La peur saisit Amelia alors qu'elle approche de la salle de conférence. Elle ne sait pas comment le directeur réagira à son retard le premier jour de travail. Elle ne peut pas mentionner ses enfants comme une excuse. C'est trop dangereux de jouer cette carte.
Ça aurait été plus facile si c'était seulement le directeur mais tout le monde, y compris le patron, était là dans la pièce.
Amelia se tenait à l'entrée pendant un moment avant d'ouvrir finalement la porte. En entrant, quelques têtes se sont tournées dans sa direction et elles n'ont pas perdu de temps à lui lancer des regards curieux.

À la tête de la table, Amelia aperçoit un homme distingué qu'elle reconnaît comme étant Rocky Miller.
"Que fait-il ici, bon sang? Ce n'est pas la head company de Miller." Amelia s'interroge dans sa tête.
Son corps commence à répondre à la peur qui l'a enveloppée. Elle ne sait pas si c'est parce que sa présence a perturbé la réunion en cours ou qu'elle regardait Rocky Miller à la table d'honneur.
Rocky, qui avait été en train de parler avant qu'Amelia n'ouvre la porte, fait une pause et regarde Amelia, un mélange de choc et de colère écrit audacieusement sur son visage.
Il pensait qu'elle était venue là pour mendier, puisqu'il l'avait mise dehors de chez lui. Il se racle la gorge et s'adresse à elle, "qu'est-ce que tu fais ici ?"
Amelia, un peu gênée, ne sait pas comment répondre. Elle le regarde en retour, espérant que le sol s'ouvrirait pour l'engloutir.

"C'est une de nos nouvelles employées. C'est la deuxième superviseuse que nous venons d'embaucher." Dit M. Kent, surpris qu'elle ne puisse pas parler.
La colère sur le visage de Rocky a disparu et le choc sur son visage est maintenant très évident. "Pardon?" Il demande en état de choc.
Sans hésitation, M. Kent répète ce qu'il a dit. Rocky donne à Amelia un regard curieux, confus quant à la raison de sa présence. Tout le monde était tranquille et la pièce est devenue gênante.
M. Kent a rapidement brisé le silence. "Veuillez-vous présenter, mademoiselle Amelia", dit-il, lui faisant signe d'avancer.

