Ivan se tenait à l'entrée du commissariat, Angela à ses côtés, avec Grégoire qui s'approchait rapidement derrière eux.
Ivan était en tenue décontractée, bien que ce ne soit pas différent de ce qu'il portait habituellement. À ce moment, Angela sentait que le jeune homme était différent de tous ceux qu'elle avait jamais vus auparavant. Une aura de rébellion raffinée se dégageait de lui.
Blaise, Arnaud et Roger tournèrent tous la tête lorsqu'il parla.
Cependant, Blaise écarta automatiquement Ivan et Angela, son regard tombant directement sur Grégoire qui se tenait à proximité.
Dès qu'il le vit, son corps se raidit momentanément et un frisson le traversa. Il avait soudainement le vague sentiment que certaines choses étaient déjà hors de son contrôle.
Grégoire, affichant une expression désagréable, entra dans le hall, marchant derrière les deux jeunes.
À leur vue, tout le monde dans le commissariat était stupéfait.
D'abord, le Maire adjoint et maintenant le Maire lui-même était personnellement arrivé au commissariat.
C'étaient les deux leaders de Luminara. D'habitude, on ne pouvait les voir ensemble qu'à la télévision.
Les voir tous les deux sur place fut donc une surprise pour les officiers qui se demandaient ce qui allait se passer. Le fait que Grégoire resta intentionnellement derrière Ivan, à une distance d'un pas, laissait les spectateurs encore plus étonnés, chacun d'eux se demandant qui pourrait être cette personne.
Ne sous-estimez pas ce petit pas. C'était suffisant pour illustrer la différence, démontrant clairement le statut de cette personne.
Sur le moment, Roger saisit l'occasion pour engager la conversation avec Grégoire. Il ne s'attendait pas à ce que ce dernier vienne personnellement. Pour qui était-il là ? Il n'avait pas besoin de deviner. Il le savait déjà. Il avait déjà des soupçons sur la relation entre Danielle et Grégoire.
Maintenant que ce dernier était venu, il se mit de nouveau à se faire des idées. Toutefois, à un moment comme celui-là, il ne pouvait pas se permettre de se soucier de tout ça. Si quelqu'un dans cette ville pouvait contrôler Blaise, ce ne serait autre que M. Simon Grégoire et il le savait.
"M. Simon, bonjour. Êtes-vous ici pour Danielle aussi ?" demanda-t-il.
À cette question, Grégoire était pris au dépourvu. Quelle était la relation de cette fille qui suivait Claude avec Roger ? se demanda-t-il.
En le voyant confus, Roger rit et s'expliqua en disant :
"M. Simon, vous ne le saviez peut-être pas, mais Danielle est ma fille que je viens de retrouver."
En entendant cela, l'attitude de Grégoire s'améliora nettement.
Finalement, le père de cette fille valorisée par le respecté M. Robinson, pesait bien plus qu'un simple homme d'affaires. À cette réalisation, un proverbe lui vint en tête : 'quand un homme atteint l'illumination, sa volaille et ses animaux de compagnie montent au ciel'.
À cet instant, Grégoire devint beaucoup plus amical envers Roger.
"Donc, Miss Hardy est votre fille que vous venez de retrouver. Quelle chance pour le chef de la famille Bourgeois !" dit-il.
En entendant cela, Roger afficha une expression perplexe. L'attitude du maire n'était-elle pas un peu trop courtoise ? Même s'il était intime avec Danielle, cela ne devrait pas aller à ce point, non ? se demanda-t-il.
En entendant les mots qu'il venait de dire à Grégoire, Ivan baissa la tête et le salua, disant :
"Bonjour, oncle. Je suis Ivan, un bon ami de Danielle."
Sur le coup, Roger fut pris par surprise.
Même ce jeune homme, que Grégoire respectait, lui parlait volontairement. Il ne pouvait pas prendre cela à la légère, alors il acquiesça rapidement et dit :
"Bonjour, bonjour. Merci pour votre aide dans cette affaire."
"Pas de problème, pas de problème. Ce n'est rien", répondit Ivan.
Debout, Blaise voilait la moitié du corps d'Arnaud, ce qui empêcha les autres de le remarquer tout ce temps. Ce fut finalement Angela qui le vit en premier. Aussitôt, elle dit doucement :
"Bonjour, Directeur."
Instantanément, le regard de tout le monde se tourna vers la personne derrière Blaise. Là, Arnaud fit un pas en avant pour révéler son visage entier.
En effet, Grégoire et lui s'étaient croisés de nombreuses fois. Bien qu'ils n'interagissent pas beaucoup en privé, ils avaient beaucoup de chevauchement dans leur travail.
Arnaud était quelqu'un que Grégoire respectait. Il avait consacré toute sa jeunesse et sa vie à la cause de l'éducation, y versant son cœur et son âme. Il avait cultivé beaucoup de talents pour la ville et même pour le pays. Il méritait donc le respect !
"Arnaud, pourquoi êtes-vous ici aussi ?" demanda-t-il à l'homme devant lui.
À sa question, Arnaud hocha la tête et répondit :
"Je suis venu pour l'étudiante Danielle."
Ce fut désormais au tour de Grégoire d'être confus. Claude avait-il aussi contacté Arnaud ? Ce ne devrait pas être le cas théoriquement, pensa-t-il. Alors qu'il réfléchissait, le regard d'Arnaud se tourna vers Ivan, le fils du commandant adjoint de la Région militaire de Kyoto, un véritable officiel de troisième génération, le petit-fils que le chef de cette famille puissante chérissait le plus.
