"Allons-nous asseoir pour discuter", lui ai-je proposé en allant sur mon lit. J'ai alors posé mes fesses sur l'un des bords les plus éloignés du lit. Il est allé s'asseoir à l'autre bout et a incliné la tête vers moi. Il est resté un moment à me fixer, ce qui a fait que mon cœur s'est mis à battre encore plus vite et violemment, dans ma poitrine.
"Écoute... Michael, tu provoques des sentiments étranges en moi que jamais, je n'ai ressenti envers qui que ce soit auparavant", a-t-il avoué. Il avait ses yeux posés sur moi, mais j'évitais de le regarder. Bien vrai que je m'étais préparé à quelque chose du genre, mais à présent qu'il le disait pour de vrai, j'étais carrément capable d'entendre mon cœur battre dans mes oreilles.
"Michael, je te prie de me regarder !" m'a-t-il supplié.
Après avoir hésité un instant, j'ai levé mon regard vers le sien. Il s'est alors levé légèrement du lit et s'est rapproché de moi tandis que les battements de mon cœur s'accéléraient encore et encore.
Ensuite, il m'a fixé intensément dans les yeux avec ces iris brun clair. Une fois encore, on aurait dit les yeux d'Alex.
"Depuis le jour où j'ai posé mes yeux sur toi, je n'ai pas pu m'empêcher de penser constamment à toi. Tes yeux bleus de bébé me font perdre la tête", a-t-il confessé dans un murmure. "J'ai à plusieurs reprises tenté de refouler tout ce que je ressentais, mais cela m'a été impossible. Ces deux derniers jours, je me sentais comme un fou en pensant à toi et je ne pouvais pas te voir. Te savoir seul me rendait tellement inquiet. Michael, je n'ai vraiment pas la moindre idée de la raison qui me pousse à ressentir tout ça à ton égard. Jamais, un garçon ne m'avait attiré. Mais je suis conscient de tout l'effet que tu provoques en moi. Je pense que je suis amoureux de toi."
Il me l'a avoué en me regardant droit dans les yeux. J'avais la chair de poule sur mon bras, et je sentais des picotements partout dans mon corps. Jamais, personne ne m'avait fait des aveux.
J'étais loin de penser qu'une personne m'aimerait vraiment et me l'avouerait. Pour quelle raison quelqu'un m'aimerait-il ? Je n'étais qu'un garçon idiot qui bégayait d'une manière stupide.
Mais à présent, un garçon m'avouait ses sentiments pour de vrai. Un garçon qui avait les mêmes traits physiques que mon frère. Ses yeux fixant profondément mon âme et me disant qu'il était sincère et qu'il pensait ce qu'il venait de confesser.
Je le voulais à côté de moi. J'avais envie qu'il me sourie, qu'il me parle. Je ressentais un étrange réconfort en sa présence. Mais ce n'était pas ce que je voulais. J'avais simplement envie qu'on soit des amis sincères.
"Ethan, je suis na... navré, mais je ne te vois pas de la même manière que tu me vois. Je suis hétéro", lui ai-je dit sincèrement.
Il a aussitôt détourné ses yeux et a laissé échapper un soupir. Il a reporté à nouveau son regard sur moi, et m'a fixé profondément. Cette fois, ses yeux étaient durs et sombres. Il avait l'air fou.
"Alors puis-je savoir pour quelle raison tu m'as laissé poser ma tête sur ton épaule lorsqu'on était au théâtre ? Pour quelle raison jouais-tu avec mes cheveux ? Pour quelle raison me souris-tu avec ces fossettes ? Pourquoi diable me regardes-tu de cette manière avec ces putains d'yeux bleus ? Es-tu certain que tu es hétéro ?"
"Bien sûr !" ai-je ricané. "Je suis hétéro, et jamais, je ne pourrai ressentir la même chose pour toi, Ethan. Tu te trompes !"
Alors, il m'a regardé avec un air choqué, et c'était à ce moment que je me suis rendu compte que j'ai dit ces mots sans bégayer.
"Pourquoi ?" a-t-il questionné.
"Juste à cause du fait que tu ressembles, putain, à mon frère."
"Ton frère ??!" a-t-il dit en soulevant un sourcil.
"Bien sûr, à mon frère ! Mon vrai frère", lui ai-je confié en prenant mon téléphone qui était posé sur le lit. Je suis alors rentré de la galerie, puis je suis allé dans le dossier qui ne contenait que les photos d'Alex.
"Voilà ! J... jette un coup d'œil à ça !" lui ai-je dit en lui tendant mon téléphone. Confus, il me l'a pris des mains puis y a jeté un coup d'œil. Aussitôt, ses yeux se sont écarquillés sous le choc.
"Ton f... frère ?" a-t-il bégayé en regardant les photos. Il a vigoureusement parcouru les images sous le choc.
"Oui, c'est Alex. Et A... Alex n'était pas seulement mon meilleur ami, il était mon propre f... frère", ai-je précisé.
"Veux-tu dire qu'il est déjà décédé", m'a-t-il demandé en détournant les yeux pour les poser sur moi, ceux-ci reflétant le choc et la surprise.
"Il est déjà mort. Cela fait déjà trois ans qu... qu'il est m... mort dans un accident de voiture", ai-je expliqué.
L'air inquiet, Ethan a passé sa main dans ses cheveux. Il s'est ensuite remis à regarder les photos. Il léchait sa lèvre supérieure comme Alex avait l'habitude de le faire toutes les fois qu'il se sentait nerveux.
"Et Ethan, non seulement tu l... lui re... ressembles, mais tu te comportes exactement comme lui", lui ai-je déclaré.
"Que veux-tu dire ?" m'a-t-il demandé.
"Je te fais comprendre que tu n'es qu'une c... copie d'Alex. Il avait l'habitude de se lécher les lèvres de cette manière lorsqu'il était nerveux. Il... il pointait sa l... langue sur ses joues lorsqu'il se fâchait. Et il parlait et marchait comme toi. Tu es une copie de mon frère", lui ai-je craché.
"Michael, j'ai du mal à croire ce que je vois ! Je n'en crois pas mes yeux", a-t-il laissé entendre.
"Tu vois, tu prononces même mon nom de la même manière qu'Alex le prononçait."
"Mais pourquoi ?" a-t-il demandé.
"Je n'en sais rien", lui ai-je répliqué en soupirant.
Choqué, il est resté des minutes sans dire un mot. Un silence affreux s'est alors installé dans la pièce pendant un moment alors qu'il était assis là, à faire défiler les photos, uniquement celles d'Alex, celles qu'il a faites avec moi, ainsi que nos photos de famille. Ethan en a transféré certaines sur son téléphone.
"Je suis navré, Ethan. J... je ne peux pas avoir, en retour, les mêmes sentiments pour toi. Je te prie d'enlever cela de la tête", lui ai-je finalement recommandé en brisant le silence.
Il a aussitôt penché sa tête et m'a regardé, puis il a dit : "Michael, je suis navré ! Je l'ignorais. Et excuse-moi pour l'autre fois. Je me suis perdu pendant un moment. Et je suis également désolé pour maintenant. Il faut que je parte à présent", a-t-il dit en se levant de mon lit et me tendant mon téléphone. Je l'ai pris de ses mains. Il s'est alors retourné et s'est vite éclipsé de ma chambre.