Chapter 40
2121mots
2022-12-05 09:27
Après notre départ, nous marchons dans la rue en regardant les boutiques locales quand la première goutte de pluie frappe mon front. Quelques secondes plus tard, il commence à pleuvoir à verse. Maija regarde autour d'elle, désemparée, en essayant de couvrir ses posters et ses mangas signés. J'enlève ma veste en cuir et la recouvre, ses livres et elle, avant de la conduire à l'abri dans une boutique voisine. Alors qu'elle est collée à la vitrine, je me tiens juste devant elle. Je peux voir les gouttes de pluie dans les boucles épaisses de ses cheveux mouillés. Mes yeux passent de ses cheveux à ses longs cils, puis à ses yeux bruns. Soudain, elle me regarde. Mon amour, tu es si agréable à regarder. Avec un sourire, elle lève les mains et caresse doucement mon visage, ce qui fait battre mon cœur à tout rompre. Comme si elle réalise ce qu'elle fait, elle s'arrête brusquement et retire sa main.
─ La pluie s'est calmée. Nous devrions partir avant qu'elle ne reprenne.
Très embêté que la pluie se soit arrêtée aussi vite, je marmonne : ─ D'accord. Nous marchons ensemble en silence pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'elle voie le panneau d'un Onsen.
─ Allons-y, dit-elle en me tirant par le bras. Je regarde le panneau avec les sourcils froncés et je dis :
─ Vraiment. Un Onsen.
─ Oui, nous devons y aller. S'il te plaît, Zanye, s'il te plaît, dit-elle en faisant la moue. Si nous avons un jour une fille qui boude comme ça, je serai comme du mastic dans ses mains. Mais je dois encore me rappeler que nous n'aurons jamais de fille. Envahi par la tristesse, je me mords la lèvre.
Elle tire à nouveau mon bras et gémit : ─ S'il te plaît, Zayne. Je repousse la douleur et je souris.
─ Oh, alors comme ça, tu connais mon nom maintenant que tu veux quelque chose. À ces mots, elle me pousse et sourit comme le chat du Cheshire, ce qui me remplit le cœur. Comment pourrais-je dire non à ce sourire ?
─ Ok, on y va.
On prend une chambre d'hôtel avec un Onsen (source d'eau chaude) privé. Maija n'a pas demandé sa propre chambre, ce qui est surprenant puisque j'ai flirté avec elle toute la semaine. Nous allons dans la chambre après avoir acheté des maillots de bain dans les magasins voisins, puis appelé maman et papa. Nous leur avons dit que nous allions passer la nuit à l'Onsen. Le téléphone de Maija sonne pendant que je me change dans la salle de bain.
La voix de Daniel résonne dans la chambre : ─ Salut, bébé.
J'entre dans la pièce au moment où elle répond : ─ Salut, bébé. Pourquoi t'es-tu levé aussi tôt ? Puis, elle me regarde du coin de l'œil avant de regarder à nouveau son téléphone.
─ J'aide mon père au travail aujourd'hui.
─ Super ! Dis-lui que je lui passe le bonjour.
─ Je le ferai. Tu me manques, bébé. Elle me regarde à nouveau, puis elle se tourne encore vers lui, ce qui me fait gémir. Je suis sûr que je lui fais pitié en ce moment.
─ Tu me manques aussi. On revient dans deux jours.
─ Je sais, mais le petit Daniel se sent seul. Ne voulant pas l'entendre pleurnicher, je gémis une nouvelle fois. 
─ Bébé, Zayne est là.
─ Ahhh... Zut alors... Pardon Z. Euh Maija, je t'appelle plus tard.
─ D'accord, bébé.
─ Je t'aime. Après un moment d'hésitation, elle répond :
─ Je t'aime aussi.
Une fois l'appel terminé, je lance : ─ Le petit Daniel, hein ? Je peux sentir la douleur monter dans ma poitrine. Au moment où elle me regarde pour la première fois, je peux parfaitement lire ses émotions. Elle est triste, triste à cause de moi.
─ Allons à la source d'eau chaude, dis-je avec un sourire forcé, dans l'espoir d'égayer l'ambiance. Elle acquiesce et va se changer dans la salle de bain, dont elle ressort quelques minutes plus tard en peignoir. Nous prenons des bières et nous nous dirigeons vers la source d'eau chaude où nous nous installons chacun de son côté. Nous nous asseyons et buvons ensemble en silence pendant quelques minutes.
