Chapter 15
1891mots
2024-08-09 16:00
Lylah
Pendant tout le trajet vers le bureau, je suis nerveuse. M. Prevost tente d'engager une conversation polie, mais je ne peux guère dire plus que, "Oui", ou "Non", car je suis trop préoccupée à essayer de comprendre ce qui se passe.
Nous arrivons à l'immeuble et il m'accompagne jusqu'à l'étage où travaille Briggs. Non que je sois jamais venue ici auparavant. Briggs sera probablement outré quand il découvrira que je suis ici maintenant, quelles que soient les informations qu'il a pu donner à M. Leveque. Je le suis quand même. Que puis-je faire d'autre ?

Voir le sourire amical de Wrenlee me met légèrement à l'aise. Mes yeux sont fixés sur elle, et non sur la myriade d'autres visages que je vois en arrivant sur le lieu de travail. J'avais cherché Briggs, mais je ne l'avais pas vu. Maintenant, alors qu’elle me salue, je souris et lui rends son étreinte. Ensuite, elle appelle pour faire savoir à M. Leveque que je suis arrivée, et mon estomac se noue. Que pourrait-il bien vouloir ?
M. Prevost me fait un signe rassurant alors que j'entends la voix de Colson dans le haut-parleur confirmant qu'il m'attend. Nous nous dirigeons vers une porte opulente faite d'un bois épais qui pourrait être du merisier, et M. Prevost frappe.
"Entrez." La voix de M. Leveque est douce à travers le bois épais, soit parce qu'il n'a pas crié, soit parce que la porte est une barrière impressionnante. Peut-être les deux.
Nous entrons, et je suis dans le bureau le plus somptueux que je puisse imaginer, mais mes yeux enregistrent à peine la vue étendue du bureau, ainsi que la vue panoramique sur la ville à travers les grandes fenêtres, les belles plantes, les meubles fins, y compris un grand bureau, une table de conférence, et un canapé. Non, mes yeux ne détaillent aucune de ces choses parce que je suis hypnotisée par l'homme en costume sombre et coûteux appuyé contre le bureau.
Il semble encore plus beau maintenant qu'il ne l'était à la fête. Je ne suis pas sûre comment cela est possible. Peut-être est-ce parce qu'il est dans son élément, dans son bureau, où tous ces gens obéissent à ses ordres, font exactement ce qu'il leur dit de faire. Je n'ai aucune idée de ce que cela doit être. Je ne peux pas faire en sorte que quelqu'un fasse ce que je lui demande, encore moins ce que j'ordonne.
"Merci, Prevost", dit M. Leveque. "Je voudrais que vous restiez."

"Bien sûr, monsieur", répond M. Prevost. Il se déplace vers une chaise de l'autre côté de la pièce, près de la fenêtre qui donne sur une rue animée de la ville. Il est là mais pas là ; témoin de ce qui va se passer mais pas présent au sens où il en ferait partie. J'avale difficilement, ne sachant pas quoi faire, quoi dire.
"Lylah, vous êtes ravissante. Comme toujours", dit M. Leveque, ses yeux se baladant du haut de ma tête au bout de mes chaussures.
"Merci", je dis, en mettant mes mains devant moi et en entrelaçant mes doigts. Je remets en question ma robe, mes chaussures, mes boucles d'oreilles....
"Puis-je vous offrir quelque chose ? Quelque chose à boire, peut-être ?"

