Éva
Je me tenais à la fenêtre de ma chambre, regardant Clément sortir des bois après ce qui semblait être une course. Il marchait comme s'il n'avait aucun souci au monde et il était complètement nu, toute la splendeur de son corps masculin sculpté à la vue de tous.
C'était quelques heures après que j'avais quitté son bureau avec les enfants, leur étant reconnaissante de m'avoir interrompue dans ce qui se passait. J’ai
J'ai fait de mon mieux pour ne pas fixer son entrejambe, mais il semblait que mes yeux avaient leur propre volonté car je ne pouvais pas les détourner de son corps nu.
Être avec les enfants avait distrait mon esprit mais maintenant que j'étais seule, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ce qui s'était passé.
Je savais que Clément et Zoé étaient probablement heureusement unis à présent étant donné tout le mal qu'ils s'étaient donné pour me sortir de l'équation, alors je ne comprenais pas ce qui lui prenait.
Il était le compagnon de ma sœur et malgré le fait que je la méprisais, je ne m'approcherais jamais de lui. J'éprouvais aussi une haine profonde pour lui, alors pourquoi diable mon corps réagissait-il à lui ? Pourquoi voulais-je qu'il me prenne là, malgré le fait que je ne voulais rien avoir à faire avec lui ?
Et comment diable avais-je oublié que quelques minutes avant qu'il ne m'agrippe et ne me traîne dans son bureau, un autre homme avait été en moi mais tout ce que je voulais à ce moment-là, c'était lui arracher ses vêtements et l'avoir en moi à la place ?
Quelque chose n'allait pas parce que Clément et moi, c'était fini, j'en avais fait la certitude il y a sept ans.
"Cela peut être le cas, mais je ne pense pas que nous en ayons terminé" a dit paresseusement Ava. Elle peut être si silencieuse parfois que j'oublie que j'ai une autre entité qui partage mon corps avec moi.
"Que veux-tu dire par nous n'en avons pas terminé avec eux ?" lui ai-je demandé, faisant allusion à Clément et Pablo. Je n'avais pas ressenti la liaison depuis des années, donc elle devait être morte, non ?
"C'est exactement cela, je ne pense pas que ta mort ait eu l'effet escompté de détruire complètement la liaison" me dit-elle avec sarcasme, ce qui me fait souhaiter pouvoir la gifler.
Ne vous méprenez pas, j'aime Ava mais quand elle le décide, elle peut être un véritable casse-tête et elle sait généralement quels boutons pousser pour m'agacer.
"Peux-tu aller droit au but, Ava," lui dis-je déjà un peu irritée, et pas seulement par elle mais par la situation en entier.
La dernière chose dont j'avais besoin était quelque chose d'autre pour me distraire de me concentrer sur une façon de sauver Timéo et tuer Agron. Ma vie était déjà assez remplie de choses à m'inquiéter sans en ajouter plus à la pile de choses que je devais gérer.
"Eh bien, lorsque Clément t'a emmenée dans le bureau, j'ai senti une lueur du lien, il était faible et terne, et il ne bourdonnait pas d'énergie comme avant, mais il était là quand même, essayant de percer", dit-elle avant de continuer.
"C'était presque comme si vos désirs et votre attirance l'avaient fait réapparaître"
"Tu es sérieuse là, maintenant ? mais c'est impossible" il y avait cette partie de moi qui avait peur de ce que cela signifiait si le lien n'avait pas été rompu.
"Oui, aussi bien que j'aime te taquiner, je ne te mentirais pas ou n'aurais pas plaisanté sur quelque chose d'aussi sérieux" Je pouvais dire qu'elle était sincère et que ce n'était pas une de ses blagues.
Je soupire alors, puis je commence à faire les cent pas dans la pièce parce que je n'avais pas besoin de m'occuper de ça maintenant. J'avais déjà trop sur mon assiette sans avoir à m'inquiéter d'un lien de compagnon qui refuse tout simplement de rester mort.
J'avais besoin de réponses et il n'y avait qu'une seule personne ou devrais-je dire divinité qui pourrait me les donner. Sélène avait beaucoup d'explications à donner.
Je quitte ma chambre mais avant de descendre, je vais voir Timéo et Frey, ils avaient été trop fatigués après notre rendez-vous et avaient immédiatement fait une sieste dans la chambre de Timéo.
