Benjamin vérifia en direction du bureau d'Elissa pour la cinquième fois, mais Elissa n'était toujours pas là. Il s'était dit qu'elle était peut-être en retard et pensa à l'appeler. Cependant, son appel fut directement redirigé vers la messagerie vocale, ce qui l'inquiéta. En principe, Elissa répondait toujours à son téléphone et il était également étrange qu'elle eut été en retard. Il pensa attendre une heure de plus, mais comme elle n'était toujours pas là, il ne pouvait pas rester assis au bureau. Il attrapa sa veste puis quitta le bureau rapidement pour aller voir Elissa. Il savait que ce serait gênant pour Elissa de le trouver sur le pas de sa porte, mais il fut assez inquiet pour elle. Il roula sa Porsche jusqu'à son immeuble, par la suite se rendit à l'étage.
Il appuya plusieurs fois sur la sonnette, mais Elissa ne répondit point. Mort d'inquiétude, les sourcils de Benjamin se froncèrent. Son degré d'anxiété augmenta. Il cria son nom en vain. N'ayant plus d'autres choix à portée de main, il frappa la porte après qu'il eut poussé plusieurs fois. Il était choqué de voir Elissa étendue sur le sol du salon. Il alla immédiatement vers elle puis essaya de la réveiller. "Elissa, réveille-toi !", dit-il, la voix pleine d'urgence. Il la tint dans ses bras et la fit s'allonger sur le canapé, posant en toute sécurité sa tête sur le coussin. Il se rendit ensuite dans la cuisine, ensuite revint avec un verre d'eau. Il aspergea son visage de quelques gouttes d'eau et lorsque les yeux d'Elissa bougèrent, son cœur s'apaisa enfin. Il s'assit à côté d'elle et tint sa main fermement sans même s'en rendre compte. Elissa ouvrit les yeux lentement, mais les referma tout de suite après.
Elle grimaça et les ouvrit à nouveau. Stupéfaite de remarquer Benjamin à ses côtés, elle se leva immédiatement : "Monsieur ! Comment avez-vous... ?"
"Arrête de parler. Repose-toi" dit-il tout en l'aidant à se recoucher. Elle était faible et avait encore des vertiges. "Je vais appeler le médecin." Il sortit son téléphone, mais Elissa l'arrêta en lui attrapant le bras.
Elle secoua la tête pour lui indiquer de ne pas déranger le médecin pour un si petit problème. "Ce n'est rien de grave, Monsieur. Je vais m'en sortir", dit-elle avec un petit sourire. Benjamin n'était pas heureux. Il eut très peur quand il la trouva dans cet état. Il était inquiet quand elle ne lui répondait pas.
"Comment peux-tu en être certaine ? Il vaut mieux faire un bilan de santé", dit-il en composant le numéro du médecin. Elissa protesta encore une fois, mais c'était trop tard, Benjamin l'avait déjà appelé.
Elissa soupira et fut gênée de déranger son patron de cette façon. "Je suis désolée, monsieur. J'étais sur le point de venir travailler, mais je… Comment êtes-vous entrés ?"
Benjamin repoussa ses cheveux et lui répondit : " J'étais inquiet par ton absence. J'avais essayé de t'appeler, mais tu ne décrochais pas, alors je suis venu ici pour voir comment tu allais. J'ai dû casser la porte pour entrer." À présent, Elissa était encore plus embarrassée. Elle ne pouvait pas imaginer que son patron viendrait jusqu'à son appartement pour vérifier qu'elle allait bien.
Quelques minutes plus tard, le médecin, un homme d'âge moyen, arriva pour établir un bilan de santé à Elissa. Il lui annonça qu'elle était faible et qu'elle avait besoin de se reposer pendant quelques jours. Benjamin fut mécontent quand il apprit qu'elle n'avait pas mangé depuis le jour précédent. Après le départ du médecin, Benjamin demanda : "Pourquoi n'as-tu rien mangé ?"
"J'étais emportée par mon travail et je ne m'étais pas rendu compte qu'il était tard", dit Elissa d'un air penaud. Benjamin soupira. Quand Elissa essaya d'atteindre le verre, Benjamin l'aida à l'attraper. Il lui fit tendrement boire l'eau comme si elle était un enfant. Elissa ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise. Elle posa le verre et dit : "Merci pour vos soins, Monsieur. Je vais bien maintenant. Vous devez être en retard." Elle ne voulut pas donner l'impression de le chasser, mais c'est bien ce qu'elle faisait.
Benjamin secoua la tête, ce qui la rendit confuse. Il enleva sa veste et remonta les manches de sa chemise blanche jusqu'au coude. "Tu ne vas pas bien et tu dois manger quelque chose", dit-il et il se dirigea vers la cuisine pour lui faire à manger.
