Michael et moi avons finalement fermé nos cahiers d'Histoire après avoir trouvé autant de questions que possible dans le long chapitre. En ce moment, il sonnait déjà vingt heures, mais on ne trouvait pas cela fatiguant ou quoi que ce soit de ce genre. On le trouvait plutôt amusant. Pendant que je lisais les paragraphes, Michael y trouvait des questions comme nous l'avons fait la dernière fois. Trois heures déjà et nous n'avons pas vu le temps passer.
Quant à Gavin et Grace, ils ont passé tout ce temps à jouer à un jeu vidéo sur la Xbox de Grace. Leurs rires et leurs cris nous parvenaient et nous signalaient quand l'un a gagné. Grace a gagné plus de fois que Gavin et à chaque fois, elle se montrait vraiment bruyante au point que nous avons été obligés de la supplier de faire silence ou sinon le surveillant viendrait nous jeter Gavin et moi hors d'ici. Tout compte fait, les deux jouaient à présent de manière relativement tranquille après qu'un gars de la pièce adjacente est venu cogner à notre porte pour nous signaler que nous le dérangions dans son étude.
"Avez-vous fini ?" nous a demandé Grace en nous voyant nous lever tous les deux de nos chaises.
"Hmm..." lui a juste répliqué Michael en lui faisant un signe de tête pendant que je prenais mon sac et y mettais mon cahier d'Histoire.
"À présent, suivons un film !" a proposé Grace en rampant hors du lit, laissant tomber sa manette pour aller chercher son ordinateur portable.
"Allez, collons les deux lits ensemble", a suggéré Gavin et tous trois, nous avons poussé les lits de Grace et Michael ensemble avant de sauter dessus et de nous mettre à l'aise. Grace n'a pas perdu une seconde avant d'allumer l'ordinateur portable et de lancer le film. Alors, nous nous sommes blottis plus près l'un de l'autre afin de mieux voir l'écran. À droite se trouvait Grace, et j'étais à gauche. Au milieu de Gavin et moi se trouvait Michael.
À peine le film avait-il commencé qu'on a entendu quelqu'un cogner à la porte. Grace a alors coupé d'abord le film tout en prononçant des jurons dans son souffle alors qu'elle se dirigeait vers la porte. Aussitôt l'a-t-elle ouverte qu'elle est tombée nez à nez sur notre surveillant, monsieur Garvey, qui la fixait avec les bras croisés sur la poitrine. Gavin et moi avons instantanément rampé hors du lit.
"Pouvez-vous m'expliquer pourquoi il y a quatre personnes dans ce dortoir ?" lui a-t-il exigé en nous regardant fixement.
"Ahm... nous sommes ensemble parce que nous voulons faire un projet de groupe", lui ai-je répondu.
"Pourtant, je vois que vous regardez un film", a-t-il fait remarquer.
"Sans vous mentir, nous étions en train de faire un devoir jusqu'à présent. Michael et moi faisons le devoir d'Histoire ensemble. Monsieur, nous pouvons vous montrer le devoir que nous avons fait. Nous nous sommes juste assis pour faire une pause", ai-je expliqué.
"D'accord, mais, que font alors les deux autres ?" a-t-il demandé en soupirant.
"Je suis son colocataire et si je suis ici, c'est parce que j'ai peur de rester seul dans mon dortoir", s'est empressé de répondre Gavin d'un air innocent.
"Je vois ! Mais n'avez-vous pas connaissance de la règle qui interdit de rester dans les dortoirs d'autres personnes après vingt heures ? Pour quelle raison êtes-vous encore dans leur dortoir ?" a questionné monsieur Garvey.
"Veuillez nous excuser Monsieur", avons-nous marmonné Gavin et moi.
"D'accord, à présent, regagnez votre dortoir ! Si je vous revois tous les deux dans un dortoir autre que le vôtre, alors il y aura une amande. Maintenant, dépêchez-vous !" a-t-il dit sévèrement. Nous nous sommes alors précipités dehors en acquiesçant tous les deux, prenant soin de prendre nos sacs.
"Après vingt heures, ne permettez plus à qui que ce soit d'entrer dans votre chambre, en particulier les garçons. Et en cas d'ennuis, n'hésitez pas à me le dire", l'ai-je entendu dire à Grace alors que nous quittions la chambre. J'ai légèrement incliné ma tête et j'ai vu Grace lui faire un signe de tête avant de fermer la porte de leur chambre. Monsieur Garvey s'est ensuite dirigé vers la porte voisine et a cogné dessus avant de prendre sa pose caractéristique des bras fortement croisés sur sa poitrine.
"Pourquoi diable a-t-il décidé de faire de contrôle aujourd'hui ?" m'a demandé Gavin, énervé. C'était comme s'il se sentait tellement déçu de n'avoir pas pu regarder le film avec Grace.
