La porte s'ouvre et Jefferson apparaît, ses yeux s'éclairant d'amusement en voyant ma tenue. Le coin de ses lèvres se tord vers le haut alors qu'il s'appuie contre le cadre de la porte —
"Muffin, habille toi."
"Non, je suis très bien là où je suis." Je souris, m'enfonçant plus profondément dans mes draps. Je suis vêtue d'un de ses t-shirts blancs de Jefferson avec en dessous mes jogging gris. Un pot de Nutella est posé professionnellement sur mes genoux et je suis en train de lécher la cuillère.
La dernière chose en tête est de m'habiller.
"Pourquoi ne viendrais-tu pas me rejoindre?" Je propose, en tendant la cuillère vers Jefferson. Partager mon Nutella est une grande étape pour moi, il devrait se sentir honoré.
"Aussi tentant que cela puisse paraître, je veux t'inviter à sortir." Sourit Jefferson, me regardant du coin de l'œil sous ses cils sombres. Je marque une pause, un léger frisson d'excitation dans mon estomac à l'écoute de ses paroles.
"Où ça?" Je demande calmement, en gobant une autre énorme cuillerée de Nutella qui a un goût divin.
Sérieusement, quel dieu a créé le Nutella ?
Les dieux du chocolat et moi lui devons tout.
Mon premier-né, probablement.
Jefferson s'approche de moi et prend le pot de Nutella que je détiens, en secouant la tête. Je proteste et essaye de le récupérer, la bouche encore pleine de cette délicieuse substance chocolatée. Jefferson lève un sourcil et je boude, croisant mes bras.
"Où ça?" Je répète, évaluant le pot pour tenter ma chance au bon moment.
"C'est une surprise. Je t'invite à un rendez-vous."
"Comme un rendez-vous avec toi?" Je demande nerveusement, en me mordant la lèvre inférieure. Pour cacher l'excitation qui monte en moi, je me précipite sur le Nutella. Jefferson est plus rapide et le lève haut dans les airs, bien hors de ma portée. Je me plains et saute, essayant de l'attraper mais échouant lamentablement.
"Mon Dieu, ma petite amie est une paresseuse." Jefferson murmure et je feins la surprise, lui donnant une légère tape sur la poitrine.
"J'ai entendu ça !" Je crie, plissant les yeux vers lui.
"Bien, je voulais que tu le fasses." Jefferson sourit d’un air moqueur et je bougonne, croisant les bras sur ma poitrine. Il a levé les yeux au ciel devant mon comportement mais le sourire affectueux sur son visage n'a jamais vacillé. J'aime ce sourire, il me fait me sentir désirée.
"Muffin, tu as dix minutes."
Je le regarde partir, emportant avec lui mon pot de Nutella et je pleure intérieurement à cause de la distance qu'il met entre moi et le Nutella. Comment Jefferson s'attend-il à ce que je me prépare pour un rendez-vous en 10 minutes ?
Je ne suis pas surhumaine.
Je cours vers mon placard, arrachant mes vêtements alors que je me tiens devant lui en sous-vêtements seulement. La porte s'ouvre soudainement et je sursaute, tombant sur le sol derrière mon lit. Je balaye le sol du regard, cherchant mes vêtements mais ils sont posés en vrac de l'autre côté de la pièce, hors de portée. Génial, cela ne pouvait m'arriver qu’à moi.
"Muffin, où diable es-tu ?"
"Jefferson, sors."
"Tu te caches de moi ?" Il questionne, semblant amusé.
"Sors ! Je serai prête dans dix minutes !"
"Muffin, sort, sort, où que tu sois."
J'entends ses pas se rapprocher et je fais la première idée stupide qui me vient à l'esprit. Je sors de ma cachette et cours vers un Jefferson qui a l'air surpris. Je le pousse fort dans le but de le faire sortir de la pièce.
"Oh, bonjour." Il dit d'une voix douce, ses yeux bleus observant mon apparence. Je gémis et le pousse plus fort, ce qui malheureusement ne fait pas grand chose.
"J'ai oublié que tu étais fait de pierre," je marmonne, ramassant son haut du sol et le mettant rapidement.
"Fait de pierre ?" Jefferson demande, son sourire s'élargissant. Je sens mes joues rougir et Jefferson rit, se dirigeant vers moi.
"Tu sais Muffin, je vais te voir nue. Je suis ton petit ami maintenant."
Je croise les bras sur ma poitrine, le fusillant du regard.
