Chapter 13
1227mots
2024-09-04 17:00
Face à une telle menace, Greg prit une pause et dit d'une voix teintée d'irritation :
"Danielle, tu es une dure à cuire. Si je ne peux pas raisonner Rayan, irais-tu jusqu'à le tuer ?"
En guise de réponse, Danielle fit entendre un rire froid.
"Je comprends. Je ferai de mon mieux pour l'éloigner de toi. Je te promets que tu ne le verras pas pendant un an !" dit Greg pour la rassurer.
Dès qu'il dit cela, Danielle raccrocha sans une seconde de réflexion.
Greg était rusé et elle le savait. Un an ? À quel jeu jouait-il ?
Pendant ce temps, dans la chambre de Priscille, Alexie soignait silencieusement les blessures de sa fille.
Avec son visage sévère, elle rendait la jeune fille mal à l'aise.
Priscille se souvint qu'alors qu'elle grandissait, tout le monde vantait sa mère pour sa douceur et sa gentillesse. On louait également la bonne éducation qu'elle leur donnait à Phillipe et elle.
Plus petite, elle apprit à faire du piano, de la danse, de la calligraphie, de l'équitation, de l'art, etc.
Sa mère Alexie disait aux autres qu'elle n'apprenait ces choses que parce qu'elle les aimait, mais c'était loin d'être la vérité. En réalité, elle l'obligeait à les apprendre, pas seulement pour le plaisir d'apprendre, mais pour exceller. Elle ne pouvait se permettre d'être inférieure à aucune autre fille de la noblesse. Elle devait être la meilleure dans chaque compétition, sinon...
En repensant à ces années, Priscille sentit un frisson lui parcourir l'échine.
Elle se souvint de quand elle avait concouru en danse contre Rose alors qu'elles étaient encore petites. Rose était si douée à l'époque que tout le monde savait qu'elle gagnerait. Alors, pour épargner la honte à la famille Bourgeois, elle Priscille fut plongée dans de l'eau froide pendant des heures, ses cris de douleur ignorés. Cette nuit-là, elle fit une forte fièvre, et sa mère s'en servit comme excuse pour la retirer du concours de danse.
Elle resta fiévreuse durant une semaine entière avant de guérir. Ce n'était que lorsque son père rentrait du boulot le soir que sa mère lui caressait doucement la tête, lui montrant de l'affection. Sinon, en l'absence de Roger, elle était laissée aux soins des serviteurs.
Dans son for intérieur, elle savait qu'elle n'était qu'un pion pour sa mère, un moyen de maintenir sa réputation et un instrument dont elle se servait pour gagner l'affection de Roger.
Ceci étant, dès son jeune âge, elle comprit qu'elle devait se battre pour ce qu'elle voulait, quoi qu'il arrive.
"Te rends-tu compte que tu as fait quelque chose de vraiment stupide aujourd'hui ?" lui demanda sa mère, brisant le silence.
Sur le coup, le cœur de Priscille manqua un battement et elle devint nerveuse.
"Je suis désolée, maman. Je ne le voulais pas... Je n'ai pas pu m'en empêcher", s'excusa-t-elle.
À ses mots, Alexie la fixa pendant longtemps.
Sous son regard, la jeune fille se sentit de plus en plus étouffée.
"Laissons la journée d'aujourd'hui derrière nous. Cette petite traînée n'est pas facile à gérer. Nous devons jouer sur le long terme, prendre les choses doucement. Ne fais pas de telles stupidités sans être sûre de toi. Après toutes ces années que j'ai passées à t'enseigner, tu n'as visiblement rien appris", dit encore la femme.
Voyant qu'elle ne la blâmait plus, Priscille se détendit un peu et exprima ses inquiétudes.
"Maman, je suis inquiète à propos de Mathéo", avoua-t-elle.
Sur le champ, Alexie regarda à nouveau son expression apeurée, dégoûtée par son manque de courage.
"Tu as peur que Mathéo s'intéresse à Danielle, c'est ça ? Tu crains qu'il ne te quitte ?" demanda-t-elle.
