"Je suis désolé. Pardonne-moi."
Jefferson est assis au pied de mon lit et je suis assise en tailleur à son sommet, reposant contre mes oreillers. Nous avons passé les cinq dernières minutes à nous regarder silencieusement jusqu'à ce qu'il s'excuse enfin. Je le regarde du coin de l'œil et il me sourit d'un air enfantin, ayant l'air désolé.
"Tu me perturbes Jefferson."
Jefferson se déplace plus près de moi, le sourire quittant son visage.
"Rosalie, écoute, je n'avais vraiment pas l'intention de te laisser en plan. Je ne cherche pas volontairement à te troubler." Il avoue, passant sa main dans ses cheveux. Son expression devient sérieuse et je hoche la tête lentement.
Il a peur de quelque chose, mais je ne veux pas le pousser à me le dire.
"J'ai une raison pour laquelle je suis parfois si froid et distant mais je ne peux pas te le dire encore. Je travaille dessus Rosalie, vraiment. Je ne suis pas très bon pour présenter mes excuses," il marmonne, confirmant mes soupçons.
Mes lèvres s'étirent en un petit sourire. Nous avons tous été blessés d'une manière ou d'une autre et nous avons tous érigé des barrières, certains plus que d'autres. Il faut un fort caractère pour admettre qu'on a été blessé par le passé et j'admire Jefferson pour cela.
"Je ne peux pas te demander autre chose que de travailler dessus donc tout va bien," je le rassure. Il me renvoie un petit sourire. Je le regarde se rapprocher de moi, ce qui fait haleter ma respiration.
"Merci d'être si compréhensive," dit-il en chuchotant, envoyant des frissons dans mon dos. Ses bras m'enveloppent dans une étreinte et je la lui rends, reconnaissante pour ses excuses.
"Je suis en fait quelqu'un de très compréhensif." Je réponds, ce qui lui vaut un rire de la part de Jefferson.
"Ne sois pas si prétentieuse, Washington."
Je sais qu'il sourit en coin et lorsqu'il se retire, ses yeux brillent d'intensité alors qu'il plonge son regard dans le mien. J'ai l'impression qu'il explore chaque partie de moi et je cligne des yeux, me sentant soudainement insécurisée sous son regard.
"Puis-je être sincère maintenant?" Il murmure, me surprenant et reposant son front contre le mien. J'inspire profondément, me forçant à respirer normalement.
"Oui," je murmure, le souffle tremblant. Son regard oscille entre mes yeux avant de descendre sur mes lèvres.
"Tu es belle," dit-il soudainement, me prenant par surprise. J'inspire profondément, ses mots provoquant un frémissement dans mon estomac.
"Tu n'es pas mal non plus, Rosenberg." dis-je doucement, mon cœur battant fortement contre ma poitrine. S'il reste silencieux, il pourrait probablement l'entendre.
"Tu le penses vraiment, Washington?" Il demande taquin. Au lieu de me moquer de lui, je décide d'être sincère, une fois pour toutes.
"Oui, c'est ce que je pense."
J'observe ses traits poignants, de ses yeux bleu océan profond à ses lèvres et sa mâchoire bien définie. Je sens que Jefferson observe chacun de mes mouvements, de la façon dont mes épaules se soulèvent et retombent alors que je respire à la rougeur écarlate qui colore mes joues. Il saisit légèrement mon menton, une chaleur se propageant dans tout mon corps.
"Tu es spéciale Muffin... je le sens." murmure-t-il, se rapprochant.
Son baiser ne commence jamais en douceur, ses lèvres sont ardentes et pressées dès le début comme s'il n'avait pas la patience pour la tendresse. Je résiste au début, mon corps figé de surprise d'avoir ses lèvres sur les miennes. L'électricité qui passe en moi devient rapidement addictive et je fonds en lui, désireuse d'en avoir plus. Nos lèvres bougent en parfaite synchronisation, se moulant l'une contre l'autre.