"Je n'en ai aucune idée", lui ai-je répliqué en soupirant. Moi aussi, j'étais très énervé que monsieur Garvey se soit présenté pour gâcher notre moment. J'aurais pu regarder le film avec Michael et m'endormir en le serrant dans mes bras si celui-ci n'avait pas décidé de faire des contrôles dans les dortoirs aujourd'hui.
Je ressentais un tel regret pour avoir fait changer de dortoir à Michael. Bien vrai que Gavin est gentil et il se montrait réellement gentil avec moi depuis ce matin, mais ç'aurait été bien mieux si c'était plutôt Michael qui était mon colocataire. À présent, de quelle façon allais-je parvenir à le faire redevenir mon colocataire ?
À peine sommes-nous entrés dans notre dortoir que Gavin s'est laissé écrouler sur son lit. Il s'est roulé sur le matelas en maudissant monsieur Garvey pendant un moment alors que je changeais de vêtements près de mon placard.
"Mec, as-tu le contact de Grace ?" m'a demandé Gavin en se redressant tout d'un coup.
Après avoir ri, je lui ai demandé : "N'as-tu pas encore pris son numéro ?"
"Ça m'a échappé. L'as-tu ou non ?" a-t-il insisté.
"Ouais..." ai-je dit en acquiesçant et il a rampé instantanément jusqu'à mon lit pour attraper mon téléphone.
"Grace te plait-elle ?" lui ai-je demandé en me dirigeant vers la salle de bain. Il n'a pas répondu et s'est contenté de sourire en tapant le numéro sur son téléphone.
"Alors n'as-tu pas de petite amie ?" lui ai-je demandé alors que j'entrais sous la douche.
"Présentement, je suis célibataire", a-t-il répondu. "Entre Michael et toi…" a-t-il commencé avant d'arrêter ce qu'il était sur le point de dire en haussant les épaules. J'étais presque certain de savoir ce qu'il s'apprêtait à me demander. De toute manière, je ne lui ai pas prêté attention et je me suis contenté de refermer la porte. J'ignorais si Michael m'intéressait vraiment. Non... pour être honnête, j'étais conscient qu'il me plaisait. Cependant, je ne savais pas si je devais me lancer. Je ne pouvais même pas m'imaginer en train de faire des aveux à un garçon. Ce n'était probablement qu'une phase. Cela finirait par passer. Il fallait juste que j'attende.
Dès que j'ai quitté la salle de bain, j'ai vu Gavin occupé à discuter au téléphone. "Est-ce Grace ?" lui ai-je demandé, un peu surpris.
"Non, elle n'a pas répondu", a-t-il dit en riant. "Je discute dans mon groupe d'équipe de basket", a-t-il précisé et j'ai acquiescé en allant m'allonger sur mon lit après avoir pris soin de régler mon réveil. Il fallait que je me lève tôt le lendemain, j'avais un entrainement de football.
La sonnerie embêtante de mon réveil m'a tiré de mon sommeil. Gavin s'est réveillé peu après puisqu'il devait aussi aller à son entraînement de basket. Nous nous sommes tous deux empressés de nous préparer en enfilant notre maillot et en quittant notre chambre. Nous avons dévalé les escaliers avec d'autres sportifs.
Tout le monde ne parlait que de Kevin et Tony lors de l'entraînement de football. Ils ne parlaient que d'eux et ne faisaient que m'étouffer de questions pendant que nous courions autour du terrain. Répondre aux questions de tout le monde m'a lassé.
Et je me sentais frustré d'entendre quelques personnes parler de la raison pour laquelle je n'avais pas été renvoyé ou suspendu comme eux puisque nous étions un gang. J'ai fait de mon mieux pour ignorer de tels commentaires, mais je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir pathétique d'avoir avec eux tout ce temps. Toutefois, ils étaient aussi nombreux à m'applaudir pour ce que j'ai fait la veille et je trouvais cela assez soulageant.
Tout compte fait, le changement positif était net. Après l'entrainement, bon nombre d'entre eux étaient venus me parler pendant que je prenais mon petit déjeuner à la cantine. Et puis, certaines personnes, en particulier des filles, m'ont salué et m'ont souri dans les couloirs alors que je me dirigeais vers ma salle de cours. Et en général, aucun d'eux ne m'adressait la parole durant les cours puisqu'ils me craignaient tous vu que je faisais partie de ce gang notoire. Mais aujourd'hui, ils étaient nombreux à m'aborder en classe, et j'aimais vraiment la différence. Je ne me sentais plus pressé et étouffé. Je n'étais qu'un parmi les étudiants seniors normaux à présent.