Il était né avec une cuillère en or, un homme au sommet de la pyramide. Pas étonnant qu'il soit si arrogant. Blaise, un simple roturier, semblait en effet insignifiant en comparaison. En voyant tant de forces derrière Danielle, Arnaud se dit qu'au final, sa présence sur place était inutile. Par ailleurs, si les choses se passaient comme prévu, un certain gentilhomme noble devrait arriver bientôt.
En réalité, la santé du directeur avait toujours été moyenne, et il était fatigué, car ayant travaillé longuement le matin. Sachant Danielle en de bonnes mains, il dit au revoir à Grégoire et aux autres et s'en alla. Il savait qu'avec Ivan et Grégoire sur place, tout se passerait bien.
Après son départ, Ivan trouva enfin le temps de regarder Blaise d'un mauvais œil.
"Est-ce toi Blaise ?" demanda-t-il en le tutoyant.
Il était très en colère. Comment cet homme osait-il s'en prendre à Danielle ?
À ses yeux, Danielle était l'aimée de Claude, donc elle était son amie. Comment un simple vice-maire pourrait-il donc intimider son amie ?
À ce moment-là, Blaise ne savait pas qui était ce jeune homme qui le tutoyait. Mais, en observant le comportement de Grégoire, il sut qu'Ivan n'était pas simple et qu'il ne fallait pas le provoquer.
Il redressa donc inconsciemment son corps et dit :
"Bonjour, je..."
Cependant, Ivan l'interrompit et dit :
"Peu importe qui tu es."
Avec ces mots, le jeune homme disait clairement à ceux autour de lui qu'il se foutait du statut de Blaise. Sur le coup, c'était comme si le visage de ce dernier était frotté contre le sol.
Tous les policiers dans la salle baissèrent la tête. Qui oserait d'ailleurs attirer l'attention sur lui-même à ce moment-là ? Face à une telle réplique, le visage de Blaise brûlait de honte.
Pendant tant d'années, personne n'avait osé l'humilier en public de cette façon.
"Blaise, j'ai entendu dire que tu as arrêté Danielle, étudiante du département de physique de l'université de Luminara, pour agression volontaire. Qu'est-ce qui s'est réellement passé ?" demanda Grégoire sans perdre de temps.
Face à cela, une peur subite envahit Blaise. Il avait bien deviné. Grégoire et cet homme qui venait de nulle part étaient tous deux là pour Danielle.
Cette jeune fille ne venait-elle pas de la campagne ? Comment connaissait-elle donc Grégoire ?
Dès l'instant où Grégoire et Ivan arrivèrent, Blaise avait clairement perdu son assurance.
À ce stade, son seul atout était qu'il avait déjà ordonné au responsable du Pavillon des Jacinthes de détruire les images de la caméra de surveillance de cette nuit-là, et lui avait même payé un million pour inventer une histoire crédible.
Ceci étant, peu importe qui venait s'informer, il pouvait insister sur le fait que Danielle était bien responsable du traumatisme crânien de Thomas. Autrement, les conséquences seraient plus graves.
"Maire, vous ignorez la situation réelle, Danielle..." commença-t-il, mais il fut interrompu de nouveau.
"Alors toi aussi, tu l'appelles Danielle ?" demanda-t-il avec fureur.
Là, les poings de Blaise se serrèrent à ses côtés, son cerveau battant sous la pression du regard du jeune homme. Confus, M. Roux jeta un coup d'œil discret à Grégoire. Cependant, ce dernier évita son regard. Ignorant le commentaire d'Ivan, Blaise prit une grande respiration, maudissant également Grégoire dans son cœur.
En silence, il jura de se venger de cette grande humiliation un jour. Malheureusement, il ne savait pas que ses jours étaient comptés.
"Mademoi... L'étudiante...." balbutia-t-il. Les mots furent extrêmement difficiles à prononcer pour lui. Avec tant de gens dans le commissariat qui regardaient, il avait perdu toute contenance.
"Danielle avait gagné les trois cent millions de mon fils, Thomas, au Pavillon des Jacinthes hier. Non seulement cela, elle l'avait aussi insulté, causant son évanouissement et sa chute accidentelle. Il a été emmené à l'hôpital, diagnostiqué avec un traumatisme crânien. C'est donc pour cela que nous avons invité Danielle à être interrogée aujourd'hui", dit-il.
Alors qu'il parlait, Ivan le regardait avec mépris. En effet, lorsqu'ils étaient en route, Angela lui avait tout expliqué clairement.
"Il semble que ce Thomas ne peut tout simplement pas accepter une défaite, recourant à des tactiques aussi malheureuses et utilisant une simple commotion cérébrale comme excuse pour arrêter quelqu'un. C'est une honte !" dit-il, puis il ricana, secouant légèrement la tête.
En entendant le récit de son adjoint, Grégoire semblait également un peu mal à l'aise.
Blaise abusait clairement de son pouvoir. Jamais il n'avait envisagé qu'il taperait sur une plaque de fer comme Danielle. Si on poussait plus loin, cela refléterait aussi mal sur sa discipline, se dit-il.
"Où Danielle est-elle détenue maintenant ?" demanda-t-il à l’homme. Ce dernier hésita avant de répondre, disant :
"La Chambre Sombre." Comme une bombe, ces trois mots firent exploser la colère d'Ivan. En un clin d'œil, il s'avança et saisit le col de Blaise.