Je pousse légèrement sur sa poitrine pour créer un peu d'espace, ayant besoin de respirer avant de m'évanouir par manque d'oxygène. Je ne me rends pas compte à quel point mes joues sont devenues chaudes et Jefferson rit, son rire est un grondement bas.
"Tu rougis sérieusement après le baiser que tu viens de me donner." Jefferson taquine, ses yeux brillent éclatants. Je donne une petite tape sur sa poitrine en réponse —
"Hé! Tu m'as embrassé en premier." Je me défends. Jefferson s'incline vite vers l'avant, me surprenant en déposant vite un baiser sur mes lèvres.
"Oui, c'est vrai. Maintenant, je t'ai embrassée encore." Dit-il en souriant, ses doigts se promenant le long de mes bras nus. Je lève les yeux au ciel à sa réponse avant de serrer une poignée de sa chemise dans mon poing et de le tirer vers l'avant. Cette fois, c'est moi qui vais l'embrasser en premier...
Et ça fait du bien.
*****
Je coupe la douche et je prends un moment pour fermer les yeux. Dernièrement, tout autour de moi bouge à une vitesse folle, alors prendre une seconde ou deux pour rassembler mes pensées me fait me sentir mieux. Je sors de la douche et remarque que l'écran de mon téléphone clignote avec de nombreux messages. Je tends la main pour le prendre, lisant le premier message —
Où diable es-tu Rosalie ? Maman
Je tape rapidement une réponse, mes traits se crispent de frustration devant l'écran —
J'ai quitté la maison. Je ne vis plus avec Vincent ou toi. Au revoir Maman.
C'est agréable de reprendre le contrôle de ma vie après l'avoir vu échapper à mon contrôle pendant si longtemps. J'espère que Maman comprend que je fais ça pour moi et pour ma sécurité. Le prochain message vient d'un numéro inconnu et je marque une pause, une sensation familière de peur m'envahit.
Tu as besoin d'un homme qui t'aime Rosalie, pas d'un petit garçon.
Je soupire lourdement, sentant la pression monter dans ma tête alors qu'un mal de tête commence à se faire sentir.
Qui es-tu ? VA-T-EN.
J'hésite avant d'envoyer le texto, incertaine de prendre la bonne décision. Devrais-je l'ignorer complètement ou lui montrer que je n'ai pas peur ? J'envoie le texto et ne m'attends pas à ce que sa réponse soit presque immédiate, mais elle l'est.
Ce n'est pas le bon moment. Je ne partirai jamais. . . Pas tant que tu ne seras pas à moi.
Je frissonne à ses mots qui frôlent le comportement psychotique de harceleur. J'éteins mon téléphone et le relègue au fond de mon esprit. En aucun cas, je n'ai besoin de plus de tracas en plus de tout ce qui se passe dans ma vie.
Je retourne dans ma chambre et enfile mon pyjama préféré — rose avec des cœurs partout. Une fois habillée, je sèche mes cheveux et les attache en queue de cheval haute. J'enfile mes chaussons moelleux pour la nuit et descends pour un verre de lait chaud pour terminer ma soirée.
Je prends la première gorgée quand je sens des bras chauds s'enrouler autour de ma taille par-derrière. Je sursaute un peu avant de réaliser qui c'est. Son parfum m'enveloppe tout autours et la tension dans mon corps disparait complètement. Je soupire et me détends contre lui, mes lèvres s'étirant en un sourire.
"Hey beauté," murmure Jefferson dans mon oreille. Je retiens un sourire et me retourne, levant les yeux vers ses yeux bleus.
"J'ai l'impression que tu ne peux plus te passer de moi ces derniers temps, Rosenberg." Je lui souris doucement. Ses yeux pétillent d'amusement avant de détailler mon corps de haut en bas.
"Je ne peux pas m'en empêcher quand tu es couverte de cœurs roses vifs."