Je trouve la mère de Clément avec un livre à garder les enfants, mais je ne lui prête pas beaucoup d'attention. Après avoir vérifié qu'ils vont tous les deux bien, je pars sans dire un mot à Louna.
Aujourd'hui n'était pas mon jour de chance parce que j'ai rencontré Zoé juste alors que je me dirigeais vers les escaliers. Je n'avais vraiment pas besoin d'être à proximité d'elle ni qu'elle frotte sa relation avec Clément sur mon visage.
La regardant maintenant, ma haine pour elle refait surface, avant je me raccrochais à l'espoir que nous reviendrions à comment les choses étaient, qu'elle me pardonnerait enfin et m'aimerait à nouveau, mais ces rêves sont morts quand j'ai ascensionné.
Maintenant, je n'ai pas une once d'amour pour elle et elle est comme une étrangère pour moi. La seule famille que j'ai, ce sont Timéo, Inès, Lola, Selene et Kaïs et si je suis honnête, ils sont tout ce dont j'ai besoin. Pas besoin de s'entourer de trop de monde, de personnes qui se retourneraient contre toi sans ciller.
"Éva, pouvons-nous parler", dit-elle alors qu'elle attrape ma main juste comme j'allais la contourner. Je secoue sa main et m'apprête à passer à côté d'elle, mais elle bloque mon passage.
"Sort de mon chemin", je grince entre mes dents serrées.
Elle commençait à m'énerver et j'étais déjà sur les nerfs, et si elle ne bougeait pas, je finirais par faire quelque chose que nous pourrions regretter. La dernière chose que je voulais, c'était d'essayer de sauver une meute pathétique après que j'aie accidentellement tué leur précieuse luna.
"S'il te plaît".
"Il n'y a rien que tu peux dire qui m'intéresserait ou que je voudrais entendre, Zoé, alors écarte-toi avant que je te fasse vraiment mal !" je lui cris dessus en essayant de la contourner, mais elle me bloque à nouveau.
"Nous sommes soeurs, rappelle-toi ça, je t'en supplie" les larmes coulant sur son visage auraient pu me toucher dans le passé, mais plus maintenant.
"Sœur ? Sœurs !?...étais-tu ma sœur quand la meute s'est retournée contre moi, hmm ? Étais-tu ma sœur quand tu as refusé de me croire quand je disais que je ne tuerais pas nos parents ? Étais-tu ma sœur quand tu m'as laissée dans cette maudite meute pour être torturée et humiliée ? Ou quand tu ne m'as pas contactée pendant dix ans, ou quand tu m'as dit que tu prenais du plaisir à voir ma souffrance et finalement quand tu as pris mon compagnon et menacé de prendre mon enfant…dis-moi ! Étais-tu ma sœur alors ?" Je hurlais à ce moment et je me fichais de qui m'entendait avant de continuer.
"Tu n'as aucune idée de ce que signifie être une sœur, alors ne vient pas me raconter ces sornettes…tu es morte pour moi, Zoé Germain, et tu es morte pour moi depuis longtemps alors la prochaine fois que tu décides de venir me parler de ce genre de conneries, je te tuerai" je lui grognai dessus.
"C'est assez, Éva! Laisse-la tranquille" j'ai entendu une voix grave dire et quand j'ai levé les yeux, j'ai vu non seulement Clément mais aussi d'autres personnes, dont Louna, Inès et Mathéo.
Zoé pleurait à présent, de lourds sanglots secouaient son corps, mais je m'en fichais, comme je l'ai dit, je ne la considérais plus comme de la famille.
"Avec plaisir…garde ta compagne en laisse et à l'écart de moi ou je ne serai pas responsable de ce que je lui ferai si elle ne le fait pas. Tu m'as déjà dit de rester loin d'elle, tu te souviens? De ne pas être dans la même proximité qu'elle, eh bien aujourd'hui je demande exactement la même chose".
Sans leur accorder une seconde de plus de réflexion et remplie d'une telle fureur que je sentais que j'allais exploser, j'ai téléporté au château de Selene.
J'apparais dans son salon formel et commence à faire les cent pas, la rage émanant de chaque pore de mon corps. Je détestais qu'après toutes ces années, ils parviennent encore à provoquer en moi n'importe quel type d'émotion.