"Pas de sitôt, tu ne le feras pas."
Je fais la moue et lui tourne le dos. Je sens ses mains se promener sur mes hanches sous le t-shirt et je frissonne à son toucher, des papillons explosant dans mon estomac. Il baisse la tête jusqu'à être près de mon oreille et la mordille doucement.
"Peux-tu l'enlever à nouveau ?" Il chuchote et je le giflerais s'il ne semblait pas si fichument attirant.
"Dix minutes, c'est tout ce que tu as." Il murmure en embrassant l'endroit derrière mon oreille. Je sens instantanément son corps s'éloigner du mien et sa chaleur me manque.
Alors qu'il sort de la pièce, je me retourne pour le voir m'adresser un sourire à couper le souffle avant de disparaître. Je secoue la tête, ma bouche s'étirant en un large sourire... Le garçon me rend heureuse, d'accord ?
Exactement 9 minutes et 30 secondes plus tard, je suis prête pour mon premier rendez-vous avec Jefferson.
Je choisis une combinaison de haut blanc et de jean, avec ma veste en cuir noir par-dessus. Mes cheveux sont naturellement ondulés sur mes épaules et j'ai appliqué un peu de maquillage pendant le temps libre que j'avais. J'attrape mon téléphone, ébouriffant un peu mes cheveux avant de descendre les escaliers.
Jefferson est appuyé contre la porte d'entrée, faisant défiler son téléphone. Il porte un t-shirt noir avec un jean noir déchiré. Il a complété son look avec une magnifique montre à son poignet. Chaque fois qu'il bouge, elle capte parfaitement la lumière. Ses cheveux sombres sont éparpillés en désordre sur sa tête, de grosses mèches tombant sur son front. J'éclaircis ma gorge et Jefferson lève les yeux vers moi, souriant doucement lorsque ses yeux rencontrent les miens.
Il range son téléphone dans sa poche et tend la main —
"Prête Muffin ?" Il me demande et je hoche la tête en réponse, glissant ma main dans la sienne. Il entrelace immédiatement nos doigts, son pouce dessinant des cercles à l'arrière de ma main. De l'autre main, il attrape ses clés de voiture et ouvre la porte d'entrée —
"Après vous, ma dame."
Je ne peux m'empêcher de glousser quand je sors, seulement pour être arrêtée à nouveau.
"Attends — " dit-il doucement, son bras s'enroulant autour de ma taille. Il me fait pivoter d'un seul mouvement, se rapprochant.
"Tu es magnifique Rosalie."
"Tu n'es pas mal non plus." Je respire, des papillons voletant dans mon estomac. Jefferson se penche vers moi, imposant ses lèvres contre les miennes dans un baiser lent. Il me soutient d'un bras, son parfum me faisant me sentir ivre. Avec lui, j'ai l'impression de flotter sur des nuages, loin dans notre petit monde.
"On ne peut pas juste rester ici et faire ça?" Je murmure contre sa bouche.
"Il y aura plein de temps pour ça," réplique Jefferson avec suffisance, m'emmenant à sa voiture. Il ouvre la porte—
"Saute dedans, Muffin."
"Merci beaucoup. Tu es un vrai gentleman," je souris et il sourit à son tour alors que je glisse à l'intérieur. Je le regarde alors qu'il contourne l'avant de la voiture, en direction du siège du conducteur. Ses traits sont si frappants qu'il m'est difficile de ne pas m'arrêter pour le dévisager.
Il s'installe à côté de moi, sa posture détendue. C'est agréable de le voir enfin si décontracté, un sourire faint constamment sur ses lèvres.
"Prête?" Il demande, démarrant la voiture. Elle rugit sous moi, le moteur se réduisant à un ronronnement doux, lisse. Je hoche la tête, l'excitation montant—
"Prête quand tu l'es."
*****
"Mais non!" Je crie, en regardant autour de moi toutes les lumières brillamment éclairées et les foules de gens.
"Je pensais que ça te plairait," Jefferson me sourit et je le regarde, serrant doucement sa main. "J'adore ça."
Le bleu de ses yeux s'illuminent à l'éclairage de mes mots et son sourire s'élargit. Il lâche ma main et me tire plutôt plus près de lui, drapant son bras sur mon épaule. Jefferson m'a amenée à la foire où je n'avais pas été depuis que j'étais petite. J'aime tout à la foire, les manèges, la nourriture grasse et assurément les jeux exorbitamment coûteux que personne ne semble jamais gagner.