─ Pourquoi n'es-tu pas revenu pendant deux ans ? Légèrement surpris par sa question, je recrache la bière que je viens de boire. Quelle réponse dois-je lui donner ? Dois-je lui dire la vérité ? Quel est le mensonge acceptable dans cette situation ? Réalisant que je n'avais pas d'autre choix que lui dire la vérité, je soupire. Elle sait déjà que je l'aime toujours, et je sais qu'elle aime Daniel. La vérité ne peut pas me faire de mal.
─ Le soir où je t'ai embrassé, j'avais le cœur brisé. J'étais amoureux de toi, mais tu ne m'aimais pas. Je t'ai embrassé parce qu'en te voyant, mon cœur était bouleversé, et j'avais besoin de te toucher. Mais tu étais avec Daniel, et tu m'avais déjà dit que tu n'éprouvais pour moi rien de plus qu'une attirance sexuelle. Je regarde son expression pour voir si elle change, mais elle reste stoïque. Le cœur serré, je me demande à quoi je m'attendais. Je souris faiblement avant de continuer :
─ Mes amis m'ont dit que je devais me remettre de ma relation avec toi, alors je suis sorti avec Sundae.
─ Une glace ? demande-t-elle, confuse.
─ La fille de cette nuit-là.
─ Oh.
─ Ouais, elle était censée m'aider à passer à autre chose. Elle était la première des nombreuses filles que j'ai utilisées pour essayer de t'oublier. J'avais toujours l'intention de rentrer à la maison, mais je ne pouvais pas supporter de te voir avec Daniel ou un autre gars qui n'était pas moi. Après avoir passé un an sans te voir, ma douleur s'est atténuée, alors je me suis éloigné, en espérant que le temps et la distance auraient raison de mes sentiments pour toi. Sur ce, je termine, puis je la regarde. Elle pleure. 
─ Cela n'a pas servi à grand-chose, car le jour où je t'ai vue, quand tu as ouvert cette porte, tous mes sentiments sont revenus parce qu'ils n'étaient jamais partis. La vérité, c'est que je n'ai rien fait d'autre que me mentir à moi-même pendant deux ans.
─ Il y a deux ans ? Je suis désolée... j'étais... je ne savais pas, dit-elle entre deux sanglots, ce qui me fait mal au cœur. J'ai envie de la réconforter et de l'embrasser pour chasser ses larmes, mais elle n'est pas à moi.
─ Ce n'est pas grave. Je réalise que ce n'est pas parce que tu aimes quelqu'un qu'il ressent la même chose. À ces mots, elle se met à sangloter à haute voix. Je serre les dents car je déteste la voir pleurer. Je traverse la source d'eau chaude et place un mur autour de mon cœur alors que je la prends dans mes bras.
─ Allez, ne pleure pas. Souviens-toi que je ne mérite pas tes larmes, dis-je en essayant de la consoler. Elle enfouit son visage dans ma poitrine tandis que je la serre fort, mon cœur ne tenant qu'à un fil pendant qu'elle pleure. Je la sors de la piscine, puis je la ramène dans la chambre où je la pose sur le canapé alors qu'elle pleure de moins en moins.
─ Je suis désolée, c'est tellement triste...très...triste. Oui, je sais bien que je suis pathétique.
─ Je vais te chercher une serviette. Sur ce, je me dirige vers la salle de bain pour prendre une serviette et aussi pour éviter qu'elle me regarde avec pitié. Je suis un loser en amour, et maintenant, elle pleure parce qu'elle ne m'aime pas. Je regarde autour de moi sans trouver de serviette, alors je retourne dans la chambre. Elle ne pleure plus, mais ses yeux sont rouges et gonflés. Je déteste la voir pleurer, surtout quand elle le fait à cause de moi.
─ Ils n'en ont pas laissé dans la chambre. Je vais donc aller en chercher à la réception.
