Michael n'a pas arrêté de couler les larmes pendant que Grace et moi retirions tout ce qu'il y avait de tranchant ainsi que les bougies, briquets et tout ce que nous pouvions trouver et juger dangereux dans la pièce, puis nous les balancions dans le sac. Déjà une douzaine de bougies de couleurs et de parfums différents ont été trouvées dans son placard ainsi que quatre briquets. Nous sommes parvenus à tout trouver et à les jeter ensuite dans le sac.
Un moment après, Gavin a fini par ne plus nous demander ce que nous faisions, c'était comme s'il avait deviné de quoi il était question ou que Grace lui a dit pendant qu'elle fouillait le lit et les oreillers de Michael.
"A... alors... que vais-je faire si jamais il y a coupure d'électricité ? Être dans le noir me fait peur", a-t-il gémi en tapant du pied devant moi, insistant pour que je lui rende sa bougie à la fraise préférée. Je me suis contenté de rire de sa gentillesse.
"Je suis là, moi, tu n'as pas à t'en faire, Nate", l'a rassuré Grace avec un petit rire.
"Apparemment, il dit vrai Grace, il commence à hyperventiler dans le noir. Il faut veiller à ça", ai-je averti Grace alors que je me dirigeais vers les toilettes pour voir si Michael a caché des rasoirs à l'intérieur.
"Hmm... il m'a dit cela hier, mais il a une lampe ainsi que moi. De toute manière, donne-moi des bougies, je les garderai", a dit Grace.
"Oh non ! C'est ma d... dernière lame", a aussitôt crié Michael en me voyant quitter la salle de bain avec une lame de rasoir entre le pouce et l'index. J'ai préféré ne pas faire attention à lui et je l'ai jeté dans le sac rose de Grace.
"Vous n'avez aucune idée de ce que vous faites", a-t-il dit.
"Bien sûr que si", a répliqué Grace.
"Je ne ressemblerai plus qu'à un chim... chimpanzé poilu si vous m'enlevez mon ra... rasoir...!" s'est-il plaint en se débattant avec ses mots. "J'ai besoin de me raser et tout. Comment vais-je m'y prendre à présent ?" a-t-il dit en se plaignant.
"Chaque fois que tu voudras te raser, tu n'auras qu'à me demander. Et lorsque tu auras fini, il faudra que tu me les rendes. En fait, tu peux me demander n'importe laquelle de ces choses lorsque tu sentiras le besoin, et tu n'auras qu'à me le retourner après avoir fini d'utiliser. Avec moi, ils seront bien gardés", a proposé Grace.
"Ahhhh... vous êtes tous f... fous !" a gémi Michael avant d'aller tranquillement s'asseoir à côté de Gavin, les bras croisés sur sa poitrine.
"Michael, comprends que tout ceci, c'est pour ton bien. Nous te rendrons tout bientôt. Grace va juste les garder pour un petit moment", lui ai-je expliqué en lui souriant, mais il a juste poussé un soupir.
"On te les rendra, tu as ma parole", lui ai-je assuré.
"Hmm... compris", a-t-il dit en hochant finalement la tête et en décroisant ses mains. "Pouvons-nous nous mettre au travail à présent ?" a-t-il demandé ensuite.
"Ouais… d'accord, commençons", ai-je répondu avec un sourire en tendant ensuite le sac à Grace qu'elle est allée ranger dans sa valise. Après avoir soupiré en dernière fois, Michael s'est dirigé vers le bureau et à tirer une chaise pour s'asseoir. J'ai fait de même avec la deuxième chaise qui se trouvait plus près de lui et je m'y suis assis, le regardant alors qu'il ouvrait déjà le texte d'Histoire au deuxième chapitre.
Aussitôt a-t-il ouvert son carnet et sorti un stylo qu'il a penché la tête pour me regarder. Mon cœur se met à battre la chamade alors qu'il fixait mes lèvres. Puis, après avoir tendu la main, il a touché ma lèvre inférieure, ce qui a provoqué des battements plus forts de mon cœur dans ma poitrine.
"Cela fait-il mal ?" m'a-t-il questionné en me regardant dans les yeux. J'ai alors secoué la tête en signe de "non". "Veux-tu que j'y applique de la crème ?" m'a-t-il demandé alors.
"Euh... d'accord", ai-je acquiescé. Il s'est alors levé de la chaise et est allé prendre sa trousse de premiers soins. Pile à cet instant, nous avons entendu quelqu'un cogner à la porte. Grace est allée l'ouvrir et est tombée sur le jeune livreur de notre pizza et Sprite. Elle a alors attrapé la commande des mains de ce dernier qui avait un sourire large sur le visage, puis s'est précipitée vers le lit en couinant. J'ai sorti mon portefeuille et payé la commande pendant que Gavin et elle commençaient déjà à attaquer la Pizza, assis sur le lit. Lorsque le jeune livreur est parti, j'ai refermé la porte et je me suis précipité vers le lit.