"Monsieur, vous n'avez vraiment pas besoin de faire ça" ajouta Elissa.
"Où est la casserole, Elissa ?" demanda t-il, ignorant sa protestation. Elissa se leva et alla voir Benjamin. Comment pouvait-elle demander à son patron de faire le travail ?
"Monsieur, vous n'avez pas à faire ça", ajouta-t-elle d'un ton lourd, un peu comme une abeille bourdonnante. Empressé, Benjamin fit semblant de ne pas entendre puis continua à faire son truc en préparant sa soupe. Elle cria : "Monsieur !", car elle en avait assez. Benjamin s'arrêta de couper les légumes en dés et fit un pas vers elle. Elissa déglutit, mais resta sur place.
Il se pencha pour être à sa hauteur et sourire aux lèvres, il demanda : "Oui ?".
Elissa était troublée. Elle sentit ses joues s'échauffer. "Vous n'êtes pas obligé de faire ça. C'est embarrassant que mon patron fasse à manger dans mon appartement."
"Je prends juste soin de toi, Elissa. En tant que ton patron, c'est ma responsabilité" lui répondit-il en fixant ses yeux bruns.
"Mais..."
"Tu veux que je te porte dans mes bras et que je te mette sur le lit ou tu vas le faire toute seule ?" la taquina-t-il, ce qui la fit fortement rougir. Benjamin gloussa en voyant son expression. Elle avait l'air adorable. Elissa ne dit rien et s'allongea sur le canapé en le regardant.
Comme il souhaitait pouvoir cuisiner pour elle tous les jours ! Il l'aurait fait correctement. En fait, il aurait aimé faire toutes sortes de choses avec elle. Il voulait prendre soin d'elle, la serrer dans ses bras, et voulait rester à ses côtés tout le temps. Pendant qu'il cuisinait, il pensait à ce qu'il ressentait comme sentiments pour Elissa.
Lorsque la soupe fut prête, il la versa dans un bol puis l'apporta à Elissa qui avait les yeux fermés depuis un moment. Benjamin posa le plateau sur la table basse et s'assit à côté d'Elissa.
Elissa ouvrit les yeux et s'assit sur le canapé lorsqu'elle remarqua la présence de Benjamin à ses côtés. Il sourit et prit le bol dans sa main. Timidement, elle dit : "Je peux..."
Benjamin l'arrêta au milieu de sa phrase en plaçant son index sur ses lèvres. Leurs yeux se rencontrent et pendant un moment, Benjamin oublia tout le reste. Elle l'avait hypnotisé.
Le souffle d'Elissa fut coupé et elle cligna deux fois des yeux, se déplaçant sur place. Benjamin s'éclaircit la voix et lança : "Laisse-moi te nourrir." Elissa se retrouva dans une situation difficile où elle ne put dire non à son patron. Benjamin remarqua le malaise dans ses yeux et poussa un soupir. "D'accord, mange toi-même. Mais ne me blâme pas si tu renverses la soupe chaude sur toi", dit-il avec humour en lui tendant le bol.
Elissa sourit. Merci". Son estomac se mit à grogner quand elle sentit cette bonne odeur. Elle prit une première gorgée de soupe et fut surprise de remarquer qu'elle était délicieuse. "Monsieur, la soupe est délicieuse. Vous savez aussi cuisiner ?" Cela ne devrait pas la surprendre. Lorsqu'elle rencontra Benjamin, elle fut impressionnée par la perfection du travail de cet homme et ses connaissances sur presque tous les sujets.
"Oui, j'ai pris des cours de cuisine pendant mes études à l'étranger. J'aime cuisiner, ça m'apaise", dit-il en haussant les épaules. Quand Elissa lui demanda comment il faisait pour être si bon en tout, il laissa échapper un petit rire triste. "Mon père voulait que je sois bon en tout. Quand les autres enfants sortaient et jouaient, moi, j'améliorais mes compétences. Je les enviais, c'est vrai, mais ma mère répétait toujours que mon travail acharné finirait par payer à l'avenir". Il parla de son passé, ce qui était nouveau pour Elissa. "Je suppose qu'elle avait raison." Elissa se sentait mal pour lui, car elle n'aurait jamais pensé qu'il avait eu une enfance difficile aussi. "Malheureusement, je ne cuisine pas souvent", ajouta t-il avec humour.
"Ne vous inquiétez pas. Quand vous aurez une femme que vous adorerez, vous pourriez cuisiner pour elle tous les jours. Votre future femme aura beaucoup de chance !" lui lança Elissa avec beaucoup d'humour, mais son sourire s'effaça quand Benjamin la fixa d'un air rêveur. Elle se dit qu'elle avait peut-être dit quelque chose qu'elle n'aurait pas dû.
