P.O.V de Fey
Je m'écarte pour qu'il puisse entrer. Il me passe délicatement à côté et se précipite dans la maison dès que l'odeur du bacon envahit ses narines.
Je le suis après avoir fermé la porte, dès que les yeux de J se posent sur Hank, il se lève instantanément et le serre immédiatement dans ses bras.
Dire que j'étais choquée par la scène serait un euphémisme. Une joie sincère envahit les traits de J alors qu'il serre un Hank maintenant légèrement bleu.
"C'est bon de te voir aussi." Hank halète tout en tapant dans le dos de J. "Maintenant, pose moi Grand Gaillard."
J finit par obéir et remet Hank sur ses pieds, il chancelle un instant avant de secouer la tête pour retrouver son équilibre. J lui sourit innocemment alors que Hank le regarde à travers sa brume mentale, le regard disparaît dès que J lui offre ma nourriture. Bien sûr, il n'offrirait jamais sa propre nourriture, je secoue la tête en riant sans pouvoir m'aider en les regardant tous les deux dévorer comme des enfants.
Je vais vers mon âme sœur, l'enlaçant par derrière, ce qui arrête sa frénésie alimentaire. Il se tourne vers moi avant de tenir mes mains avec les siennes. Nous nous regardons un instant avant qu'il ne me tire vers lui et ne me place sur ses genoux. Son gros bras me tient fermement, m'empêchant de tomber alors qu'il se recule sur sa chaise, avec moi blottie contre lui.
"C'était une sacrée bonne bouffe." Hank commente avec un rote avant de glisser au sol de manière théâtrale. Il reste allongé un instant avant de ramper vers un Carl qui fait la sieste, le caressant comme il le faisait enfant, ses épaules détendues pendant qu'il reste allongé.
"Merci d'être passé."
"Bien sûr, je n'arrivais même pas à dormir cette nuit-là en ne sachant pas si le grand gaillard avait retrouvé son chemin." Il admet tristement. "Je voulais venir le chercher, mais papa était tendu après la réunion alors l'autre papa, je veux dire, a dit qu'il valait mieux rester à la maison."
"Qu'a-t-il dit ?" Je demande prudemment.
"Lequel ?"
"Tu sais lequel." J'insiste et il soupire, évitant mon regard.
"Il est en colère." Il avoue, portant la main pour jouer avec les boucles libres qui tombent sur son front. "Il n'est pas content d'avoir un loup solitaire sur son territoire, comme on peut s'y attendre. Mais il n'est pas stupide Fey, il sait que quelque chose se trame et la rencontre avec J l'a confirmé."
"Explique." Je dis, sursautant légèrement sous la main douce que J pose sur mon dos, caressant ma peau sous mon haut avec des mouvements lents et tendres. Je me laisse aller à son toucher, le remerciant silencieusement de savoir exactement comment me calmer.
"Eh bien, depuis que tu as quitté la maison, les choses ont changé. Tout le monde sait qui est ton âme sœur et qui il est, mais papa, c'est comme vivre sur des œufs." dit-il avant de sourire alors que Carl se retourne inconsciemment, ouvrant son corps pour que Hank continue de le caresser. "Patrick sort à peine de la maison, il a peur de tomber sur ce type. Joey est encore plus pénible que d'habitude, elle est du côté de Damian dans tout ça. Le Démon était au début un véritable connard, mais depuis hier, il n'a pas quitté sa chambre, il ne laisse même pas Anna entrer. Papa est aussi un peu raide, il se comporte de manière encore plus étrange que d'habitude."
"Tout à cause de nous." Je soupire, ne voulant rien de plus que de me cacher dans les bras protecteurs de J.
"Hé, ce n'est pas ta faute Fey," dit Hank avec une voix attristée. "Je veux dire, c'est dur pour tout le monde de simplement s'y faire, mais peux-tu leur en vouloir? Il a presque tué papa. Bien sûr, Patrick aurait peur à mourir et Damian serait furieux, c'est naturel, mais ça ne fait pas que c'est de ta faute."
Quand je ne réponds pas, il continue.
"Écoute, quand tu m'as d'abord dit que ton âme sœur était la bête que nous avions tous appris à éviter et à craindre, la chose qui a tué tant de personnes dans notre meute et a presque tué notre père, je n'étais pas d'accord. Je veux dire, si il avait réussi, je ne serais pas ici aujourd'hui et ça me faisait peur. Mais alors, j'ai vu l'expression sur ton visage quand tu as dit que tu avais trouvé ton âme sœur ... Je ne t'ai jamais vue aussi heureuse, Fey." Je me tend et il rit. "Je sais que c'est dur pour toi à la maison parfois, mais avec lui, je pouvais dire que ça ne le serait pas. C'est ton âme sœur, bon sang, il est fait pour toi et on ne peut pas lutter contre ça. Donne-leur simplement du temps, ils finiront par accepter."
"Tu penses vraiment cela?"
"Tu plaisantes? Notre famille est peut-être pleine de têtus insupportables, mais nous nous aimons les uns les autres et ça ne changera pas." dit-il avec un rire qui me fait sourire. "Quand Patrick verra combien ton âme sœur est gentil, il cessera de le craindre et finalement il finira par accepter. Damian doit simplement surmonter son ego et il se battra à tes côtés. Joey suit Damian, alors elle sera là aussi avec des excuses et Papa sera content que tu sois heureuse."
"Et Aubrey?" je questionne hésitante, le sourire fléchit un moment mais il en colle un autre tout de suite et je sais que c'est pour moi.
"Je ne vais pas te mentir et te dire qu'il finira par accepter, parce qu'il ne le fera probablement pas et tu le sais mieux que quiconque." dit-il en se levant, ce qui fait gémir Carl dans son sommeil. "Il le rejettera probablement de tout son être, essayant même de le tuer, mais il n'y arrivera pas." Je ricane et il me lance un sourcil provocateur. "Il peut essayer, mais il devra d'abord passer par moi."
Mes yeux s'agrandissent à la déclaration de Hank avant qu'une chaleur oubliée ne remplisse ma poitrine, une chaleur d'amour familial que je n'avais pas ressentie récemment. Je me lève du giron de J pour le serrer dans mes bras, il rit quand je me jette sur lui, le serrant presque aussi fort que J l'a fait.
"Je ne savais pas que tu étais si sage." Je dis dans sa chemise.
"J'aime me considérer comme ce personnage de fond super intelligent que les gens ne se rendent pas compte qu'il est totalement badass, donc c'est bon." dit-il et nous éclatons tous les deux de rire.
Comme si influencé par l'atmosphère joyeuse, J se lève de son siège pour se joindre au câlin. Enroulant ses bras autour de nous deux, il nous entoure de sa chaleur avec cette poigne de fer qui fait crier Hank et moi-même pour avoir pitié mais il ne lâche pas.
Hank part peu après, me laissant à nouveau avec J et une poitrine beaucoup plus légère qui voit l'espoir pour notre futur.