Nous nous dirigeons vers le guichet des billets et Jefferson paye, saisissant une liasse de billets et les mettant dans sa poche.
"Allons-y" dit-il avec un sourire, prenant de nouveau ma main. Je le laisse m'entraîner vers un manège appelé la cabine de rotation et je regarde les gens tourner dans différentes directions, les lumières et la musique retentissant bruyamment. Nous attendons patiemment jusqu'à la fin du manège puis prenons place dans la cabine de devant, abaissant la barre sur nous.
"Ne me vomis pas dessus, Muffin," taquine Jefferson. Je lève les yeux au ciel.
"C'est toi qui auras le mal de coeur," que je rétorque, en lui tirant la langue d'une manière enfantine. Jefferson rit et me tire vers lui, drapant un bras sur mon épaule.
"Ça commence !" Je pousse un cri aigu, sentant le compartiment bouger doucement. Je m'accroche fermement à la barre en riant, l'accélération du manège me faisant sentir comme une petite fille à nouveau.
"Ne refaisons jamais ça."
Je gémissais bruyamment, cachant mon visage dans mes mains. La réponse de Jefferson est un rire, je le fusille du regard du coin de l'oeil.
"Tu es censé être celui qui aime les manèges."
"Je détestais ça ! Je ne réalisais pas à quel point les manèges me rendent étourdie," je réponds tristement. Jefferson rit et se penche, embrassant rapidement mes lèvres.
"Ne fais pas l'enfant," dit-il en taquinant. Je lève les yeux au ciel et lève la tête, effleurant légèrement ses lèvres avec les miennes.
"Je me sens beaucoup mieux maintenant."
"Bien. Je vais nous acheter des boissons. Tu veux manger quelque chose ?" Il me demande et je secoue la tête, prenant place sur l'un des bancs libres.
"Tu es sûre ?"
Je réfléchis un moment, me sentant soudain affamée.
"En fait . . . Puis-je avoir un burger, s'il te plaît? Beaucoup de ketchup," je souris et Jefferson acquiesce, souriant légèrement face à mon changement d'avis soudain.
"Je reviens dans cinq minutes. Ne me manque pas trop," il me fait un clin d'œil, se retourne et se dirige vers le camion à burgers. Je le regarde partir et ne manque pas l'attention qu'il reçoit de plusieurs autres filles. Elles le regardent avidement alors qu'il passe à côté, leurs yeux le dévorant. L'une des filles se tourne vers moi, en fronçant les sourcils, et je lui lève un sourcil en réponse. Quelle impolitesse. . .
"Eh bien, eh bien, eh bien."
Je me fige, mon cœur s’accélère instantanément. Cette voix éméchée ne pouvait appartenir qu'à une seule personne. Je me retourne lentement pour trouver Vincent à quelques pas de moi, une canette de bière à la main. L'odeur de l'alcool me frappe et je sens la bile monter au fond de ma gorge. J'avale, clignant des yeux pour croiser son regard froid avec une lueur de malveillance.
Me voilà de retour à la maison, recroquevillée dans un coin alors que Vincent m'assène coup sur coup. Mes yeux se remplissent de larmes, chacune plus grande et plus lourde que la précédente, faisant flouer les lumières de la fête foraine dans ma vision.
"Qu'est-ce que tu veux ?" je murmure doucement, sentant mon cœur tambouriner sauvagement dans ma poitrine. Tout le reste s'estompe, la musique disparaît et tout ce que je vois, c'est Vincent devant moi.
Il incline légèrement sa tête, m'examinant et je vacille un peu, me sentant étourdie et déséquilibrée. La seule chose qui me soutient est le banc. Il fait un pas vers moi et je gémis, ce qui fait sourire horriblement Vincent. Il savait qu'il avait toujours le contrôle et le pouvoir sur moi et il adore ça. Les progrès réalisés ces dernières semaines disparaissent soudainement en quelques secondes et je me sens à nouveau comme une petite fille effrayée et impuissante.
C'était ça . . . il était mon déclencheur pour tout ce vers quoi je travaillais. Je perds toute ma confiance, je suis de nouveau terrifiée et me sens indigne. Je ferme les yeux, la pression sur mes poumons rend ma respiration difficile.
