que j'atteigne mon dortoir sans problème ? Ou est-ce qu'un fantôme m'attraperait en chemin et me laisserait sur les marches après avoir bu mon sang ? Ou pire encore, et si la sécurité ou le gardien m'attrapait ?
"Quel est le problème ? Ne veux-tu pas partir ?" m'a demandé Ethan derrière moi. Je me suis alors retourné puis j'ai refermé la porte et jeté un coup d'œil à l'horloge noire sur les murs. Il sonnait vingt-deux heures cinq minutes. Merde ! J'aurais dû partir cinq minutes à l'avance.
Une seconde ! Pour quelle raison Gavin n'était-il pas encore revenu ? Se pourrait-il qu'il passe la nuit dans mon dortoir aujourd'hui ?
"Uhmm... qu'y a-t-il ? As-tu peur de repartir seul dans le noir ?" a demandé Ethan.
"Ahmm... P... peux-tu me raccompagner à mon d... dortoir ?" lui ai-je demandé.
"Oh ! J'ai peur ! J'ai vraiment peur du noir, Nate", a-t-il dit. Il était évident qu'il se moquait de ma peur des ténèbres. Je savais qu'il n'avait pas peur du noir. Les gars comme lui qui étaient dans l'équipe de football n'étaient pas censés avoir peur du noir.
"Je sais que tu... tu mens. Tu prends a... avantage sur moi p... présentement !" ai-je gémi.
"Hé ! Es-tu sur le point de pleurer ? Ne commence pas ça maintenant. Passe simplement la nuit ici aujourd'hui. Tu sais très bien que si nous partons pour ta chambre maintenant, le gardien va certainement nous attraper. Et je suis convaincu que si cela arrive, nous serons tous les deux suspendus. Est-ce ce que tu veux ?" a-t-il questionné.
"Le g... gardien ne va pas nous a... attraper", lui ai-je assuré.
"Vois-tu, Nate, on sera obligé d'utiliser la torche du portable pour marcher et je suis, à quatre-vingt dix-neuf pourcent, sûr que le gardien va nous mettre la main dessus. La suspension est, à cent pour cent, garantie après ça", m'a-t-il prévenu pour me faire encore plus peur. "Ce n'est pas prudent. C'est pour cette raison Gavin n'est pas revenu. Ils se sont tous les deux plongés dans leur montage vidéo à tel point qu'ils n'ont pas vu le temps passer. Gavin va passer la nuit dans ta chambre aujourd'hui. Il m'a envoyé un texto."
"Qu'en serait-il alors au cas où le gardien vient jeter un coup d'œil et me trouve ici ?" lui ai-je demandé.
"Vu qu'il fait déjà très tard, il ne viendra pas vérifier. Et le matin non plus. Tu n'as pas à t'en faire", m'a-t-il assuré. "À la première heure, je vais te raccompagner avant d'aller à l'entraînement de foot. Ça te va ?" a-t-il demandé.
"Euh... d'accord !" ai-je acquiescé après avoir hésité. Tout compte fait, je ne voyais plus d'autre moyen.
"Alors viens ! Il faut à présent aller au lit. Je dois me lever de bonne heure", a-t-il dit.