Sans hésiter, Priscille acquiesça. Après tout, la beauté de Danielle était vraiment trop imposante. Elle devait l'admettre.
Soudain, Alexie ricana et dit :
"Priscille, détends-toi. Tant que je suis encore la dame de la famille Bourgeois, la fille de la famille Dubois, et que tu es toujours la fille étoile, la petite-fille préférée de ton grand-père, Mathéo Lupin n'oserait pas. Même si son engagement avait été arrangé par sa mère et cette petite vagabonde de Matilda, et alors ? Ça fait tant d'années. Tout cela est du passé. Maintenant, je suis la matriarche de la famille Bourgeois. Haha ! Pensent-ils pouvoir me remplacer ? Pas la moindre chance !"
En parlant, elle était extrêmement confiante.
"Tu dois te ressaisir. Le banquet de M. Nolan est toujours pour la semaine prochaine. Ici, c'est ton terrain. Tu dois montrer à Danielle la différence entre une femme de la haute société et une campagnarde comme elle. Ne pense pas qu'elle est ton égale simplement parce qu'elle a franchi la porte de cette maison. Outre son apparence, qu'est-ce qu'elle a pour se comparer à toi ? Une fois que Mathéo verra l'écart entre vous deux, il saura qui il devrait épouser", ajouta la femme d'âge moyen.
En entendant de tels mots, Priscille regagna confiance en elle.
Elle avait momentanément perdu ses repères à cause de la beauté de Danielle.
Au fond d'elle, elle se dit que sa mère avait raison. La famille Lupin épouserait-elle une femme comme Danielle, qui n'a rien d'autre que son apparence à offrir ? Pas la moindre chance.
Avant de partir, Alexie lui demanda où était Phillipe. Sur le coup, Priscille hésita à parler, mais sous l'insistance de sa mère, elle mentionna finalement que Phillipe était allé en boîte de nuit.
En boite de nuit ? Alexie n'en croyait pas ses oreilles. Elle était furieuse. Son fils lui désobéissait, choisissant de sortir faire la fête à un moment pareil alors qu'il avait examen le mois suivant. En y pensant, elle se dit qu'elle devait trouver un moyen pour lui.
Elle sortit ensuite en trombe, et Priscille, dans la chambre, leva lentement la tête, un sourire malveillant se répandant sur son visage.
Pendant ce temps, dans la boîte de nuit, Phillipe faisait la fête avec un groupe d'amis. Récemment, il gâtait une célébrité mineure avec qui il sortait. Lorsqu'elle avait commencé à sortir avec lui, elle était encore innocente et assez dédaigneuse de l'argent.
Mais en seulement trois mois, conduisant la voiture de luxe qu'il lui avait achetée, vivant dans un manoir, portant des vêtements de haute marque qu'elle ne pouvait pas se permettre auparavant, elle était déjà complètement corrompue.
Phillipe savait qu'il était tordu. Il éprouvait du plaisir à détruire tout ce qui était beau, à les regarder se flétrir et se décomposer. Ce sentiment satisfaisait ses bas instincts.
Assis confortablement, il regardait avec intérêt la femme qui faisait du striptease sur une barre dans la pièce privée.
Il alluma une cigarette, et la fumée s'éleva, enveloppant son visage sombre.
Une seule personne occupait ses pensées à ce moment-là et c'était Danielle. Le sourire froid et tentant de la jeune femme était gravé dans son esprit.
Lorsque la femme eut fini de danser et tenta de se blottir contre son bienfaiteur, elle fut arrêtée dans son élan.
"Les gars, elle est toute à vous. Amusez-vous bien", dit-il.
Comme s'ils n'attendaient que ça, les autres dans la pièce répondirent sans hésiter : "Merci, Phillipe."
"Phillipe est une légende", ajouta un autre.
Face à cette réaction, la femme fut choquée et essaya de saisir la jambe de Phillipe, mais il la repoussa, la faisant tomber durement au sol.
Il se leva ensuite et, sans lui jeter le moindre regard, sortit de la pièce.