"Où as-tu séjourné ?" il murmure en colère, se tenant au-dessus de moi. Je me recule autant que possible, sentant le banc se creuser dans mon dos. Sa main jaillit et attrape mon bras, le tordant douloureusement. Je hurle, mais Vincent est insensible à cela, attendant toujours une réponse.
"Lâche-moi. Tu ne peux plus faire ça !" je supplie, les yeux écarquillés. Il répond en serrant davantage sa prise, les ongles s'enfonçant douloureusement dans ma peau. Je ferme les yeux et serre la mâchoire, grimaçant de douleur.
"Je peux faire ce que je veux ! Je découvrirai où tu es et je te tuerai," il murmure à mon oreille. Mon corps tremble de peur et je sens ma gorge se resserrer alors que je lutte pour respirer. Son odeur d'ivresse envahit la mienne et je suffoque, détournant mon visage du sien.
"Lâche — tes — mains — d'elle."
Je me retourne et nous sommes de retour à la fête foraine, la musique résonnant dans mes oreilles. Ma vision est floue à cause des larmes dans mes yeux et mes mains tremblent violemment sur mes genoux.
Jefferson se tient devant moi et Vincent, tenant une boîte de burger et deux boissons. Ses yeux sont froids, sans émotion et sa mâchoire est serrée alors qu'il fixe la prise de Vincent autour de mon bras. J'essaie de me libérer de son emprise serrée, échouant lamentablement.
"Qui diable es-tu ?" Vincent crache en direction de Jefferson, refusant de me lâcher.
"J'ai dit . . . lâche tes mains d'elle."
Le ton de Jefferson est plein de danger. Vincent rit d’amusement, se tournant à nouveau vers moi. Son visage se rapproche du mien et je me détourne, fermant les yeux. Je sens son haleine dégoûtante frapper ma joue —
"Tu t'es trouvé un petit ami, n'est-ce pas ?" Il chuchote et je suffoque à nouveau, sentant la bile monter menaçamment au fond de ma gorge.
"Combien la payes-tu ?" Il plaisante, riant de sa propre blague malsaine. Il lâche finalement mon bras et je le serre contre ma poitrine, laissant mes larmes couler silencieusement.
Je regarde avec horreur Vincent s'approcher de Jefferson, gonflant son torse de manière intimidante. Jefferson reste figé sur place, un sourcil levé devant l'attitude de Vincent alors qu'il l'observe. Sa tête est légèrement penchée et un petit sourire narquois s'affiche sur ses lèvres.
"Ne lui fais pas de mal", je crie en direction de Vincent, me sentant complètement impuissante. Vincent rit plus fort cette fois-ci, s'arrêtant à quelques centimètres de Jefferson. Mes yeux s'écarquillent quand je réalise que Jefferson est plus grand que Vincent et ses épaules sont plus larges. Jefferson jette un coup d'œil rapide vers moi, ses yeux exprimant de l'inquiétude.
"Tu vas bien ?" Me demande-t-il doucement, ses yeux se posant sur mon bras. J'acquiesce en silence.
"Laisse-le tranquille Vincent !" Je murmure, cherchant de l'aide du regard. Je ne me pardonnerai jamais si Jefferson finit par être blessé. Un amusement traverse les yeux de Jefferson à mes mots et il laisse échapper un petit rire, ses lèvres se courbant en un sourire. Il baisse la tête et la secoue, des mèches sombres de cheveux tombant dans ses yeux.
Je fronce les sourcils, me demandant pourquoi Jefferson ne semble pas perturbé ou n'a pas peur de Vincent qui est juste devant lui, si près de lui.
"Alors Vincent, j'ai enfin l'occasion de te rencontrer." Jefferson dit calmement, fixant Vincent. "J'ai beaucoup entendu parler de toi."
"Casse-toi d'ici," Vincent réplique, se moquant de lui. Jefferson ne bronche pas et pose calmement la nourriture sur le banc à côté de lui avant de se tourner à nouveau vers Vincent. La foule autour de nous est maintenant silencieuse, observant tout en restant à une distance respectable des deux hommes. J'observe, les yeux écarquillés, Jefferson se pencher plus près de Vincent avant de murmurer, assez fort pour que je puisse entendre —
"Je me suis promis que si je rencontrais jamais l'homme qui a posé un doigt sur Rosalie, je briserais chaque os de son corps lâche et sans valeur."
Vincent recule d'un pas, trébuchant à cause de son état d'ébriété et je vois un éclat d'amusement dans les yeux de Jefferson. Je réalise soudain —
Vincent a peur. . . de Jefferson.