"Tais-toi, je suis à l'aise." Je ris, mes joues se réchauffant de gêne. Il rit légèrement avant de prendre le verre de lait de ma main. Je n'ai presque pas le temps de protester alors qu'il le porte à ses lèvres, avalant le liquide en une seule fois.
"Jefferson!" Je me plains en protestant, le poussant légèrement. Il me donne un regard d'excuse, reposant le verre vide sur le comptoir.
"Désolé Muffin. Ces mauvais garçons ne se nourrissent pas tout seuls, tu sais." Il me fait un clin d'œil, flexionnant son bras droit. Les muscles de son biceps se gonflent instantanément et j'arque un sourcil, impressionnée. "Waouh, ça monte en flèche."
"Ce n'est pas la seule chose qui monte en flèche quand tu es dans les parages."
Je bafouille de surprise et ma bouche s'ouvre de stupéfaction en regardant Jefferson avec de grands yeux. Il hausse les épaules avec nonchalance en réponse, ses lèvres se tordant en un sourire narquois. Je le regarde partir, ses épaules et son dos vibrants alors qu'il rit doucement.
"Tu as besoin de Jésus!" Je crie après lui, tendant la main pour attraper le lait afin d'en chauffer une autre verre. Son rire emplit l'air, me faisant retenir mon propre sourire.
Un doux coup à la porte de ma chambre me fait sauter de mon lit, mon état de somnolence disparaissant lentement. Ma montre indique minuit et je fronce les sourcils, pensant que tout le monde doit être endormi maintenant. J'ouvre la porte et je trouve Jefferson appuyé contre mon chambranle, complètement habillé. Il porte une simple chemise blanche sous son blouson noir, le tout accompagné d'un jean noir. Je ne peux m'empêcher de mordiller ma lèvre inférieure... Comment arrive-t-il à être si beau à minuit?
En ce moment, je ressemble à une pomme de terre. Une pomme de terre en pyjama's.
"Euh, salut?" Je souris, mon cœur palpitant dans ma poitrine. Ses yeux bleus étincellent et un petit sourire se dessine sur ses lèvres. Il lève un doigt à ses lèvres, me faisant signe de me taire avant d'entrer dans ma chambre. Je recule d'un pas et avale, regardant comment il ferme doucement la porte de ma chambre avant de se retourner. Au moment où il se tourne, son parfum enivrant me frappe et je vacille littéralement.
"Jefferson, il est minuit. Es-tu fou?" Je chuchote.
"Pas fou, je veux t'emmener quelque part." Répond Jefferson, se penchant contre ma porte, les mains dans les poches. Mes sourcils montent de surprise et je mordille ma lèvre inférieure. "Où allons-nous?"
"C'est une surprise Muffin, habille-toi." Me dit Jefferson, passant sa main dans les mèches de ses doux cheveux noirs.
"Tu m'emmènes quelque part à minuit?" Je lui demande cependant je me retourne et me dirige vers ma garde-robe, choisissant déjà une tenue.
"Préférerais-tu que je te laisse dormir à la place?"
Je choisis un simple haut court et mes jogging gris avec mes converses avant de me retourner pour répondre.
"Pas vraiment, je ne dors pas beaucoup."
Jefferson fait une pause pendant un moment, m'étudie silencieusement. "Moi non plus," murmure-t-il doucement avant de se racler la gorge. Je me dirige vers lui avec mes vêtements et me cache derrière la porte de l'armoire pendant que je me change.
"Tourne-toi," je l'ordonne fermement.
"Tu es cachée derrière la porte de l'armoire Rosalie, je ne te vois pas du tout," rit Jefferson. Je lève les yeux au ciel —
"Tourne-toi, s'il te plaît?"
J'entends son soupir avant qu'il ne s'agite et quand je jette un coup d'œil autour de la porte de l'armoire, il fait face au mur. Je ne peux pas m'empêcher de rire à la vue de lui.
"Tu ressembles à un tout petit qui a été mis en punition."