"Non, merci", je lui assure. J'aurais bien besoin d'un verre d'eau, mais je suis trop déconcertée pour m'en rendre compte.
Il lève un sourcil, lit dans mes pensées, puis se dirige vers un petit réfrigérateur de l'autre côté de son bureau et sort une bouteille d'eau. Il réduit rapidement la distance qui nous sépare, la bouteille tendue.
Mes doigts effleurent les siens alors que je le prends, sans savoir quoi dire. "Merci", sort naturellement pendant qu'une secousse d'électricité picote mon bras.
Il sourit pendant que je lutte avec le couvercle. "Aimeriez-vous vous asseoir?" Il fait un geste en direction du canapé et je remarque pour la première fois des papiers sur la table basse devant lui.
Je prends une gorgée d'eau et parviens à en renverser quelques gouttes sur mon menton et ma robe. J'ai honte et j'essuie, mais aussi vite qu'il était là avec l'eau, il sort un mouchoir de son bureau et me le tend aussi. Mon visage rougit alors que je murmure un autre merci. Briggs a raison ; je suis maladroite.
Je réussis à me rendre jusqu'au canapé et je m'assois. M. Leveque passe de l'autre côté de la table basse et s'assoit à environ un pied de moi, les genoux tournés dans ma direction. La seule idée que je peux avoir de pourquoi je suis ici est parce qu'il veut peut-être me proposer un emploi, ce qui n'a pas de sens car je n'ai aucune compétence, aucune qu'il pourrait utiliser de toute façon, ou parce que Briggs a fait quelque chose et que M. Leveque veut me questionner à ce sujet. Je me prépare au pire.
"Lylah, j'ai eu une discussion avec votre mari plus tôt", commence-t-il, et je hoche la tête, me disant que ça devait être quelque chose comme ça. Ses yeux vont à ma joue, où mon maquillage ne cache pas tout à fait la marque que Briggs a laissée hier, et j'ai envie de la toucher mais je résiste à l'envie. "Je crains qu'il ait enfreint certaines règles très sérieuses de notre entreprise, et qu'il ait également perdu certains clients importants. Je devrais le licencier...."
Mon cœur tombe. Je savais que ça devait être quelque chose comme ça. Pourquoi M. Leveque m'implique-t-il là-dedans, je ne peux pas dire. Cela semble inhabituel. Mais je ne suis pas surprise que Briggs ait commis des erreurs au travail. Je le fixe, attendant qu'il en dise plus.
"Mais... après une discussion avec lui plus tôt, nous sommes arrivés à un accord qui lui permettra de garder son emploi. Si vous y consentez. De votre plein gré. Je ne veux rien de ce que je vous ai dit pour influencer votre décision. Croyez-moi. Je serai capable de le dire si vous vous sentez pressée de quelque manière que ce soit, et alors l'accord sera annulé."
Mes sourcils se lèvent alors que j'écoute ce qu'il dit. "Deal ?" Je répète. "Quel... deal ?"
Il se racle la gorge, regarde un endroit sur le tapis pendant un moment, ajuste sa cravate. Est-il nerveux ?
"Je ne vais pas vous mentir, Lylah. Depuis que je vous ai vue pour la première fois à la soirée de Noël en décembre, j'ai pensé que vous étiez la plus belle femme que j'ai jamais vue." Il me regarde maintenant, et je ne peux pas détourner mes yeux de lui, même si j'ai à peine réussi à fermer ma bouche. Je pense que c'est une sorte de blague, mais il continue. "Je n'ai pas pu me sortir de la tête l'idée de vous. Au début, je pensais que vous étiez heureux en mariage, mais vu le comportement de Briggs, à la fois au travail et avec vous hier soir, je me suis rendu compte que ce n'était pas vraiment le cas, n'est-ce pas ?"
Encore une fois, mon visage est écarlate. Il a pu le dire à partir de la petite interaction que nous avons eue ? Je n'ai pas envie de lui répondre. J'ai trop honte. À la place, je baisse la tête et regarde mes mains.
Les doigts de M. Leveque serrent légèrement mon poignet, et je relève la tête pour le regarder, mais je ne dis rien. Le contact de ses doigts sur ma peau m'empêche de former une pensée consciente. "Lylah, Briggs et moi avons décidé que, si vous acceptez de passer le week-end avec moi, à commencer ce soir et jusqu'à lundi matin, je lui laisserai une chance de recommencer. Je pardonnerai ses écarts ici au travail. En échange, il ne doit pas vous tenir pour responsable de quoi que ce soit. Il ne peut pas vous faire de mal de quelque manière que ce soit. S'il hausse seulement la voix sur vous à propos de cette situation, il perdra immédiatement son poste dans mon entreprise."
Je continue de plonger mon regard dans ses yeux bleus, me demandant comment ils peuvent sembler briller de l'intérieur. Est-ce que j'ai bien entendu ? Veut-il que je passe le week-end avec lui ? En échange de la conservation de l'emploi de mon mari ? Et Briggs ne peut rien faire pour me punir ? Comment est-ce possible ? Monsieur Lévesque continue. "Si tu acceptes, je ne porterai jamais la main sur toi sans ton consentement." Il baisse les yeux et voit sa main sur moi, puis la retire. Je souris. "C'est-à-dire... d'une manière sexuelle, bien sûr." Il me sourit d'un air gêné qui le rend un peu plus humain et moins comme un superhéros ou un mannequin de magazine." Mais... si quelque chose arrive entre nous, cela restera entre nous."
Ma bouche bouge avant que je réalise que c'est ma voix que j'entends. "Et Briggs ne peut rien faire à moi si... quelque chose se passe ?" L'idée que quoi que ce soit se passe entre Monsieur Lévesque et moi-même me fait mordre la lèvre et réajuster ma posture. Cela fait longtemps que je n'ai pas désiré un homme comme je le veux lui--si cela est déjà arrivé auparavant. Briggs était mon premier et le seul, et pendant un temps, les choses étaient passionnées entre nous, puis il a arrêté de me demander. Il a cessé de m'inclure ou même de penser à ce que je voulais et nécessitais. Depuis lors, le sexe est devenu un fardeau. Quelque chose que je supporte. L'idée de Colson Lévesque m'embrassant, sans parler de me toucher de manière intime, fait battre mon pouls.
Il acquiesce. "Il ne pourra rien faire. Fais-moi confiance. Je m'en assurerai."
Je pense à l'homme que j'ai vu sortir de la voiture hier soir et je sais maintenant que c'était M. Prevost. Il nous avait suivis jusque chez nous. Alors que Briggs me giflait, je suis certaine, si cela avait été plus grave, M. Prevost serait intervenu. La claque n'était pas forte, et je n'avais pas crié, ne voulant pas alerter les voisins. Si j'avais su que quelqu'un écoutait...
"Je sais que cette décision peut être difficile pour quelqu'un avec tes valeurs, Lylah, mais accepter de venir avec moi ne signifie pas que quelque chose va se passer."
Je le regarde à nouveau dans les yeux, et ce qu'il dit et ce qu'il pense ne correspondent pas. Je n'ai aucune idée de pourquoi cet homme puissant, riche, intelligent, un Adonis, voudrait avoir quelque chose à voir avec moi. Peut-être a-t-il un fétichisme pour les femmes au foyer. Peut-être déteste-t-il Briggs au point que je suis la meilleure manière pour lui de se venger. Il y a peut-être... un million de raisons qui traversent mon esprit, mais aucune d'elles n'a de sens. Tout ce que je sais, c'est que je veux savoir ce qui va se passer. J'en ai assez d'être traitée comme un chiffon. J'en ai assez d'être l'accessoire sexuel de Briggs. Je veux savoir ce que c'est que d'être bien traitée par un homme qui semble savoir comment traiter les femmes.
Il a fait un geste en direction des papiers sur la table basse et semble penser qu'il doit encore me convaincre. "Si tu as besoin de temps pour y réfléchir--" commence M. Leveque.
Je l'interromps. "Où est-ce que je signe ?