Jefferson s'avance, réduisant la distance entre eux. Ses yeux brûlent de haine, dangereux, prêt à tuer.
"S'il y a une chose que tu devrais savoir sur moi ... c'est que je ne romps jamais mes promesses." Jefferson murmure, sa bouche à quelques centimètres de l'oreille de Vincent. Avant que Vincent n'ait eu la chance de fuir, Jefferson reprend son bras et frappe Vincent au visage, le faisant reculer sous la force de l'impact. On pouvait entendre le bruit sourd du poing de Jefferson et la foule se fige, hypnotisée par la scène.
Quelques gasps s'échappent alors que tout le monde recule par rapport aux deux hommes, les parents entraînant leurs enfants à l'écart de la scène. Vincent se remet sur ses pieds, se tenant la mâchoire, prêt pour la vengeance.
Jefferson saisit sa chance pour frapper Vincent une nouvelle fois, ses poings atteignant le côté de la tête de Vincent. Cela le renverse immédiatement et Jefferson se tient au-dessus de lui, son pied s'écrasant avec force dans le ventre de Vincent. Il reste là, son corps inerte.
Un cri peut être entendu venant de la foule et il me faut quelques secondes pour réaliser qu'il vient de moi. Jefferson ne semble pas vouloir s'arrêter, même quand Vincent reste immobile. Un toux sifflante vient de Vincent alors que Jefferson écrase son pied dans son estomac pour la cinquième fois.
Des images de Vincent me faisant la même chose défilent dans ma tête et je tremble, incapable de détourner mon regard de la scène devant moi. Je cours vers Jefferson et attrape son bras, le suppliant d'arrêter. Il me secoue sans effort et se dirige vers le corps de Vincent, l’attrapant grossièrement par le col et le tirant sur ses pieds. Il ressemble à une poupée de chiffon alors qu'il retombe, sa tête tombant sur sa poitrine.
"Lève-toi et bats-toi comme l'homme que tu prétends être!" Jefferson crie dans son visage, sa voix imprégnée de haine. Je retombe dans la foule, sachant que Jefferson est trop loin pour que je puisse l'arrêter. Le sang coule du côté du visage de Vincent et ses yeux sont maintenant grand ouverts, masqués par la peur. Je ne peux m'empêcher de penser que c'est ce que Vincent mérite. Il m'a battu pendant des années et maintenant, la même chose lui arrive. Il comprend enfin ce que c'est que d'être terrifié et impuissant.
Il n'y a rien de pire que de voir quelqu'un se tenir au-dessus de vous, la bouche retroussée en un rictus alors qu'ils s'en prennent à votre corps faible tout en ignorant vos cris pour qu'ils arrêtent.
Vincent trébuche sur ses pieds, son corps vacillant sous l'impact sur sa tête. Il tend faiblement ses bras, prêt à s'accrocher à quelque chose pour se stabiliser. Jefferson se jette à nouveau sur lui, attrapant l'arrière de sa tête grossièrement. Il le retourne et Vincent gémit bruyamment de la douleur que Jefferson lui inflige. Je regarde avec horreur alors que Jefferson se met à genoux, tenant toujours fermement l'arrière de la tête de Vincent.
"Au revoir Vincent." Jefferson marmonne avant de tirer en arrière son visage et de le frapper avec force sur le sol en pierre. Le bruit de craquement résonne dans l'air et je me fige de peur, le cri coincé dans ma gorge. Tout est silencieux et tout ce qu'on peut entendre c'est la respiration lourde de Jefferson et le son lointain de sirenes.
La police.
Je sors de mon choc et cours en avant, agrippant fermement le bras de Jefferson.
"Jefferson, Jefferson!" Je crie, essayant de mon mieux pour le sortir de son mode de combat.
"La police arrive, nous devons partir!" Je le persuade désespérément et il tourne son visage pour regarder le mien. Ses yeux scintillent enfin de reconnaissance et je pousse un soupir de soulagement. Sa poitrine monte et descend lourdement avec l'adrénaline et il saute sur ses pieds, se levant.
"Attends! La nourriture," murmure Jefferson, tenant la nourriture d'une main et attrapant la mienne de l'autre. Je le regarde simplement avec incrédulité alors que nous courons, secouant la tête.