"Dépêche-toi de t'habiller Muffin," rit Jefferson. Je souris derrière la porte et me change rapidement, jetant mon pyjama sur le lit. Quand je sors, Jefferson se retourne et tend sa main vers moi. Des papillons envahissent mon estomac et je marche vers lui, glissant ma main dans la sienne. La chaleur de sa touche provoque un frisson le long de ma colonne vertébrale et je rougis, baissant les yeux vers le sol.
"Es-tu prête?" Jefferson demande doucement, ses beaux yeux brillent dans la pièce faiblement éclairée. Je hoche la tête, l'excitation m'emplit. Jefferson sourit en retour et ouvre doucement ma porte de chambre, m'emmenant avec lui. Nous traversons furtivement le palier avant de descendre les escaliers. Jefferson se dirige tout de suite vers la porte d'entrée, serrant les clés de sa voiture dans sa main. Je ne remets pas en question ses actions et le suis en silence. Mon cœur bat la chamade et je peux sentir l'adrénaline qui coule dans mon sang à cause de l'excitation.
Nous sortons ensemble dans la nuit silencieuse, l'obscurité nous engloutit. Je frissonne légèrement à cause du froid, des frissons couvrent mes bras et l'arrière de mon cou.
"As-tu froid?" Jefferson demande doucement, me guidant vers sa voiture. Je secoue la tête, me glissant sur le siège passager. Il retire sa main de la mienne avec réticence. Je ressens immédiatement le manque du contact de sa peau, mais je le regarde alors qu'il contourne le devant de la voiture, se glisse sur le siège du conducteur. Sa voiture sent un mélange de lui et de cuir. Il tourne la clé dans le moteur et il rugit avant de redescendre en un doux ronronnement.
Je passe la ceinture de sécurité sur mon corps et la boucle, remarquant que mes mains tremblent. Silencieusement, Jefferson s'étire vers l'arrière et réapparaît avec une couverture écossaise rouge. Il la drape sur moi —
"Essaie de te réchauffer, c'est un long trajet," murmure-t-il. J'acquiesce silencieusement, nouant la couverture plus serrée autour de moi. Je le regarde alors qu'il quitte avec assurance l'allée avant de descendre la route, en direction de l'autre côté de la ville. La curiosité prend le dessus sur moi.
"Peux-tu me donner un indice sur l'endroit où nous allons?"
Jefferson secoue la tête, se tournant pour me sourire.
"Je savais que tu me demanderais ça. Patience, Muffin."
"Je ne suis pas une personne patiente," je proteste, regardant par la fenêtre tandis que les maisons et les voitures stationnées passent en vitesse. Le monde est sombre dehors, faiblement éclairé par des lampadaires de temps à autre.
"Dur, fais avec," rétorque Jefferson en plaisantant, gardant les yeux sur la route.
"Tu es impossible parfois, tu le sais ça ?" je réponds, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Jefferson rit doucement, se dirigeant vers l'autoroute.
"Parle-moi de toi, Rosalie," dit Jefferson, se tournant vers moi avec un regard chaleureux. Si différent de la première fois que nous nous sommes rencontrés. Sa question me surprend un peu, je ne suis pas sûre de savoir comment répondre.
"Qu'est-ce que tu veux savoir ?" je lui demande, ramenant mes genoux vers ma poitrine. Mon corps commence à se réchauffer et je m'enfonce dans le siège, cherchant du confort.
"Tout," il dit doucement. Je les ressens à nouveau,les papillons. Ma gorge se dessèche et le silence s'installe entre nous alors que je me tourne pour le regarder. Il reste concentré sur la route malgré l'absence de circulation à cette heure.
"Ma couleur préférée est le blanc et le rose pâle. J'aime me réveiller tôt avant le reste du monde parce que le silence est réconfortant. J'ai un plaisir coupable à regarder des dessins animés pour enfants quand personne d'autre n'est aux alentours. Mon plat préféré est la pizza extra fromage, je ne suis pas contre l'idée d'y ajouter de l'ananas."