"J'adorerais cuisiner pour toi tous les jours, Elissa", dit-il. Les pupilles d'Elissa se dilatèrent, car elle ne sût pas s'il la taquinait ou s'il était sérieux. "Je veux prendre soin de toi et je ne veux plus être ton patron."
"Que dites-vous, monsieur ?" Elle posa le bol sur la table. Son estomac se retournait à cause de la façon dont ses mots se poursuivaient, elle n'aimait pas ça.
À sa surprise, Benjamin prit sa paume dans la sienne. "Elissa, je t'aime beaucoup. Je t'aime bien depuis longtemps." Avant même qu'Elissa ne soit désignée comme son assistante, il était tombé amoureux d'elle. Un jour, alors qu'il se promenait dans les rues de la ville de B, il remarqua un vieil homme qui attendait sur le trottoir pour traverser la route. Benjamin remarqua que l'homme était aveugle, mais ne savait pas s'il doit aller l'aider ou non. À ce moment-là, une femme vêtue d'un chemisier et d'une jupe bleus se précipita vers le vieil homme. Benjamin resta là pour voir ce qu'elle s'apprêtait à faire.
"Oh ! Les feux ont tourné au vert !" dit-elle un peu trop fort. Benjamin comprit pourquoi elle avait fait ça. Il croisa les bras devant sa poitrine et la regarda avec amusement. La femme jeta un coup d'œil au vieil homme à côté d'elle et d'un pas, le vieil homme commença aussi. Elle tapa délibérément des talons en faisant un bruit pour le vieil homme. Sans même proposer son aide ou montrer sa gentillesse, elle aida le vieil homme à traverser la route. Benjamin les regardait de l'autre côté tandis que le vieil homme tapotait légèrement la tête de la femme. Il savait donc. Pendant presque une semaine, cette femme occupa son esprit et c'était tout ce à quoi il pouvait penser. Elle était d'une beauté éblouissante, avec un teint blafard, des yeux enchanteurs, et une personnalité gentille et unique. C'est de façon inattendue que la même femme vint dans son entreprise pour un travail. La seule raison pour laquelle. Il l'avait engagé était son attitude au travail. Elle était intelligente et pour lui, elle serait parfaite comme assistante. Cette femme s'appelait Elissa.
Elissa retira instantanément sa main de sa paume et se leva du canapé. "Vous êtes sérieux ?"
Benjamin se leva lui aussi. "Je suis sérieux, Elissa. Je sais que c'est soudain, mais ne peux-tu pas me donner une chance ? Me voir comme un homme et non comme ton patron ?"
"Je suis désolé, monsieur. Je ne peux pas accepter vos sentiments", articula Elissa.
"Est-ce si difficile de m'accepter comme ton petit ami ?" formula-t-il. Il fut bouleversé par sa réponse, mais il gardait encore espoir.
Elissa fit un pas en arrière. C'était trop pour elle. Comment va-t-elle l'affronter maintenant ? "Je ne peux pas. Je n'ai pas de sentiments propres pour vous." À ces mots, Benjamin eut très mal. Elle le fixa dans les yeux et lui dit : "Vous êtes une personne formidable et vous m'avez aidé dans les pires moments de ma vie, ce dont je vous suis très reconnaissante. Je ne m'attendais pas à ce que vous m'appréciez de cette façon. Je respecte vos sentiments, mais ce n'est pas réciproque. Si vous voulez virer, je suis d'accord."
Benjamin prit une profonde inspiration et après un moment de réflexion, il porta sa veste et dit : "Je ne te licencierai pas, Elissa. Mes sentiments et ton rejet n'ont rien à voir avec ton travail. Tu es une excellente travailleuse et ce serait ma malchance de te laisser partir." Benjamin lui dit au revoir et se dirigea vers la porte d'entrée. Il s'arrêta puis se retourna. Avec un petit sourire sur son beau visage, il ajouta : "Même si tu m'as rejeté, Elissa, je ne cesserai pas de te poursuivre. Un jour, je gagnerai ton cœur." Sur ce, il s'en alla et Elissa resta dans le salon, fixant toujours la porte d'entrée. Elle cligna des yeux puis laissa échapper un gémissement. Ses mots tournaient en boucle dans sa tête. Elle ne sut pas quoi faire. La relation entre eux ne serait plus la même après aujourd'hui. Il annonça qu'il continuerait à la poursuivre jusqu'à ce qu'il gagne son cœur. Elle se demandait si cela lui prendrait des années, mais son cœur battrait toujours pour une seule personne.