Amelia, qui avait réussi à gagner assez de temps pour calmer sa nervosité, pousse un soupir de soulagement. Alors qu'elle fait un pas en avant, la voix grave de Rocky l'empêche de prendre la parole.
"Arrêtez tout de suite !" dit-il, toujours très curieux. "Pourquoi es-tu ici ?" Il demande à nouveau.
Amelia ignora sa question et se présenta aussitôt.
"Je suis Amelia Nelson, la nouvelle superviseure. Je m'excuse pour l'interruption et, bien sûr, mon retard. Je suis ravie de vous rencontrer tous et j'espère que nous nous entendrons bien."
Les employés assis autour de la table saluèrent Amelia avec des sourires et des hochements de tête polis. Elle aussi souriait, reconnaissant leur accueil.
Rocky semblait encore plus confus. D'abord, elle débarque ici, le déséquilibrant. Maintenant, elle se présente comme étant Amelia.
"Je pense que nous avons terminé la réunion", déclara Rocky, les yeux toujours fixés sur Amelia.
M. Kent, ainsi que tous les autres dans la pièce, sont maintenant aussi confus que Rocky. Ils ne comprennent pas pourquoi Rocky ne peut détacher son regard d'Amelia et son désintérêt soudain pour la réunion.
Plus tôt, il semblait être quelqu'un qui avait beaucoup à dire. Mais le patron qui se trouve devant eux maintenant est visiblement à court de mots ou garde le silence intentionnellement.
"Je ne suis pas sûr de cela, monsieur", répondit M. Kent, regardant les autres employés présents s'ils avaient quelque chose à dire.
"Alors je dis que nous avons terminé ici", déclara Rocky, mais cela ressemblait plus à un cri.
Amelia restait où elle était. Elle savait qu'avec ce qui s'était passé entre eux la nuit à la boîte de nuit, Rocky avait certainement quelque chose à lui dire, mais ce qu'elle ne comprenait pas c'est pourquoi Rocky était si fixé sur sa présence.
Manifestement agité, Rocky se leva brusquement et se dirigea vers Amelia.
"Suis-moi", dit-il doucement, mais les autres employés dans la pièce n'entendirent pas ce qu'il avait dit. Ils échangèrent simplement des regards perplexes, incertains de ce qui venait de se passer entre les deux.
Amelia suivit immédiatement Rocky, espérant qu'il s'arrêterait dans le couloir, mais il ne le fit pas. Bien qu'elle ait promis à sa mère de l'écouter chaque fois qu'elle le reverrait, elle ne s'attendait jamais à ce qu'ils se retrouvent ainsi. Il ne lui était même pas venu à l'esprit que Rocky pourrait être à l'hôtel puisque ce n'est pas l'une des grandes entreprises possédées par Miller.
Curieuse de savoir où il allait, Amelia décide de parler.
"Je suis désolée d'être arrivée en retard le premier jour de travail et d'avoir perturbé la réunion avec ma présence." Dit-elle doucement, essayant d'être polie.
Rocky ne s'est pas arrêté sur ses pas. Il a entendu ce qu'elle a dit même s'il n'écoutait pas. Il essaie de comprendre tout ce qui se passe avec Amelia depuis son retour.
Amelia, toujours très anxieuse, s'est arrêtée un instant avant de suivre de nouveau Rocky. Elle se demandait à quoi il pensait.
"Va-t-il me licencier maintenant ?" pensait-elle. Quand l'idée de son licenciement lui a traversé l'esprit, elle est devenue agitée. Elle est plus préoccupée par la façon dont sa mère et ses enfants réagiront lorsque la nouvelle leur parviendra.
Elle était tellement plongée dans cette pensée qu'elle n'a pas remarqué que Rocky s'était arrêté et lorsqu'elle s'en est rendu compte, il était trop tard. Elle a failli lui rentrer dedans, à seulement quelques centimètres de lui.
Effrayée à l'idée de lui être rentrée dedans, Amelia a fermé les yeux. C'était un réflexe. Rocky a ricané de dégoût en l'entraînant dans son bureau spacieux et élégamment décoré.
Le mouvement a poussé Amelia à ouvrir les yeux et avant qu'elle ne réalise où elle se trouvait, son dos était contre le mur, Rocky se tenant devant elle.
Amelia se sentait étrange. Cette situation lui semblait familière comme quelque chose qui lui était déjà arrivé. Son esprit vagabondait entre la réalité et le passé et elle a eu une migraine instantanée.
Le regard intense de Rocky était verrouillé sur ses yeux, ce qui a accéléré son rythme cardiaque. Elle ressentait un flot d'émotions allant de la colère à l'anxiété, la confusion et la curiosité.
"Mais à quoi joues-tu bon sang ?" a rugi Rocky, toujours très proche d'Amelia.
Amelia bredouillait en essayant de trouver les mots. Elle a pris une grande respiration, essayant de se reprendre.
"Je suis une nouvelle employée ici, et…"
"Arrête ton char jeune fille" a crié de nouveau Rocky. Tu es venue ici pour un travail après que je t'ai chassée de ma maison ? Si je voulais te mettre dehors, penses-tu que je t'accepterais ici ?"
Les sourcils d'Amelia se sont froncés. Ce que Rocky venait de dire était totalement différent de ce à quoi elle s'attendait. Il lui est maintenant évident qu'il la prend pour une autre personne, et cela explique ce qui s'est passé l'autre nuit.
"Tu n'as pas le droit de dilapider mon argent de cette manière, juste pour financer ta vie de luxe non sollicitée et montrer ensuite ton visage devant moi." Rocky a continué à crier de frustration.
"Oh!" Amelia murmura pour elle-même. "Je comprends pourquoi il est en colère," pensa-t-elle. "Mais c'est à la mauvaise personne qu'il s'énerve."
"Tout le temps où j'étais absent, tu ne m'as pas appelé, tu ne m'as pas demandé, pourtant tu as dépensé mon argent à tout-va comme s'il tombait du ciel. Tu ne m'as pas vu quand je suis rentré et tu as osé me renier au club l'autre nuit."
À ce stade, Amelia en avait déjà assez des divagations de Rocky. Bien que l'histoire lui semble intéressante, elle n'est plus à l'aise avec la façon dont elle est acculée contre le mur. Tout ce qu'elle veut, c'est qu'il cesse de parler, ensuite elle lui dit qu'il se trompe de personne.
"Pourquoi es-tu ici maintenant ? Comment oses-tu me montrer ton visage encore ! Mary." Rocky grogna de colère.
"D'accord, je pense que c'est le moment d'intervenir," Amelia se dit à elle-même avant de finalement prendre la parole.
"Je pense que tu te trompes de personne. Je ne sais pas qui tu es à part t'avoir vu dans les médias. Je ne t'ai jamais rencontré avant la nuit au club et ensuite chez toi ?" Amelia pouffa.
"Non, je n'ai jamais été dans ta maison."
"Menteuse !" Rocky interrompit Amelia, ne croyant pas à son histoire. "Tu as vécu dans ma maison pendant quatre ans pendant mon absence. Même mes employés à domicile ont confirmé ta vie luxueuse dans ma maison, avec mon argent."
"Ce n'est pas moi !" cria Amelia de frustration. "Je vis dans un appartement d'une pièce avec ma mère à King's court. J'y vis depuis mon enfance. Tu te trompes vraiment de personne ici.
"C'est incroyable," s'exclama Rocky. Il relâcha son emprise sur Amelia et commença à faire les cent pas dans le bureau, clairement agité. Amelia poussa un soupir de soulagement, étirant son corps pour soulager la douleur de la posture inconfortable.
"Je suis sûr que c'est toi. Ton histoire ne peut pas être juste." marmotta Rocky, mais c'était assez audible pour que Amelia entende.
"Tu te trompes, je te le promets," dit calmement Amelia. "Et oui, je ne suis pas Mary. Je suis Amelia Nelson."
"Prouve-le," dit Rocky, essayant de traiter tout ce qu'Amelia avait dit.
Sans hésitation, Amelia fouilla dans son sac et sortit sa carte d'identité. "Voici Amelia Nelson," dit-elle, traçant son nom sur la carte avant de la tendre à Rocky.
"Quelque chose ne va pas" s'exclama Rocky. Sa colère semblait s'être apaisée et ce qui l'envahissait maintenant était la confusion.
Après une longue pause qui semblait durer une éternité, Rocky poussa un soupir et passa une main dans ses cheveux, sa frustration se transformant en résignation.
"Tu continues de travailler ici. Et ne pense plus jamais à t'enfuir cette fois-ci jusqu'à ce que je mette cela au clair. Et pendant ce temps, garde tes distances avec moi." Sur ce, Rocky s'éloigna d'elle et sortit de la porte.