"Qu'est-ce qui ne va pas, pourquoi es-tu si en colère ?" me demande Selene, sa voix toujours aussi douce et gentille ce qui, pour une raison quelconque, m'irrite. Je voulais frapper quelque chose, quelqu'un.
"Pourquoi Ava me dit-elle qu'elle commence à sentir le lien d'âme sœur entre Clément et moi ? Je pensais avoir définitivement supprimé cette chose" lui ai-je demandé en allant droit au but
Souriant, je savais qu'elle allait dire quelque chose d'impertinent ou de drôle mais comme si elle sentait que je n'étais vraiment pas d'humeur, elle a décidé de me dire la vérité à la place.
"Il y avait toujours une chance que cela ressurgisse, Éva, j'ai rendu le lien entre vous deux fort et spécial alors je ne suis pas surprise qu'il commence à émerger maintenant que vous êtes à proximité l'un de l'autre" elle me dit cela décontractée en s'asseyant comme si elle n'avait pas simplement bouleversé tout mon monde.
"Tu plaisantes ? Bordel de merde Selene, qu'est-ce qui te prend ?" je lui ai crié dessus mais elle n'a même pas été émue.
"Éva, surveille ton langage, tu sais que je déteste quand tu jures."
"Que ça aille en enfer, en ce moment je ne me soucie pas de ce que tu détestes ou ne détestes pas, je ne me soucie que de ce stupide lien...pourquoi diable aurais-tu conçu un tel lien en premier lieu?" Je lui ai demandé, ma colère refusant toujours de s'apaiser.
"Parce que les Moirai m'ont personnellement demandé de le faire. Je ne sais pas pourquoi, mais les Moirai ne se mêlent généralement pas de ce genre de choses, mais quand tu es née, elles m'ont dit de former un lien spécial entre vous deux, différent et plus fort que les autres et nous savons tous que personne ne va contre les Moirai et personne ne leur dit non, pas même une déesse" elle m'informe doucement.
"Romps-le, maintenant" j'ai craché, hors de toute raison.
"Même moi, je ne peux pas rompre le lien Éva, j'aurai pu le créer mais je n'ai pas le pouvoir de le rompre. Il a été béni par les Moirai et seulement elles ont le pouvoir de le détruire"
"Alors où puis-je les trouver, nous devons avoir des mots" je dis, craquant mes jointures prêtes pour une bagarre.
Je m'en fiche si c'étaient les putain de Moirai, je voulais que ce lien soit rompu et c'est exactement ce qui allait se passer.
"Je ne connais pas la raison de leur désir d'avoir un lien spécial entre vous deux, mais elles avaient une raison et les Moirai savent toujours ce qu'elles font" elle dit avant de faire une pause puis de continuer.
"D'ailleurs, aucun des dieux ne sait où sont les Moirai, ni comment les trouver... s'ils ont besoin de quelqu'un, alors elles vous trouveront... elles savent tout et elles voient tout"
J'ai continué à faire les cent pas car il semble que j'étais coincé avec cette fichue chose. J'observe Selene mais elle ne semble pas être déstabilisée par ce qui se passe, au contraire, elle semble trouver cette situation amusante, ce qui me donne envie de la gifler.
"Je n'arrive tout simplement pas à accepter qu'il n'y ait aucun moyen de le détruire definitivement"
"Mais chère Éva, il n'y en a pas, à moins que tu aies un moyen de trouver les Moirai" elle me dit et sa réponse m'agace encore plus.
Pourquoi diable les Moirai ressentaient-elles le besoin de créer un tel lien en premier lieu? Surtout si elles n'interviennent généralement pas dans ce genre de choses. Je voulais connaître leur raison, mais comment le pourrais-je alors que personne ne sait même où elles se trouvent.
J'ai regardé Selene pendant un moment avant de décider de m'en aller. J'avais besoin de me débarrasser de cette énergie négative qui risquait de m'engloutir si je n'y mettais pas fin.
Cela a toujours été difficile de contrôler et de maîtriser mon côté sombre et je pouvais déjà sentir qu'il montrait sa sale tête. J'avais besoin de tuer, j'avais besoin de goûter au sang et j'avais besoin de chaos, même si ce n'était que pour un moment. J'avais besoin de chasser.