Alors que j'étais sur le point de prendre un morceau de pizza dans la boîte, Michael m'a dit : "Attends d'abord que j'applique le m... médicament !" Je lui ai donc fait signe de la tête puis rampé hors du lit pour aller m'asseoir sur le bord du deuxième lit.
Après avoir fait sortir un tube blanc de pommade, il en a pressé un peu de son contenu sur son index puis l'a posé sur mes lèvres et s'est mis à appliquer doucement le médicament sur ma lèvre inférieure meurtrie. Cela avait un effet rafraîchissant et je l'ai laissé faire malgré moi en soupirant et en fermant les yeux. Il a ri un peu à cela et a refermé le tube, le remettant dans la boîte.
Lorsqu'il est allé ranger la trousse de premiers secours dans le placard et qu'il est revenu, j'ai pris, pour nous deux, deux morceaux de pizza de la boîte. Il a alors attrapé le morceau en marmonnant un "merci" et en allant s'asseoir sur le lit inoccupé de Grace. Je suis allé prendre nos Sprites puis je suis venu m'asseoir à côté de lui, commençant à grignoter ma pizza tout en le regardant prendre de lentes bouchées lisses.
"Pour quelle raison le regardes-tu de la sorte ?" m'a-t-il demandé après un moment en penchant la tête.
"Pour rien", lui ai-je répondu en secouant la tête et en laissant échapper un petit rire. Il a alors souri puis a détourné ses yeux.
Ensuite, j'ai attrapé sa main droite et retroussé lentement ses manches pour laisser voir les nombreuses coupures qui se trouvaient un peu partout sur ses bras. J'ai passé doucement mes doigts sur les coupures et il s'est mordu la lèvre inférieure. "N... navré", a-t-il chuchoté.
J'ignorais la raison pour laquelle il s'est excusé auprès de moi, mais je lui ai adressé un sourire. "Ça va ! Mais il ne faut plus refaire une telle chose", lui ai-je refusé, et il a juste hoché la tête en disant : "Merci..."
"Pour quelle raison me remercies-tu ?" lui ai-je demandé doucement en effleurant ses mains.
"Pour a... avoir pris ma défense. J'étais loin de pen... penser que t... tu ferais une telle chose pour moi. Je te re... remercie", a-t-il dit.
"Tu n'as pas à me remercier. Je te suis également reconnaissant. Grâce à toi, j'ai changé et tu m'as donné le courage de parler contre eux. Je suis vraiment heureux aujourd'hui. Enfin, je me sens libéré de ce gang. Quel soulagement !" lui ai-je avoué honnêtement. Il m'a alors fait un sourire magnifique du fond du cœur avant d'aller grignoter sa pizza.
"De qui tiens-tu ces fossettes ?" lui ai-je demandé.
"Je n'en ai aucune idée. Pour... pourquoi ?" a-t-il demandé alors qu'il avalait la pizza.
"Je les trouve magnifiques", lui ai-je répondu en touchant ses joues lisses, ce qui l'a fait rougir avant qu'il ne se mette à manger plus vite. Un instant plus tard, il s'est mis à tousser.
"Ralentis un peu !" lui ai-je conseillé en lui tendant le Sprite après avoir ouvert son capuchon. Il l'a aussitôt attrapé et a commencé à le boire rapidement. Mais il a haleté tout d'un coup et m'a regardé en plissant le nez avant de me pousser la bouteille de Sprite.
"Qu'y a-t-il ?" lui ai-je demandé, confus.
"B... bulles..." a-t-il soufflé avant de se mettre à rire doucement, son nez toujours plissé. Devant l'expression de visage, je me suis également mis à rire.
"De quoi riez-vous, les gars ?" a demandé Gavin depuis le lit de Michael.
""Rien du tout..." lui ai-je répondu en contrôlant mon rire. "Je le trouve vraiment mignon."
"Oh, trouves-tu qu'il est vraiment mignon ?" a questionné Grace avec un sourire narquois et j'ai automatiquement arrêté de rire pour regarder Michael et voir s'il a rougi.
"V... viens, allons faire le devoir", a-t-il dit.
"Euh... ouais, d'accord", ai-je accepté en acquiesçant et en me levant du lit pour me dépêcher de rejoindre le bureau. Michael s'est également empressé de me suivre, pendant que les deux autres nous regardaient encore quelques secondes avant de replonger dans leur discussion.