Edward avait l'air de mauvaise humeur et lui même n'était pas capable de dire pourquoi. Il a quitté le mûr, a saisi Océane par le bras et l'a traîné dans une direction inverse de celle qu'elle a utilisé pour aller aux toilettes. La fille était un peu perdue par la situation.
- Ed... Edward... Mais que fais-tu? Où allons-nous ?
L'homme est resté silencieux mais cela n'a pas empêché la fille de continuer.
- Edward mais la pièce est de l'autre côté. Où est ce que tu m'emmenes ?
Accélérant ses pas pour suivre le rythme d'Edward, Océane n'a pas arrêté d'essayer de se libérer de l'emprise de l'homme.
- Lâche-moi, mais que fais-tu ? Tu me fais mal.
Au fond de lui, Edward a voulu s'arrêter un instant quand il a écouté la plainte d'Océane mais la colère qui remplissait son cœur était plus forte et il espérait qu'en serrant la fille avec force elle sentirait la même douleur qu'il ressentait dans son cœur.
Océane a clairement compris qu'Edward était en colère et se demandait bien pourquoi même si ce n'était pas le plus important pour le moment. Elle voulait juste se libérer des griffes de l'homme.
Les deux ont marché longtemps avant de pouvoir enfin rejoindre l'extérieur de la maison. Edward a emmené la fille à l'endroit où était garée la voiture, il a ouvert la portière côté passager, a fait entrer la fille et s'est dirigé du côté conducteur pour s'installer.
Quand il s'était déjà assis, il a froidement demandé à Océane d'attacher sa ceinture de sécurité. Sans même être sûr qu'elle l'avait fait, il a démarré la voiture.
- Edward qu'est ce qui ne va pas? Qu'est ce qui se passe ? Océane lui a demandé en regardant les traces de marques à son poignet laissées par l'homme.
Edward l'a ignoré et n'a prononcé aucun mot. Toujours angoissée, Océane essayait toujours de le convaincre.
- Lugi doit s'inquiéter, je lui ai dit que je revenais.
Quand Edward a entendu ce qu'Océane a dit, sans la regarder, il a ouvert enfin la bouche.
- Lugi hein... . Je vois que vous êtes assez intimes au point où tu l'appelles par son prénom.
- Qu'y a t'il de mal si je l'appelle par son prénom ? En fait je...
- Tu aimes ça n'est ce pas? L'interrompant, Edward lui a demandé d'un ton méprisant.
Océan a été confuse par sa question.
- Quoi donc ?
- Quoi donc ?! A répété Edward.
Il a fait une courte pause avant de continuer :
- Ça te plaît quand tous ces hommes te font la cours, quand il se frottent à toi, quand ils te...
- Mais de quoi tu parles? Je te rappelle que c'est toi qui m'a demandé de me rapprocher de lui.
Les deux ont longtemps continué à se jeter la faute l'un sur l'autre.
La brise nocturne était toujours si glaciale et fraîche mais à l'intérieur de la Rolls-Royce, la température semblait très élevée. Bien-sûr cela n'était pas dû à la climatisation qui n'était pas en marche mais plutôt à la tension qui régnait entre les deux personnes qui étaient à l'intérieur.
Plus Océane essayait de se justifier, plus la colère d'Edward montait. Se laissant guider par sa colère, il a appuyé sur l'accélérateur et la voiture a commencé à se déplacer à grande vitesse.
Remarquant qu'ils se déplaçaient beaucoup trop rapidement, Océane s'est mise à paniquer. Elle s'est jetée sur le volant et a dit à Edward :
- Que fais-tu ? Ralenti
Elle a répété sans arrêt le mot "ralenti" mais Edward ne semblait pas l'écouter. Elle a lâcher le volant, s'est droitement assise sur son siège et a fermé les yeux.
À cet instant précis, une scène familière lui est venue à l'esprit.
C'était un beau jour ensoleillé, dans une voiture familiale, un couple était assis à l'avant et à l'arrière se trouvait une mignonne petite fille captivée par le magnifique paysage à l'extérieur de la voiture. Il ne fallait pas être devin pour voir que le bonheur n'était pas ce qui manquait à la petite famille. L'homme dans la voiture roulait à grande vitesse et la femme à côté de lui ne semblait pas d'accord avec cela.
- Chérie ralenti, on n'est pas pressé. Nous arriverons au pic-nic de toute façon. A rappelé la femme à l'homme installé sur le siège conducteur.
- Calme toi chérie. Je sais qu'on y arrivera mais tu dois me faire confiance. Ton mari est un excellent conducteur. A répondu le mari à la femme essayant de la rassurer.
La femme s'est tournée vers le siège arrière pour demander à la fille :
- Ane, mets ta ceinture de sécurité.
- D'accord maman. La fille a fait la moue mais a exécuté l'ordre de sa mère avant de continuer à admirer le paysage.
L'homme a pris la main de sa femme, l'a porté à sa bouche pour l'embrasser. Il a regardé ensuite sa femme dans les yeux et a dit :
- Fait moi confiance chérie. Tu seras toujours en sécurité avec moi.
Puis, l'homme s'est retourné vers sa fille à l'arrière et lui a demandé :
- Dis, ma prunelle, tu fais confiance à papa n'est-ce pas ?
- Oui papa je te ferai toujours confiance. Lui a répondu sa fille contemplant toujours le paysage qui défilait à l'extérieur.
- Ça, c'est mon bébé. A dit l'homme tout joyeux.
Absorbé par ce joyeux moment d'affection familial, l'homme dont le regard rempli de tendresse pour sa fille et fixé sur celle-ci, n'a pas remarqué ce qui se passait devant lui. Son épouse qui a rapidement été alertée, s'est jetée sur le volant avec désespoir.
- Lucien, ralentis, ralentis.
L'homme a réagi du mieux qu'il pouvait malheureusement il était déjà tard. Même s'il a pu éviter la voiture qui venait dans le sens inverse, ce qui s'est passé ensuite par contre n'a pas pu être évité. Leur voiture est tombée dans un ravin et a roulé encore encore et encore avant d'atteindre enfin l'équilibre au fond du ravin.
Cette scène était encore si fraîche dans la mémoire d'Océane. Comme si cela s'était produit hier mais en réalité plus de dix ans s'étaient écoulées depuis l'accident qui avait coûté la vie à son père.
Depuis ce jour tragique, la fille a développé une angoisse pour les voitures qui roulaient à très grande vitesse.
Gardant toujours les yeux fermés, Océane n'a pas cessé de répéter à Edward exactement les mêmes mots que sa mère répétait ce jour à son père : ralentis.
Edward a tourné son regard vers la fille et a remarqué que sa respiration était devenue inhabituellement forte causant le soulèvement excessif de la poitrine d'Océane. Son cœur s'est adouci et il a ralenti la voiture.
Edward n'avait jamais autant laissé ses émotions emporter sur ses actes. Son cœur a été en désordre quand il a vu Océane dans cet état.
À cet instant, elle ressemblait à un petit agneau sans défense et dans son cœur tout ce qu'il voulait était protéger cet agneau mais si elle était dans cet état, c'était bien de sa faute, il l'avait effrayé et il s'en voulait énormément.
Edward a garé la voiture dans un coin de la route, a pris Océane dans ses bras et l'a réconforté.
- Viens là. Calme toi, je suis là, tu ne crains rien.
Même si elle se trouvait dans cet état par sa faute, Océane s'est inexplicablement sentie apaisée lorsqu'elle se trouvait dans les bras d'Edward.