─ D'accord, murmure-t-elle. J'enfile mon pantalon et ma chemise, puis mes chaussures avant de quitter la chambre. Alors que la porte se referme, j'entends son téléphone sonner ; c'est probablement Daniel qui rappelle. La jalousie et la colère me traversent quand je pense qu'il a droit à des "je t'aime aussi", tandis que je ne reçois que des regards vides et des larmes. Je lutte contre l'angoisse en essayant de me concentrer sur la tâche à accomplir. Je me dirige vers l'ascenseur en cherchant mon portefeuille dans mes poches. En gémissant, je me demande si les serviettes sont payantes ? Ne voulant pas rebrousser chemin si c'est le cas, je devrais aller chercher mon portefeuille. Je regagne la chambre où, une fois arrivé, j'hésite à la porte parce que je ne veux pas entrer au moment où elle échange des bisous avec Daniel. Après une profonde inspiration, je me prépare à ce que je pourrais entendre et j'ouvre la porte lentement pour ne pas la déranger. Une fois dans la pièce, j'entends différentes voix, toutes féminines. Ouf ! Au moins, ce n'est pas Daniel.
─ Bien, tout le monde est là.
─ Pourquoi tu m'as réveillée, Kenya ?
─ On a un code B, les filles !
─ Un problème de garçon ? Maija, tes yeux sont rouges. Pourquoi pleurais-tu ?
─ Cet imbécile de Zayne lui a fait quelque chose. Imbécile ? Pourquoi suis-je un imbécile ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Je lui ai juste dit que je l'aime.
─ Il n'a rien fait, corrige Maija. C'est vrai. Je ne suis pas fautif, elle s'est juste sentie mal pour moi. Je me décale sur le côté, repérant mon portefeuille sur la table de chevet. Même après que je l'ai pris, elle ne remarque toujours pas ma présence. Je devrais vraiment me dépêcher de partir. Elle ne veut probablement pas que j'entende cette conversation...
─ Ah oui ? Je trouve ça difficile à croire. Je parie qu'il t'a encore embrassée et qu'il s'est enfui comme la dernière fois. Je t'ai dit que je lui botterais le cul. Oh, ça doit être Kenya, la fille dont Maija m'avait parlé. Elle ne m'aime vraiment pas, mais pourquoi au juste ? C'est vrai que j'ai arrêté de rentrer chez moi, mais j'avais une bonne raison d'agir ainsi. Maija ne m'aime pas !
─ En plus, il a embrassé cette salope.
─ Sundae, répond Maija sur un ton s'apparentant presque à un avertissement.
─ Pourquoi parles-tu de dimanche en anglais ?
─ Elle s'appelle Sundae.
─ Quel nom pour une salope.
─ Kenya, arrête. Il n'a rien fait. Il m'a dit qu'il n'était pas revenu parce qu'il était amoureux de moi, et qu'il ne supportait pas de me voir avec Daniel. À ces mots, le silence a envahi la pièce.
─ Il était donc amoureux de toi ?
─ Amoureux comme dans "Aime-moi encore". Il a dit qu'il est retombé amoureux de moi quand il m'a revue. 
─ Aww, c'est....
─ Putain, comme c'est dommage ! Kenya intervient, coupant au passage la parole à son amie. Qu'est-ce que j'ai fait à cette fille ? Si elle pense que je vais la présenter à Jade après ça, elle délire.
─ C'est vrai, il a raté sa chance il y a deux ans quand tu étais amoureuse de lui. Tu as Dan.... Avec le cœur qui bat la chamade et leurs voix qui s'estompent, je me dirige vers la porte en m'assurant de partir discrètement. Était-elle vraiment amoureuse de moi ? Quand ça ? Mon esprit passe en revue tous les souvenirs : le baiser, la cabane, l'hôpital quand elle a dit "Je t'aime...". Mon cœur s'arrache de ma poitrine quand je finis par comprendre qu'elle m'aimait, mais j'étais trop têtu et en colère pour le réaliser. Elle m'aimait ─ imparfait, ce qui signifie qu'elle ne ressent plus la même chose. Est-ce pour cela qu'elle ne m'a rien dit quand je lui ai avoué mes sentiments ? ─ Pas étonnant qu'elle pleurait, me dis-je en riant amèrement. Elle m'aimait, mais j'étais trop aveuglé par la jalousie et j'ai fui. Seulement, suis-je le seul à blâmer ? Elle a essayé de me le dire une fois, mais pourquoi n'a-t-elle jamais réessayé ? Oh, parce que je lui ai craché en pleine figure que je sortais avec Sienna. Je monte dans l'ascenseur et tape du poing sur la porte, mais la douleur est à peine perceptible car mon cœur se fend en deux. Ma Maija, mon amour, ton cœur devrait être le mien. Les mains sur le visage, pour la première fois depuis la mort de ma mère, je pleure.