"Je suis d'accord avec l'ananas sur la pizza." Jefferson sourit avant de me faire signe de continuer.
"J'aime aider les gens. Ceux qui luttent ou sont vulnérables. Je suis très proche de la famille malgré le fait que je ne connais pas bien la mienne. J'ai toujours souhaité avoir un grand frère quand j'étais plus jeune. . ." je m’arrête, posant mon menton sur mes genoux.
"Pourquoi ?"
"Pour me protéger," je souris, tournant la tête pour le regarder conduire. Jefferson Rosenberg est tout simplement beau . . . Je ne me lasserai jamais de le regarder. La façon dont il se déplace, la façon dont sa mâchoire se crispe lorsqu'il réfléchit ou se concentre intensément. Jefferson acquiesce lentement, sans jamais quitter la route des yeux. Cela me rassure de savoir qu'il est prudent.
"Quand as-tu arrêté ?"
"Arrêté quoi ?" je demande doucement, ma voix n'est qu'un murmure.
"Quand as-tu cessé de vouloir avoir un grand frère ?" répète Jefferson. Je marque une pause un instant, réfléchissant intensément à sa question.
"Quand Vincent a commencé à me battre. Avant cela, je pensais que si j'avais un grand frère, il empêcherait Vincent de frapper ma mère. Une fois que Vincent a commencé à me battre, j'ai réalisé quelque chose. J'ai compris que personne au monde ne pouvait me sauver. Ma propre mère ne pouvait pas me sauver et pourtant, elle partage mon sang. Avoir un frère ne ferait aucune différence si même ma mère ne peut pas me sauver d'un monstre. Alors j'ai simplement cessé de souhaiter avoir un grand frère, je n'en voyais plus l'intérêt."
"Penses-tu toujours que personne ne peut te sauver ?" Jefferson demande doucement, serrant le volant dans ses mains. Je souris à sa question car j'aime la réponse.
"Non, j'ai changé d'avis."
"Quand ?"
"Quand je t'ai rencontré," je murmure, fermant les yeux. Après cela, un silence s'installe entre nous mais c'est un bon silence. Les mouvements de la voiture me bercent dans un sommeil profond et c'est la première fois depuis des mois que je me sens bien reposée. La voiture finit par s'arrêter et je cligne des yeux, mes yeux s'adaptent alors que je commence à me réveiller.
"As-tu bien dormi ?" Demande Jefferson, coupant le moteur et me regardant. Je hoche la tête, sentant un rouge aux joues qui monte de mon cou jusqu'à mes joues. "Oui, merci," je murmure, me redressant.
"Sommes-nous arrivés ?" Je lui demande et il acquiesce, ouvrant la porte de sa voiture. Il disparaît dans l'obscurité extérieure pendant quelques secondes avant que ma portière de voiture ne s'ouvre.
"Allez, descends, Muffin."
Je détache ma ceinture de sécurité et enroule la couverture autour de mes épaules, prenant la main de Jefferson alors qu'il m'aide à sortir de la voiture. Dès que je me suis tenue droite, je regarde autour de moi, fronçant les sourcils. Nous étions entourés d'arbres, dans les bois. Il faisait noir ici, pas de lumières pour nous guider.
"Sommes-nous dans les bois ?" Je lui demande doucement, tenant fermement sa main. Je frissonne légèrement et Jefferson enveloppe immédiatement son bras autour de mes épaules, me serrant contre lui.
"Oui, je veux te montrer quelque chose. N'aie pas peur, je suis là," Il chuchote, son corps pressé contre le mien. Je frissonne à nouveau à cause du ton de sa voix, pas à cause du froid.
"Viens avec moi."
Je hoche la tête et nous commençons à marcher, les feuilles craquant sous nos pieds. On a l'impression de perturber la nature la nuit. Des minutes passent alors que nous nous faufilons entre les arbres et les buissons mais je n'ai plus peur, pas avec Jefferson à mes côtés.
