L'expression sur le visage de Ursuline au moment où elle a reçu le texto de Baptiste, était d'incrédulité. Elle a relu le texto une dernière fois, avant de se précipiter pour jeter un coup d'oeil au dossier du patient.
Mais comme le texto de Baptiste l'avait indiqué, l'homme était en effet le père de la maîtresse de son mari, son nom clairement écrit ; Lenny Laurent.
Oh, bon Dieu, pensa-t-elle, se maudissant pour la deuxième fois de la journée. Comment a-t-elle pu être assez stupide pour laisser les problèmes qu'elle rencontrait dans son mariage affecter son éthique de travail au point qu'elle avait oublié de vérifier le nom d'un patient, deux fois !
Mais cela mis à part, Ursuline a jeté un coup d'oeil à l'homme qui était trop concentré sur le traitement que Amélie lui donnait pour lui prêter attention.
Comment pouvait-il être le père de Marie Laurent ?
Elle avait du mal à le croire même après avoir vu le nom, parce qu'elle ne pouvait pas imaginer que Marie était la fille dont il avait tant parlé quelques minutes auparavant.
D'accord, disons simplement qu'il parlait d'une autre fille - vous savez la soeur qui n'a jamais été enregistrée dans leur registre familial - Ursuline avait toujours des doutes car il n'y avait pas moyen qu'un homme gentil comme Lenny, ait semé la graine qui a engendré une diablesse comme Marie.
Cela devait être une erreur, une grosse erreur.
Ursuline essaya de se convaincre que c'était le cas, mais même elle savait que les chances que cela se produise étaient pratiquement nulles.
Alors, elle s'est posée la question suivante ; était-ce une coïncidence que sa visite à son hôpital ? Ou avait-il peut-être un agenda ?
"Docteur Dupond, tout va bien ?", la voix de Victor l'a sortie de ses pensées.
Elle a jeté un coup d'oeil en arrière et lui a adressé un sourire, qui ressemblait plutôt à une crispation des lèvres à cause du stress qui s'accumulait en elle.
"Tout va bien, Monsieur", répondit-elle, gardant sa voix et son expression stable en se tournant vers Amélie. "S'il vous plaît, terminez avec M. Laurent, j'ai un appel important à passer."
Amélie acquiesça et Ursuline prit son congé. Dès qu'elle est sortie, elle a composé le numéro de Baptiste.
Cela a sonné pendant quelques secondes avant d'être décroché.
"Baptiste Morel." Sa voix douce et profonde retentissait de l'autre côté et Ursuline devait réprimer un frisson qui parcourait son corps à sa voix.
"C'est moi."
"Ah, Ursuline. Je me demandais quand tu appellerais." Il plaisanta et elle dut résister à l'envie de rouler des yeux.
"Le message texte que tu as envoyé, tu reconnais M. Laurent, donc tu devais savoir qu'il viendrait à mon hôpital, c'est pour ça que tu m'as envoyé ce message, n'est-ce pas?"
"J'aimerais prendre tout le crédit et dire que oui, mais dans ce cas, c'était une pure coïncidence."
"Coïncidence," Elle répéta, le front plissé.
"En effet. Ton hôpital est célèbre pour sa réputation de réussite des traitements, c'est logique si il vient se faire examiner ici. Le vieux aime en avoir pour son argent."
"Oh," Ursuline soupira de soulagement.
Mais de l'autre côté, Baptiste pencha la tête et demanda. "Comment se fait-il que tu connaisses mon ex-femme, moi aussi, mais pas Lenny Laurent?"
Était-il sûr de dire qu'elle avait oublié sous le coup du stress? Ursuline réfléchissait, mais avant qu'elle puisse répondre, Baptiste cliqua sa langue d'une manière qui montrait qu'il n'était pas d'accord avec quelque chose.
"Tu vois, c'est pour ça que tu as besoin d'un allié compétent comme moi."
"J'ai déjà un enquêteur compétent, je te le rappelle." Ursuline rétorqua.
"Qui ? Mathéo White ?" Il demanda et Ursuline ne put plus résister à l'envie de rouler des yeux.
Bien sûr, il connaissait son enquêteur. Il était si 'capable'.
"Eh bien, flash info," Baptiste commença, son ton devenant plus sérieux, ce qui retint rapidement l'attention autrefois divisée de Ursuline. "Mathéo White n'est pas aussi digne de confiance que tu le penses. Je ferais attention à ce que je dis en sa présence si j'étais toi."
"Que veux-tu dire?"
"C'est exactement ce que j'ai dit. Mathéo a un travail secondaire en tant que transmetteur d'informations aux médias, n'est-ce pas?" Répliqua Baptiste, juste avant qu'il ne soit informé par Alexandre qu'il y avait un appel urgent qu'il devait recevoir. "Je dois partir maintenant, mais n'hésite pas à m'appeler si tu as besoin d'assistance."
Et sur ce, il mit fin à l'appel.
Ursuline fixa son écran de téléphone dans le silence, essayant de digérer ce que Baptiste venait de lui révéler.
Elle savait tout du travail secondaire de Mathéo, mais lui faisait confiance parce qu'il n'avait jamais divulgué une histoire qu'elle lui avait demandé d'enquêter, pendant une période où elle ne lui avait pas donné le feu vert.
Mais, quelle était la garantie que cette fois-ci allait être différente, une petite voix à l'arrière de son esprit murmura.
Après avoir réfléchi quelques secondes, Ursuline se trouva prendre les mots de Baptiste plus au sérieux qu'elle ne le voulait, alors elle appela Mathéo.
"Bonjour, Mme Dupond. Je suis content de vous entendre."
"De même." Ursuline répondit et alla droit au but. "Je sais que ce que je vais vous dire n'est jamais arrivé auparavant, mais je veux juste m'assurer que l'histoire que j'ai donnée sera publiée lorsque je dirai qu'elle doit l'être, pas une seconde plus tôt, est-ce clair?"
"Compris, Mme Dupond."
Satisfaite de la réponse, Ursuline mit fin à l'appel et soupira en se tournant à nouveau pour regarder la chambre de Lenny.
Maintenant, que doit-elle exactement faire avec le père de la maîtresse de son mari?