"Tu es sérieux là?" Je crie sur lui, ma bouche grande ouverte d'incrédulité. Jefferson se retourne et me sourit d'un air narquois, ses yeux toujours grands et fous. Nous nous mettons tous les deux à courir, mes jambes brûlant d'effort. Le son des sirènes est beaucoup plus proche maintenant et je me force à courir plus vite malgré les protestations de mes jambes.
Je glisse rapidement dans la voiture de Jefferson, fermant la porte et attachant ma ceinture de sécurité. Jefferson place la nourriture sur mes genoux avant de tourner la clé dans le contact et de faire marche arrière hors du parking. La voiture grince bruyamment alors que nous prenons de la vitesse, fonçant dans les rues. Mon cœur bat furieusement contre ma poitrine et je jette un coup d'œil à ses mains qui tiennent le volant. Ses jointures sont rouges, saignantes et je les fixe, nauséeuse face à ce que j'ai vu.
"Tu l'as tué," je murmure, sentant la nausée monter à l'arrière de ma gorge. Jefferson accélère, sa poitrine se soulève et retombe, sa respiration a du mal à se régulariser. Sa prise sur le volant se resserre et il se tourne légèrement vers moi tout en gardant un œil sur la route.
"Je ne l'ai pas tué, Rosalie, il a de la chance que je ne l'ai pas fait."
"Je n'arrive pas à croire que cela vient de se produire."
"L'homme t'a maltraitée ! Pensais-tu que je le laisserais partir sans lui rendre la monnaie de sa pièce ?
"C'était en public Jefferson ! Et je ne t'ai jamais demandé de presque tuer Vincent !" Je rétorque, jetant un coup d'œil pour voir à quelle distance la police est de nous rattraper.
"Tu n'as pas besoin de me le demander Muffin, je le fait quand même."
"Et si je ne voulais pas que tu le fasses ? Je ne veux pas que tu te mettes en danger."
"Je vais le faire quand même." Jefferson hausse les épaules, frôlant presque une voiture qui klaxonne maintenant furieusement après nous. Le son des sirènes s'estompe au fur et à mesure que nous nous éloignons, me rappelant que nous sommes toujours recherchés.
"Je n'ai pas besoin que mon petit ami finisse en prison pour meurtre, Jefferson."
Jefferson reste silencieux pendant quelques instants avant de se tourner vers moi, les lèvres étirées en un sourire narquois.
"C'est justement ça Muffin, je ne me fais jamais prendre."
Ses yeux brillent vivement à cause de l'adrénaline qui le traverse. Je lève les yeux au ciel -
"Échappe-toi d'abord à la police, Jefferson."
"Je m'en occupe," répond-t-il, se tournant de nouveau vers la route. Il tourne dans une ruelle sombre avant de couper le moteur. L'atmosphère reste silencieuse pendant quelques minutes avant que Jefferson ne soupire de manière théâtrale.
"Je ne regrette pas Rosalie, il a eu ce qu'il méritait."
"Je le sais," je murmure doucement, appuyant ma tête contre la vitre froide.
"Blesser Vincent de la même manière qu'il m'a blessée, cela signifie-t-il que nous sommes exactement comme lui ?" je demande doucement, me tournant pour regarder Jefferson. Il ne réfléchit pas à la question et répond instantanément, son ton étant sérieux.
"Bien sûr que non. Ce que fait Vincent est ignoble et répugnant. Il a pris pour cible quelqu'un de plus petit et plus vulnérable que lui. Il était temps qu'il sache ce que cela fait. J'aimerais pouvoir tout refaire."
"Qu'est-ce que je vais faire de toi ?" Je soupire, offrant à Jefferson un petit sourire. Je comprenais pourquoi il avait fait ce qu'il avait fait.
"Me gifler chaque fois que je fais quelque chose de mal ?"
"Tu es vraiment un lourdaud." Je ris.
"Mais je suis ton lourdaud, non ?" Dit-il prudemment, me donnant son meilleur regard de chiot. Je fonds instantanément devant ses grands yeux bleus et ses lèvres boudeuses. Comment pourrais-je être ne serait-ce qu'un peu fâchée quand son visage est tout simplement trop beau ?
"Mon lourdaud." Je confirme, me penchant pour l'embrasser. Il prend mon menton et m'embrasse doucement avant de laisser sa langue sortir sur ma lèvre inférieure.
"Je veux juste te protéger," murmure-t-il contre mes lèvres.
"Je sais, Jefferson. On peut sortir d'ici ?" Je chuchote, appuyant mon front contre le sien.
"Bien sûr que oui.”