"C'est mon endroit préféré," dit doucement Jefferson, brisant le silence entre nous. Nous avançons lentement là où le sol disparaît et des rochers nous entourent à la place. Je fronce les sourcils en regardant autour de moi et Jefferson fait un pas en avant, sautant sur le premier rocher. Je mire son action et sa main se resserre sur la mienne, la serrant légèrement.
"Je ne veux pas tomber," je murmure, chancelante.
"Tu ne tomberas pas, je suis là."
Je souris dans l'obscurité à sa réponse et nous continuons à marcher le long de plusieurs rochers jusqu'à ce que sans m'en rendre compte, c'est tout ce que je peux voir autour de moi.
"Presque là," murmure Jefferson, sa voix provoquant des frissons dans ma nuque. Je regarde autour de moi avec curiosité. Un grand trou dans l'un des murs rocheux se trouve devant nous.
"Allons-nous entrer dans une grotte?" Je lui demande. Jefferson acquiesce de la tête, se retournant pour me lancer un rapide sourire.
"Pas seulement une grotte, tu verras."
Dès que nous entrons, c'est comme rien de ce que je pourrais imaginer. L'entrée de la grotte mène à une clairière où le sol est plat et les rochers disparaissent. Les murs sont recouverts d'art complexe, certains peuvent être considérés comme de l'art de rue. Je continue à les étudier avec émerveillement, stupéfié par leur beauté.
"C'est magnifique," je murmure, tendant la main pour tracer sur les images peintes sur tous les murs. Des gravures d'initiales et de noms sont dispersées entre les œuvres d'art et je lis chacune d'entre elles, un petit sourire sur les lèvres. Derrière moi, je sens la présence de Jefferson, son corps légèrement pressé contre le mien.
"Ça devient encore mieux, lève la tête," il respire dans mon oreille. J'enroule la couverture autour de mes épaules et me retourne, faisant face à Jefferson. Son visage est illuminé par un sourire et quand je lève la tête et regarde en haut, je comprends pourquoi.
La grotte a un plafond ouvert où le ciel est sombre et illuminé par les plus belles étoiles. Je laisse échapper un petit soupir, incapable de détacher mes yeux de la beauté du ciel.
"Incroyable, n'est-ce pas? J'aime m'asseoir ici quand le ciel est clair," murmure Jefferson, se laissant tomber sur le sol et s'allongeant sur le dos. J'acquiesce lentement et m'allonge à côté de lui, nos têtes presque touchantes. Des moments de silence passent entre nous et je me tourne brièvement, mon cœur martelant contre ma poitrine.
Jefferson regarde le ciel, perdu dans ses pensées. Son bras se tend soudain, me tirant doucement contre lui. Je respire fortement, posant ma tête sur son épaule. C'est si naturel d'être près de lui. Son corps dégage de la chaleur et je me sens me détendre contre lui, des frissons parcourant mes bras.
"Pourquoi viens-tu ici?" Je lui demande doucement, aimant découvrir qui est le vrai Jefferson Rosenberg.
"Quand je suis en colère contre le monde ou contre moi-même, je viens ici pour me rappeler que quoi qu'il arrive, la vie continue. Le ciel et les dessins me calment. Je peux rester ici pendant des heures à contempler à quel point c'est beau la nuit."
J’écoute attentivement avant de prendre sa main, entrelaçant mes doigts dans les siens.
"Merci de m'avoir montré ton endroit préféré", murmuré-je, tous deux incapables de détourner les yeux du ciel magnifiquement éclairé. C'est spécial, comme si l'obscurité savait qu'il allait m'amener ici ce soir.
"De rien, c'est aussi beau que toi." murmure Jefferson, sa voix basse et endormie. Ses mots font bondir mon cœur dans ma gorge et je cligne des yeux de surprise, des papillons explosant dans mon estomac.
"Merci Jefferson.”